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307014 mars 2016 – Cette fois, je vais immédiatement grimper à bord du site dedefensa.org pour enchaîner directement sur un texte mis hier en ligne ; le fait est qu’il s’agit de George Soros, qui est, depuis longtemps, à mes yeux, un personnage mystérieux et fascinant. Dans ce texte, on ne mégote pas sur les références diaboliques-sataniques, jusqu’au titre, et précisément à propos de Soros. (« Hillary-Soros, le ticket du Diable », où à mon avis, question-Diable, Clinton joue un rôle mineur dans la hiérarchie.) C’est à croire qu’ils ont deviné mes intentions... Car, finalement, qui est donc ce Soros ?
“Qui est ce Soros ?”, bonne question... Certainement pas un simple faiseur de fric ; il occupe, dans cette époque singulière, une place beaucoup plus complexe, significative, mystérieuse et peut-être, sans doute et sans aucun doute, – effrayante... Spéculateur cherchant à accroître sa fortune en détruisant des institutions structurantes, donc déstructurateur par le fait, mais bien au-delà du simple “faiseur de fric” ; déconstructeur jusqu’à dépenser des sommes importantes pour financer les diverses subversions colorées, déconstructeur jusqu’à sa biographie qui fait de ce juif hongrois qui n’envisage même pas de se présenter de telle façon qu’on pourrait voir en lui une victime de l’Holocauste mais affirme avec le plus complet cynisme qu’il travailla pour le gouvernement Horthy, pour le pillage des biens des juifs hongrois déportés vers les camps d’extermination. Soros se différencie des autres Masters of the Universe par sa passion presque froide à force d'être achevée de la destruction, qui passe tout plan rationnel, par conséquent par sa propension sans compter à déstructurer-dissoudre tout ce qui compte de formes structurantes ; il est, ce vieillard qui semble résister au temps, insatiable de cette “soif des destruction”, celui qui se rapproche le plus de l’“Ange Noir” (ou Ange déchu) prenant le nom de guerre de Lucifer-Satan.
En d’autres temps, nous avions préparé un texte sur Soros, déjà bien documenté mais finalement mis de côté, dans un tiroir qui n’est pas une oubliette. Je vais aller y pêcher quelques passages, tout cela pour mieux préciser quelle forme je veux donner à ma préoccupation. Ce texte faisait référence à deux articles parus dans le même espace de temps qui, justement, me poussaient à une réflexion sur ce personnage de Soros : l’un de F. William Engdahl du 12 juin 2015 qui détaillait “La sale odyssée corruptrice d’un oligarque américain” (« An American Oligarch’s Tale of Corruption ») ; l’autre de Wayne Medsen le 13 juin 2015 qui s’interrogeait pour savoir si Soros “contrôlait la Maison-Blanche” (« Does George Soros Control the Obama White House? »).
L’impression qui m’était restée de ces deux articles était un extraordinaire activisme de Soros, dans tous les sens, dans des régions très différentes, réussissant des coups énormes de spéculateur et, en même temps, montant d’une façon systématique des “complots” politiques (les fameuses “révolutions de couleur”), avec partout des relais, des courroies de transmission d’influence, des réseaux. Un homme qui est le plus accompli des spéculateurs-agitateurs, mêlant opérations financières quasi-illégales et activisme politique subversif, et dans tous les sens s’il le faut ; mais, d’une façon plus générale, un homme jouant “solo”, sans lien impératif sinon des rencontres de convenance, allant évidemment dans le sens du Système mais sans oublier des soutiens à des actions qu’on peut décrire comme antiSystème à certains moments (le mouvement Occupy Wall Street, les Africains-Américains de Ferguson contre la police). Dans les deux articles apparaît fort peu le fait qu’il est juif, et on ne trouve dans aucun des deux le mot “Israël”... Chez d'autres que lui, ce constat n'aurait guère d'importance. Avec Soros, c'est différent ; c'est exactement comme si le constat des deux auteurs, inconscient plutôt qu’assumé en tant que tel à mon sens, était que Soros joue en “solo” là aussi et dédaigne volontairement de préciser quoi que ce soit à cet égard, sans véritable intérêt et en même temps affichant ce désintérêt pour cette spécificité dont on ne sait s’il la considère ou la considérerait, pour lui-même, comme culturelle, religieuse, politique ou psychologique.
