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216415 novembre 2016 –Il est vrai que l’Humeur de crise-26 de PhG, avec lequel nous avons des accointances complices, annonçait le sujet, qui est pour nous le vrai sujet, le plus urgent, le plus fondamental, celui qui va directement au cœur de la Grande crise d’Effondrement du Système... Voici un extrait des humeurs de PhG, pour amorcer le débat :
« Car ce qui est en jeu, autour de Trump et de sa victoire acclamée comme historique et contestée comme absolument illégitime, c’est la validité et la solidité, la légitimité et l’autorité, l’efficacité et la puissance du “centre-du-centre”, c’est-à-dire du point central de direction et de représentation symbolique du “centre du principal outil et du principal moteur du Système”. Est-ce que tous ceux qui se bagarrent, qui s’affrontent, qui pétitionnent, qui échangent de furieuses fureurs, est-ce que tous ceux qui donnent des leçons, qui exigent, qui conseillent avec des pressions significatives, est-ce que tous ceux-là et tant d'autres s’aperçoivent qu’ils sont en train de transformer le “centre-du-centre” en punching-ball ?
Par exemple, tout le monde parle de “révolution de couleur” et de Soros, et par conséquent de regime change. ; à juste titre bien sûr, car on peut toujours compter sur lui (Soros)... Mais réalisent-ils que ce jeu-là, qui aboutit en vérité à la déstabilisation du pays visé ou de l’autorité concernée, n’a de sens que s’il se fait au profit de l’agitateur principal, qui est “le centre-du-centre”, Washington soi-même ; alors qu’ils sont en train de tenter de menacer la structure de “Washington soi-même” à grand coup de “révolution de couleur”. »
Il est également vrai que les éléments ne manquent pas, depuis l’élection, depuis à peine sept jours, pour distinguer un courant, non seulement de déstructuration mais de dissolution en cours aux USA, – “courant ‘dd’ de la formule ‘dd&e’”, – courant qui s’attaque de lui-même, sans que ses soi-disant producteurs ne s’en avisent vraiment, à la puissance architecture et aux structures du pouvoir installé à Washington D.C., ce que PhG nomme le “centre-du-centre”. Nous allons rapidement passer en revue les composants de ce courant, en commençant par Trump (ou disons par convention “le parti de Trump”), puis en nous attachant à l’opposition à Trump, vocale, très active, et surtout (ce qu’on a peu noté) multiforme.
Comme il est normal, Trump fait face à de nombreux problèmes internes. Ils sont tous résumés par l’alternative dont les deux termes sont ceux-ci : comment ramener Trump dans un courant-Système (contrôlé par le Système) ou comment pousser Trump (voir le protéger) pour qu’il applique son programme. Cette bataille se joue à tous les échelons et dans les domaines mais aucun élément n’est décisif et il faudra faire les comptes quand le paysage s’éclaircira, s’il s’éclaircit certes. Un exemple assez extrême est la bataille d’influence qui a eu lieu pour la nomination du secrétaire général de la Maison-Blanche (chef de cabinet du président), principalement entre Reince Priebus, président du RNC et favori de l’establishment du parti, et Steve Bannon, venu de Breitbart.News dans l’équipe Trump, favori de la “base” militante du président-élu (voir dans Politico.com repris par Breitbart.News) ; la décision de Trump a été de couper la poire en deux en donnant ce poste à Priebus mais en créant un poste de “conseiller stratégique” du président pour Bannon. La valeur de cette décision vaudra selon les pouvoirs que l’accès et l’influence que l’un et l’autre auront auprès de Trump, mais la nomination de Bannon, antiSystème affiché et donc désigné comme sacrilège, a fait un bruit épouvantable chez les commentateurs-Système et aggravé encore la crise. Il y aura les nominations du cabinet, il y a aussi les indications données par l’“équipe de transition” qui va être essentielle pour ces nominations, etc. Dans tout cela, nous dirions que chacun peut trouver “à boire et à manger”, de bons et de mauvais signes pour chacun, selon sa position fondamentale (Système ou antiSystème) ; mais la polémique sera partout, prête à s’enflammer à nouveau, ne cessant d’ailleurs du brûler...
