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1809Le Russiagate qui s’étend en une “hystérie antirussiste” d’une dimension, d’une ampleur, d’une puissance et d’une violence jamais vues, est désormais un art complet de la divination. Non seulement il fabrique les évènements après avoir trouvé des coupables à qui il faut trouver un crime, mais il fabrique désormais les coupables, ou plutôt recycle les coupables déjà utilisés et devant absolument servir à nouveau, avant même que l’événement prévu, et donc le crime dans ce cas de haute justice, aient eu lieu. Le Russiagate-“hystérie antirussiste” est donc devenu l’activité favorite, sinon exclusive des seize agences de renseignement et autres services de sécurité.
(C’en est au point que l’on peut aisément accuser le FBI, comme il déjà été fait, d’avoir consacré tant de temps à la fabrication bidonnée de Russiagate-“hystérie antirussiste” qu’il a négligé de faire une enquête sérieuse sur Nicolas Cruz, arrêté pour le massacre de Floride [18 morts]. Cruz avait annoncé, en septembre 2017 sur YouTube, son intention de commettre tel acte.)
Voici quelques éléments permettant de rapporter le dernier épisode, ou comment “Russiagate s’étend en une ‘hystérie antirussiste’” d’une exceptionnelle puissance...
• Le site WSWS.org, qui suit avec l’attention que l’on connaît le développement de la situation d’“hystérie antirussiste” (Russiagate et le reste), présentait le 15 février 2018, dans les termes rapportés ci-dessous, l’audition de la commission du renseignement du Sénat du 13 février, lorsque les sénateurs de la commission recevaient un aéropages de chefs et directeurs d’agences de renseignements ainsi que le DNI (Directeur national du Renseignement, couvrant toutes les agences)...
On y entend ce DNI, Dan Coats, affirmer que la principale mission de la direction américaniste est de convaincre le peuple que le simulacre est vrai, qu’il sera vrai en novembre 2018 comme il a été vrai tout au long de 2016, – et d’autant plus vrai tout cela que rien n’a été prouvé, ce qui prouve que le vrai n’a pas besoin d’être prouvé puisqu’il est ce qu’il est vérité...
« L'audition de mardi de la commission du renseignement du Sénat sur les “menaces mondiales et la sécurité nationale” a été un exercice d'hystérie de droite visant à promouvoir l'affirmation selon laquelle toute opposition sociale aux États-Unis est le produit de la subversion étrangère. Ce récit frauduleux a été avancé pour justifier la censure et la répression policière.
» Jamais depuis la “chasse aux sorcières” maccarthiste des années 1950 le Congrès n’a été le théâtre d’une telle dénonciation au vitriol de la supposée subversion étrangère. La Russie, a déclaré à la commission le directeur national du renseignement Dan Coats “a perçu ses efforts passés [pour manipuler les élections de 2016] comme un succès et considère les élections à mi-mandat de 2018 comme une cible potentielle”. Il est nécessaire “d'informer le peuple américain que tout cela est bien réel”, a proclamé Coats, et que “la résilience est nécessaire pour que nous puissions nous lever et dire que nous n'allons pas permettre à certains Russes de nous dire comment voter, comment nous devons pour diriger notre pays.”
» L'un après l'autre, les sénateurs ont pressé les responsables du renseignement rassemblés pour l’audition à propos de complots russes et chinois destinés à “semer des divisions” dans la société américaine. Ils ont appelé les agences de renseignement à travailler avec les entreprises technologiques pour censurer l'Internet et empêcher la diffusion de “contenus diviseurs”. Les étudiants chinois ont été dénoncés comme des espions et des agents subversifs potentiels et les Américains ont reçu l'ordre de ne pas acheter de smartphones fabriqués par des sociétés chinoises.
» Toutes ces accusations ont été faites sans la moindre tentative de preuve ou de justification. Elles ont été dites, donc elles sont des faits avérés”. »
• Dans son “édition de la Saint-Valentin”, comme le résume James Howard Kunstler (voir plus loin), soit ce 14 février 2018, le lendemain de la séance de la commission du renseignement, le New York Times sortait sa plus belle plume pour s’étonner (titre) : « Pourquoi Trump ignore-t-il les avertissements des plus hautes autorités du renseignement ? »
... Et de préciser aussitôt, sans doute sous la pression de la terreur que recèle cette situation et de la proximité (novembre 2018) de la catastrophe dont on connaît déjà les coupables, avant même de connaître le crime : « La phalange des chefs du renseignement qui ont témoigné au Capitole nous a fait tenir un message terrifiant : non seulement la Russie a interféré dans les élections de 2016, mais elle s'ingère déjà dans les élections de 2018 en utilisant une stratégie numérique pour exacerber les divisions politiques et sociales du pays... »
• Deux jours plus tard, ce 16 février 2018, James Howard Kunstler consacrait le deuxième texte hebdomadaire de son “Clusterfuck’s nation” (appellation contrôlée de son blog), à la fois à l’édito du NYT, à la séance de la commission du Sénat, au crime non encore commis mais déjà résolu, à la responsabilité déjà établie et jugée sans autre forme de procès ni nécessité de preuves...
