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230310 janvier 2016 – Le Washington’s Blog du 8 janvier fait une grande place à un article de l’économiste fameux dans son milieu et dans la constellation de l’économie-Système, Brad DeLong, professeur d’économie à la prestigieuse université de Californie à Berkeley (UCLA). Le même 8 janvier, dans le Huffington Post, DeLong commence son article par le titre “Les économistes du futur appelleront probablement cette décennie la ‘Plus Longue Dépression’”, puis le texte se déroule en citant puis et en rappelant d’une façon spectaculaire ce que Joe Stiglitz, autre économiste fameux mais d’une école antagoniste de celle de DeLong et dénonciateur infatigable de l’économie en cours, écrivait en 2009, après la crise de l’automne 2008, et à quoi s’opposait DeLong ; et DeLong martelant aujourd’hui, sept ans plus tard, à la fois pour aujourd’hui et pour 2009, “Joe Stiglitz a raison”, “J’avais tort, il avait raison”...
« Economist Joe Stiglitz warned back in 2010 that the world risked sliding into a ‘Great Malaise.’ This week, he followed up on that grim prediction, saying, “We didn't do what was needed, and we have ended up precisely where I feared we would.” The problems we face now, Stiglitz points out, include “a deficiency of aggregate demand, brought on by a combination of growing inequality and a mindless wave of fiscal austerity.” He says the only cure is an increase in aggregate demand, far-reaching redistribution of income and deep reform of our financial system. The obstacles to this cure, he writes, “are not rooted in economics, but in politics and ideology.”
» Indeed. Joe Stiglitz is right.
» Back before 2008, I used to teach my students that during a disturbance in the business cycle, we'd be 40 percent of the way back to normal in a year. The long-run trend of economic growth, I would say, was barely affected by short-run business cycle disturbances. There would always be short-run bubbles and panics and inflations and recessions. They would press production and employment away from its long-run trend – perhaps by as much as 5 percent. But they would be transitory. After the shock hit, the economy would rapidly head back to normal. The equilibrium-restoring logic and magic of supply and demand would push the economy to close two-fifths of the gap to normal each year. After four years, only a seventh of the peak disturbance would remain.
» In the aftermath of 2008, Stiglitz was indeed one of those warning that I and economists like me were wrong. Without extraordinary, sustained and aggressive policies to rebalance the economy, he said, we would never get back to what before 2008 we had thought was normal.
» I was wrong. He was right. »
DeLong n’est pas encore assuré d’une chose, savoir si l’on baptisera cette période depuis 2007 jusqu’à aujourd’hui, et en attendant les années à venir, “Plus Grande Dépression” en plus de “Plus Longue Dépression”. (« Future economic historians may not call the period that began in 2007 the “Greatest Depression.” But as of now, it is highly and increasingly probable that they will call it the “Longest Depression.” ») Le seul optimisme qu’on puisse lui reconnaître, c’est bien de penser qu’il y aura des “historiens de l’économie du futur” pour en juger, comme s’il semblait assuré qu’il y aura un futur à cette chose où nous vivons.
Le Washington’s Blog, lui, semble plus ou moins convaincu que ce sera à la fois la “Plus Longue” et la “Plus Grande Dépression” ; déjà, des statistiques à forte portée symbolique, peuvent être exposées pour caractériser ces jugements, en mettant l’accent sur l’extrême dangerosité de la période de cette année 2016 après l’année 2015. (2015, la première année pré-électorale aux USA depuis la Grande Dépression où les bourses ont baissé ; janvier 2016, la pire première semaine boursière d’une année jamais relevée, avec le nouvel épisode dramatique de la bourse chinoise : « Sure, last year was the first pre-election year stock market loss since the Great Depression. And admittedly, this week was the worst opening week of any year … EVER »)
On peut se référer dans leur entier aux deux textes cités ici pour avoir plus d’indications, de références économiques, etc., pour être convaincu que la période est évidemment très dangereuse. Mais s’agit-il vraiment d’être convaincu ? Est-il possible que l’on ait pu penser une seconde de façon sérieuse que, au moins depuis 2008, la situation économico-financière, à un moment ou l’autre, pût être redressée ? C’est possible puisque monsieur DeLong l’a pensé, et tant d’autres avec lui. Parmi ces “tant d’autres”, on en retrouvera pas mal, dont DeLong désormais, parmi la liste fort impressionnante que rappelle le Washington’s Blog de ceux qui, ces deux dernières années, ont reconnu que nous pourrions être en train de vivre, sans doute, possiblement voire probablement, etc., une période pire que la Grande Dépression, – si vous voulez, expédions le cas, à la fois “Plus Longue Dépression” et “Plus Grande Dépression” ; bref tout ce que vous pouvez imaginer de pire pour conclure que c’est bien pire encore que tout ce que vous pouvez imaginer.
