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2602En date officielle du 21 novembre 2012, la Maison-Blanche publie sur son site un mémorandum peu ordinaire. Il s’agit d’une directive donnant des pouvoirs divers d’enquête, de surveillance, etc., à diverses directions intérieures, essentiellement contre des menaces très graves à l’intérieur du gouvernement («These threats encompass potential espionage, violent acts against the Government or the Nation…»). La brièveté du document permet sa publication, et donc d’offrir directement les éléments de cette intervention officielle fort peu notée publiquement, bien que la chose ait été on ne peut plus publique. Le mémo est explicité selon le sujet suivant : «National Insider Threat Policy and Minimum Standards for Executive Branch Insider Threat Programs» Puis le texte…
«This Presidential Memorandum transmits the National Insider Threat Policy and Minimum Standards for Executive Branch Insider Threat Programs (Minimum Standards) to provide direction and guidance to promote the development of effective insider threat programs within departments and agencies to deter, detect, and mitigate actions by employees who may represent a threat to national security. These threats encompass potential espionage, violent acts against the Government or the Nation, and unauthorized disclosure of classified information, including the vast amounts of classified data available on interconnected United States Government computer networks and systems.
»The Minimum Standards provide departments and agencies with the minimum elements necessary to establish effective insider threat programs. These elements include the capability to gather, integrate, and centrally analyze and respond to key threat-related information; monitor employee use of classified networks; provide the workforce with insider threat awareness training; and protect the civil liberties and privacy of all personnel.
»The resulting insider threat capabilities will strengthen the protection of classified information across the executive branch and reinforce our defenses against both adversaries and insiders who misuse their access and endanger our national security.»
Ce document est remarquable dans plusieurs sens. Dans sa forme, il est singulier avec le mélange d’un style bureaucratique très ambigu et peu compréhensible, et des termes d’une signification violente avérée lorsqu’il s’agit de désigner la cause de cette manifestation réglementaire (comme signalé plus haut : «These threats encompass potential espionage, violent acts against the Government or the Nation…»). Par conséquent, on est conduit à considérer cette directive comme un “appel à la mobilisation” sinon un “document de guerre” pour ce qui concerne la bureaucratie gouvernementale, contre des menaces non explicitées mais décrites succinctement comme très graves : un “acte violent contre le gouvernement ou la nation” englobe évidemment, – qui n’y penserait aussitôt, sollicité par les termes eux-mêmes dans le contexte psychologique et politique actuel ? – des actes tels que des attentats, des assassinats, des sabotages, etc., et cela explicitement venu notamment mais essentiellement de l’intérieur même du gouvernement (le terme insider utilisé plusieurs fois, – impliquant que l’on parle de l’ennemi du dedans).
Un troisième élément remarquable est que cette directive publique et affichée n’a suscité que de très faibles réactions, si même elle en a suscité, de la part de ce que nous nommons presse-Système, c’est-à-dire l’élément officiel essentiel du système de la communication à l’intérieur du Système. L’on sait que notre attitude est bien de considérer qu’en présence d’une nouvelle grave, ou troublante pour le bon fonctionnement du Système, la réaction de la presse-Système, aujourd’hui, n’est pas la transformation ou l’interprétation de la nouvelle, mais bien le silence. C’est le cas.
Il y a eu des réactions dans la presse et le commentaire alternatifs (l’Internet), montrant une fois de plus que ce réseau général est bien le seul, avec ses imperfections, ses exagérations, etc., qui soit à la fois assez attentif et assez libre pour nous informer d’une façon acceptable des choses essentielles qui se passent, y compris au niveau le plus officiel qu’on puisse imaginer, au cœur de la citadelle centrale du Système que sont les services du gouvernement regroupés autour de la présidence des USA. Nous citons et commentons deux de ces réactions.
• Le 29 novembre 2012, un article de Gregory Palin est publié, notamment dans Examiner et dans BeforeItNews.com (référence ici). L’article de Palin, un diplômé de science politique, est intéressant en tant que nomenclature des réactions déjà provoquées par ce mémo, sur les réseaux. Palin note effectivement et justement le droit où nous nous trouvons de poser des questions à propos d’une directive qui, justement, soulève plus de questions (graves) qu’elle n’y répond.
«Much of the speculation regarding this memo is a result of the brevity and ambiguous wording. For example, what exactly defines an “insider threat” and why are “violent acts against the Government or the Nation” mentioned? Recent events raise even more questions. After a closer look at some of the theories regarding why Obama felt the need to write this now, readers can draw their own conclusions.»