Mais le plus remarquable sans doute, du côté de l’effet-Trump, est d'abord venu de l’extérieur, avec une interview de Dimitri Pechkov à AP, suggérant comme un geste pouvant débloquer complètement les relations Russie-USA que le président-élu Trump exige un retrait des concentrations de forces de l’OTAN à une certaine distance, disons “plus amicale”, des frontières de la Russie. Ces déclarations ont suscité un souffle supplémentaire de ce vent de panique, de désarroi et d’hystérie régnant en Europe depuis l’élection. ZeroHedge.com reprend toutes ces nouvelles et les saupoudre des “révélations” du Spiegel selon lesquelles l’OTAN, en mode d’hyper-panique, préparerait des plans pour reconfigurer ses forces (lesquelles, d’ailleurs, et dans quel sens ?) en cas de retrait US d’Europe.
«... But while the Crimea issue is largely moot, with the West resigned to its concession to Moscow, fears that Trump will indeed follow Russia's advice and pressure the alliance into standing down, or worse, withdraw US support, has resulted in outright panic, and according to German Spiegel, NATO strategists are planning for a scenario in which Trump orders US troops out of Europe.
Spiegel adds that strategists from NATO Secretary-General Jens Stoltenberg’s staff have drafted a secret report which includes a worst-case scenario in which Trump orders US troops to withdraw from Europe and fulfills his threat to make Washington less involved in European security. “For the first time, the US exit from NATO has become a threat” which would mean the end of the bloc, a German NATO officer told the magazine. During his campaign, Trump repeatedly slammed NATO, calling the alliance “obsolete.” He also suggested that under his administration, the US may refuse to come to the aid of NATO allies unless they “pay their bills” and “fulfill their obligations to us.” [...]
» “We are experiencing a moment of the highest and yet unprecedented uncertainty in the transatlantic relationship,” said Wolfgang Ischinger, former German ambassador in Washington and head of the prominent Munich Security Conference. By criticizing the collective defense, Trump has questioned the basic pillar of NATO as a whole, Ischinger added. »
ZeoHedge.com se demande, pour terminer, comment Trump répondra aux Russes (c’est peut-être déjà en voie d’être fait, sinon presque-fait, puisqu’il y a eu un coup de téléphone entre lui et Poutine, avec accord pour préparer un sommet entre eux deux confirmant que Trump veut aller très-vite) ; s’il entreprendra réellement une “réforme” de l’OTAN et de l’engagement US en Europe dans le sens qu’on imagine. Comme il se doit, la réponse du site est mélangée, pour ne pas dire sceptique, sinon cynique, Ron Paul à l’appui, – et l’on ne peut l’en critiquer tant effectivement les forces du Système sont surpuissantes et en pleine activité pour que perdure la paralysie générale de la posture US en position offensive, impérialiste, etc. (paradoxe de la paralysie, et de l’impuissance d’ailleurs, dans cette posture offensive/impérialiste, mais rien de nouveau bien entendu).
« How will Trump respond? It is unclear: while in his pre-election rhetoric, Trump pushed for an anti-interventionist agenda, and certainly made it seem that NATO would be weakned under his presidency, that remains to be seen as his transition team currently hammers out the specifics of his rather vague policies. We would not be surprised at all to find that for all the anti-establishment posturing, the "shadow government" - now in the hands of the Bush clan - which Ron Paul warned against earlier, manages to regain dominance, and far from a detente, Trump's position emboldens NATO to pressure Putin even further. We would be delighted if our cynicism is proven wrong on this occasion. »
On voit bien que l’OTAN est en Panic Mode car sa tactique est très mauvaise, ne serait-ce que parce que le Secrétaire Général lance un avertissement public qui implique qu’on admet implicitement qu’existe la possibilité d’un retrait US. On se reportera au cas Goodpaster en 1973, lorsqu’il était justement question de retirer les forces US d’Europe. PhG a rapporté (Journal-dde.crisis, le 10 septembre 2016) les circonstances d’une interview qu’il avait faite à cette époque du général Andrew Goodpaster de l’US Army, le SACEUR (commandant-en-chef suprême des forces de l’OTAN) d’alors. Goodpaster avait expliqué, off-the-record :
« Vous comprenez, pour moi, cette possibilité n’existe pas, point final. On ne m’a rien dit officiellement et, bureaucratiquement, je n’ai rien entendu, alors on en reste là. Si vous voulez, c’est une position dialectique, absolument intangible, un principe de stratégie dialectique dirais-je. C’est tellement sérieux que j’ai interdit aux services de planification de l’état-major d’étudier une telle possibilité, alors qu’en temps normal, cela pourrait être fait sans rumeurs particulières pour le justifier, simplement comme une possibilité. Pour moi, ce n’est même pas une possibilité, c’est un absolu qui me met contre le mur, là où je ne peux plus bouger sur cette idée absolue : cette possibilité n’existe pas.