Voici donc la liste en question... Les noms sont prestigieux, qui nous viennent pour la plupart, c’est-à-dire tous, du Système, de cette constellation économiste-financière qui, depuis des décennies, vantent les mérites de la chose, du Système cela va de soit ; laquelle liste est, disons, distrayante, avec des Bernanke, des Greenspan, des Krugman, des Soros...
« The following experts have – at some point during the last 2 years – said that the economic crisis could be worse than the Great Depression: Fed Chairman Ben Bernanke ; Former Fed Chairman Alan Greenspan (and see this and this) ; Former Fed Chairman Paul Volcker ; Economics scholar and former Federal Reserve Governor Frederic Mishkin ; The head of the Bank of England Mervyn King … Nobel prize winning economist Joseph Stiglitz ; Nobel prize winning economist Paul Krugman Former Goldman Sachs chairman John Whitehead Economics professors Barry Eichengreen and and Kevin H. O’Rourke (updated here) ; Investment advisor, risk expert and “Black Swan” author Nassim Nicholas Taleb ; Well-known PhD economist Marc Faber ; Morgan Stanley’s UK equity strategist Graham Secker ; Former chief credit officer at Fannie Mae Edward J. Pinto ; Billionaire investor George Soros ; Senior British minister Ed Balls... »
Il semblerait devenu totalement vain de tenter de démontrer cette évidence de la situation financière et économique catastrophique et évidemment sans précédent ; vain pour la plus étrange ou la plus décourageante des raisons, parce que cela a été fait dix fois, cent fois, et que la plupart des grands esprits émérites du domaine reconnaissent évidemment les conclusions de cette démonstration recommencée dix fois, cent fois... Il semblerait totalement vain, non disons qu’il est totalement vain de tenter de démontrer quoi que ce soit...
Disons qu’il est totalement vain de tenter de démontrer quoi que ce soit parce que la vérité-de-situation à cet égard s’impose qu’au milieu des théories, des propositions, des lugubres prévisions, des annonces d’effondrements pour telle date ou telle date s’est installé un sentiment d’une puissance inouï ; il s’agit d’admettre que tous savent, ou plutôt tous, nous savons que nous ne pouvons rien faire dans les circonstances actuelles, avec les moyens disponibles, les conceptions suivies, qu’observer l’évolution catastrophique, inéluctable de l’effondrement ; cela parce que, simplement, l’effondrement est en cours, sous nos yeux ou disons sous nos pieds comme lorsqu’on a les pieds posés sur la pont du Titanic, avec ce superbe paquebot dans la position qu’on sait. Alors, proposer de changer ceci, de changer cela, hein... Comme disait joliment le Général Flynn très récemment à Seymour Hersh, pour un autre domaine que celui de l’économie et de la finance, “je ne veux pas seulement déplacer les fauteuils sur le pont du Titanic” (« Flynn me dit [à Hersh] que ses problèmes allaient bien au-delà de la Syrie. “Je voulais tout changer à la DIA, – et pas seulement déplacer les fauteuils sur le pont du Titanic. C’étaient des réformes radicales. Je sentais bien que la direction civile ne voulait pas qu’on lui dise la vérité. J’ai souffert à cause de ça mais tout va bien pour moi...” »)
La référence au Général Flynn montre bien qu’il est tout aussi évident qu’il serait absurde de s’en tenir au seul domaine économico-financier, que tout le reste, qui fait partie du Système puisque le Système est notre Tout, suit la même pente. Ainsi la complication sans espoir des explications et des supputations sur la crise, sa longueur, sa profondeur, des grands économistes, du Prix Nobel au “dissident” de la Banque Mondiale, constitue pour nous une perte d’un temps précieux dès lors qu’on sait bien à quelle conclusion d’impuissance totale ils aboutissent. Nous ne les blâmons pas une seconde de faire leur métier, surtout quand il s’agit de reconnaître loyalement qu’on s’est trompé (mais What Else, hein ?), mais nous mesurons l’inutilité complète pour nous d’en savoir plus au risque de nous perdre dans les labyrinthe d’une “science” qui a largement démontré son caractère de bouffonnerie si sérieuse. Dans ce cas, l’inconnaissance est notre nécessité, notre façon d’être, pour nous libérer de la pesanteur du système de la communication qui est notre prison, et en venir à nos observations essentielles, que nous jugeons essentielles, et alors retrouver le système de la communication lorsque, en bon et loyal Janus, il se révèle être notre ami.
