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28124 juillet 2016 – Nous situons à la fin de 2010, avec l’offensive que nous baptisâmes Cablegate, réalisée avec la diffusion massive d’e-mails officiels US récupérés par Wikileaks, le commencement de cette époque dont nous exposons ici un épisode (fait de deux affaires connectées à cette question des e-mails), d’une intensité à la fois intense et significative.
Cette datation fixe pour nous, également, l’apparition du phénomène dit de l’antiSystème (d’abord “antisystème” dans notre approche) dans le sens d’un concept élaboré. Nous nous en expliquerons plus précisément dans un prochain Glossaire.dde, mais on peut noter d’ores et déjà qu’à cette époque il s’agissait surtout de l’organisation Wikileaks en tant que structure antiSystème qui nous intéressait :
« C’est avec l’affaire Wikileaks-Cablegate de l’automne 2010 (diffusion de masse de documents US diplomatiques et autres) que l’hypothèse (l’intuition) de ce que nous appelâmes alors “système antisystème” puis “système antiSystème” nous est venue à l’esprit. Il nous apparut très vite que cette sorte d’“organisation” qui n’en est pas une à proprement parler, mais caractérisée plutôt par des structures fluides ou par l’absence de structure, pouvait se retrouver dans d’autres cas, – à cette époque, le mouvement Tea Party ou le rassemblement observé autour de Ron Paul peuvent également, à notre sens, être qualifiés de systèmes antiSystème... » (Extrait du Glossaire.dde à venir.)
Cette occurrence historique est ici considérée d’un tout autre point de vue : celui de l’extrême perméabilité des communications du Système, dans le cadre d’un monde dominé par le système de la communication, où notamment l’essentiel de la “communication vivante” passe par le phénomène des “e-mails”, ou courriels selon le terme français. Les deux affaires dont nous voulons traiter ici sont effectivement complètement mise à jour techniquement, comme selon ce qui serait une enquête mécanique et inéluctable conduite et exposée publiquement sur les activités secrètes des dirigeants-Système, mettant ainsi en échec d’une façon massive la condition fondamentale de protection du Système qui est le secret.
Samedi 2 juillet, pendant près de quatre heures, Hillary Clinton a subi l’interrogatoire d’officiers du FBI chargés du dossier dit-emailgate. C’est à la demande de la candidate démocrate que l’interrogatoire a eu lieu. C’est d’abord ce qu’on appelle une opération de “damage control” (le terme est employé par ZeroHedge.com), parce que toute cette affaire, avec ses diverses ramifications où l’on trouve également diverses autres affaires à tendance scandaleuse impliquant Bill, autant pour des questions d’argent et d’influence que pour des questions d’abus sexuels, menaçait tout simplement, – si ce n’est déjà fait, on verra, – d’échapper au contrôle de la candidate démocrate.
Il n’y a rien qu’Hillary déteste plus que de perdre le contrôle des choses. Cette femme devenue froide comme un Machiavel nappée à la sauce figée de la postmodernité et qui suscite les passions les plus brûlantes, – haines ou amours, – a en elle la passion glaciale de la domination des évènements et des êtres qui font les évènements. Sa propre corruption, celle de son entourage, posent un défi à la hauteur de ces traits de son caractères. C’est un caractère totalement shakespearien, entouré de comparses relevant plutôt des cibles médiocres qui suscitèrent les sarcasmes grandioses et assassins de H.L. Mencken. Elle a les travers de toutes ses vertus-maléfiques : l’arrogance, la sûreté de soi au travers d’une supériorité qu’elle croit assurée, et qui est chaque jour mise en danger par la bassesse des causes qui sont les siennes.