» Voyez-vous, non seulement c’est une position officielle pour moi, mais c’est aussi une position psychologique. Accepter de parler de cela (pour dire mon opposition complète, bien entendu), c’est admettre que la possibilité existe, c’est déjà concéder un point à l’adversaire, et un point fondamental. Peut-être que la possibilité existe, tout comme celle que le ciel nous tombe sur la tête, mais qu’est-ce que j’en ai à fiche ? Bien sûr, tactiquement, je fais dire que ce serait une catastrophe, etc., mais toujours indirectement. Le principe stratégique, lui, est intangible : cette possibilité n’existe pas, point final. »
L’on comprend bien l’extrême importance du facteur psychologique dans la concrétisation de la possibilité d’une décision de cette sorte, – déjà en 1973, alors aujourd’hui avec la furie et la puissance du système de la communication... C’est un aspect essentiel pour comprendre la situation aux USA, l’“empire de la communication”, en plus dans le climat actuel d’une tension extrême ; l’évocation d’une simple hypothèse qui, au départ, paraît politiquement assez sinon très improbable, produit un effet psychologique tel qu’elle conduit à renforcer cette hypothèse jusqu’à en faire une possibilité sérieuse, sinon une probabilité, et influe alors directement sur la politique. Cette évolution alimente d’une manière extrêmement puissante, surpuissante disons en référence aux caractères du Système, le processus de montée aux extrêmes qui touche les deux camps. Ce qui a été dit pour cette question de l’OTAN du côté de Trump vaut par conséquent pour le côté des anti-Trump, dont l’activisme est, depuis le 9 novembre, extrêmement puissant (surpuissant).
C’est maintenant cet aspect que nous allons examiner. Bien entendu, l’aspect anti-Trump, la contestation de son élection, qui a débuté dès l’annonce de son élection, est un fait absolument sans précédent pour une période de transition. C’est une situation révolutionnaire par rapport aux us et coutumes de la politique US, et par conséquent une situation révolutionnaire per se.
Le précédent Bush-Gore de 2000 n’est pas comparable. Dans ce cas, il s’agissait d’une contestation légale concernant le cas de la Floride, dont le résultat extrêmement serré (quelques centaines de voix) était décisif puisqu’il donnait la victoire à l’un ou l’autre, avec les 26 Grands Electeurs de l’État, selon qu’il serait attribué à l’un ou à l’autre. Il y eut un recomptage, qui se dilua dans une sorte de désordre rappelant les pratiques de l’Ouest sauvage du XIXème siècle, avec vol à main presque armée de pauets de bulletins de vote, jusqu’à ce que le cas soit laissé à la Cour Suprême. Il est manifeste qu’il y eut fraude du camp Bush tout au long de cette affaire et que la décision de la Cour fut prise dans des conditions très contestables, mais Gore concéda finalement, après la décision de la Cour, pour ne pas ouvrir une crise constitutionnelle grave. Gore eut dans ce cas un comportement exactement inverse à celui des démocrates, et de Clinton elle-même, dans cette période post-élection de USA-2016.
L’action des anti-Trump se fait dans plusieurs domaines intéressant.
Il y a d’abord l’agitation dans les rues, dans de nombreuses villes des USA, organisée par différents mouvements, tous ayant des connexions plus ou moins affichés et des financements avec les réseaux bien connus type-Soros. Il s’agit d’une nébuleuse d’actions de rue, selon la technique bien connue des “révolutions de couleur”, procédant du harcèlement continuel, sans revendications précises et selon des mots d’ordre conceptuels rendant compte des thèmes habituels de ces milieux activistes. L’orientation dominante reste appuyée sur les revendications de la communauté africaine-américaine, qui constitue la masse de manœuvre idéale pour ce type d’opération et dont on peut constater, à cette occasion, combien sa maturité politique pour bien comprendre les enjeux et identifier les forces en place s’est dramatiquement affaiblie depuis les mouvements de la fin des années 1950 et des années 1960.
Ces mouvements créent le désordre mais sont eux-mêmes en complet désordre sinon désintérêt politique, cela d’autant mieux mis en évidence par la présence dans leurs rangs de professionnels du désordre, de groupes de droit commun, etc. Cette ligne de jugement, jusqu’à une certaine outrance qui est née paradoxalement d’une volonté d’apaisement en n’accusant pas les partisans civiques normaux d’Hillary, est celle de la future administration Trump, comme en témoigne le point de vue de Rudy Giuliani, qui a été mentionné comme possible ministre de la Justice de Trump, et de toutes les façons très intéressé en la matière du fait de son expérience de maire de New York : « Je ne suis pas sûr qu’ils soient même des partisans d’Hillary Clinton ou de Barack Obama. Je pense que ces gens sont, si vous voulez, d’une sorte qu’on dirait être des professionnels de la protestation et du désordre. »
En un sens, il n’y a rien à attendre de précis de cette forme d’agitation en fait d’objectif politique, mais beaucoup en fait d’entretien d’un climat d’instabilité et d’extrême vulnérabilité structurelle du pays et de l’expression opérationnelle d’une forte frustration psychologique d’une partie importante de la population.
