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6489A l’heure où les pourparlers sur le commerce entre les USA et la Chine atteignent un point de rupture, ou un point d’arrangement qui ne serait qu’un sursis pour une rupture, à l’heure où Trump annonce qu’actuellement les droits de douane seraient plus avantageux pour les citoyens américains qu’un accord (ce qui est contestable et hautement contesté par des dirigeants de l'administration), toute l’attention stratégique des militaires US se porte sur la Chine et sur un conflit possible avec ce pays. (Bien plus que sur l’Iran qui est du domaine stratégiquement schizophrénique de la doublette Bolton-Pompeo.)
En fait les militaires US sont particulièrement inquiets d’un possible engagements avec la Chine parce que cet arrangement se ferait, beaucoup plus que dans le cas russe, avec la flotte et les grands porte-avions d’attaque dont ils découvrent leur extrême vulnérabilité aux armes hypersoniques chinoises (et russes, encore plus, mais dans une stratégie moins exposée).
L’inquiétude vis-à-vis des Chinois du Pentagone, et de la Navy particulièrement, est si grande qu’elle touche l’actuelle tension iranienne. Certains milieux proches de la Navy, ou se prétendant tels, se demandent si les Chinois n’ont pas livré aux Iraniens quelques systèmes relevant de leurs capacités anti-porte-avions. Cela doit s’entendre à la lumière de déclarations de dirigeants iraniens, notamment celle du commandant de l’élément des forces aérospatiales des Gardiens de la Révolution, qui expose une tactique de la défense offensive (qui est aussi celle de la Chine) pour frapper l’ennemi au cœur de sa puissance imprudemment déployée à portée d’armes et de missiles présentés comme extrêmement efficaces :
« L'amirali Hajiadeh, qui dirige la division aérospatiale de l'unité d'élite, a fait des commentaires dimanche en discutant de la présence de garnisons militaires et de flottes navales américaines basées dans les pays voisins de l'Iran.
» “Un porte-avions avec au moins 40 à 50 avions et 6000 hommes à bord était une menace sérieuse pour nous dans le passé”, a-t-il déclaré à l'Agence iranienne de presse des étudiants (ISNA). “Mais maintenant, les menaces se sont transformées en opportunités”. M. Hajiadeh a noté la croissance des capacités de missiles de l'Iran, qui pourraient facilement toucher les porte-avions américains se trouvant entre 300 et 700 kilomètres de distance. “Si [les Américains] font un geste, nous les frapperons à la tête.” »
Bien entendu les rumeurs sur des interventions chinoises auprès des Iraniens doivent être considérées comme étant aléatoires et incertaines, dans tous les cas sans aucune vérification possible et qui feront sans doute le bonheur des forces “anti-FakeNews” du bloc-BAO puissamment armées de leur vertu de certitude. Mais les craintes des militaires US, notamment du comportement et de la puissance chinoise, sont si grandes, et quasiment paranoïaques, qu’ils prêtent du crédit à toutes les rumeurs et spéculations dans ce sens, d’ailleurs au risque de le faire objectivement avec raison, et que cela influe nécessairement sur leurs décisions stratégiques.
Dans ce climat général, on lira le texte ci-dessous, de Sputnik-International du 25 avril comme une indication générale, sans trop s’attacher aux précisions techniques, du climat qui entoure aujourd’hui les capacités de la puissance militaire chinoise par rapport aux forces US, particulièrement navales. Ce qui est remarquable et que le texte met en évidence, c’est que les USA “découvrent” littéralement la puissance chinoise, parce que, pendant un demi-siècle et mème au-delà, c’est-à-dire de tous les temps, ils n’ont jamais accordé d’importance à la Chine en tant que puissance sauf lorsque c’étaient eux qui l’alimentaient (leur alliance avec Tchang Kaï-check). La Chine ayant ainsi bénéficié de l’aveuglement et du mépris suprémaciste des USA pour tout ce qui n’est pas technologisme anglo-saxon et hors des ennemis habituels (URSS...), ces mêmes USA n’ont aucune référence passée permettant d’avoir une bonne expérience dans l’art de l’évaluation à cet égard.
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L'armée chinoise est en train de gagner la course aux armements conventionnels, en particulier pour les missiles antinavires, et les commandants américains essaient désespérément de trouver d'autres stratégies avant que les porte-avions américains ne deviennent obsolètes.
“Nous savons que la Chine possède la force de missiles balistiques la plus avancée au monde”, a déclaré jeudi [25 avril] à Reuters James Fanell, un capitaine à la retraite de la marine américaine et ancien officier supérieur du renseignement de la flotte du Pacifique. "Ils ont la capacité de saturer complètement les systèmes défensifs dont noius disposons actuellement”. Robert Haddick, ancien officier de l'US Marine Corps et chercheur invité à l'Institut Mitchell d'études aérospatiales, qui est également conseiller du US Special Operations Command, a déclaré également à Reuters que “la capacité des missiles antinavires de la Chine dépasse celle des États-Unis en termes de portée, vitesse et performances des capteurs”.