Ainsi trébuche la sûreté de soi : lorsque, au début de la semaine dernière (lundi 27 juin), un journaliste local prit en flagrant délit, sur l’aéroport de Phoenix, un entretien “secret” entre Bill Clinton et la ministre de la Justice Loretta Lynch où l’on parla golf et petits-enfants, Hillary sentit qu’elle perdait “le contrôle des évènements et des êtres qui font les évènements”. Le 30 juin, ZeroHedge.com, reprenant les appréciations de Judicial Watch, résumait :
« The political scandal of the day was the news that on Monday evening (coincidentally just before the Benghazi report was released), Bill Clinton and US Attorney General Loretta Lynch just happened to meet on the tarmac at a Phoenix airport – totally unplanned of course. Clinton saw the attorney general and wanted to say hello, so Clinton boarded Lynch's plane to talk for a bit. Sure, just a quick chat about the weather, his putting stroke, anything except oh, say, an update on what was about to be released on Benghazi, and especially not an update on the ongoing FBI investigation into Hillary.
« “Our conversation was a great deal about his grandchildren. It was primarily social and about our travels. He mentioned the golf he played in Phoenix, and he mentioned travels he'd had in West Virginia. There was no discussion of any matter pending for the department or any matter pending for any other body. There was no discussion of Benghazi, no discussion of the State Department emails, by way of example" Lynch told reporters. »
Le manque d’imagination de Lynch est impressionnant et laisse à penser sur la capacité des collaborateurs d’Obama, même Africaines-Américaines ; elle aurait pu nous dire qu’ils, Bill et elle, avaient parlé de la criminalité, de la crise carcérale, des questions transgenres, etc., choses utiles pour le mari-conseiller d’une candidate en campagne ; mais non, golf et petits-enfants... En trois jours, il apparut que l’affaire, misérablement cochonnée par Lynch, prenait une bien vilaine tournure tandis que les hypothèses fleurissaient partout sur la teneur de ces entretiens “secrets” décidés impromptus sur un aéroport de grande affluence. Hillary, épouse de Bill et sans doute mandatrice de l’escale de Phoenix de son mari, comprit qu’il fallait monter en première ligne pour ce fameux “damage control”, pour montrer qu’elle n’avait peur de rien, et surtout pas d’une inculpation, puisqu’elle est innocente cela va de soi, et qu’elle demandait elle-même à être entendue par le FBI, – sur emailgate plutôt que sur le golf et les petits-enfants.
(En attendant, on notera ceci qui est important, pour d’éventuels prolongements : l’éprouvante maladresse de Lynch implique désormais directement l’administration Obama dans l’affaire emailgate, dans la campagne Clinton comme complice encore plus que comme partisane, etc. L’apparence comptant plus que tout, l’administration ne peut plus désormais se tenir confortablement derrière l’apparence de la neutralité de la justice dans cette vilaine affaire, comme elle avait fait jusqu’ici. Pas très bon pour la vertu de BHO.)
Que peut-il se passer ? Nul ne doute plus qu’il y a, dans les dizaines de milliers d’e-mail d’Hillary, de quoi l’envoyer en prison, pour “trahison” (maniements de documents secrets hors de toute protection officielle) et abus de pouvoir/corruption (demandes de soutien pour la fondation Clinton à des personnalités étrangères, politiques et autres, en tant que secrétaire d’État ès-qualité, éventuellement avec des propositions d’orientation de la politique extérieure US en faveur des pays concernés contre ces donations). Pour autant, la majorité des commentateurs ne croient pas à une inculpation. (Commentaire significatif [en gras] de ZeroHedge.com : « As some have suggested, the rapidly escalating scandal from the meeting between Lynch and Bill Clinton which even David Axelrod admitted was “bad optics”, may have pushed the DOJ to actually do its job, and to accelerate the FBI's probe. As to whether Hillary will ever be indicted, we are not holding our breath. »)
... Pour autant (suite), les derniers rebondissements pourraient laisser des traces profondes, sans compter d’autres à venir. McClatchyDC.com écrit dans un article très complet sur le cas, ce 2 juillet : « No matter how the FBI investigation into the handling of sensitive information on Hillary Clinton’s personal computer server ends, it likely will hurt her presidential bid. If she is indicted, she will face further questions about her honesty and perhaps even calls for her to step aside. If she isn’t indicted, as many legal experts predict, critics will accuse the Obama administration of letting her escape charges merely because they want her to win the White House. »
Il s’agit d’une situation notablement dégradée pour Hillary (et pour l’administration Obama), du type “quoi que vous fassiez, vous êtes dedans...” : « It’s kind of damned if you do, damned if you don’t » (Katy Harriger, de l’université de Wake Forest).
