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6718Voici un cas où il faut calculer avec précision, peser le pour ou le contre, avant de juger où se trouve l’antiSystème et où se tiennent les vassaux se situant en défense du Système. Tous sont des zombieSystème en un sens, mais la plupart, à tour de rôle et au gré des circonstances, en telle ou telle occasion, se retrouvent pour un temps antiSystème parce que, désormais, les contradictions internes du Système constituent l’essentiel des facteurs de la bataille. Tout cela requiert une extraordinaire ouverture de l’esprit, une identification tactique très rapide, un jugement exceptionnellement flexible sur qui est qui et qui fait quoi.
Il s’agit du cas de la Représentante (députée) de la Chambre du Congrès US Ilhan Omar, citoyenne américaine d’origine soudanaise, démocrate du Minnesota et l’un des deux seuls parlementaires du Congrès de religion musulmane. Omar a été mise en accusation par tout ce qui compte et défend l’influence énorme à Washington de The Lobby, l’AIPAC pro-israélien et pro-Likoud ; à deux reprises, elle a dénoncé l’influence énorme de l’AIPAC et affirmé que nombre de parlementaires des États-Unis se trouvaient sous l’influence pressante et corruptrice d’une puissance étrangère via l’AIPAC. On ne peut dire vérité-de-situation plus éclatante. Néanmoins et par conséquent, Omar a été aussitôt accusée d’“antisémitisme” alors qu’il est question de “l’influence d’une puissance étrangère” qui se qualifie elle-même de sioniste et suscite par son comportement brutal et illégal des réactions qu’on qualifie aussitôt d’“antisioniste” pour assimiler la chose à de l'antisémitisme. On connaît ça en France où les bonnes âmes morales, à commencer par la plus haute de toutes selon la hiérarchie invertie qui nous dirige conformément à la feuille de route du Système, ne rêvent que de confondre les deux, – antisémitisme et antisionisme, – au nom d’un devoir moral qui, – surprise, surprise, – permet de discréditer par lynchage de communication nombre de leurs opposants sans rapport ni avec l’antisémitisme ni avec l’antisionisme. On est dans du classique postmoderne-tardif.
La Chambre (à Washington D.C.) devait donc, sous l’impulsion de la majorité démocrate et la direction mandarine de sa cheftaine Nancy Pelosi qui flirte avec l’aventure octogénaire, voter une motion condamnant l’antisémitisme avec un clin d’œil complice vers l’antisionisme, de façon à mettre Omar KO. In illo tempore, c’eût été du tout-cuit et certains parlaient même de restrictions imposées à Omar dans l’exercice de son mandat populaire et démocratique ; mais les temps présents sont si différents... A cette occasion, on a pu mesurer le basculement extraordinaire du parti démocrate, cette fois-ci d’une façon opérationnelle et comptable, passant par la capitulation complète de Pelosi qui n’en finit plus de retourner sa veste de très bonne qualité pour conserver sa fonction de Speaker de la Chambre, à la fois prestigieuse et mitée (la veste et la fonction).
Résumé du dernier épisode par ZeroHedge.com : « Après des jours de querelles internes à propos de la réprimande de la Représentante Ilhan Omar (D-MN) pour avoir critiqué les hommes politiques pro-israéliens, la Chambre a adopté jeudi une résolution majoritairement bipartisane condamnant toutes les formes de fanatisme. Le décompte final des votes était 407-23-1.
» Le projet de loi – élaboré peu de temps après la seconde remarque de ce type par Omar ces dernières semaines, – visait à l'origine l'antisémitisme. Le texte a été amendé radicalement après que plusieurs personnalités progressistes aient apporté leur soutien à la recrue député américaine d’origine somalienne. Mercredi, trois candidats démocrates à la présidence se sont rangés derrière Omar : le démocrate (nominalement indépendant) du Vermont Bernie Sanders, la démocrate de Californie Kamala Harris et la démocrate du Massachussetts Elizabeth Warren.