Il y a la pétition en cours, avec énormément de succès, auprès des Grands Electeurs pour que les pro-Trump passent dans le camp Clinton pour la désigner présidente le 19 décembre lors de leur assemblée qui doit officiellement décider du successeur d’Obama. Cette pétition a été lancée le 9 novembre par une personne seule (Elijah Berg) et approche les 4 millions et demie de signatures, après avoir été installée sur le site MoveOn.org, une organisation-Soros dans l’esprit et en partie pour le porte-monnaie bien sûr. Le résultat est impressionnant et la pétition a toutes les chances d’atteindre un chiffre colossal, peut-être entre dix et vingt millions de signatures, d’ici le 19 décembre, si, comme c’est probable, la mobilisation anti-Trump ne faiblit pas.
(La pétition porte notamment sur l’argument que Trump, décrit comme un personnage détestable et donc devant être sanctionné, – étrange argument d’affectivisme, – a obtenu moins de votes populaires que Clinton. C’est actuellement vrai mais le décomptage n’est pas fini, et il reste à peu près 7 millions de votes, dont ceux des militaires estimés à 80% en faveur de Trump. D’autre part, un nouvel élément est intervenu, qui semble une information venue d’une étude qui paraît très sérieuse sur les résultats des votes, qui affirme que trois millions d’illégaux, évidemment sans droit de vote, ont participé au scrutin [et l’on doit supposer qu’ils sont à une écrasante majorité en faveur de Clinton.] Un certain nombre d’États ne requièrent absolument aucune preuve d’identité pour un vote [Californie, Caroline du Nord, Illinois, Iowa, Maine, Maryland, Massachusetts, Minnesota, Nebraska, Nevada, New Jersey, Nouveau Mexique, New York, Oregon, Pennsylvanie, Vermont, Virginie Occidentale, Wyoming et Washington, D.C.]. Ce fait est par ailleurs significatif de l’atmosphère de la campagne et des tensions conduisant à l’illégalité dont elle a été entachée, tout cela se poursuivant dans la tension qu’on décrit.)
La démarche auprès des Grands électeurs est assez exotique et politiquement très peu conventionnelle et sans aucun précédent ; du côté des Grands Electeurs, les possibilités de changement de camp existent, mais l’on constate surtout que les règles sont d’une complication kafkaïenne et d’un désordre très typique de America The Beautiful, avec chaque État qui a les siennes propres ; un concentré de la très-étrange “démocratie” que sont les USA. D’un point de vue formel, même si le Système déteste Trump, l’initiative devrait être perçue comme vraiment très-limite par lui (le Système) parce qu’elle établit un précédent populiste dans un processus “démocratique” (!) dont le contrôle-Système doit absolument être préservé. D’un autre côté, Hillary Clinton est silencieuse à l’égard de cette pétition et ne semble absolument pas l’avoir désavouée, bien au contraire, malgré son aspect indubitable et complètement paradoxal de “coup antiSystème”, ce qui exprime une attitude très conforme à l’illégalisme formel et informel notoire de la personne, et à son comportement subversif par pure arrogance et mépris pour la “démocratie”. Cette affaire peut être complètement ignorée et ne déboucher sur rien notamment à cause de l’attitude ambiguë du Système, ou bien elle peut soudain apparaître comme une pression pseudo-populaire énorme sinon irrésistible et faire sentir des effets dont on ne sait rien. Là aussi, terra incognita, comme tout dans cette situation.