Revenons au fond de l’affaire qui est remarquable de prégnance lorsqu’on considère les effets qu’elle produit et les maladresses qu’elles suscitent. (Cette rencontre “secrète” Lynch-Bill à l’aéroport de Phoenix étant un sommet de grotesquerie dans la tactique de couverture, – ou bien un indice de la panique où se trouve le clan-Clinton obligée à une mobilisation d’urgence pour quelque raison pour l’instant inconnue, – mais ce deuxième point étant également un effet-maladresse de la puissance du scandale.)
A cet égard, l’emailgate est un exemple remarquable, et remarquablement postmoderne, dans la façon qu’il a d’exposer avec une satisfaction presque extatique un vice de forme catastrophique comme s’il s’agissait d’une acquisition inaliénable d’un progrès indépassable. En effet, ce scandale constitue l'exemple d'un moyen complètement nouveau d’exposer de soi-même, comme par une mécanique marquée par une constante tendance à l’inversion (par le hacking systématique), toutes les vilenies et turpitudes diverses qui caractérisent nécessairement les élites-Système dans leurs activités personnelles que rien ne peut amender ni réformer, et activités pourtant jugées nécessaires pour réaliser un service efficace en faveur du Système qu’elles servent.
Si les conséquences intérieures sont considérables, tout comme les conséquences directes de type antiSystème sur la marche de cet événement central de la puissance du Système qu’est l’élection du président des USA, les conséquences extérieures, aujourd’hui dissimulées, ne le sont pas moins. L’emailgate a pris l’ampleur qu’on lui voit à cause d’un imbroglio de cyberguérilla plus que de cyberguerre, au centre duquel se trouvent les activités multiformes et extraordinairement embrouillées du hacker roumain Marcel Lehel Lazar, alias Guccifer, dont on ne sait d’ailleurs plus très bien ni le statut, ni la localisation. (Extradé aux USA ? Aux mains du FBI ? Ou bien, selon certaines sources, “détourné” par le ministère de la Justice [le DoJ de Lynch] sans que le FBI le sache, vers une localisation secrète ?) Mais le sort de Guccifer est, pour les grandes dimensions de l’emailgate, désormais secondaire. Il est acquis que la Russie (le FSB) a “hacqué” le pactole-Clinton de Guccifer, peut-être avec l’accord de ce dernier ; il est extrêmement probable que les Israéliens et les Chinois en disposent également. On mesure alors combien l’emailgate est une défaite stratégique du Système, en mettant la future présidente en position d’être l’objet de tous les chantages et de toutes les pressions possibles, ou bien en lui interdisant l’accès à cette présidence par l’intermédiaire d’une défaite où l’emailgate aurait une bonne part.
C’est dans ce même champ de la communication que nous nous tournons vers un autre acteur, passé celui-là, mais dont la vulnérabilité et le ridicule du rôle qu’il a joué, qui apparaissent aujourd’hui, nous confirment un peu plus l’extraordinaire fragilité du Système dans les arcanes de son action immédiate où il s’avère de plus en plus d’une inefficacité également extraordinaire. Il s’agit du cas du général Breedlove, qui s’est retrouvé depuis vendredi dernier nu comme un ver...
