Les Gilets-jaunes selon Trotski

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Les Gilets-jaunes selon Trotski

... En fait de Trotski, il s’agit évidemment du site de la IVème Internationale trotskiste WSWS.orgqui publie aujourd’hui, solennellement puisque signée par toute la rédaction (« The World Socialist Web Site Editorial Board »), un texte où le mouvement des Gilets-jaunes en France est salué comme un événement d’importance mondiale. Les trotskistes de WSWS.org ne cachent pas, outre leur jubilation, leur certitude que ce mouvement répond à leurs prévisions, et au-delà, aux suites de la pensée de leur grand homme.

On verra, même si l’on peut douter que ce soit là l’aspect fondamental du phénomène (faire des Gilets-jaunes une émanation de la “classe ouvrière” date un peu)... Dans tous les cas, il est vrai que WSWS.org a largement recentré son intérêt sur les mouvements sociaux ces derniers mois et dénoncé, dénonçant avec violence la dérive (le substitut) sociétale de la gauche postmoderne. Il a été l’un des rares sites US d’importance dans la presse hors-Système et antiSystème à accorder une attention très soutenue aux Gilets-jaunes, dès le début de leur mouvement.

(ZeroHedge.com donne aujourd’hui toute son importance à la crise française, via Bloomberg qui ne s’attache pourtant qu’à l’aspect économique comme il faut s’y attendre : « Il y a soudain en Europe un problème bien plus important que le Brexit ou l’Italie... »)

Quoi qu’il en soit, les trotskistes choisissent leur ennemi principal (le capitalisme néolibéral), ce qui leur permet d’accabler de leurs sarcasmes les faux-nez trotskistes français du type NPA. Par conséquent, ils placent le mouvement dans un contexte international plutôt que national (« ...Ces événements constituent un tournant décisif non seulement pour la France et l'Europe, mais pour le monde entier. [...] Ce qui motive les développements en France ne sont pas des conditions essentiellement nationales, mais mondiales »).

Ils n’ont pas tout à fait tort, ni tout à fait raison. Il est évident que la colère des Gilets-jaunes répond à la pente suivie par la France depuis plusieurs décennies, et certainement depuis la fin de la Guerre froide, et cette pente singeant à la trace et à l’odeur l’impulsion nihiliste et entropique de la globalisation supranationale ; il est également évident que si l’on donne à l’événement cette importance et parce qu’il se passe en France, les “conditions nationales” ont une essentialité qu’on doit juger au moins égale aux “conditions mondiales”. “Fifty-fifty” ferait l’affaire...

Ci-dessous, un extrait du texte de WSWS.org.

« ...Ces événements constituent un tournant décisif non seulement pour la France et l'Europe, mais pour le monde entier. Contenue depuis des décennies, l'éruption de protestation sociale proclame le retour de la classe ouvrière sur la scène de l'histoire du monde. La lutte des classes s'affirme à nouveau comme le moteur du progrès historique. Le caractère explosif des événements en France témoigne des énormes contradictions sociales qui se sont accumulées au cours des trois décennies qui se sont écoulées depuis la dissolution de l'Union soviétique en 1991 et, en particulier, depuis le crash de 2008. La haine intense du capitalisme et les conditions qu’il a créées en France et dans le monde – l’incroyable niveau d’inégalité sociale, l’accumulation infinie de richesses au sein d’un petit pourcentage de la population, les niveaux de plus en plus importants de pauvreté et de souffrances – s’imposent au cœur de la vie politique.

» Dans Macron, l'élite dirigeante a trouvé son véritable représentant – une figure justement méprisée et ridicule, le banquier d'investissement devenu président, qui n'est rien d'autre que la marionnette des bourses européennes. Face à la colère et à l'indignation, Macron a clairement indiqué qu'il avait l'intention de poursuivre sa politique anti-classe ouvrière, le cas échéant par le biais de l’État policier et de l’état d'urgence. Dès que les masses contestent les exigences économiques de l’élite dirigeante, la violence et la répression deviennent réalité.

» Ce qui motive le développement des événements en France ne sont pas des conditions essentiellement nationales, mais mondiales. Ce que Macron peut faire et comment il peut réagir est déterminé par les exigences du capital international. Il mène son attaque contre les travailleurs en France alors que la bourgeoisie américaine met en place un nouveau cycle de réduction des coûts, illustré par les licenciements collectifs annoncés chez General Motors. Face aux signes croissants d'une nouvelle récession économique, l’élite dirigeante passe à l’offensive dans tous les pays.

» En face se trouve la classe ouvrière, qui se montre non seulement comme une classe opprimée, mais aussi comme une classe révolutionnaire. Sous la surface de l'ordre bourgeois et de la stabilité, une guerre civile se prépare... »

Mis en ligne le 3 décembre 2018 à 18H15