Palin cite donc les diverses interprétations. Il y a l’interprétation minimale, envisageant que cette directive concerne exclusivement les “fuites” d’informations : hypothèse si minimale qu’elle en est discréditée d’avance, tant ces actes sont eux-mêmes d’une importance qui interdit qu’on les classe comme des “actes violents contre le gouvernement ou la nation”, tant ces actes sont déjà couverts par des multitudes d’interdiction, de surveillance, de punition, etc. D’autres interprétations, beaucoup plus justifiées à notre sens, sont également beaucoup plus spéculatives. Elles impliquent l’action de subversion à l’intérieur du gouvernement Obama, jusqu’à l’hypothèse d’un coup d’État.
• …C’est ce dernier point que soulève Gordon Duff, avec le deuxième article que nous citons, qui est lui-même cité par Palin. L’article paraît le 29 novembre 2012, sur PressTV.com. Il développe une thèse complexe d’un complot conduit par différentes factions nationales et internationales, contre le gouvernement Obama, éventuellement et principalement activé avec des complicités internes dans le gouvernement, par l’utilisation d’une arme nucléaire, notamment dans une ville US. La citation de cet article n’implique nullement une acceptation de sa thèse de notre part (ni un refus, d’ailleurs), mais simplement faite pour illustrer les raisonnements et les spéculations que le mémorandum alimente et structure.
«There are strong confirmations that one or more nuclear weapons, known to have been stolen but kept from the public to “prevent panic,” may well be deployed in American cities by extremist elements with probable ties to a foreign intelligence agency. This scenario was the basis of the television show “Jericho” several years ago. However, this time there are real culprits and real motivations, both the overthrow of the government of the United States and the naming of Iran as a “scapegoat.”
»The plot has been tracked to groups within the Pentagon, several government agencies and wealthy and powerful extremist backers of Netanyahu and, in particular, the “Gulf Cartel” operating from Mexico that has penetrated nearly all levels of government, law enforcement and the military across the country.
»Using surprisingly direct language, President Obama has officially confirmed this conspiracy. Six days ago, the President of the United States, on his official public website, issued a warning about “government insiders” who were planning “violent acts” against the “government and the nation.” […]
»Sources within the intelligence community have confirmed that key former military personnel, some employed by the government to provide security for nuclear facilities, others with training in the assembly and detonation of “special weapons,” are being sought and actively recruited by “militant extremists” who represent, for the most part, powerful international corporations. Though this group was initially tracked down through counter-narcotics investigations, their membership includes at least one major hedge fund, top law firms, major media players and even religious organizations…»
• Un autre aspect nous ramène au premier article cité, avec un autre point intéressant de cette directive, qui est mis en évidence par un autre article que cite Palin. Il s’agit d’une intervention de Doug Hagmann, le 27 novembre 2012, dans CanadaFreePress.
«David Hagmann, writing for the Canada Free Press, makes some good points when he interprets Obama’s memo in a broader perspective. Like others, he points out the ambiguity in the wording and acknowledges that it could just be geared at stopping leaks. Hagmann, however, takes note of a key word in the memo. The word is “centrally,” and when it is considered in the context of Obama’s agenda seen being implemented over the last four years, it is chilling:
»“The key to understanding this memorandum is to understand that we are witnessing the greatest consolidation of power and control under the Executive branch of the government in recent U.S. history. This process creates a closed system of surveillance that cannot be easily penetrated by other branches of…government. Accordingly, it becomes a self-policing network that has the ability to silence critics and individuals opposing a particular agenda or activity, even if such dissent is lawful…it gives Barack Hussein Obama the ability to redefine what constitutes a threat to the government, including treason. It is he, not laws enacted by congress or the workings of the judicial branch, who will now determine who and what constitutes an ‘insider threat.’
»“It is the very essence of ‘Big Brother’ within the government itself. Everyone needs to wake up and understand exactly what’s happening not only in the U.S., but across the world. We are witnessing the consolidation of power that historically precedes a war for absolute control.”»
Voilà donc un événement pour le complotisme, qui du coup en perdrait ses guillemets ! Car la source de cet épisode complotiste est effectivement le centre du Système lui-même, qui ne cesse de dénoncer en général le “complotisme” des critiques contre lui-même. A cette lumière, le silence de la presse-Système apparaît abject et pathétique, – d’une lâcheté et d’une terrorisation de leur psychologie au-delà de ce qu’on en imaginait, incapables d’évoquer, nous dirions même impuissants à le faire, une intervention du plus officiel d’entre eux, le vénéré BHO, parce qu’il leur faudrait troubler la réalité complètement “potemkiniséee” qu’ils entretiennent finalement par l’acte d’une sottise et d’une pauvreté d’esprit remarquables. Ces pauvres gens sont terrorisés par eux-mêmes, par ce que leur servilité les conduit à entretenir en fait de narrative, prisonniers de leur narrative, jusqu’à objectivement censurer par leur silence le président des USA. On est au cœur du bouillonnement du Système qui se dévore lui-même, qui se terrorise lui-même, qui se censure lui-même.
