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1822Rassurez-vous, les femmes ne sont pas reléguées aux tâches ménagères et dégradantes, ni en second rideau, pendant que se jour le sort postmoderniste de la planète ; bien au contraire, elles tiennent le devant de la scène, notamment, pour notre propos, dans l’offensive, ou contre-offensive générale contre le président-elect. Cette remarque n’a rien d’un parti-pris mais découle du simple constat de trois nouvelles venues assez naturellement sous la plume, par leur vigueur, leur originalité, etc., et il se trouve qu’il s’agit bien de trois femmes... Dans l’ordre où nous traitons ces nouvelles, Jill Stein, candidate des Greens à l’élection présidentielle ; Christian Amanpour, indéboulonnable et vedette-sans-fin de la chaîne CNN ; Elisabeth Warren, élégante sénatrice du parti démocrate, aussi intellectuelle que “sociale” dans le sens-Sanders du mot (c’est-à-dire jusqu’à ce que survienne Hillary).
Le “Colosse”, c’est simplement le formidable édifice constitutionnel et institutionnel, cette structure formidable (répétons le qualificatif) qui a été constituée et instituée pour former les États-Unis ; formidable, certes, mais pourtant à la fois vulnérable et fragile parce qu’elle porte la tâche véritablement colossale, le qualificatif est nécessaire, de tenir ensemble des éléments complètement disparates et souvent liés entre eux par des antagonismes tenaces. C’est à lui que, sans le vouloir évidemment, et même au contraire en lui voulant grand bien selon une variété de points de vue, ces trois personnes d’attaquent. (L’alternative, accepter Trump sans mot dire ? Cela paraîtrait saumâtre à plus d’un caractère, féminin ou pas, mais c’est la dure loi du Système et il n’y a pas d’échappatoire depuis qu’Hillary Clinton a officiellement téléphoné à son concurrent pour le féliciter, et qu’Obama l’a accueilli à la Maison-Blanche, ostensiblement et pompeusement comme son successeur. Cette observation, si complètement essentielle aux mœurs et coutume du système de l’américanisme, a une telle force qu’elle peut être dit comme une affirmation solennelle et sans appel et nullement comme une proposition de simple logique ; dans ses mœurs et coutumes, elle constitue rien moins qu’une légitimation du président-élu Trump.)
• Il y a donc Jill Stein d’abord. Elle s’est brusquement lancée dans une opération de recomptage dans au moins trois Swing State... Vertu civique ou porteuse d’eau d’Hillary, chi lo sa ? Un tweeteur mentionné dans un article de RT (son nom, Carlos Maza, mérite d’être mentionné, comme salut à sa perspicacité) signale que les réactions sur le réseau à l’initiative de Stein sont plutôt réservée ... « Hillary : “I’m not going to ask for a recount.” Hillary to Hillary : “Make Jill Stein do it.” ». Effectivement, Hillary qui a officiellement reconnu la victoire de Trump peut difficilement se lancer dans l’aventure du recomptage, et il est bien, de son point de vue, que Stein s’en charge.
Stein, de son côté, semble, – à notre connaissance nous nous empressons de le dire, – s’être soudain décidée pour un recomptage, vraiment à quelques jours du délai pour une telle opération, comme on lance un défi ou comme l’on veut accomplir une performance. Le 23 novembre, elle lance l’initiative sur les réseaux sociaux pour le Wisconsin, la Pennsylvanie et le Michigan ; le délai pour demander un recomptage dans le Wisconsin, l’État le plus pressé et le plus pressant, c’est le 25 novembre ; just in time ! car en 24 heures Stein parvient à rassembler $4,5 millions et donc à lancer la procédure dans le Wisconsin qui est officiellement acceptée le 25 ; si certains jugent qu’il y a parmi ces donateurs des gens intéressés par la compagnie d’HCR ou de Soros, nul ne les en pourra dissuader...
« Stein, who won about 1.2 million votes in the presidential election, launched an online fundraising campaign Wednesday in an effort to “ensure the integrity of our elections” and “demand recounts in these three states where the data suggest a significant need to verify machine-counted vote totals.” Stein says the $4.5 million in funds is required by state law to cover “filing fees alone” and claims the total cost including attorney fees is likely to reach $6-7 million.
