L’insupportable fusion de la grâce et du Rien

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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L’insupportable fusion de la grâce et du Rien

08 janvier 2016 – Barack Hussein Obama, dit BHO... Depuis tant de temps que nous nous escrimons, pour mon compte et pour moi-même dans tous les cas dans les colonnes électroniques de ce site, à tenter de comprendre qui il est réellement, et pourtant qu’aucune autre hypothèse ne sort de tout cela que ce mot si puissant, si troublant, si mystérieux du Mystère des Anciens, si présent dès l’origine de l’apparition du personnage : une énigme... C’est de lui dont je veux parler aujourd’hui et je vais étayer mon propos de deux rapides incursions dans les potins du simulacre de réalité (destruction du réel objectif) que nous offre le système de la communication. Cette occurrence m’a fait envisager quelques instants de le destiner (mon propos) à la rubrique Bloc-Notes du site, plus ordonnée, mieux rangée, plus “sérieuse” dans l’apparence de la forme, que la forme en apparence plus libre et buissonnière que ce Journal dde.crisis. Je crois que mon choix final n’est pas mauvais... Bref, voici les deux “nouvelles”, l’une se nommera “les larmes de BHO” et l’autre “les projets du président Obama et de son épouse”.

(Toutes ces nouvelles, par ailleurs très partagées ou assez inédites, viennent du site US The American Thinker, dont on sait l’épouvantable réputation d’être peut-être, sans doute, de la droite dure US, mauvaise fréquentation, le parti des salonards balaie cela d’un revers de main suffisant-négligent tout en signalant la chose au juge car il faut savoir “donner” comme l’on est “une donneuse”. Just don’t care, fellow.)

• Les larmes de BHO. On a fait grand cas et émotion extrême des très récentes larmes du président évoquant les “pauvres gosses” qui se font descendre dans les rues de Chicago parce que, uniquement parce que la vente des armes n’est pas contrôlée, sinon interdite. On ne sait pas qu’il ait pleuré, sinon par discrétion en privé, pour les “pauvres gosses” qui se font descendre à Alep, à Bagdad autour de la Green Zone, dans les villages afghans, en Mer Egée, en Ukraine, notamment grâce à l’efficacité d’un drone US ou simplement par conséquences directes, indirectes, inéluctable, de la politique des USA qu’il a le déshonneur nonchalant de sembler conduire. Mais revenons aux larmes, bien réelles celles-là, – euh, c’est-à-dire que, justement, pas vraiment.., – selon Carol Brown, dans The American Thinker du 7 janvier 2016.

Le jour précédent, Brown expliquait combien ces larmes étaient, à son avis du type “crocodile”, concernant cette scène du 5 janvier dans son intervention sur le contrôle de la vente des armes (voir AP, avec le DVD sur les larmes). Brown a eu beaucoup de commentaires sur ce texte, de lecteurs mettant en doute la vérité de ces larmes (pas leur réalité mais réalité-simulacre), notamment parce qu’elles commencent par un seul œil, qu’elles coulent de l’extérieur de l’œil, etc. Après un court extrait, nous passerons à notre deuxième point, avec comme seule conclusion ici que tout ce que fait ce personnage aujourd’hui nous offre une interprétation lumineuse et, aussitôt après, une interprétation sombre comme les abysses (“la grâce et le Rien”).

« ... [W]illmay posted that there are products called “tear stick” and “tear blower” readily available for actors who need to cry on cue.  (Great product for con artists as well, no?)  She had additional insights worthy of note, including her observation that Obama first wiped his left eye, and then “tears appear from that eye only.”  (saksin also observed that Obama’s first wipe of one eye preceded any tears at all.) », etc.