C’est de cette façon, nous semble-t-il, qu’il nous faut prendre ces “nouvelles” qui n’en sont plus, mais enfin qui sont prises comme telles pour signaler tout de même que les esprits évoluent puisqu’avance l’effondrement et que grandit l’angle d’inclinaison du grand paquebot en cours d’engloutissement par rapport au zéro horizontal si confortable d’une croisière que l’on jurait indifférente à la présence des iceberg (sans doute la prise en compte du réchauffement climatique). Tout cela n’est ni rassurant ni encourageant, cela est même terriblement effrayant ; mais jusqu’à un certain point tout de même, jusqu’à ce que l’esprit se fasse peu à peu à l’inéluctabilité de notre destin, et qu’il se renverse lui aussi dans son état d’être, comme le Titanic, comprenant que lorsque l’inéluctable est là il ne faut pas le craindre parce que cet inéluctable, dans le champ de ruines de notre contre-civilisation, n’est que justice, nécessité, et destin absolument écrit et qu’il faut considérer comme salvateur.
Une fois compris cela, on découvre que ce renversement de l’esprit n’est pas si difficile puisque l’alternative est l’anéantissement, ou plutôt le néantissement de l’entropisation du monde. Quand le pire est certain dans la marche du monde comme elle va (la marche) et comme il est (le monde), l’effondrement de cette situation n’est pas une catastrophe sans espoir mais la seule catastrophe où ce qu’il peut exister encore d’espoir ira se cacher, où ce qu’il existe encore d’espoir se cache sans aucun doute. Dire plus que cela, ce n’est pas possible, mais cela il faut simplement le savoir.
Reprenons la citation du Général Flynn signalée plus haut, qui nous parle de la DIA comme DeLong nous parle de la “Plus Longue Dépression” comme si elle était également, – ce qu’elle est, of course, – la “Plus Grande Dépression” : « Je sentais bien que la direction civile ne voulait pas qu’on lui dise la vérité. » C’est le coup de la fameuse “narrative impénétrable” (autre mot dudit Flynn) qui entoure la Maison-Blanche face aux rapports si alarmants de la DIA, et il est bienvenu que Flynn parle de “la vérité”, marquant involontairement par là que, pour eux (“nos dirigeants”), la réalité est réduite à la narrative, c’est-à-dire réduite à ce que chacun veut accepter de “la réalité”, c’est-à-dire la réalité pulvérisée, absolument, et qui n’existe plus.
Il faut bien les comprendre et arrêter les chicaneries d’un esprit affolé sollicitant une raison épuisée par sa propre subversion, en nous parlant de manœuvres, d’une politique tordue qui suit un but machiavélique, du “complot” permanent des puissants de ce monde (“nos directions politiques” et autres rassemblements des manipulateurs de marionnettes). Ceux-là, les “puissants de ce monde”, – à part telle ou telle exception qu’on connaît, – ne veulent plus rien connaître, non pas de la réalité-qui-n’existe-plus, mais de la vérité tout simplement. (C’est-à-dire de ces multiples vérités-de-situation que l’on peut explorer, que l’on doit chercher à explorer de façon à progresser dans la recherche du but unique de la Vérité. Le temps est venu d’écarter les débris trompeurs de nos “valeurs” pour retrouver les grands concepts qui méritent des majuscules.) Il n’y a nullement matière à s’indigner, à émettre les hypothèses les plus folles puisqu’il suffit de constater l’état de leurs esprits, au point où l’on peut avancer, sans choquer ni indigner personne, comme une chose allant de soi, l’hypothèse que la grâce d’un être puisse s’arranger de ne produire que du Rien et que tout cela se trouve mis à la fonction de président des USA.