» Together, the three states carry a total of 46 electoral votes, and Trump would have to lose all three in the recount for them to impact the presidential result. Stein’s fundraising success has prompted mixed responses on social media, with some people suggesting the move undemocratic in refusing to accept the results as they stand, or is too late to be effective. »
... Et voici le cas de ceux qui doutent de la sincérité du civisme de Stein, notamment parce qu’il existe des États où la victoire d’Hillary est encore plus serrée que celle de Trump dans le Wisconsin (3.000 voix d’écart en faveur de Clinton dans le New Hampshire), et que Stein n’a demandé aucun recomptage de ce côté : « If that’s the case, why is Stein only fundraising to conduct recounts in states where Trump won? Hillary won New Hampshire, Minnesota & Nevada by fewer votes than Trump won Pennsylvania, but there will be no recount in any of those three states. While Trump won Pennsylvania by around 78,000 votes, Clinton won New Hampshire by less than 3,000 votes. Hillary won Minnesota by less than 44,000 votes and Nevada by around 26,000 votes. If this was a fair and impartial effort to recount closely fought swing states, at least one of the recounts should be taking place in a state where Hillary won, but that isn’t the case. » (Citation de Infowars.com [who else ?], le 25 novembre ; voyez aussi, plus détaillée, plus comptable et pas moins soupçonneux bien au contraire, ZeroHedge.com du 25 novembre. Un article détaillé de WMD du 25 novembre donne des précisions techniques sur les demandes de recomptage, les initiatives, etc., notamment venant d’un groupe nouveau qui est apparu, qui entend envisager des recomptages d’État remportés par Hillary.)
Pendant ce temps, comme pour souligner disons l’ambiguïté de la situation, l’État du Michigan vient d’annoncer (le 24 novembre) les résultats officiels du comptage, avec signature des autorités : la victoire de Trump par 10.704 voix d’avance, le vote le plus serré de l’histoire de cet État et la première victoire républicaine depuis 1988, ce qui donne officiellement 306 Grands Electeurs à Trump contre 232 à Clinton. Communiqué du département d’État de l’État du Michigan le 24 novembre : « Many people have asked about Michigan’s process for counting ballots and certifying election results. Please be aware that all 1,521 Michigan cities and townships completed ballot counting and reported unofficial results by the morning of Wednesday. The county canvassing boards, as they do after every election, then began their work to review and certify the results from each precinct. »
• Christiane Amanpour recevait, il y a trois jours, un award pour, – inspirons longuement et profondément, – « her ostensible contributions to “press freedom” ». Ainsi récompensée à sa mesure, la plus agressive, la plus furieuse, la plus tonitruante des harpies-propagandistes du système de l’américanisme et de sa politique-Système dévastatrice, déjà pleinement “opérationnelle” (Amanpour) lors de la première guerre du Golfe et celle du Kosovo, applaudissant aux bombardement de l’US Air Force, comme une sorte de Friedman-femelle (le gros Tom du NYT, pas George ex-Stratfor). Selon le titre de Daily Wire du 23 novembre, Amanpour a lancé un appel au jihad contre Trump : pas question d’être neutre puisque la presse-Système détient la vérité-Système (oxymore-inverti de routine) et que sa mission est donc de la clamer hautement.
L’âge et l’expérience ont, chez Amanpour, résolument écarté la voie de la sagesse et de la mesure comme complètement archaïque et inappropriée ; ils ont au contraire formidablement étendu la gamme de l’hystérie et de l’anathème exprimés notamment par une arrogance à couper le souffle, tout cela caractérisant celle qui devrait être couronnée comme une sorte de “marraine de l’affectivisme” dans le système de la communication, inspiratrice de toutes celles qui en ont été accouchées sous l’étiquette progressiste-sociétale de R2P (Right To Protect) dans ce domaine de la communication hyper-guerrière (Nuland, Power, Rice, Hillary bien sûr, que Amanpour précéda). Cette évolution d’Amanpour, comme celle des autres, montre par là l’inversion des effets habituels du temps qui passe sur les psychologie dans cette époque si originale. Il est acquis que cette intervention d’Amanpour doit avoir un effet psychologique important dans les milieux de ce qu’on a coutume de nommer “journalisme” déjà tous en position d’affrontement de Trump, dans le sens d’une nouvelle mobilisation contre lui après une certaine période de flottement suivant l’élection.
Voici un extrait du texte du Daily Wire, avec extraits de l’intervention d’Amanpour : « Amanpour began with alarmism, framing Trump as a dictator-in-progress: “I never thought in a million years that I would be standing up here after all the times I participated in this ceremony, appealing really, for the freedom and the safety of American journalists at home… Those bits from Donald Trump that were in that video basically show us and remind us of the peril that we face…”
» As you’ve seen tonight, that is how it goes with authoritarians around the world, like Sisi, like Erdogan, like Putin, like the Ayatollahs, like Duterte in the Philippines, and all of those people…. First, the media is accused of inciting, then sympathizing, then associating, and then suddenly they find themselves accused of being full-fledged terrorists and subversives, and then they end up in handcuffs, in cages, in kangaroo courts, in prisons, and then who knows what?”