Il y a aussi l’apparition d’un courant sécessionniste directement lié à l’élection de Trump, et résolument anti-Trump. Il s’est affirmé en Californie, où existait déjà un courant sécessionniste, puis dans l’Oregon, où les sécessionnistes font un pas en avant en proposant un ensemble sécessionniste anti-Trump regroupant la Californie, l’État de Washington, Hawaii, le Nevada, l’Alaska, en plus de l’Oregon, – « ...to all band together to form a new nation », écrit ZeroHedge.com le 11 novembre, non sans une certaine ironie. Le quotidien The Oregonian nous informait à ce propos :
« On Thursday morning, Jennifer Rollins, a lawyer, and Christian Trejbal, a writer, filed the Oregon Secession Act. “Oregonian values are no longer the values held by the rest of the United States,” Trejbal said over the phone Thursday. Those values? “Life, liberty, the pursuit of happiness,” Trejbal said, “plus equality.” [...] Trejbal said that joining forces with other states like Washington, California and Nevada is “a viable way to go forward.” These states, he said, “could all get together and form a nation that uphold the values that we share.” »
C’est certainement l’aspect le plus sérieux de la contestation anti-Trump mais avec des effets potentiellement et paradoxalement antiSystème d’une extraordinaire puissance ; le plus sérieux parce que le courant existait avant, que la campagne ne lui ait donné un coup de fouet ; parce que l’élection de Trump lui donne l’occasion de trouver une opportunité politique passionnelle pour s’affirmer... Effectivement, nous sommes dans le plus complet paradoxe : l’on sait que nous tenons la sécession comme une force antiSystème fondamentale aux USA, et voilà qu’elle trouve une opportunité de s’affirmer à l’occasion de l’élection d’un candidat qui s’est constamment affirmé antiSystème.
(C’est dire si nous laissons de côté les artefacts complètement archaïques ou de fabrication-postmoderiste, de type-idéologie/idéologisation, sociétal idéologisée, etc. Ils sont un puissant moteur pour l’occasion, mais n’ont aucune réelle substance dans la bataille Système-antiSystème dans ce cas, ils se ramènent très vite à leur aspect “écume du jour”, dérisoires et pathétiques outils de subversion et de déstabilisation : causes absolument minuscules et détestables, grands, très-grands effets dont certains sinon la plupart contraires à ceux qu’on en attend..)
Un cas précis où les événements peuvent déraper en une dynamique sécessionniste incontrôlable est celui de la Californie, qui est restée formellement une République de Californie, confrontée aux projets de Trump en matière de régulation de l’immigration. Le los Angeles Times a publié le 11 novembre un long article détaillant l’opposition radicale entre l’État de Californie et ce qui est supposé être la politique sur l’immigration, c’est-à-dire anti-immigration, de la future administration Trump. Bien entendu, Trump ne voudrait pas s’aliéner la Californie, craignant de donner du souffle jusqu’à l’irrésistible aux sécessionnistes, mais l’immigration est tellement un point central du cœur non seulement de sa politique mais de ses conceptions propres qu’il n’a vraiment pas beaucoup de marge de manœuvre. Envisager un statut particulier pour la Californie pour ce cas, – et pour d’autres États ? – tout en maintenant sa politique pour le reste, ce serait justement, dans les conditions actuelles de pression, acter de facto la sécession de la Californie et encourager décisivement le passage à l’acte formel.
On notera enfin que la narrative elle-même de l’échec de Clinton a changé. (Comme l’on sait, la narrative qui prétend être la réalité pour celui qui l’émet, est parfois comme un chewing-gum que l’on lâche avec entrain : les formes changent...) Il n’est plus question ni des Russes ni de WikiLeaks, mais essentiellement du FBI qui devient une sorte de complot de l’ épouvantail Alt-Right confectionné par les républicains pendant la campagne.
Autant Clinton que son ami Sid Blumenthal accréditent cette nouvelle version et introduisent ainsi dans le débat un nouvel “ennemi intérieur”, qui trouvera certainement sa place dans la rage paranoïaque des “anti-Trump” ; cette démarche certes accessoire constitue un facteur de plus dans le travail de déstructuration de “centre-du-centre” ; elle montre combien tout, en de moment, tend à alimenter le désordre.
Cet ensemble de faits et de situations mérite bien entendu un commentaire extrêmement précis et ambitieux à la fois : il s’agit des USA, tout de même... Notre approche fondamentale de tout sujet d’importance s’appuie nécessairement sur nos références, – c’est-à-dire “notre approche fondamentale” de toute crise d’importance dans un temps totalement crisique, et quelle crise peut être plus fondamentale que celle du “centre-du-centre” du Système ? Chaque fois, il importe pour nous de ramener la crise à ce que nous estimons être ses “fondamentaux”, c’est-à-dire le cas Système versus antiSystème, simplement parce que, pour nous, le Système est global, totalitaire, d’une influence énorme sinon exclusive, donc que tout événement crisique est nécessairement né de lui (le Système) et explicable fondamentalement par lui (le Système).
