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713210 mai 2019 – Un tournant de plus dans une crise sans fin et qu’on croyait terminée avec l’accord du JCPOA de 2015, et qui a été relancée par l’annonce du 8 mai 2018 du retrait US de l’accord suivi par un amoncellement de sanctions rétablies et nouvelles contre l'Iran, et des pressions militaires en accroissement. Les Iraniens ont justement choisi cette date anniversaire pour annoncer une première mesure de riposte, revenant sur une des mesures qu’ils ont acceptée dans le cadre du traité, concernant leurs réserves d’eau lourde et d’uranium enrichi. Ils promettent de nouvelles initiatives de restriction à leur participation à JCPOA “dans les 60 jours” si les Européens, qui sont directement mis en cause par les Iraniens, ne bougent pas d’ici là.
« Dans un communiqué officiel diffusé par l'agence de presse officielle Irna, le Conseil suprême de la sécurité nationale iranien a affirmé que la nation perse cesserait désormais de limiter ses réserves d’eau lourde et d’uranium enrichi comme elle s’y était engagée en 2015. Par ailleurs, Téhéran donne “60 jours” aux pays faisant encore partie du JCPOA pour “rendre opérationnels leurs engagements en particulier dans les secteurs pétrolier et bancaire”, au risque de voir l’Iran renoncer à mettre en application ses autres engagements, toujours d’après le Conseil suprême de la sécurité nationale. »
Il faut bien entendu interpréter la position iranienne en fonction de la politique US délibérée de provocation et de pressions de tous ordres, financier, commercial et militaire. Sur une vidéo de RT-français, Mr. Thierry Coville, de l’IRIS, explique parfaitement cette position extraordinairement injuste et obscène pour l’Iran, où ce pays se trouve à la fois en complet accord de réalisation avec les obligations de sa signature du JCPOA jusqu’ici, tandis qu’il se trouve contraint par l’action US qui interdit la plupart des avantages promis aux Iraniens par l’accord à une situation économique et sociale catastrophique. Cette situation générale inique est essentiellement due, dans l’esprit de la chose, à la couardise et à la lâcheté des Européens, deux des grandes vertus de cette superbe construction de gouvernance qu’est l’Union Européenne.
« [Dans un entretien du 8 mai 2019, Thierry Coville, chercheur à l'IRIS et spécialiste de l'Iran] s'exprime sur la suspension par l’Iran de certains de ses engagements de l'accord sur le nucléaire de 2015. Il rappelle que l'Iran a respecté cet accord alors que les Etats-Unis l'ont quitté en mai 2018, plongeant le pays dans une grave crise économique et sociale à la suite de la remise en place des sanctions économiques. L'Iran en appelle aux Européens pour faire en sorte que cet accord “tienne la route”. »
La décision iranienne couronne une séquence de montée de la tension comme l’administration Trump en a désormais l’habitude avec différents pays, que ce soit la Chine, la Corée du Nord, le Venezuela (un peu moins avec la Russie, avec laquelle les USA ont moins d’espace pour exercer leur politique de force et de pression tandis que la Russie dispose d’un outil militaire opérationnel déployé que les USA craignent visiblement).
On peut considérer que cette séquence a commencé le 8 mai 2018, avec le retrait des USA du traité JCPOA, selon une logique et un schéma opérationnel que John Bolton, qui n’était pas encore au poste de directeur du NSC et conseiller du président pour la sécurité nationale, avait conseillés dans un article du Washington Post. Ce texte joua certainement un rôle important dans le recrutement de Bolton, tant la vindicte contre l’Iran est l’une des rares “options” assez stables qui surnage dans l’esprit de Trump en fait de politique extérieure, qui semble même avoir existé avant même qu’il soit candidat à la présidence.
Un texte de WSWS.org du 8 mai 2019 (traduction d’un texte original en anglais du 7 mai) nous donne les circonstances de l’actuelle phase autant que les grands aspects de la séquence depuis le retrait US de JCPOA
« Dimanche soir [le 5 mai], le conseiller américain pour la sécurité nationale, John Bolton, a annoncé que le porte-avions U.S.S. Abraham Lincoln et des bombardiers B-52 de l’aviation américaine étaient déployés pour menacer l’Iran. Sans preuves, il a fait état “des indications et des avertissements troublants et de plus en plus insistants”. Bolton a affirmé que “toute attaque contre les intérêts des États-Unis ou ceux de nos alliés déclencherait une riposte avec une force implacable”. “Nous sommes tout à fait prêts, a ajouté Bolton, à répondre à toute attaque, que ce soit par procuration, par le Corps des gardiens de la révolution islamique ou par les forces régulières iraniennes.”