» “We have to accept that we have had our lunch handed to us by the very same social media that we have so slavishly been devoted to. The winning candidate did a very savvy end run around us and used it to go straight to the people. Combined with the most incredible development ever, which is the tsunami of fake news, AKA lies.”
» Amanpour also claimed to be “chilled” by Trump’s first tweet as president-elect, echoing left-wing and Democrat-aligned media: “A great America requires a great and safe and free press,” said Amanpour, drawing partly on Trump’s campaign slogan of returning America to greatness. The news media, said Amanpour, must be vigilant and unified in defending its pretense of integrity while opposing Trump. A “safe and free press,” she inadvertently implied, was predicated on ideological uniformity among its reporters, journalists, and pundits: “Don’t stand for being called or labeled ‘lying’ or ‘crooked’ or ‘failing.’ We have to stand up together, because divided we will fall.”
» Amanpour also inadvertently acknowledged the left-wing and partisan Democrat biases of most English-language news media, describing the industry as having been defeated by Trump. She also lamented the rise of digital platforms facilitating the free transmission of information in the absence of journalistic curation and filtering: “We have to accept that we have had our lunch handed to us by the very same social media that we have so slavishly been devoted to. The winning candidate did a very savvy end run around us and used it to go straight to the people. Combined with the most incredible development ever, which is the tsunami of fake news, AKA lies.” »
• Elizabeth Warren, elle, estime que la transition de l’équipe Trump est “chaotique” et que c’est ainsi gâcher l’argent public ($9,5 millions sont attribués à un président-élu pour sa transition), et que ce gâchis ne serait pas loin de mériter une procédure de destitution. (Trump destitué avant d'être institué ? Ô temps étranges, ô temps originaux...) Dans tous les cas et dans une lettre cosignée par un de ses collègues démocrates de la Chambre, Elijah Cummings, elle s’adresse au GAO pour que cet organisme (la Cour des Comptes US) bien connu pour son équité, enquête sur cette situation intolérable. Warren, qui s’est taillée une belle réputation de pourfendeuse de Wall Street a eu une attitude ambiguë durant les primaires pour finalement soutenir à fond Hillary Clinton, elle-même soutenue à fond par Wall Street. Entretemps, certains, dans les milieux antiSystème, ont affirmé qu’elle avait elle-même (comme Hillary) fait quelques interventions rétribuées chez les banquiers de Wall Street. Etrange et original...
C’est le Daily Caller du 23 novembre 2016 qui nous informe de l’initiative de Warren-Cummings : « Democratic lawmakers Sen. Elizabeth Warren and Rep. Elijah Cummings requested an investigation into President-elect Donald Trump’s transition effort Wednesday, asking whether the “disarray” in the transition team has “affected his ability to effectively serve the American public.”
» “We are concerned about reports of “disarray” within a “chaotic transition,” the lawmakers write in their letter to the GAO, citing articles from The New York Times and Time Magazine. Warren and Cummings asked the GAO to examine Trump’s transition effort for “conflicts of interest related to business holdings of Mr. Trump and his family; potential violations of protocol and security precautions related to Mr. Trump’s communications with foreign leaders; and transparency related to the use of taxpayer funds in the transition.” Congress allocated about $9.5 million to the transition effort. »
... Il n’est nullement dans notre intention, en rassemblant ce brelan de dames, d’en faire une main maîtresse dans le débat sur le féminisme. Il n’empêche que les femmes politiques tiennent un rôle très-actif dans les polémiques post-électorale, évidemment dans le domaine anti-Trump, avec un sentiment ardent pour conduire cette “chasse au Trump” dépassant largement le stade de l’invective-standard et du militantisme, pour des initiatives d’une indiscutable puissance.
Ce qui nous importe particulièrement dans ces trois exemples d’actions anti-Trump (les conditions où se fait l’initiative-Stein ne peuvent effectivement que la classer dans cette rubrique), c’est leur aspect destructeur du système de l’américanisme. En effet, ces initiatives aboutissent dans tous les cas, de différentes façons et selon des angles d’attaque différents, et selon un point de vue “objectif” qui ne considèrent que les effets structurels, à attaquer différentes situations structurelles certes de la campagne Trump ou de la transition Trump, mais en réalité du système de l’américanisme puisque c’est le président-élu Trump et son équipe de transition qui sont attaqués, qui sont eux-mêmes techniquement intégrés dans ces structures selon les formes traditionnelles (reconnaissance de la victoire de Trump, par Clinton et Obama).