« Regardons les choses en face : les États-Unis font un éblouissant travail d’autodestruction avec de mauvaises idées, des idéologies stupides, et une auto-tromperie omniprésente. Si je dirigeais les services russes de renseignement, je paierais juste pour envoyer quelques commissaires de comté du Nebraska à Disneyland, – cela occuperait nos dix-sept agences de renseignement américaines jusqu’à ce que nos souverains parviennent à y comprendre quelque chose. Ce serait moins cher que de dépenser une centaine de milliers de dollars de pub sur Facebook.
» En fait, l’éditorial du Times semble avoir été écrit par deux mains, l’une de la CIA et l’autre de la NSA, ou bien disons des deux mains par le Deep State. En déclarant que les Russes se sont déjà “ingérés” dans ces élections de novembre 2018 qui n’ont pas encore eu lieu, nos propres agences de sécurité ne font-elles pas en sorte que le public perde complètement confiance dans le processus électoral et refusent par avancent les résultats électoraux? Oh, en passant, il faut signaler que le Times n'a présenté aucune preuve que cette prétendue “ingérence” avait eu et ait lieu. Ils l'affirment simplement, comme si le cas avait déjà été jugé et bouclé... »
Ainsi en est-il d’une nouvelle page dans le feuilleton sans fin aux multiples surnoms de Russiagate-“hystérie antirussiste”, que l’on pourrait désigner après tout comme “la crise antirussiste de ‘D.C.-la-folle’”. Plus que jamais, tout est affirmé et rien n’est ni prouvé, ni même sujet à suspicion matérielle. Rien n’est montré, rien n’est décrit, le crime est avéré avant même d’exister, parce que les coupables existent et sont déjà connus, puisqu’on les a faits coupables sans rien leur demander ni avancer aucune de ces procédures accessoires que l’on nomme “preuve”, “aveu”, etc. Le volume sonore des déclarations, le vocabulaire terrifiant utilisé, le statut prestigieux des témoins interrogé, les serments prêtés qui ne concernent que des simulacres et ne peuvent donc faire risquer l’opprobre du mensonge sous serment, tout cela organise la mise en scène du nouvel acte commencé mardi. Désormais, la “crise antirussiste” est projetée sur les élections de novembre 2018.
(Nous pensons en toute humilité que nous ne surprendrions pas grand’monde en annonçant, sous forme de scoop, que les mêmes coupables sont déjà bons pour les présidentielles 2020, – à moins que, d’ici là, le Système et le reste aient disparu dans le trou noir de cette infâme surpuissance qui fabrique, comme le note également Kunstler, sa propre autodestruction. Nous verrons bien et, en attendant et comme disait Holmes, “Élémentaire, mon cher Watson”.)
Notre “agenda” est donc bouclé, “surbooké” au moins jusqu’en novembre 2018. L’hystérie antirussiste est devenue une production officielle, officiellement adoubée par les plus hautes autorité, une façon de faire et une façon d’être, l’oxygène même de “D.C.-la-folle“. La dite-folie devrait désormais être installée comme un état chronique, une sorte de nouvelle normalité de la vie politique de la direction américaniste. Le but est évidemment de terroriser les citoyens pour que... Pour quoi, au fait ? Eh bien ! Pour qu’ils soient terrorisés, tout simplement ; éventuellement certes, pour faire la guerre, car que faire d’autre aujourd’hui sinon faire la guerre ? En attendant, c’est la direction américaniste, la bureaucratie, les espions et les contre-espions de la Grande République, l’odeur même, le climat et l’air du temps à ‘D.C.-la-folle” qui sont tous, absolument tous sous l’empire de la terreur. La crise antirussiste est occupée à pourrir la tête, comme c’est la coutume, pour mieux assurer son empire.
C’est dire qu’on peut se demander comment certains, notamment à Moscou ou bien encore à Pékin, mais aussi à Bruxelles, à Berlin et à Paris, peuvent encore espérer avoir un dialogue, disons une conversation rationnelle et mesurée avec les zombies-Système de “D.C.-la-folle”. Tous les dirigeants américanistes sont dans un état de catalepsie schizophrénique de la psychologie : alors que le “un normal” vaque à ses occupations, le “un antirussiste” vit sous la terreur chaque jour amplifiée des entreprises de subversion de qui-vous-savez. Cette remarque n’est pas gratuite : ceux qui la fréquentent savent que Nikki Haley, cette épouvantable ogresse terrorisée tenant le rôle catastrophique d’ambassadrice des États-Unis, est, dans la vie courante, sociale et mondaine, « une dame délicieuse et fort aimable, – et tout à fait modérée », comme faisait remarquer un diplomate de l’ONU.
Contre la marée déferlante, rien ne peut être tenté dont il faille attendre le moindre résultat appréciable et utile de freinage. Au contraire, il importe d’accélérer ce mouvement qui suit le rythme tourbillonnaire du “tourbillon crisique”, pour accélérer la fusion de la surpuissance en autodestruction. Le véritable espoir de l’antiSystème se trouve au cœur du Système lui-même.
Mis en ligne le 16 févier 2018 à 18H33
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