• Les projets du président Obama et de son épouse. Là, nous entrons même, au reste de l’aveu de l’auteur, dans le Grand Carrousel des hypothèse fantastiques, de l’héroïque-Épique de communication, de la Fantasy post-mythomoderne. (*) Il s’agit, pour Richard F. Miniter, de nous annoncer le 7 janvier une “énorme surprise” d’Obama, pour les mois voire les semaines qui viennent, pour les présidentielles de cette années. Comment cela ? Miniter rapporte, d’après le Daily Mail, que le FBI est en train d’arriver à “un point critique” dans l’enquête sur les e-mails d’Hillary Clinton, que ce “point critique” ne serait rien de moins qu’une inculpation de l’ancienne secrétaire d’État, pulvérisant toutes ses chances (considérables) d’être nommée candidate démocrate à la présidence, etc. Et le Daily Mail de commenter que cela mettrait Obama dans une situation d’une “difficulté incroyable”, évidemment parce que le FBI sous son administration aurait pulvérisé le parti démocrate dans la campagne de 2016 (Sanders n’étant considéré que comme une alternative assez suspecte du point de vue de l’establishment, et par avance battu par une espèce de monstre type-The Donald)... Mais non, pas du tout, dit Miniter ; d’abord parce que Obama hait littéralement les Clinton, et Hillary en premier ; ensuite parce que si grandes sont son auto-admiration et sa suffisance, qu’il aurait un plan tout prêt pour ce cas : lancer Michelle (Obama) comme candidate à la présidence. (Refaire le coup des Kirchner en Argentine, mais avec des personnages d’une autre dimension, – les Argentins ayant déjà eu une expérience précédente avec Juan Peron suivi dans les années 1970, après un intervalle habituellement catastrophique des militaires, par sa deuxième femme et veuve Isabel, pâle copie de la grande Evita.) Miniter n’y croit pas une seconde, pour ajouter aussitôt qu’avec les Obama, tout, absolument tout est possible...

« ...All well and good, but would such an indictment or even its serious consideration really put “President Barack Obama in an unbelievably difficult position”?  Or will it just toss him into the briar patch he wants?  After all, there are two things we know about Barack: one, he has an infinite capacity for self-delusion, and two, he hates both Clintons. So here’s a prediction: if Clinton gets indicted, Michelle Obama gets the Obama team’s nod for the nomination.

» Can Barack and Michelle pull such a thing off?  No, but the point is that they will think they can. Remember the confidence, one might even say arrogant confidence... (Suivent des exemples sans nombre de l’arrogance de BHO et des Obama en général, de la façon dont ils vivent dans une “bulle”, dont le Général Flynn nous a dit qu’elle constitue, ou est constituée d’une “narrative impénétrable”.)

[...] » The fact is that Obama and the self-appointed dietary majordomo he’s married to just don’t operate in the real world at all, and so Hillary going down in flames they’ll see as an opportunity to offer the vast gushing majority of the little people, fans who for the most part now exist only in their own minds, another chance to cheer their greatness. »

Tout cela pour illustrer la marche vers mon commentaire sur cette énigme sans fin qu’est ce président, premier président noir et pas black du tout des USA, peut-être plus américaniste que tous ceux qui l’ont précédé, y compris au beau temps de l’esclavage ; qui n’a rêvé (c’est la thèse de Robert Parry) que d’être adopté complètement, couleur comprise, dans l’establishment washingtonien d’essence WASP jusqu’au bout des ongles, et donc américaniste ; qui fut pour cette raison américaniste comme on est “plus royaliste que le roi”, jusqu’au bout des ongles. Si vous voulez, on dira que c’est une façon de “se blanchir” dans ce milieu-là, comme l’on fait pour les $milliards frauduleux de Wall Street. Enfin, laissons tout ce bavardage intempestif, fait surtout pour introduire le véritable propos, qui concerne le président Barack H. Obama après sept ans de l’exercice du pouvoir, et à neuf mois d’en être pratiquement privé, une fois faite l’élection de son successeur (ou de sa successeure, car le cas se dispute).