Là-dessus, il y a cette directive, qui est effectivement extraordinaire. On la croirait publiée par l’administration Lincoln au temps de la Guerre de Sécession, ou par l’administration Roosevelt après l’entrée en guerre de décembre 1941. Même un Nixon, dont la réputation de paranoïa est fameuse, n’est pas allé jusqu’à rédiger et rendre publique une directive de cette sorte, et ne l’a même jamais conçue. Lui, il préférait monter une équiper clandestine, les “plombiers”, dont l’action d’enquête mena au scandale du Watergate, tombant dans le piège tendu à son administration par le comité des chefs d’état-major avec l’aide de l’espion de l’U.S. Navy devenu journaliste, Bob Woodward. Effectivement, Nixon ne sembla jamais aller jusqu’à croire, malgré sa paranoïa, à la possibilité d’“actions violentes” venues de l’intérieur du gouvernement, inclus donc, selon la formulation de la directive d’Obama, des actes pouvant aller jusqu’à des tentatives d’assassinat ou de coup d’État. Ce caractère extraordinaire du mémo de BHO conduit nécessairement à des remarques à mesure, – deux, pour notre compte.
• La première d’entre elles est chronologique, et elle a déjà été évoquée à d’autres occasions. Nous faisions la remarque, le 20 novembre 2012, que cette réélection d’Obama s’était passé, malgré le battage fait autour, d’une façon extrêmement subreptice, et combien son effet avait été réduit à rien. («Cette année, pour cette élection, rien de semblable. Malgré un battage considérable du système de la communication et de la presse-Système autour de l’élection, comme s’il s’agissait de nous rassurer sur l’état du Système, – bien entendu, c’était le but, – l’élection a été immédiatement “déclassée” dans les événements du passé, dès le 9 novembre avec la lettre de démission de Petraeus. La coutume impérative du Système ayant été, depuis que les USA occupent leur position d’influence écrasante, que le résultat de l’élection présidentielle arrêtait le temps autour d’elle et autour de son organisation, le fait est que, cette année, le temps s'est à peine arrêté pour l'élection elle-même, qu'il a même accéléré, aussitôt après, comme si elle n’avait pas eu lieu…») La directive complète le constat : même pour l’administration elle-même, pour son fonctionnement intérieur, la réélection n’a compté pour pas grand’chose dans l’évolution d’une situation qu’on sent de plus en plus menaçante et catastrophique. Elle n’a pas réaffirmé la légitimité du président, elle n’a pas relancé sa politique, etc. Au contraire, on dirait qu’elle a confirmé les pires craintes et précipité la mobilisation de l’administration pour on ne sait quelle menace.
• La seconde concerne l’évolution de cette présidence, et plus généralement des services divers du gouvernement, du gouvernement lui-même, des autorités et des élites politiques en général. Il y a un tel climat, une telle tension, que l’un et l’autre soient paranoïaques ou pas, que l’évolution pousse toutes ces structures du Système à construire des architectures de surveillance de type Big Brother contre elles-mêmes. Il nous apparaît évident que les dispositions recommandées par le mémo présidentiel relèvent effectivement d’une activité de surveillance et de coercition psychologique qui renvoient aux images de cette sorte (Big Brother, dans 1984 de George Orwell), ou éventuellement d’un maccarthysme bureaucratique interne ; l’originalité de la chose est que ces dispositions ne s’exercent pas contre le public (lequel est d’ailleurs d’ores et déjà gâté à cet égard) mais contre les organismes qui, notamment, dirigent et supervisent par leur position d’éventuelles actions de cette sorte contre le public. Encore une fois, il ne s’agit pas ici, ni de critiquer ni de justifier la mesure mais de la constater. Une telle directive rend compte d’un renforcement constant des contraintes, du soupçon, de la surveillance, à l’intérieur, encore une fois, de la citadelle centrale du Système, exactement comme si le Système ne pouvait plus avoir confiance en lui-même et que cette défiance ne cessait de s’étendre à toutes ses propres branches. On distingue évidemment là un stade supplémentaire de l’extension du processus d’autodestruction de la chose.
Mis en ligne le 30 novembre 2012 à 07H40
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