La marque la plus remarquable de ce propos, qui n’est certainement pas exceptionnelle mais exemplaire d’un état d’esprit général, est la façon dont ils sont devenus aveugle et sourd à leurs propres mythes. Nous disons cela en revenant au début de ce texte, et au professeur DeLong se demandant s’il faut ne voir dans notre époque que la “Plus Longue Dépression”, ou bien, en plus, la “Plus Grande Dépression”. Comme l’on voit, cette sorte de réflexion est dans l’esprit des gens de ce domaine, puisqu’on nous donne une liste impressionnante de grandes personnalités se référant effectivement à la Grande Dépression. C’est cette expression qui nous arrête, qui est désormais d’usage courants dans les références, les images, etc., au moins depuis 2007-2008, pour désigner la situation que nous connaissons, c’est-à-dire le “temps courant” comme s’il s’agissait d’un état de normalité.
...Dans le cas que nous explorons, dont nous signalons d’ores et déjà qu’il est celui du mythe, il faut retirer l’expression des griffes réductrices des économistes. L’expression “Grande Dépression”, qui a eu surtout un écho considérable aux USA, mais qui reste une référence universelle à partir de la perception qu’en ont les USA, ne désigne pas seulement l’épisode allant (pour les USA) de 1932 à 1941 du strict point de vue économique ; elle désigne aussi et surtout l’épisode historique allant de 1929-1931 à 1945-1948 (voir nos Notes d’Analyse du 2 septembre 2015 pour cette date de 1948) et qui, outre les USA, concerne toute la situation du XXème siècle en même temps qu’elle signale un bouleversement considérable des psychologies et des jugements, c’est-à-dire effectivement au bout du compte un événement dont la dimension est métahistorique. Dans ce cas, la Grande Dépression n’est plus un événement courant, elle devient un mythe fondamental du XXème siècle et de la modernité, le mythe même de la catastrophe totale. (L’on pourrait dire “catastrophe totale de type totalitaire”, déployant dans un sens idéologique tous les moyens possibles, touchant tous les domaines concevables, impressionnant toutes les psychologies comme l’on dit d’une pellicule qu’elle est “impressionnée” dans le sens qualitatif : « La sensibilité d'un film est sa capacité à être impressionné par une quantité plus ou moins grande de lumière ».)
A cela, on ajoutera évidemment que le mythe de la Grande Dépression est effectivement un mythe dans la mesure où le récit métahistorique, ou plutôt à prétention métahistorique élaboré à cette occasion comprend la renaissance après la catastrophe totale. (Puisque c’est prétendument le cas, – même si l’on peut discuter à perte de vue pour déterminer si nous sommes vraiment sortis de la Grande Dépression ; enfin, le mythe a été construit de cette façon et il est fondateur de l’époque : catastrophe totale + renaissance.) En cela, la Grande Dépression est un mythe, c’est-à-dire au plus court « un récit qui se veut explicatif et surtout fondateur d'une pratique sociale », dans la mesure où la civilisation devenue contre-civilisation (les USA font l’affaire) aurait surmonté cette catastrophe totale : elle a connu les abysses et elle en est ressortie. La “civilisation” en cours, ou ce qui prétend l’être, dépend dans la perception qu’on en a, pour sa stature, pour sa puissance, pour l’accomplissement de son destin, du respect qu’elle-même porte aux mythes qui la soutiennent comme des poutres-maîtresses.
Ainsi en est-il du caractère le plus impressionnant de ce temps précisément qui s'est imposé depuis le 11 septembre 2001 et s'est fixé en une véritable “époque” à lui seul à l'automne 2008, qui nous fait penser qu’elle (cette époque) est elle-même soumise à un destin total, à une catastrophe totalitaire de l’effondrement : cette capacité d’évoluer avec cette référence formidable d’un des plus grands mythes contemporains redéployé dans sa dimension de “catastrophe totale” sans que cela cause quelque souci que ce soit, sans préoccupation apparente sinon les narrative hâtivement élaborées comme l’on met l’une ou l’autre étoupe dans une voie d’eau sans plus se préoccuper de l’état de la coque. Nous nous déplaçons dans un temps que tous les esprits capables de l’appréciation technique de la chose comparent sans la moindre hésitation à la Grande Dépression, pour en proposer l’idée d’une version “plus Longue“ ou d’une version “Plus Grande”, ou les deux à la fois, sept ans après avoir annoncé que “la crise” était finie et que les “jeunes pousses“ du printemps étaient de retour, – et voilà ! Pas vraiment plus d’inquiétude pour autant.