Je prends l’article Engdahl, le plus intéressant à cet égard du constat de l’absence, et note que la seule fois où est écrit le mot “juif” à propos de Soros l’est dans une circonstance qui montre un cynisme absolument hors du commun, presque hors de notre monde, presque diabolique avec ce qu’on suppose être le rire ricanant qui va avec : « George Soros, aujourd’hui 84 ans, est juif et né en Hongrie, sous son vrai nom de George Sorosz. Durant une interview à la TV, il se vanta du rôle qu’il avait joué pendant la guerre, à l’aide de faux-papiers, travaillant avec le gouvernement Horthy à la saisie des biens des juifs hongrois arrêtés et envoyés dans les camps d’extermination. Soros expliqua à l’intervieweur : “Il n’y avait aucune raison pour que je ne soit pas là à faire ce que je faisais parce que, – d’ailleurs c’est assez drôle, c’est comme pour les marchés [la spéculation boursière], – si je n’avais pas été là, bien sûr je ne l’aurais pas fait mais quelqu’un d’autre l’aurait fait”. » (On conjoncture aisément, je veux dire la conscience libérée par cette confession-ricanante, que le jeune-Sorosz muni de son certificat temporaire d’aryanité a du se servir au passage dans tous ces bien des juifs déportés pour mettre en marche la roue de sa fortune, et qu’à la défaite des nazis il sut retrouver sa vraie personnalité qui, avec un peu d’habileté, le mettait largement, lui juif, à l’abri de toute épuration des collaborateurs.)
Je m’arrête à cette remarque, de la bouche de Soros, pour, je le répète, marquer mon sentiment de réaction et redire que je la juge véritablement extraordinaire. On y sent effectivement le cynisme signalé plus haut mais qu’on voit relevé d’une telle impudence, quasiment-impériale, au point qu’on en ferait un “cynisme métaphysique” si cette classification pouvait être conçue. Cet homme est d’une trempe particulière et alors, pour en revenir à l'ébauche d'article, il s’agissait de tenter de l’identifier et de le définir en fonction de ce constat qui devenait central à tout le travail... Pour cela, on détermina deux catégories dans lesquelles on peut mettre Soros, celle de l’hypercapitalisme sans frein ni régulation (ce qui implique des fortunes très rapides, qu’elles soient industrielles, financières ou spéculatives, – c’est la notion de rapidité qui importe ici) ; par analogie technique celle d’organisations privée exerçant des activités à grands effets sociaux qui devraient être classées comme “illégales”, celle du “crime organisée” classique. Je cite rapidement ce qui était déjà écrit à cet égard, concernant les deux catégories.
« • Le premier paroxysme de l’hypercapitalisme, ou “capitalisme sauvage”, est la période du “Gilded Age” (L’Âge du toc”), aux USA de 1865 (fin de la Guerre de Sécession) à 1890. Cette période créa d’immenses fortunes, comme celles qu’on voit aujourd’hui (comme celle de Soros) qui se transformèrent rapidement en artefacts institutionnalisés avec des organisations connues : la fondation Carnegie, la fondation Vanderbilt, la fondation Rockefeller. Le caractère essentiel de ces fondations est qu’elles actèrent une transformation des fortunes dont elles assurèrent la pérennité. Ainsi passa-t-on de la période “sauvage” et déstructurante de la formation de la fortune à la période structurante d’organisations conservatrices dispensant des fonds pour installer des structures intervenant dans la consolidation de l’américanisme et des USA. Dans ses mémoires, David Rockefeller, le petit-fils du patriarche, explique que son grand’père consacra tout son temps, à partir de ses 45-50 ans, dans la gestion, la distribution et le contrôle de ses activités caritatives. Il s’agissait de l’argent distribuée à sa fondation et à ses diverses branches, à la distribution de bourses pour permettre à des jeunes gens sélectionnés d’acquérir les compétences pour devenir des acteurs importants de la vie sociale et politique, y compris des hauts-fonctionnaires du département d’État.