» Le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a repris les menaces de Bolton afin d’avancer la même justification globale pour une éventuelle action militaire contre l’Iran. Cela comprend toute “attaque” contre les “intérêts” américains et ceux de leurs alliés par des groupes dont le soutien par Téhéran est dénoncé par Washington. À savoir: des milices chiites en Irak, des combattants Houthis au Yémen, le groupe palestinien Hamas, et le Hezbollah du Liban.
» Dimanche, Pompeo a annoncé : “Nous tiendrons les Iraniens responsables des attaques contre les intérêts américains”. Il a ajouté : “Le fait que ces actions aient lieu, si elles ont lieu, par l’intermédiaire d’un tiers, qu’il s’agisse d’une milice chiite ou des Houthis ou du Hezbollah, nous demanderons directement aux Iraniens – au pouvoir iranien – de rendre des comptes.”
» Avec ces “avertissements”, Washington a effectivement proclamé son droit de fabriquer, au moment de son choix, un prétexte pour lancer une guerre contre l'Iran. Une “attaque” contre les “intérêts” des États-Unis et de leurs alliés pourrait inclure pratiquement n’importe quoi. Cela pourrait être un affrontement entre l’une des diverses milices chiites en Irak et n'importe quel contingent des 5500 soldats américains qui y sont encore stationnés. Ou bien, ça pourrait être la mort d’un citoyen israélien ayant également la nationalité américaine par un missile lancé depuis la bande de Gaza. […]
» Le caractère insouciant et criminel des actions de Washington ne peut être ignoré. Le Moyen-Orient est déjà en feu à la suite de la série de guerres illégales que les États-Unis ont menées et fomentées dans la région depuis 1991. Une attaque américaine contre l’Iran, un pays beaucoup plus vaste et plus peuplé que l’Irak, déclencherait vraisemblablement une guerre dans toute la région. Israël et l’Arabie saoudite serviraient de partenaires locaux de l’impérialisme américain tout en poursuivant leurs propres intérêts prédateurs. La Syrie, le Hezbollah, les milices chiites irakiennes et d'autres alliés se joindraient à Téhéran.
» De plus, dès le début, une telle conflagration menacerait d’entraîner les puissances impérialistes européennes, ainsi que la Russie et la Chine, les grandes puissances que Washington désigne désormais officiellement comme ses principaux “adversaires stratégiques”.
» L’Iran a une importance énorme en tant que région exportatrice de pétrole la plus importante du monde. De plus l’Iran est important de manière géostratégique en tant que charnière entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique. En somme, les intérêts de toutes les grandes puissances, impérialistes ou non, se croisent au Moyen-Orient. Ainsi, tous auraient un intérêt stratégique massif dans son redécoupage par la guerre.
» La guerre entre les États-Unis et l’Iran aurait également un effet colossal sur les relations de classe en Amérique. L’élite dirigeante chercherait à imposer le coût total de la guerre à la classe ouvrière et à criminaliser l’opposition massive qui se manifesterait rapidement.
» Dans sa déclaration de dimanche, Bolton a affirmé : “Les États-Unis ne cherchent pas la guerre avec le régime iranien”. C’est un mensonge éhonté. Dans un acte qui équivaut à un acte de guerre en vertu du droit international, les États-Unis ont imposé à l’Iran des sanctions sévères qui visent à détruire son économie et à provoquer le renversement du régime à Téhéran.
» En mai dernier, Trump a abrogé l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPOA) que le gouvernement Obama et les autres grandes puissances avaient conclu avec l’Iran en 2015. Il l’a fait bien que l’Agence internationale de l’énergie atomique et les autres parties à cet accord aient confirmé que l’Iran s’était strictement plié à ses dispositions. Les autres signataires étaient : l’Union européenne, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, la Russie, et la Chine.
» En torpillant le JCPOA, Trump s’est vanté d’imposer bientôt des sanctions encore plus sévères. Dès 2011, les États-Unis et leurs alliés européens avaient puni l’Iran avec des sanctions, réduisant de moitié ses exportations de pétrole et paralysant son commerce extérieur.