De tous temps et même avec la révolution de 1949 qui a porté le Parti communiste au pouvoir dans la nouvelle République populaire de Chine, et cela jusqu’à aujourd’hui, les États-Unis ont ignoré les capacités militaires de Pékin et n’ont guère prêté attention à ses développements. Pendant ce temps, la Chine a mis au point une dissuasion efficace de missiles bon marché à longue portée visant non pas la parité avec le Pentagone, mais la dissuasion de ses atouts les plus dangereux, et particulièrement sa flotte des dix-douze porte-avions que Washington utilise pour contrôler et menacer les pays jugés dangereux.
La marine américaine n'a pas vu sa suprématie navale contestée depuis la Seconde Guerre mondiale, quand elle a mené une guerre totale à travers le Pacifique contre la marine impériale japonaise. Comme la Chine aujourd'hui, l'Union soviétique s'est efforcée de tenir éloignés les porte-avions et les sous-marins américains de ses côtes et de ses zones littorales avec de très grosses plateformes de missiles navals, voire de des porte-avions hybrides équipés de très nombreux lanceurs de missiles, comme les porte-avions (identifiés par les Russes comme “croiseurs lourds”) de la classe Kiev.
(Le navire “Amiral Gorchkov”, “croiseur lourd”/porte-avions modernisé de la classe Kiev, ou Projet 1143, est une des unités qui a reçu de nombreuses améliorations qui apparaîtraient dans le Projet 1143.5, concrétisant la mise à niveau de cette classe de navires hybrides en le chargeant d’un nouvel arsenal antinavire d’une très grande puissance en plus de sa composante aéronavale.)
La Chine prend les missiles tellement au sérieux qu'en 2015, le président chinois Xi Jinping a élevé la Force de fusées de l'Armée populaire de libération du peuple (PLARF) au rang de branche à part entière, à parité avec l’armée de terre, la marine et les forces aériennes.
Alors que Pékin n'a jamais rendu public l'ampleur de son arsenal de missiles, la Ligue de la jeunesse communiste a publié des chiffres sur la PLARF, qui compterait environ 100 000 hommes, avec 200 missiles balistiques intercontinentaux et 300 missiles balistiques à moyenne portée. La force déploie également actuellement 1 150 missiles balistiques à courte portée et 3 000 missiles de croisière, selon le groupe, qui est l’organisation officielle de la jeunesse du Parti communiste.
Les systèmes spécialisés de la PLARF ont les avantages de la vitesse et de la portée par rapport à celles des États-Unis. Par exemple, alors que les États-Unis n'ont pas de missiles antinavires supersoniques à longue portée opérationnelle tactique, la Chine en a deux : le YJ-12, avec une portée de 400 kilomètres, et le YJ-18, avec une portée de 540 kilomètres.
Le meilleur missile antinavire américain, le subsonique RGM-UGH-84 Harpoon, a récemment été modifié pour étendre sa portée à 240 kilomètres. Raytheon a essayé d'améliorer son missile de croisière Tomahawk d'une portée de 1 600 kilomètres pour pouvoir frapper les navires, mais l'arme est loin d'être prête à être utilisée contre les objectifs chinois... “C'est un écart très important”, a constaté Robert Haddick.
La technologie hypersonique est un autre domaine où la Chine devance les États-Unis : depuis 2014, Pékin teste des armes qui volent jusqu'à cinq fois la vitesse du son, en utilisant une sorte de moteur à réaction appelé ramjetou scramjet, spécialement conçu pour les vitesses entrant dans le domaine hypersonique.
“Franchement, nous étions les chefs de file dans ce domaine il y a 10 et 15 ans, et nous avons laissé tomber ”, a déclaré Michael Griffin, sous-secrétaire américain à la Défense pour la recherche et l'ingénierie, aux législateurs en avril 2018 au sujet de la mise au point des armes hypersoniques. "Il faut qu'on se remette au travail de toute urgence.... [Car] nous n'avons pas de défense contre ces systèmes”, a-t-il averti. Les États-Unis ont testé un missile de croisière hypersonique en 2017, mais les contrats accordés à Lockheed Martin et Raytheon pour développer ces armes sont récents et n'ont pas donné de résultats.
“Nous sommes aujourd'hui désavantagés par rapport à la Chine en ce sens que ce pays possède des missiles balistiques terrestres qui menacent nos bases dans le Pacifique occidental et nos navires”, a déclaré l'amiral Harry Harris, ancien chef du Pacific Command, le plus grand commandement naval des USA, devant la commission des forces armées du Sénat américain en mars 2018.
Pékin n'a pas non plus caché la finalité de ses missiles.
Alors qu'un ancien colonel de l'APL a concédé à Reuters que “les missiles américains sont supérieurs aux nôtres en termes de qualité et de quantité”, la Chine a largement l’avantage en termes de coût. Elle peut produire beaucoup plus de missiles que ce que les défenses aériennes américaines pourraient espérer abattre, et un porte-avions coûtant 10 000 fois le prix d’un missile pourrait être détruit par l’un de ceux-ci.
“Nous ne pouvons pas vaincre les États-Unis en mer”, a déclaré le colonel retraité de l'APL à Reuters. “Mais nous avons des missiles qui visent spécifiquement les porte-avions pour les empêcher d'approcher de nos eaux territoriales en cas de conflit.”
Une animation au salon de l'aviation de Zhuhai en novembre dernier a montré un essaim de missiles frappant des navires de guerre ennemis, y compris des porte-avions ; lors de la même démonstration, le PLARF a dévoilé le missile balistique supersonique CM-401, qui a une portée de 290 km.