En même temps que se déroulaient les évènements qu’on a vus à propos d’Hillary Clinton, un autre épisode de la communication-devenue-folle (ou communication-bouffe, qui n’est folle que lorsqu’elle est communication-Système) avait lieu vendredi 1er juillet avec la diffusion d’une correspondance informatique du général Breedlove, SACEUR (commandant en chef suprême des forces alliées/de l’OTAN) de mai 2013 à mai 2016. La diffusion de ces e-mails a été largement assurée dans la presse sérieuse (autre nom pour la presse des réseaux, en général de type-antiSystème) ; nous citerons notamment The Intercept de Glenn Greenwald, qui fut le premier à diffuser et à commenter cette correspondance, et également ZeroHedge.com et RT.
(Il faut savoir, pour mesurer aussi bien l’imbroglio des “fuites” par hacking systématique que les capacités de cette activité, que la correspondance de Breedlove vient d’un site spécialisé en la matière qui a directement alimenté The Intercept, et qui possède également un fonds intéressant de correspondances “hackées”, notamment concernant les communications entre Clinton et Soros pour la campagne présidentielle en cours, – dont nous attendons la diffusion avec intérêt sinon impatience : « The emails were released by D.C. Leaks, a database run by self-described “hacktivists” who are collecting the communications of elite stakeholders such as political parties, major politicians, political campaigns, and the military. The website currently has documents revealing some internal communications of the Hillary Clinton presidential campaign and George Soros’s Open Society Foundation, among others. »)
On se reportera donc à cette correspondance de Breedlove cherchant désespérément des soutiens pour pénétrer la cuirasse de la Maison-Blanche vivant en état de “narrative impénétrable”, – cette fois dans le bon sens puisque cuirassée contre les propositions de guerre-bouffe de Breedlove, mais “narrative impénétrable” tout de même... Breedlove fait feu de tout-e-mail pour tenter de “vendre” son idée fort intelligente d’une posture résolument agressive jusqu’au conflit au moins entr’ouvert contre les invasions russes de l’Ukraine dont il n’arrive à rien distinguer. (En effet, Breedlove nous a révélé dès l’origine de la crise ukrainienne que la caractéristique de l’action de l’armée russe modernisée est de ne pas être vue par une OTAN singulièrement balourde, – ce qui est l’exacte description pour la Crimée, et qui servirait aussi bien d’arguments pour décrire les nombreuses et invisibles invasions de l’Ukraine.)
L’aspect-bouffe de cette affaire est que la campagne de marketing du publicitaire Breedlove en mission de promotion d’une guerre antirusse se fait d’une façon chaotique, en s’adressant à des personnalités telles que Colin Powell, le couple Clark-Karber, Harlan Ullman, avec ici et là un grain de Nuland, pour obtenir un accès au président Obama à partir d’informations terrifiantes sur l’avancée russe, par exemple le 8 avril 2014, informations venues de sources aussi sûres qu’« Anatoly Pinchuk and Dmitry Tymchuk, activists close to the new regime, claiming a Russian invasion was in the works ». Etranges sources, et plus encore étranges relais ! Aucun d’entre eux, souvent à la retraite ou bien de peu de poids (comprise Nuland) dans l’actuel Washington D.C. d’Obama, ne pouvant prétendre une seconde à la moindre influence ne serait-ce que pour ouvrir une voie de communication vers un Obama enfermé dans sa cuirasse de “narrative impénétrable”... Les messages de ces divers “comploteurs” mélangent l’approximatif et le baroque, avec Breedlove en tête, dont on fera l’une ou l’autre citation éparse (WH pour Maison-Blanche et POTUS pour président) : « I may be wrong, … but I do not see this WH really ‘engaged’ by working with Europe/NATO. Frankly I think we are a ‘worry,’ … ie a threat to get the nation drug into a conflict... I seek your counsel on two fronts, how to frame this opportunity in a time where all eyes are on ISIL all the time, … and two, … how to work this personally with the POTUS » (message à Powell) ; « I think POTUS sees us as a threat that must be minimized, … ie do not get me into a war???? [...] This is a mess. I do not understand our White House » (messages à Ullman).