Une énigme, disais-je ... Cet homme, Obama, est la grâce même, dans la silhouette, le mouvement, l’allure. Cette forme et ce comportement ne trompent pas : cet homme ne peut être tout à fait ignare ni tout à fait médiocre. Il parle magnifiquement, avec une parfaite maîtrise de lui et un talent oratoire également maîtrisé dans ses plus extrêmes emportements ; une telle distance dans un domaine où l’ivresse et la passion, états nerveux de la perte complète de la maîtrise de soi, sont les plus redoutables faiblesses, implique a contrario des capacités intellectuelles et psychologiques peu communes. On a envie de penser et de juger que cet homme est un caractère, et mon intuition est que certains de ses partenaires politiques les plus importants, notamment les chefs d’État étrangers parmi les plus brillants, et je pense précisément à Poutine et à tous ceux qui ont été ces dernières années dans le camp opposé à la dévastation conduite par les USA au nom du Système, en ont jugé ainsi, d’ailleurs avant même qu’il fût président. (Voyez le 13 juin 2008.) Je suis conduit à penser que lorsque Obama dit au président russe [jusqu’en mai 2012] Dmitri (Medvedev), off-mike (micro resté accidentellement ouvert), le 26 mars 2012 à Séoul : “Dites à ‘Vlad’ qu’il patiente” (« On all these issues, but particularly missile défense, this can be solved but it’s important for [Vladimir] to give me space [...] This is my last election. After my election I have more flexibility. »), – je suis conduit à penser que Medvedev comme Poutine sont d’accord pour conclure qu’enfin l’on va pouvoir s’arranger avec cet homme de très grande qualité enfin libéré des chaînes d’un pouvoir à l’agonie à Washington... On connaît la suite.

Je ne crois pas une seule seconde à la fable convenue de la “marionnette“, de l’homme de Wall Street ou de tout autre lien, et autres chansonnettes du même ton du complotisme qui va sans dire et qu’on se croit pourtant obligé de juger qu’il va mieux encore en le disant. Tout le monde, dans ce pouvoir aux multiples facettes, comme dans un palais des glaces déformées, tout le monde tient tout le monde par la barbichette, il n’y a aucun groupe directeur mais de multiples pouvoirs et de multiples puissances d’argent dont les influences s’équilibrent et s’annulent les unes les autres. Obama, dans les conditions où il se trouve (où il se trouvait alors), dans cette confidence à Medvedev, était au moins aussi “libre” (certes, l’ironie se cache mal dans le propos) que son chef d’état-major général, le Général Dempsey, qui passa secrètement au prix d’une “trahison” qui n’existe plus aujourd’hui, de la documentation secrète aux Russes pour qu’ils la fassent suivre vers les soldats syriens d’Assad. BHO aurait agi ainsi avec Poutine pour régleur leurs petites affaires et préparé leurs gros coups, le Russe l’aurait évidemment aidé de toutes ses forces et avec toute les possibilités à sa disposition,.

D’autres présidents sont intervenus de la sorte, avec des back channels, des envoyés personnels, des interlocuteurs “privilégiés”, secrets et mandatés, pour poursuivre une diplomatie “officieuse” hors de tout contrôle de ces divers pouvoirs et forces en place à Washington. Il y eut notamment Kennedy avec Krouchtchev utilisant le canal des contacts secrets entre Robert Kennedy et un agent du KGB durant la crise des fusées de Cuba ; Nixon et Kissinger avec les Chinois (voyage secret de Kissinger avant la visite de Nixon à Pékin en 1971), et avec les Russes pour préparer l’accord SALT-I sans que leurs ministères de la défense respectifs soient informés ; Bush-père réunissant une “task-force” personnelle et officieuse pour préparer, à l’insu et contre les tendances de la bureaucratie de sécurité nationale, des offres de désarmement pour Gorbatchev, pour le sommet de l’OTAN de mai 1989. Je me rappelle une confidence de Michel Jobert, que je rencontrai régulièrement dans les années 1990 ; il m’avait rapporté que, lorsqu’il était devenu ministre des affaires étrangères en 1973, Kissinger, devenu secrétaire d’État et dont dépendaient toutes les ambassades US dans le monde, l’avait immédiatement contacté pour lui dire : “Laissez tomber l’ambassade si vous avez quelque chose d’important à me faire passer, voyez Mr. X, et moi je ferais de même, ce sera notre messager commun”, – c’est-à-dire, Mr. X, ancien général de l’USAF et représentant de Boeing à Paris à cette époque.

Alors, Obama ? A côté de ce qu’il paraît des qualités naturelles de la personne, de sa grâce aérienne, et dès lors que l’Africain-Américain blanchi sous le harnais washingtonien en connaît des tonnes sur la façon de travailler à l’insu de ses chiens de garde, le voilà qui pourtant n’a rien fait, rien entrepris, rien accompli, sinon poursuivre la terrifiante politique-Système de son stupide prédécesseur, sinon en l’accentuant, rendant pire encore la production du désordre déstructurant et dissolvant. Ainsi cet homme, décidément, est-il l’homme du Rien, et je me retrouve, à ce point de ma réflexion, dans le désarroi intellectuel de l’insupportable fusion de la grâce et du Rien.