(Pour la bonne forme, on rappellera que tous les concepts que nous employons, tels que Système justement, relèvent de notre “arsenal dialectique” comme nous nommons la chose, c’est-à-dire l’emploi de concepts qui nous sont propres et qui sont détaillés dans notre Glossaire.dde, ou en attente de l’être pour certains, avec des références dans d’autres textes. Il est évident que ces concepts ne peuvent être discutés selon le sens commun, ou plutôt “les” sens communs ; ils ne peuvent l’être que selon le sens que nous lui donnons, ou bien le lecteur rejette complètement notre concept et passe à autre chose ; mais une critique du sens donné à son concept par dedefensa.org selon le(s) sens commun(s) qu’on affecte à ces concepts, littéralement n’a aucun sens pour notre propos. Ce que nous avons dit plus haut de la nécessité de tout ramener au Système pour comprendre fondamentalement une situation crisique se trouve dans le sujet du Glossaire.dde consacré au Système, et se retrouve dans d’autres sujets proches.)
Nous avons repris ce passage concernant l’“effondrement du Système” des textes du Glossaire.dde, à la fois sur le Système et sur l’effondrement du Système. (Nous avons rajouté pour cette citation l’emploi du caractère gras là où il nous semblait judicieux de le faire pour ce propos.)
« La (sur)puissance intrinsèque du Système s’exprime nécessairement, sans autre but et objectif possible dans le sens de la déstructuration enchaînant sur le reste, selon le processus dd&e [“déstructuration, dissolution & entropisation”]. Nous l’avons désignée comme “surpuissance” pour marquer à la fois le caractère dynamique fondamental du Système, et sa tendance évidente à toujours vouloir surpasser les effets qu’il produit, par logique évidente de sa dynamique. En quelque sorte, plus il déstructure-dissout, plus il doit déstructurer-dissoudre. Nous estimons que les grands événements historiques des deux derniers siècles et au-delà peuvent aisément être interprétés de cette façon, et même éclairés décisivement, et ainsi exprimer effectivement ce phénomène. Nous estimons que notre époque, marqué par l’accélération de l’Histoire et la contraction du temps, approche très rapidement d’un état d’achèvement de l’action du Système dans le champ de la déstructuration très certainement, dans le champ de la dissolution vers l’entropisation secondairement et non encore accomplie quoiqu’en cours accéléré d’accomplissement... (C’est pourquoi nous interprétons tous les événements, comme la globalisation, l’effondrement des principes tels que souveraineté et légitimité, le développement du désordre financier et du “capitalisme sauvage”, le recours aux moyens de force dépendant de moins en moins de normes légales, les phénomènes d’éclatements sociaux et sociétaux, le multiculturalisme, etc., du point de vue de l’affrontement entre la déstructuration et les structures, – au-dessus de toute autre interprétation et influant radicalement le jugement qu’on en peut avoir, sans aucun soucis des contradictions possibles par rapport aux classements “terrestres“, – politiques, idéologiques, etc..)
» C’est alors qu’apparaît le phénomène essentiel de basculement, d’inversion paradoxale puisque inversion vertueuse, de “surpuissance-autodestruction”. La surpuissance du Système impliquant inéluctablement et irrévocablement la destruction de tout ce qui est organisé, structuré, selon le processus dd&e, poursuit dans cette voie quand tout est effectivement devenu victime de dd&e. Or, le Système, pour mener depuis deux siècles son entreprise, a été obligé lui-même de se structurer en “machiner à déstructurer” ; en d’autres termes, il est devenu paradoxalement une entité structurée. Son besoin, son dynamisme surpuissant exponentiel de déstructuration se poursuivant, le Système qui ne rencontre plus rien à déstructurer, finit alors par s’attaquer à lui-même puisqu’il reste la seule chose à déstructurer. Il entre alors dans cette logique de basculement et d’inversion surpuissance-autodestruction puisque sa surpuissance s’emploie désormais à se détruire lui-même. »
C’est sur cette base dialectique que nous allons commenter la situation actuelle aux USA et son évolution.
Tout se passe comme s’il y avait aux USA, aujourd’hui, deux mondes qui cheminent côte-à-côté, s’ignorant du point de vue formel, d’une substance complètement différente, et pourtant promis à une très rapide collision. Le monde de la vie habituelle des USA (un président élu, la période de transition, etc.) et le monde de la contestation de la vie habituelle des USA (subversion, refus de Trump, etc.). Mais même dans le “monde de la vie habituelle”, il y a des choses très-inhabituelles : le comportement de Trump, notamment semble-t-il d’ores et déjà actifs dans certains aspects de la politique extérieure ; l’opposition de la politique officielle de l’administration Obama à cette “politique extérieure-fantôme” mais déjà perçue comme très efficace, – ces deux aspects complémentaires et antagonistes nous donnent une illustration peu ordinaire des interférences dans le “monde de la vie habituelle”.