Ces diverses livraisons et les démarches générales des comploteurs font du général Breedlove un véritable comploteur-en-chef, mais un comploteur-bouffe, pour repousser une invasion-bouffe éventuellement au prix d’une guerre-bouffe. Ce n’est pas dire qu’il n’y a rien de sérieux là-dedans, bien au contraire puisque les quatre étoiles du général de la puissante US Air Force brillaient effectivement sur les épaulettes du SACEUR Breedlove ; c’est dire plus simplement que, dans ces conditions de la communication parvenue à la narrative pure et simple, et au déterminisme-narrativiste que cela entraîne, la dynamique découverte devient grotesque autant que chaotique.
La messagerie du général Breedlove ainsi révélée ne nous apprend rien d’exceptionnellement inattendu. Nous avons abondamment parlé de Breedlove, bien assez pour connaître la correspondance du personnage avec l’aspect extraordinaire de la communication dans la crise d’Ukraine, – à son tour crise-bouffe dans cette occurrence. Mais elle permet, cette messagerie, de bien fixer les choses pour ce qui concerne les activités de politique générale et de sécurité nationale des USA, dans un sens qui convient d’ailleurs parfaitement aux ambitions et à la vision d’une éventuelle présidente Clinton.
Ce que nous voulons mettre ici en évidence, comme dans le cas-Clinton, c’est l’importance fondamentale de la communication et, par-dessus tout, son rôle-moteur et directeur dans tout ce qui concerne les activités-Système mais aussi ses effets funestes pour le Système et créateurs de réactions de type antiSystème. Il est évident que la crise ukrainienne fut et reste d’une gravité considérable, telle qu’on l’a perçue lorsqu’elle se déroulait, mais ce maillage étrange d’une communication échevelée des responsables, se déroulant dans le plus grand désordre et l’approximation la plus extrême, avec des montages et des complots à la fois époustouflants de prétention et enfantins dans leur exécution, la fait paraître encore plus spécifique et prisonnière finalement d’une époque entièrement déterminée par la communication.
C’est ici que le cas Breedlove-Ukraine rejoint directement celui de Clinton lancée dans les présidentielles avec les chaos et les hoquets qu’on sait, et les invraisemblables acrobaties déroulées autour des diverses obligations du légalisme d’apparence du Système, avec lesquelles il fait nécessairement composer ; comme Breedlove dans ses évaluations officielles de la crise ukrainienne par rapport à sa correspondance, les discours d’Hillary exaltant la grandeur et l’abnégation qu’elle compte mettre dans sa présidence établissent un contraste bouffon avec ses véritables activités quasiment à découvert, qui ne peut pas ne pas peser gravement sur sa candidature, voire sur son éventuelle présidence.
A côté d’évènements d’une importance et d’une gravité sans contestation possible, voire sans précédent, il y a une dimension bouffonne énorme à laquelle la communication contraint ces évènements et leurs acteurs, justement à la mesure de leur gravité. Tout se passe comme si les évènements du monde ne pouvaient plus être importants et graves, sans être bouffons exactement à mesure, tant les acteurs sont corrompus, compromis et puérils, et tant tout cela est crûment exposé en mode antiSystème... La communication devient splendidement communication-bouffe à cause de ses effets sur les affaires et les manigances du sapiens-Système courant, qu’il s’agisse de l’allumée ou de l’étoilé...
La principale remarque “philosophique” à laquelle on est alors conduit est que la communication, qui est l’un des moyens essentiels sinon exclusifs du Système de maîtriser le monde, est aussi un des moyens essentiels sinon exclusifs de mettre à nu la corruption extraordinaire, qu’elle soit maléfique ou bouffonne, ou mieux les deux ensemble, de ces élites-Système agissant pour le Système. Le vertige de leurs privilèges et de leur impunité les conduit à toutes les imprudences et à toutes les sottises ; car ils ne savent toujours pas, et sans doute ne l’apprendront-ils jamais que la communication est “notre arme favorite, à nous antiSystème”, parce que le système de la communication est fondamentalement un Janus et que la tendance antiSystème, finalement, l’intéresse plus et le divertit beaucoup plus que celle d’auxiliaire du Système, en position de sujétion. En effet, lorsqu’il se fait Janus et agit contre le Système, le système de la communication devient antiSystème et troque sa position de sujétion au Système à une position d’antagoniste du Système qui le met désormais, – à cause de l’ampleur prise par le mouvement antiSystème, – à égalité d’importance opérationnelle avec son adversaire. De là également sa tendance grandissante, lorsqu’il reste en position de servir le Système, à se transformer en communication-bouffe par une espèce de ressentiment contre le Système qui l’oblige encore à cette sujétion dans cette partie de son activité.