» “L'antisémitisme est une idéologie haineuse et dangereuse qui doit être vigoureusement combattue aux États-Unis et dans le monde entier”, a déclaré Sanders, ajoutant : ‘Nous ne devons toutefois pas assimiler l'antisémitisme à une critique légitime du gouvernement de droite de Netanyahou en Israël”. Harris a déclaré qu'elle était “préoccupée par le fait que les projecteurs soient orientés sur la députée Omar, ce qui pourrait la mettre en danger”. Et Warren a déclaré mercredi : “Les critiques générales à l’encontre d'Israël classés comme automatiquement antisémites ont un effet dissuasif sur notre discours public”.
» Les démocrates avaient déjà montré leur profonde division lors d'une confrontation à huis clos mercredi soir entre Pelosi avec sa version antisémite du projet de loi d’une part, et les démocrates de l’aile progressiste de gauche, en particulier les membres du caucus noir du Congrès. En conséquence, une version remaniée du projet de loi inclut désormais la défense des musulmans [dont fait partie Omar], des latinos, des afro-américains, des amérindiens et de plusieurs autres groupes minoritaires de la “diversité”. [...]
» En tout état de cause, il semble que la représentante Omar ait gagné la bataille [contre les défenseurs corrompus d’Israël]. Peut-être est-ce la raison de la mystérieuse manifestation de David Duke [d’extrême-droite, anciennement du KKK] pour la soutenir ? Il avait agi de même pour soutenir la candidate démocrate pour 2020 Tulsi Gabbard, il y a à peine un mois, alors qu'elle attaquait les neocon et les neolibs pour répliquer à une campagne de diffamation menée par ces deux factions pour la présenter comme une larbin du Kremlin. »
Cet épisode est particulièrement significatif et important, au sein de la seule des deux assemblées où les démocrates détiennent la majorité, au sein de l’assemblée du Congrès la plus propice aux initiatives audacieuses, aux mouvements plus radicaux, progressistes ou populistes, etc. C’est-à-dire que là où le parti démocrate peut affirmer sa prétention au pouvoir, il le fera d’autant plus sûrement et d’autant plus efficacement si ses objectifs sont radicaux ; tout cela dans le climat de “D.C.-la-folle” où tous les pouvoirs classiques et leurs hiérarchies sont aujourd’hui mis en cause, y compris avec cet épisode où le pouvoir exorbitant et à peine dissimulé du lobby israélien, l’AIPAC, vient d’essuyer une défaite cinglante (l’accusation d’“antisémitisme” est le principal cheval de bataille pour l’exercice de l’influence corruptrice et terrorisante de l’AIPAC).
Les démocrates ont évolué ces dernières années d’une façon magistrale pour provoquer la déstructuration de leur propre parti tel qu’il était établi au service du Système, la perte de contrôle de ce parti par l’establishment, l’introduction extrêmement rapide de germes “révolutionnaires” participant à la poursuite de la mise en cause sinon la mise en pièces des structures du pouvoir du système de l’américanisme, bras armé du Système.
• Ce sont eux qui ont choisi en 2014-2015 de faire de la dynamique progressiste-sociétale (LGTBQ) leur arme principale. Cette dynamique suicidaire pour la “vieille garde”, la gérontocratie comme l’on disait dans les dernières années de l’URSS du communisme-tardif, se fit sous l’impulsion de la susdite “vieille garde”, c’est-à-dire le clan Hillary Clinton, tablant sur le féminisme, les minorités ethniques et le communautarisme, les causes sociétales, etc. ; et tout cela, à l’insistance précisément de la même Hillary, très engagée et cédant aux vices psychologiques de l’américanisme (“inculpabilité-indéfectibilité”), et donc elle-même absolument certaine 1) de son succès aux élections présidentielles de 2016, et 2) de la capacité de contrôle par la “vieille garde” gérontocratique au profit de l’establishment de la dynamique progressiste-sociétale développée au sein du parti.