» • L’exemple du “crime organisé” est classiquement sinon historiquement illustré aux USA, essentiellement par la “Cosa Nostra” de 1930 aux années 1970-1980, avec leurs “parrains” type Luciano, Costello, Genovese, etc. On retrouve la même chronologie, ce même type de période “sauvage” où il faut conquérir des territoires et établir et consolider des position d’hégémonie des “Familles”, pour ensuite établir des bastions de conservatisme, imposant leur loi et leur ordre dans les territoires dominés, corrompant les pouvoirs publics mais prônant l’importance de la cellule familiale et l'importance des fidélités assermentées, développant des rapports importants de soutien des autorités religieuses (caractéristique des gangsters Italo-Américains par rapport à la hiérarchie catholique), etc. Là aussi, il y a une évolution structurante par rapport aux premières activités. »
Bien entendu, on ne juge en rien tous ces faits, ni d’un point de vue moral, ni d’un point de vue étique, notamment pour ce qui concerne la valeur civique de ces diverses entreprises, leurs actes illégaux et souvent cruels sinon barbares, voire leur éventuels effets maléfiques ; ce qui importe ici, c’est d’observer la transformation technique des activités qui passent de la déstructuration et du désordre, à la structuration et à la recherche de l’ordre. Au contraire, ce qui est remarquable dans les remakes postmodernes de cette sorte d’entités hors du champ régalien des autorités publiques légitimes, c’est que la période “déstructuration-désordre” ne se transforme nullement, une fois la puissance financière et hégémonique acquise, en un mouvement naturel “structuration-ordre”, même si certains cas pourraient y faire penser. Des milliardaires comme Bill Gates établissant des fondations, les cartels de la drogue face à un gouvernement mexicain inexistant, etc., n’établissent pas une structuration d’ordre mais un simple contrôle d’activités dont ils continuent à profiter ou qu’ils protègent sans aucun effet structurant, même à leur avantage : l’activité reste déstructurante et productrice de désordre, comme si elle ne pouvait plus se transformer à son avantage, par structuration. Bien entendu, Soros est parfaitement dans ces mouvements, et dans ces deux mouvements à la fois puisqu’il est à la fois fortuné et qu’il reste un spéculateur d’une façon qui l’apparente encore plus au “crime organisé” dans sa période “déstructuration-désordre”.