» Jeudi dernier, le gouvernement Trump a considérablement intensifié sa guerre économique contre l'Iran. Trump à juré d'imposer un embargo complet sur les exportations iraniennes de pétrole et de gaz naturel. En novembre, il a gelé l'Iran hors du système bancaire mondial et réimposé des sanctions sur les exportations énergétiques iraniennes. Washington a accordé des dérogations à huit pays pour leur permettre de continuer à importer des quantités réduites de pétrole et de gaz naturel iranien. Malgré les protestations des principaux consommateurs d'énergie iraniens, dont la Chine, l'Inde, le Japon et la Turquie, Trump, Bolton et Pompeo ont refusé de prolonger ces dérogations à leur expiration, le 2 mai.
» Washington s’est maintenant engagé à imposer un arrêt total des exportations iraniennes d’énergie. La menace de sanctions secondaires américaines va contraindre d’autres pays, dont la Chine, le plus gros acheteur de pétrole iranien, à s'y conformer. Les États-Unis, s'appuyant sur leur domination du système financier mondial par la Réserve fédérale et Wall Street, peuvent l’imposer.
» Les sanctions américaines ont déjà eu un effet dévastateur sur l’économie iranienne. Ils ont entraîné une hausse du chômage et une augmentation des prix de 50 pour cent depuis le printemps dernier. Alors que la pauvreté et les inégalités sociales marquent l’Iran depuis longtemps déjà.
» Washington prépare donc une provocation militaire contre l’Iran. Il prépare aussi un embargo total sur les banques et l’énergie de l’Iran. Tout cela va se faire au mépris du monde. Ces actions feront partie d’une escalade dramatique du militarisme américain dans le monde. Washington agit de plus en plus comme une puissance qui n'a de comptes à rendre qu'à elle-même, dictant leur conduite à ses ennemis comme à ses prétendus amis. [...] »
Un élément non négligeable dans cette affaire est la question du pétrole, c’est-à-dire du prix du pétrole dans ses effets quasi-immédiats sur la situation mondiale avant le conflit éventuel, dans la tension actuelle, et en cas de conflit. Adapté par Le Sakerfrancophone, voici une observation pour la situation d’avant le conflit éventuel, de The MoonofAlabama :
« L’administration Trump espère que ses nouvelles sanctions n’augmenteront pas le prix du pétrole. Il est peu probable que ce ne soit pas le cas, car le marché pétrolier est tendu :
» Essayer d'éliminer simultanément le Venezuela et l'Iran resserre le marché pétrolier. Des perturbations supplémentaires en Libye ou dans une région moins attendue comme l'Algérie ou le Nigeria pourraient dépasser la capacité des réserves disponibles. La production américaine va se développer grâce à des prix plus élevés mais ne peut pas fournir ou restreindre sur commande comme un véritable producteur stratégique.
» Son brut, majoritairement très léger n'est pas un bon substitut aux barils moyennement lourds et riches en diesel, comme ceux de ces deux pays. Ce problème pourrait s'aggraver à la fin de l'année, alors qu'il faudra peut-être jusqu'à un million de barils de diesel dans le monde entier pour se conformer à la nouvelle réglementation sur les carburants pour la navigation.
» Les variantes américaines et arabes plus légères de pétrole ne peuvent pas remplacer les types lourds. On peut raffiner les longues chaînes d’hydrocarbures du pétrole lourd en types plus légers, mais on ne peut pas facilement faire de longues chaînes à partir de courtes.
» Une hausse des prix du pétrole est peut-être le seul facteur qui pourrait pousser Trump à changer sa stratégie d’affrontement avec l’Iran. Mais le grand danger aujourd’hui, c’est que les extrémistes de son administration ne fassent monter en flèche les différents conflits au Moyen-Orient jusqu’à ce qu’ils explosent et rendent impossible tout changement de cap.
» Ils n’attendent que ça, des “incidents”. »
On ajoutera à ces observations qu’une réaction iranienne à toutes les provocations et insanités obscènes des USA, c’est-à-dire un réflexe guerrier que tout le monde désigne comme un “piège” où les Iraniens seraient pris, devrait être de boucler le détroit d’Ormouz, donc d’ajouter à la situation décrite ci-dessus le blocage du passage de 30% du pétrole mondial. Effectivement, les remous commerciaux et financiers qui suivraient instantanément joueraient un rôle non négligeable dans les positions des uns et des autres pour le conflit éventuel. Nous serions déjà entrés dans le fameux “fog of the war”, cette situation où, à cause de ce “brouillard de la guerre”, il est impossible de fixer l’issue d’un conflit qui, de lui-même, par lui-même et pour lui-même, installe le désordre complet bouleversant toutes les précisions assurées d’une minute avant le déclenchement du conflit. Il n’est pas assuré dans ce cas qui est celui de tout conflit d'une certaine importance et d'une certaine brutalité que le “piège” existerait exclusivement pour l’Iran.