Pour bien saisir la dimension de la crise et montrer sa complétude absolu, il faut aussitôt rappeler en changeant de domaine opérationnel mais en restant dans celui du mythe, et montrant par là que ce que nous signalons ici est désormais pratique courante, qu’un évènement de cette sorte s’est produit avec l’Ukraine. Lorsque le bloc-BAO s’est trouvé placé dans une position de soutenir d’une façon évidente et en toute connaissance de cause des groupes nazis (Pravy Sektor & Cie) ne déguisant en rien leur origine et leur inspiration, y compris leurs références à des groupes ukrainiens qui, pendant la guerre, participèrent avec un zèle remarquable, parfois supérieur à celui des SS, à la liquidation de juifs, il s’est trouvé en totale contradiction avec le mythe qu’il a construit autour de l’antinazisme et l’Holocauste. C’est ce que nous faisions remarquer le 3 octobre 2014 :
« Le point principal au départ de ce raisonnement est qu’il nous a paru toujours extraordinaire, dans le cadre de la crise ukrainienne et depuis que cette crise est arrivée à maturité, qu’une affirmation de communication aussi visible (insignes, formations, cérémonies, etc.) d’une tendance nazie puisse bénéficier d’un soutien du bloc BAO. Dans le bloc BAO, le fait nazi, avec tous ses symboles et ses images, avec surtout la charge formidable et terrible qui pèse sur lui d’être le concepteur, l’organisateur et l’exécutant de l’Holocauste, constitue un fait de communication, – à la fois politique, culturel, psychologique, etc., – d’une importance absolument considérable. Ce constat de l’importance de la chose est évident. Dianne Johnstone, dans un texte du 18 juin 2010 (une ‘Lettre ouverte à Noam Chomsky’), constatait la ‘sacralisation’ de la Shoah et, par conséquent, son aspect religieux : “D’abord, la Loi Gayssot a contribué à la sacralisation de la Shoah, qui est traitée de moins en moins comme un évènement historique et de plus en plus comme un dogme sacré. Dans un Etat laïc, où la religion est exclue de l’école de la République, seule la Shoah exige l’adhésion mentale et émotionnelle réservée traditionnellement à la religion...” Dans le livre ‘A un ami israélien’ de Régis Debray, Elie Barnavi observait : “La Shoah s’est hissée au rang de religion civile de l’Occident.” »
Il n’y a rien de politique, ni de polémique là-dedans, mais simplement le constat de ce désordre incroyable qui règne aujourd’hui dans le bloc-BAO, comme représentant du Système. Le désordre est dans ce cas extrêmement conceptuel, comme il l’est dans la politique, comme il l’est dans les diverses procédures de fonctionnement de l’entièreté de la contre-civilisation dont la surpuissance empêche toute alternative de se présenter, et même toute réforme de se développer.
Il y a cette incapacité de reconnaître ses propres fondements, cet aveuglement de soi-même sur soi-même, cette marche en aveugle par conséquent. La “capacité” incroyable du bloc-BAO, du Système et de notre contre-civilisation de n’accorder aucun respect aux mythes qu’ils se sont forgés eux-mêmes pour leur propre cause et le soutien de leur idéologie, – quoiqu’on pense de ces mythes et comment ils ont éventuellement utilisé l’Histoire à cet égard, la question n’est certainement pas à ce niveau, – cette “capacité” est une indication précise de l’état de ces ensemble bloc-BAO/Système/contre-civilisation, et surtout de l’état d’esprit qui y préside. On n’y voit plus aucun intérêt pour tenter de s’appuyer sur les fondations les plus sérieuses du Système, donnant ainsi cette impression complète et continuelle ) la fois de flou et de vague, de flottement indécis et semblant à certains moment complètement halluciné, qu’on retrouve dans les diverses politiques elles-mêmes, y compris celles qui se veulent déstructurantes et dissolvantes d’une façon “ordonnée” et machiavélique. Il n’y a plus aucune place pour le moindre débat interne, pour une meilleure appréciation tactique de ce qui doit être fait, notamment pour soutenir le Système et appliquer sa “politique-Système”, il n’y a plus aucune place pour rien qui puisse ressembler à une manifestation humaine d’analyse, d’évaluation et de jugement. Sans aucun doute, le terme et la description choisis par les Russes pour désigner les envoyés divers du Système et du bloc est-il parfaitement adéquat : nos directions-Système, nos élites-Système, sont réduites, dans leurs activités, au rang de “zombies” venant “frapper à une porte ouverte”. Plus aucune résistance n’est à attendre d’eux face à la tempête qui déferle.
Effectivement, nous sommes bien sur le pont du Titanic, comme nul n’en pouvait douter, et assez incliné il faut dire... Même les fauteuils ne sont pas rangés et laissés à l’abandon.
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