Même la Clinton, dont on connaît l’extraordinaire capacité de nuisance et le fonctionnement avec son mari, au moyen du chantage, – les Clinton ont amassé bien des renseignements sur l’establishment dans leurs carrières politiques, comme toutes les fiches du FBI sur les dirigeants républicains, l’un des premier “scandale” de la présidence Clinton, – même la Clinton finit par succomber sous le poids de sa corruption et de ses manigances. Sa perspective, si elle était élue, devient celle d’une présidence-bouffe tandis qu’en attendant, elle se trouve sous le feu ininterrompu des insultes quasiment-constructivistes de The Donald, – à force de répéter “crooked-Hillary”, Trump fait sortir au grand jour la vérité-de-situation, sinon la vérité ontologique d’Hillary Clinton...
Le résultat le plus bouffon de cette évolution est également, d’une façon de plus en plus évidente, la réductions catastrophique des acteurs-Systèmes, – zombies-Système devenant également bouffons-Système. Clinton, dans le cas exposé de l’élection présidentielle des USA s’enferme de plus en plus, – elle y est obligée, par tactique pressante, – dans un rôle absolument corrupteur par le moyen de la communication mais aussi, pour le point de vue que nous développons ici, dans un rôle fondamental de publiciste de la corruption du Système. Breedlove, de son côté, qui parut figurer un général complotiste sérieux pendant la crise ukrainienne, apparaît finalement, lorsque toutes ses manigances sont révélées, sous des traits puérils et enfantins, comme dans un rôle publicitaire (de communication) du caractère-bouffe de cette pression pour la guerre du côté US, durant la phase de grande tension de la cris ukrainienne. Ainsi, deux matamores de la politique-Système nous apparaissent-ils pour ce qu’ils sont : de vulgaires “hommes-sandwich” (ou “sapientes-sandwich” pour respecter les genres et n’en point faire un cas de jalousie ou d’injustice).
Le lien entre les deux affaires que nous faisons est celui du l’emploi de la communication à l’ère de l’internet, c’est-à-dire des e-mails que des hackers peuvent aisément intercepter et qui sont ainsi exposés au public à l’heure où le Système verrouille tous les moyens possibles de tenir secrète son activité “occulte” de communication exposant à la fois le monde irréel où il évolue et la corruption absolue, tant vénale que psychologique, qui y règne. Le résultat est bien cette communication-bouffe qui, en même temps qu’elle est satisfaisante pour le système de la communication qui n’aime pas la sujétion où le met le Système, a la vertu considérable de nous révéler un aspect instructif et réjouissant de l’équation surpuissance-autodestruction du Système : comment ses entreprises les plus formidables et les plus ambitieuses se dissolvent dans le ridicule écrasant, la dérision pathétique, la grotesquerie enfin. Si le Système est certainement la dynamique lancée pour nous précipiter dans la néantisation de l’“ère du rien” (ou “du vide” selon Karel Kosic, ou “de l’insignifiant” selon Baudrillard, etc.), il se pourrait bien qu’il soit lui-même réduit “au rien” avant d’avoir atteint son but, bouleversant ainsi complètement les possibilités et les prospectives. Aux veilleurs et aux guerriers de l’antiSystème d’y prendre garde, de façon, – comme l’on dit en termes d’une tactique promise à devenir stratégie ontologique, – à exploiter les opportunités.
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