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2004On parle décidément beaucoup du Général Flynn en connexion avec Trump, comme éventuel candidat vice-président, – alors pourquoi pas nous, à nouveau puisque nous l’avons déjà fait plusieurs fois ? On parle de plus en plus du Général Flynn, par ailleurs fameux (pour ceux qu’intéresse cette sorte de comportements) pour avoir dit leurs quatre-vérités aux génies de la Maison-Blanche qui enfantèrent Daesh et pour ne jamais avoir reculé devant des liens particuliers avec les Russes. On relève deux articles importants et intéressants sur Flynn, le 8 juillet sur Politico.com et le 11 juillet, de Justin Raimondo sur Antiwar.com.
On verra qu’on parle également d’un autre général que Trump a mis dans sa lise, McChrystal, dont la parcours et le caractère sont assez proches de ceux de Flynn. Ces deux hommes ont dans leurs carrières des positions, des appréciations et des actes extrêmement contrastées, selon nos propres appréciations. Ils figurent donc un mariage remarquable entre des postures que nous dénoncions (le passé est plutôt nécessaire) comme typiquement celles du Système, et d’autres qui sont (emploi du présent) clairement antiSystème, – et même aujourd’hui, on retrouve, malgré la tendance signalée par l’emploi des temps, trace de ces contrastes.
Finalement, on voit d’une façon assez convaincante que cela rejoint en partie le personnage de Trump, tous ces hommes revendiquant par-dessus tout un esprit indépendant et une détestation certaine, instinctive, de l’establishment washingtonien, y compris éventuellement le Pentagone en tant que forteresse bureaucratique, sorte de monstre (House of War, disait James Carroll, nullement démenti par Rumsfeld) qui doit être traité en lui-même comme tel, avec les moyens de la chirurgie de guerre (on ampute) : « [Flynn] went so far as recommending that “half or more” of the civilian workforce in the Pentagon be let go, amounting to some 400,000 government jobs — a proposal bordering on sacrilege in D.C.’s corridors of power. »
Politico.com poursuit ainsi le portrait de Flynn : « “He was not political while he was in uniform because of his professionalism,” said Graham Plaster, a Navy officer and informal adviser to Flynn who is in contact with him regularly. “Now that his personal views are emerging that is because he has the benefit of being a civilian. I think the big contrast people are seeing, especially from inside the Pentagon, is simply due to the transition out of uniform.”
» Flynn, who did not respond to a request for an interview through his publicist, has described himself as a “rugged individualism” type. He hails from a large Irish Catholic family and lists surfing, running, fishing and reading fiction as his hobbies. “I didn’t walk out like a lot of guys and go to big jobs in Northrop Grumman or Booz Allen [Hamilton] or some of these other big companies [like] Raytheon,” he told Foreign Policy magazine. “I’m very independent, and it’s very liberating actually. I’m not going to be a general that just fades away.” [...]
» Others who know him say he is uniquely — and sometimes brutally — direct, exhibiting a candor that is rare in Washington. “An awful lot of people don’t want to be the bearer of bad tidings to a boss — especially if the boss gets upset with something he doesn’t like,” said former CIA Director Jim Woolsey, who is also a partner in Flynn Intel Group, the general’s consulting firm. “Mike plays it straight, and I don’t think he does so in an offensive way, trying to make a scrap. He is straightforward and clear. And if he thinks X is going badly, he will say, ‘that seems to be going badly for the following three reasons.’ He doesn’t dance around and try to say what the boss may want to hear.” »
Raimondo prend le personnage de Flynn par le biais qui l’intéresse, qui est celui de son affrontement avec le Système, et encore plus précisément avec le “War Party”, ce qui est effectivement ce qui fit entrer Flynn dans sa notoriété avec l’interview à Aljazeera de fin-mai 2015. Là aussi, pourtant, il existe des ambiguïtés, qui ne sont pas toutes du fait de Flynn mais témoignent plutôt du désordre washingtonien, avec la valse des étiquettes et des engagements depuis 9/11 et les 6-7 années qui suivirent où la ligne neocon était parfaitement définie et solidaire. Par exemple, le livre à sortir très prochainement de Flynn (The Field of Fight: How We Can Win the Global War Against Radical Islam and Its Allies) est co-écrit avec Michael Ledeen, qui était considéré en 2002-2003 comme un des neocons les plus acharnés, et partisan absolument catégorique de l’attaque contre l’Irak que Flynn dénonce comme une erreur stratégique majeure, catastrophique, et formatrice de toute la nébuleuse islamisto-jihadiste qui existe aujourd’hui. (Néanmoins, le Wikipédia concernant Ledeen apparaît assez peu mis à jour et assez incertain sur son évolution récente, ce qui rend encore plus incertain le jugement sur le fait même de sa collaboration éditoriale avec Flynn, dans le sens où cette collaboration ne serait en elle-même indicatrice d’aucun engagement spécifique.)