Ce dernier point est effectivement le signe que la collision entre les deux mondes est inévitable, inexorable, irréfragable, qu’en fait cette séparation est une illusion de narrative et de “bruit de fond” de la communication... Dans ce cas, “collision” signifie, non seulement affrontement, – il est déjà en cours bien que les deux mondes soient séparés, – mais surtout poursuite et accroissement de l’affrontement, et cela par tous les moyens possibles, y compris les moyens les moins coutumiers et les plus proches de l’illégalité comme le montre actuellement l’opposition anti-Trump
Cette remarque générale implique, selon notre point de vue, que nous ne voyons absolument pas venir le moindre apaisement. Au contraire, c’est partout la mobilisation, notamment de toutes les forces anti-Trump ; un texte de Politico.com du 14 novembre signale un grand conseil de guerre des grands milliardaires et donateurs progressistes de Democracy Alliance, Soros en tête, ce prochain week-end, pour mettre au point une stratégie de subversion totale ; Le Monde, quant à lui, nous présente le même 14 novembre un aperçu d’un “agenda” chargé des grandes manifs’ prévues pour janvier, autour de la cérémonie de l'inauguration, en plus de la guérilla courante, avec “prise de pouvoir” des “progressistes” dans le parti démocrate, c’est-à-dire un virage vers “la gauche de la gauche”, – un oiseau très rare aux USA, qui pourra s’inspirer des succès de son correspondant européen...
« Des manifestations sont déjà en préparation pour l’investiture du 20 janvier à Washington. Une marche d’« un million de femmes » est prévue le lendemain. Une autre est organisée par la coalition antiguerre Answer. Les Afro-Américains prévoient, eux, de manifester le 16 janvier à l’occasion du Martin Luther King Day, le jour férié marquant l’anniversaire de la naissance du pasteur. Maintenant que Donald Trump a, de fait, mis fin à la dynastie Clinton, l’aile progressiste a l’intention de prendre les rênes du Parti démocrate... »
Et pourtant, et d’ailleurs, et au reste, – nous sommes absolument en plein quiproquo, dans un quiproquo d’une dimension cosmique et métahistorique, – ou bien vaut-il mieux parler d’inversion, qui est la forme habituelle de l’informe-Système, sa tendance naturelle à la production tendant à l’entropisation ?
On gardera ce mot d’“entropisation” qui clôt notre formule “dd&e” (“déstructuration, dissolution et entropisation”) pour aller au cœur informe du quiproquo, qui est notre sujet. Il s’agit en effet de comprendre que le sens inattendu qui s’en dégage est “inévitable, inexorable, irréfragable”. Qui se révolte ? Clinton, le parti démocrate, Soros et sa poignée de milliardaires de Democracy Alliance, éventuellement les gamins-CEO couverts de $milliards de l’informatique ; plus les petites mains diverses, professionnelles et multiculturelles, qui caillassent dans les rues et pétitionnent sur l’internet, qui brandissent leurs pancartes sur les gazons des riches universités ; plus, prudemment en troisième rideau (terme de rugby), les caciques du Système, les membres du Congrès et leurs corrupteurs... Tout cela, on l’a bien compris, compose directement ou indirectement le système de l’américanisme, qui est le moteur et le bras armé du Système.
Que représente Trump lui-même, tel qu’il est en train d’agir et qui est la cible privilégiée des précédents ? Si l’on laisse de côté les sornettes habituelles (fascisme, xénophobie, etc.) qui n’ont aucun sens, aucune signification de puissance, aucun rôle possible, il reste que le président Trump s’installe au sommet du système de l’américanisme, qui est le moteur et le bras armé du Système, tandis que s’installe le quadrillage trumpiste d’une administration qui est la matrice directrice du “système de l’américanisme, qui est le moteur et le bras armé du Système. (Ce que feront Trump et son administration est un autre problème, qui va surgir plus loin ; pour l’instant nous ne parlons qu’en termes structurels et infrastructurels.) Ainsi donc et quoi qu’on en dise, quoi qu’on en veuille et quoi qu’on en pétitionne, la vérité-de-situation de l’affrontement voulu par les anti-Trump est-elle que le Système attaque le Système...