Eh bien ! puisqu’il s’agit du Rien, de la néantisation, des abysses du Mordor comme les robots de Google disent à propos de Poutine, eh bien il faut aller jusqu’au terme du propos. Parmi les faiblesses de ses qualités, lorsque ces qualités atteignent le proximité d’une certaine entité, il faut aller jusqu’à cette suffisance, cette vanité, qui sont la marque des caractères hauts lorsqu’ils sont contraints à la bassesse la plus extrême par contraste par quelque faiblesse cachée et mortelle. Barack H., à part d’être bien entendu l’agent des forces musulmanes qui rongent les fondements de la Grande République comme l’on va jusqu’à imaginer, a rencontré dans la démesure de son destin, – tant de qualité perverties dans une action si basse qu’on puisse la comparer à la seule accélération du désordre déstructurant/dissolvant du Système, – cet hybris total qui devient totalitaire pour celui qui le développe, qui, à son terme, aboutit au néant de lui-même (équation-surpuissance-autodestruction, là aussi), effectivement l’être devenu Rien au bout du compte.

Comment est-ce possible ? Il est inutile de chercher la réponse d’une façon directement rationnelle, et de toutes les façons maintenues, ces explications, à la hauteur de l’hypothèse. Seule une faiblesse affreuse qui le rapproche jusqu’à l’intime proximité du Mal, celui que représente le Système, explique que cet homme soit parvenu à être ce qu’il est, – la grâce devenue le Rien. Je ne dis pas une seconde qu’il est mauvais, qu’il est le Mal lui-même, car je m’en tiens pour cela à mon cher Plotin, le grand néoplatonicien aveugle qui dictait ses sentences à ses aides pour nous dire que l'“on n'est pas mauvais en soit” : « Car on pourrait dès lors arriver à une notion du mal comme ce qui est non-mesure par rapport à la mesure, sans limite par rapport à la limite, absence de forme par rapport à ce qui produit la forme et déficience permanente par rapport à ce qui est suffisant en soi, toujours indéterminé, stable en aucun façon, affecté de toutes manières, insatiable, indigence totale. Et ces choses ne sont pas des accidents qui lui adviennent, mais elles constituent son essence en quelque sorte, et quelle que soit la partie de lui que tu pourrais voir, il est toutes ces choses. Mais les autres, ceux qui participeraient de lui et s’y assimileraient, deviennent mauvais, n’étant pas mauvais en soi. »

Ainsi le Système attire-t-il ceux qui pourraient être les meilleurs mais qui ont déjà chuté en sacrifiant à une faiblesse mortelle de leur psychologie, pour leur faire jouer une pièce tragique où ils tiennent comme l’on boit jusqu’à la lie un rôle qui risquerait d'être et qui se révèle effectivement être l’inversion d’eux-mêmes. Barack Obama, l’homme-Système achevé, et le Système parvenu au sommet de son art diabolique, là où l’art est ironie persiflée en même temps, à faire joue ce rôle par un homme venu de la race réduite en esclavage par le système de l'américanisme qu’il prétend mener et qui le dévore, qui l'a rendu esclave à nouveau... Et certains, j’en suis sûr, entonnant la “marche triomphale” de dedefensa.org, en terminant que l’ironie n’est pas vraiment celle qu’on croit, puisqu’ainsi le président Obama, le président du Rien, achève-t-il le destin du Système, c’est-à-dire de cette phase du Mal omniprésent dans notre métahistoire, dans la logique de l’extrême de la politique-Système, surpuissance devenue autodestruction ; le voici lui-même, comme on l’a vu, homme de la surpuissance abîmé dans son autodestruction. L’image classique est le Diable qui en rit déjà, car il rit du bon coup qu’il a fait à ses anges noirs, en les entraînant dans sa propre course vers l’abîme.

 

Note

(*) Je trouve que ce complexe mais gracieux néologisme, associant la mythologie qui prend ainsi une interprétation postmoderne, et la postmodernité elle-même, mériterait de survive. Alors, on le garde ? “Oui !” applaudit la foule à la vision des larmes du président, moins noir que l’on pouvait craindre puisque si complètement mytho-postmoderne.