Justin Raimondo écrit notamment ceci sur le War Party versus Flynn : « The War Party is already ginning up a campaign against Flynn, smearing him as a “tool” of the Kremlin because he – like Trump – advocates cooperating with Russia, rather than starting World War III. They point to his attendance at a social function where he – gasp! – actually sat next to Vladimir Putin! The same neo-McCarthyites who point to Trump’s business ties to Russia as “evidence” that he’s a Manchurian candidate, are pushing the same party line against Flynn. What the editors of Politico and the Washington Post don’t understand is that Russophobia is an affliction that almost exclusively infects the political class: ordinary Americans have no interest in starting Cold War II with Russia. Like elite dismay over Brexit, this is a theme that has zero electoral significance outside Washington and New York’s tonier neighborhoods.
» Both Flynn and Trump take the “war on terrorism” seriously enough to question our crazy policy of aiding jihadists in Libya and Syria, while the Clinton crowd and their journalistic camarilla know it’s a con game — which, of course, they play to the hilt –Â to bamboozle the public into tolerating perpetual warfare.
» Given the alternatives – e.g. Newt Gingrich and Sen. Jeff Sessions – Trump choosing Flynn as his running mate is the least worst outcome. While, as Ron Paul says, he’s no noninterventionist, on the other hand he’s a rebel against Washington’s “regime change” consensus, an advocate of a common sense approach to Russia, and yet more evidence of Trump’s ability to think outside-the-box. An added plus for political wonks: he’s a registered Democrat, which further breaks down the super-partisan red-blue paradigm that’s done so much to distort American political discourse. »
Tout cela se rapporte notamment à une très récente déclaration de Trump du 6 juillet concernant les choix envisagés pour le candidat vice-président, sur Fox.News, qui a relancé les spéculations sur un choix en faveur de Flynn : « I like the generals. I like the concept of the generals. We’re thinking about — actually there are two of them that are under consideration... » Le deuxième est effectivement Stanley McChrystal, selon ABC.News repris par le Washington Examiner du 11 juillet, et l’on trouve un “profil” assez proche de celui de Flynn. Les deux hommes sont issues de la filière des forces spéciales, aboutissant au JSOC (Joint Special Operations Command), qui occupe un statut effectivement “spécial” dans les forces US. Seymour Hersh en avait parlé, en son temps (2010-2011), comme une sorte de “Garde Prétorienne” du Président, ou/et comme une confrérie très spécifique, qui pourrait renvoyer à des modèles anciens se référant aux ordres de la chevalerie du Moyen Âge des Croisades.
Pourtant, toutes ces vaticinations datant de 2010-2011 tendent plutôt à être démenties, dans tous les cas pour ce qui est des relations avec Obama, par le sort réservé à ces deux généraux qui durent démissionner après des incidents et des désaccords affichés avec l’administration. Ce qu’on doit donc retenir d’eux, notamment dans le cas de leur association avec Trump, c’est leur “indépendance d’esprit”, pour telle ou telle raison, et dans tous les cas une base commune qui est une détestation certaine à la fois de l’establishment et des diverses bureaucraties washingtoniennes. Leur présence même sur la short list de vice-président de Trump est un indice assez fort concernant la volonté de ce dernier de rester dans une ligne anti-establishment (pour nous, antiSystème, d’une façon ou l’autre) et devrait lui assurer un supplément d'iunimité de la part du Système et de ses représentants. (Flynn a déjà dit publiquement que Clinton aurait dû être accusée et condamnée : « If it were me, I would have been out the door and probably in jail. ») D’autre part, des proches de Flynn affirment que le Général, même s’il n’est pas choisi comme VP, occupera un poste important de sécurité nationale dans une éventuelle administration Trump, – éventuellement le poste de DNI (Director, National Intelligence) qui supervise toutes les agences de renseignement US.
Il est vrai que ces deux noms, ces deux généraux, devraient poser un problème par rapport à une évaluation antiSystème, dans les faits historiques par rapport aux années Bush et un peu plus (disons la première décennie du siècle), car ils furent réellement les maîtres d’œuvre de ce JSOC qui eut une si sinistre réputation. (La garde-t-il encore ?) Quoi qu’il en soit, et en fonction du constat que nous expliciterons prochainement dans le Glossaire.dde promis sur l’antiSystème, le concept d’antiSystème, justement, a cette particularité d’évoluer à une vitesse foudroyante, à mesure de l’avancement de la surpuissance dévastatrice du Système, et de sa tendance grandissante à l’autodestruction. C’est-à-dire que les pièces d’accusation, les preuves de la comformité d'hier avec le Système ne sont plus du tout valables aujourd’hui, et d’ailleurs l’on sait bien avec quelle vitesse l’on peut passer d’une position à l’autre (Système vers antiSystème ou vice-versa). Pour l’instant, il est assuré que ce type d’homme (Flynn, McChrystal), avec des différences avec Trump et les républicains (Flynn est démocrate, il est partisan du droit à l’avortement), appuie et renforce sans aucun doute la tendance antiSystème de l’équipe Trump en lui donnant une assise plus solide du côté de la sécurité nationale et des militaires, et en diversifiant les catégories représentées dans cette éventuelle direction Trump hors du carcan establishment-bureaucratie. Aller au-delà de ces considérations pour l’instant toutes théoriques, fondées sur ce qui est toujours hypothétique, serait évidemment audacieux.
Mis en ligne le 11 juillet 2016 à 15H07
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