• Hillary battue, l’axe principal du plan démocrate était mis à mal (quoique nous ne soyons nullement assurés qu’Hillary victorieuse aurait pu contrôler la dérive actuelle). Féministe, multiculturel, mais aussi avec une poussée gauchiste déjà représentée par Sanders en 2016 et exprimant le sens politique de cette évolution avec un revenez-y en 2020, le nouvel électorat et les nouveaux militants démocrates plus que jamais animés d’une soif de revanche produisirent pour les élections de novembre 2018 un nombre important de candidats de la sorte, animés d’un dynamisme redoutable, en général jeunes et appuyés sur une vague de communication type-LGTBQ qui les couvre de toutes les vertus. Les structures du parti elles-mêmes ont été renouvelées à la suite de la chute d’Hillary, toujours dans ce sens progressiste-sociétal.
• Le résultat se mesure surtout dans cette situation à la Chambre des Représentants où une minorité activiste, avec nombre de femmes et de représentants des minorités, exerce une influence disproportionnée et constitue la source d’inspiration incontestable du parti. L’épisode Omar/Pelosi qu’on a vu plus haut eût été impensable il y a quatre ans.
• D’ores et déjà apparaissent les contradictions de cette évolution météorique. La “révolution-Hillary” avait été lancée sur le fond d’une assurance que la politiqueSystème soutenue à fond par les neocon et l’AIPAC se poursuivrait. Aujourd’hui, on commence à s’interroger sur cette assurance, alors que l’AIPAC est défiée et battue, alors que les préoccupations “gauchistes” pourraient bien chercher le financement de programmes quasi-impossibles à appliquer dans l’argent gaspillé dans les guerres extérieures qui empilent déroutes sur défaites, alors qu’une candidate antiguerre (Tulsi Gabbard) mais de tendance sociale proche de Sanders tient bien sa place. Nous avons déjà insisté à plusieurs reprises et avec vigueur sur le caractère absolument extraordinaire d’une perspective “socialiste” aux USA.
• ...Non qu’il nous paraisse raisonnable de déjà mesurer ce que serait une Amérique “socialiste”, et s’il y aura une Amérique “socialiste”, etc. (alors qu’on bataille encore ici et là, en France notamment où l'on est toujours pile à l'heure, pour s’adapter à un néolibéralisme globaliste et furieusement anti-socialiste venue des USA). D’abord, bien entendu, rien ne dit que les démocrates l’emporteront, et certains estiment même que les démocrates-“socialistes” sont en train de faire réélire Trump. La logique de ce paradoxe se comprend, mais encore faudrait-il que Trump menât une politique, disons simplement acceptable et pouvant figurer dans une vague mais sympathique rubrique du type “promesses de la campagne 2016 tenues” ; au lieu de quoi, l’on a ce fouillis de désordre, de piraterie à-la-neocon qui détourne des USA les principaux alliés des USA, de rodomontades bellicistes suivies de l’attente d’un effet qui ne vient pas et d’une attaque qu’on ne lance pas, d’échecs intérieurs cuisants notamment pour ce qui concerne l’immigration et le “Mur”, et une reprise économique fantomatique qui accroit les déséquilibres internes.
• ... Par conséquent, pour l’instant cette évolution-implosion-transmutation du parti démocrate US apparaît comme un facteur d’une considérable puissance de l’accroissement du désordre et de l’affaiblissement supplémentaire du pouvoir à “D.C.-la-folle”, tous partis confondus. Pour l’instant qui va, toujours par conséquent, la cohorte démocrate de la diversité jeuniste et en général fémininiste prônant le radicalisme, Ilan Omar en premier pour la séquence avec une critique sévère de l’influence israélienne à Washington, et jusqu’à une Tulsi Gabbard qui dénonce la politiqueSystème, tout cela doit être applaudi comme absolument antiSystème.
Ainsi soit-il, en attendant 2020...
Mis en ligne le 8 mars 2019 à 12H16
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