Mais il installe, lui, une dimension unique, spécifique, fondamentale. Non seulement il ne se transforme pas en objet structurant-ordre, mais il inverse totalement le processus : il institutionnalise sans le moindre souci même d’une apparence “structuration-ordre” la production de déstructuration et de désordre en l’élargissant de tous les côtés. Voilà un premier facteur technique pour le définir, mais ce n’est encore que de la technique. A côté de cet aspect se développe une activité pseudo-politique qui n’a pour seul but que le désordre. Certes, on a cherché, et souvent proclamé qu’il y avait une orientation, un but dans cette activité (“Nouvel Ordre Mondial”, proaméricanisme-antirussisme, hyperlibéralisme, etc.). Le caractère principal, selon ce que j'en perçois, c’est justement qu’il n’y a pas vraiment un sens ni un but : Soros suit la plupart des opportunités qui s’offrent à lui pourvu qu’elles aillent dans le sens du désordre. On pourrait dire que cela est conforme à une vision neocon, dont on sait qu’elle fait l’affaire de Wall Street ; il n’empêche qu’il a financé indirectement le mouvement Occupy Wall Street, dont on ne peut dire qu’il ait ravi les banquiers de Wall Street, et il finance aujourd’hui des émeutes anti-Trump dont on ne peut dire qu’à terme elles stabilisent les caractères et les formes du système procédurier dont dépend l’establishment, et le Système lui-même, et cela sans la moindre garantie de faire quelque tort que ce soit à Trump. Je sais qu’il y a des arguments contraires, qui font de Soros l’exécutant ou le complice de ceci, puis de cela, mais absolument rien de probant, et je parle de cette façon pour être généreux tant ces arguments me paraissent faiblards et convenus. Quoi qu’il en soit, puisque rien ne peut trancher décisivement, nous en sommes au stade de la conviction et la mienne, justement, pour trancher, s’appuie sur ce que je sais du personnage (rapidement esquissé ci-dessus). Cet homme est doté d’un cynisme et d’une impudence hors du champ de l’humain et il travaille bien en “solo”, sans consigne de personne d’humain, ni la moindre coordination avec quiconque sinon des complices d’occasion et d’infortune, avec une assurance qui confond et tendrait à montrer qu’il est investi d’une mission.
Ainsi vient naturellement la conclusion déjà présente dans les premières lignes : ma conviction est que cet homme est « ce vieillard qui semble résister au temps, insatiable de cette “soif des destruction”, celui qui se rapproche le plus de l’“Ange Noir” (ou Ange déchu) prenant le nom de guerre de Lucifer-Satan ». Soros est un homme seul et ricanant parce que, habité comme il est, chargé d’une mission qui est de pure destruction jusqu’à l’entropisation dans ce monde plongé dans son ultime pénombre et devenu un Mordor perdu dans des abysses insondables, il n’a besoin de personne pour être ce qu’il doit prétendre être. Il n’est pas le diable, mais il est le plus proche d’entre tous de ce qui est le Mal, c’est-à-dire déstructuration et dissolution pures. Il ne porte pas le poids du Mal comme si le Mal était en lui car cette tâche qui est un privilège selon l’esprit de cette époque folle ne peut être donnée à aucun d’entre nous ; inutile de trop l’accabler par conséquent, croyant qu’il suffirait qu’il disparût pour que le Mal s’en allât car il n’est pas “mauvais en soi”, – « [c]ar on pourrait dès lors arriver à une notion du mal comme ce qui est non-mesure par rapport à la mesure, sans limite par rapport à la limite, absence de forme par rapport à ce qui produit la forme et déficience permanente par rapport à ce qui est suffisant en soi, toujours indéterminé, stable en aucun façon, affecté de toutes manières, insatiable, indigence totale... [...] ...les autres, ceux qui participeraient de lui et s’y assimileraient, deviennent mauvais, n’étant pas mauvais en soi ». (On a reconnu Plotin.) Il suffit simplement d’observer, ayant admis ce jugement de conviction concernant Soros et constaté qu’il se montre à découvert et aux yeux de tous ; et cette façon de se découvrir, c’est de sa part, pour mon compte, bien plus une marque de faiblesse par suffisance de jugement qu’un signe d’une force que je jugerais illusoire, et il suffit alors de conclure, comme allant de soi, que les choses sont arrivés au grand carrefour des évènements irrémédiables.
Soros tel qu’en lui-même et tel qu’en ses actes dépouillés de toute prudence et de tout artifice, est un signe qu’on ne peut rater et qu’il ne faut pas ignorer. Il ne faut pas le craindre ni le vouer aux gémonies, il ne tient pas les clefs du monde ni celles de l’Enfer. Il est le messager et il nous reste à entendre son message, avant de lui accorder le droit à un repos bien gagné car sa mission ne peut accoucher que de l’autodestruction, comme le Système qu’il sert. Là aussi, il s’agit d’une conclusion de conviction puisque rien d’autre, dans ces temps de fracture et d’extrême déséquilibre, n’est possible.
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