Dans les diverses formes de protestation qu’on a vues plus haut, il en est certaines qu’on a pu définir pour l’instant comme sans vrai but politique précis, comme les divers mouvements de guérilla, voire les grandes manifestations organisées. Par contre, le cas de la possibilité sécessionniste nous intéresse directement, comme nous l’avons toujours noté. Le cas de la Californie de la question de la sécession, on l’a vu, est très concret, très possible sinon probable ; et cette hypothèse constitue une catastrophe géographique et politique, ou pour dire plus court et reprendre le jugement de Poutine sur la fin par éclatement de l’URSS, une “catastrophe géopolitique” qui se ferait par le mouvement alimenté par une dynamique irrésistible de la dissolution.
Ainsi, en plus de l’attaque contre les structures du Système, un ébranlement sismique catastrophique de la base géopolitique du Système est si possible que certains pourraient le juger probable. Dans tous les cas, c’est le Système qui est perdant, comme les globalistes de Soros à Clinton, qui s’affirment effectivement globalistes et travaillent pourtant à détruire aussi bien le commandement et le contrôle structurels du Système (de la globalisation) que sa base géopolitique.
Toutes les suggestions de manœuvres individuelles contre Trump, comme les menaces de destitution, avec bien entendu la référence du précédent Nixon-Watergate à l’esprit, n’ont aucune base sérieuse. L’attaque contre Nixon se fit alors que son administration était depuis longtemps installée dans les structures du Système, et donc qui se replia rapidement dans une neutralité passive sinon indifférente. D’autre part, le public ne se trouvait aucunement mobilisé pour soutenir Nixon dans cette occurrence du Watergate, ne percevant aucune menace contre lui sinon une culpabilité dont il était totalement responsable. Dans le cas de Trump et pour le temps-très-court/temps-court que nous évoquons, au contraire, c’est toute son administration qui est menacée s’il est menacé, c’est-à-dire tout le fonctionnement du Système ; et c’est toute une frange de l’opinion publique, déjà mobilisée, qui se sentira également menacée, et qui choisira sans hésitation de s’attaquer au Système qui attaque Trump, même si Trump lui-même est installé au “centre du centre” du Système.
Dans le cas de l’accélération sinon de la possibilité de cette catastrophe qui s’avérerait de type antiSystème, que peut faire Trump ? Dans le laps de temps dépassant le temps-très-court (d’ici l’inauguration du 20 janvier) pour le temps-court des six premiers mois de présidence et arrivés à un certain degré de pression, Trump et son administration pourraient aisément se trouver mis le dos au mur, avec comme seule possibilité des ripostes ponctuelles et furieuses souvent avec le soutien d’une partie du public dans divers domaines, selon des initiatives soudaines, et nécessairement déstructurantes pour le Système, qui leur redonneraient la main au moins temporairement. Le rythme politique serait alors celui d’un combat de boxe sans fin, avec les dégâts divers qu’on imagine. Cela reviendrait pour Trump à envisager à une action “à-la-Gorbatchev” du genre de celle à laquelle nous nous référons souvent. Là aussi, bien entendu, la victime “collatérale” mais pourtant centrale du dispositif serait le Système puisque c’est sur le territoire de son moteur et de son outil préférés et nécessaires que se situerait l’action avec ses effets déstructurants et dissolvants “collatéraux”.
On peut multiplier les hypothèses... Du moment que l’un des facteurs reste cette révolte anti-Trump, et c’est bien cela qui constitue l’essentiel de notre observation, l’effet final et général se résume à cette tendance en constante accélération de l’autodestruction du Système. La révolte anti-Trump est une “catastrophe délégitimante” parce qu’elle s’attaque aux structures du Système en déniant la légitimité du processus central de renouvellement du pouvoir, donc s’attaquent à la légitimité du Système, donc effectivement délégitimant le Système dans sa position opérationnelle de “centre-du-centre”. Revenons sur cette comparaison avec ce précédent : la révolte anti-Trump fait ce que Gore ne voulut pas faire, dans une autre situation, en s’abstenant de contester la décision de la Cour Suprême, pourtant infiniment plus contestable que la victoire légale de Trump, qui donna la présidence à GW Bush en décembre 2000 ; et Gore d’expliquer sa décision d’absence de riposte : « ...pour ne pas ouvrir une crise constitutionnelle sans issue ». Les anti-Trump semblent ne pas vouloir ni même pouvoir faire preuve de cette sagesse-Système, ce qui s’explique d’ailleurs aisément par le paroxysme de l’hystérie psychologique qui les habite, y compris leurs dirigeants et inspirateurs, et les met fort proches de la démence.
Quoi qu’il en soit, il est assuré que Trump a bien mérité l’attention mondiale qu’il a soulevée, et il est également assuré qu’il pourrait ainsi mener à bien la “deuxième Révolution américaine” ; laquelle ne ressemblera guère à la première...