Il est pour l’instant assez improbable (surprise toujours possible) que ces initiatives renversent le résultat d’une façon décisive, ce qui implique qu’elles auront eu comme effet la production d’un désordre et d’un antagonisme supplémentaires, d’une incertitude encore plus forte, pour aucun résultat décisif. L’autre option, improbable mais nullement impossible car “impossible n’est pas postmoderne-crisique” pour toutes sortes de raison, implique que si ces initiatives renversaient effectivement le résultat à ce stade du processus, elles n’aboutiraient pas à un simple changement de président dans l’apaisement mais introduiraient un effet majeur supplémentaire d’affrontement et de désordre, avec les partisans de Trump se mobilisant, avec diverses initiatives du même camp-Trump prises en sens contraire pour conduire à une impasse institutionnelle, avec le système de l’américanisme déchiré entre son adoubement initial de l’administration Trump et son hostilité fondamentale à l’encontre de Trump. Dans les deux cas, il s’agit évidemment d’un renforcement de l’hypothèse prospective de la Grande Guerre Civile que nous avons largement évoquée.
En effet, lorsqu’on les additionne, ces initiatives font passer ce qu’on pouvait considérer comme une simple guérilla civile contre Trump à une véritable situation de guerre civile de la communication, en même temps qu’elle crée les condition de l’impasse institutionnelle. Personne, parmi les instigateurs de ces diverses attaques, ne semble s’en aviser, ou à tout le moins s’en préoccuper. La tension et l’exacerbation psychologique sont telles que le moindre effort prospectif à cet égard n’a plus aucune place dans la stratégie suivie, qui devient une simple tactique de destruction sans aucune perspective stratégique de reconstruction. Une des affirmations les plus symboliquement révélatrice d’Amanpour, la personne impliquée la plus remarquable des trois pour sa continuelle dialectique hystérique née d’une psychologie à mesure, c’est lorsqu’elle dit « We have to stand up together, because divided we will fall », ce qui est évidemment une allusion analogique à la phrase souvent prise comme devise des USA United We Stand, divided we fall : le remarquable de cette analogie est qu’elle l’applique uniquement aux médias (à la presse-Système) dont le rôle diviseur, – sans parler de sa complète soumission au déterminisme-narrativiste, – a été remarquable pendant toute la campagne présidentielle. Elle invertit ainsi complètement le sens de la devise, puisque l’appliquant à un pouvoir important de la structure du système de l’américanisme, pour le retourner contre lui dans une volonté absolument déstructurante, – sans aucun doute, à notre sens, sans la moindre conscience de ce qu’elle fait.
L’absence de conscience des choses, des actes, des entreprises, des jugements, etc., dans leurs effets réels, est la marque la plus remarquable du comportement des sapiens dans les actuels événements aux USA (ailleurs aussi, bien sûr). Dans son propos du 21 novembre, James Howard Kunstler écrit ceci qui rejoint une conviction que nous répétons souvent : « Le président-élu Trump peut ne pas le savoir encore, mais ce sont les événements qui sont maintenant aux affaires, pas des personnalités, pas même sa propre personne super-importante » ; puis Kunstler décrit divers événements spécifiques en cours selon ce qu’il attend de leurs effets, ce qui est contredire le jugement, juste à notre sens, qu’il vient de poser : si “ce sont les événements qui sont maintenant aux affaires”, ni les “personnalités” qui croient l’être, ni même les commentateurs, ne peuvent en prévoir les effets spécifiques ; les événements sont, pour paraphraser Auguste parlant à Cinna, “maîtres d’eux-mêmes comme de l’univers”.
A ce point où nous sommes, on ne peut se reporter, à notre sens, qu’à des convictions qu’on espère nourries d’expérience et d’intuition, et qui concernent uniquement le schéma général : savoir, que le Système ayant accompli l’essentiel de sa tâche de déstructuration et produisant plus que jamais une dynamique surpuissante de déstructuration, il s’en déduit que les événements qui surviennent aujourd’hui s’attaquent nécessairement à ce qu’il reste de structuré, c’est-à-dire le Système lui-même. Ramené aux initiatives que nous venons de décrire, l’offensive tactique assortie de l’aveuglement stratégique renvoie directement à ce schéma : attaquant Trump, l’homme et l’organisation aujourd’hui instructurés, cette offensive porte des coups terribles au Système qu’elle espère pourtant contribuer à rétablir dans toute sa puissance de l’avant-Trump.
Mis en ligne le 26 novembre 2016 à 10H36