…Dans ce cas, il s’agit de la “thèse de l’effondrement” qu’avait présentée il y a presque une décennie un néo-sécessionniste du Vermont. Cette thèse, adaptée aux mœurs du temps et aux situation qui vont avec, est reprise, dans sa version limitée, par le colonel Pat Lang sur son site Sic Semper Tyrannis :
« On me dit que les Israéliens ont dit aux néoconservateurs (Bolton, Pompéo, etc.) que les Iraniens se préparent à attaquer le grand nombre de soldats américains en Irak. C'est peut-être vrai ou pas, mais si c'est le cas cela fournirait un prédicat (mot à la mode) pour la guerre américaine contre l'Iran qu'Israël veut vraiment. Il pourrait même y avoir une odeur de pétrole dans l'air. Qui sait, qui sait, qui sait ?
» Ainsi, Pompée le Grand est parti à Bagdad pour dire aux porcs [les Irakiens] de se comporter au doigt et à l’œil et d'être prêts à être “soutenus en tant que pays indépendant et souverain. C’est compris ?”
» Un problème avec cette attitude c’est l'existence d'un grand nombre de milices chiites en Irak qui ne veulent pas du tout de personnel américain en Irak et qui réagiraient à toute action agressive contre l'Iran avec une extrême férocité.
» Trump est absent dans cette affaire, dans le sens où il est un partenaire assez silencieux mais, selon mon opinion, une guerre engagée volontairement contre l'Iran pulvériserait ses chances de réélection. »
La “thèse de l’effondrement par l’Iran” concerne beaucoup plus que la non-réélection de Trump, qui serait le résultat d’une guerre impopulaire parce que nullement gagné rapidement, et même nullement gagnée du tout. Il faut rappeler que nous ne sommes pas à notre premier coup, à nous trouver proche d’une guerre finale contre l’Iran du temps de Trump, et nous écrivions donc le 30 mars 2017 à propos d’une hypothèse précédente d’un conflit contre l’Iran, ceci qui reste à notre sens absolument valable avec des hommes apocalyptiques et eschatologiques-zombie comme Bolton-Pompeo, et un zeste de Netanyahou avec MdS dans sa poche-arrière :
« La perspective apparaît alors, du point de vue de la communication, extrêmement importante et sérieuse, et elle rejoint une possibilité qu’avait évoquée un néo-sécessionniste du Vermont, Thomas Naylor, en 2010, à propos de la crise iranienne : “Il y a trois ou quatre scénarios possibles de l’effondrement de l’empire [les USA]. Une possibilité est une guerre avec l’Iran…” »
Après tout, certes, ce serait une bonne manière de régler la “guerre civile” qui fait rage à Washington D.C.
Car certes, deux ans et un rapport Mueller plus tard, la “guerre civile” a toujours lieu à “D.C.-la-folle”. Cet épisode de la crise iranienne interfère évidemment avec l’atmosphère intérieure à Washington, qui voit une relance particulièrement féroce de l’affrontement entre l’exécutif (la Chambre des Représentants) et le législatif, notamment à propos de la demande de la Chambre pour obtenir et rendre publique la version initiale du rapport Mueller. Comme à l’habitude, les positions des uns et des autres sont extrêmement embrouillées et parfois très contradictoires.
• La tension avec l’Iran ne dépend pas seulement des neocon-MAX Bolton-Pompeo. Il y a aussi l’influence de Netanyahou et d’Israël en faveur d’une guerre contre l’Iran, qui est très grande et surtout relayée par le binôme/couple “Jarenka” comme on nomme le couple de la fille du président, Jared Kushner et Ivanka Trump. Très récemment, et après six mois de silence, le général des Marines Kelly, qui fut directeur de cabinet de Trump et licencié par lui, est sorti avec un fracas discret de son devoir de réserve pour mettre en accusation le couple qui représente directement les pressions des intérêts saoudiens et israéliens auprès du président. (On comprend parfaitement de qui il parle : Kelly dénonce “l’influence néfaste” de “la famille Trump” qui travaille avec le président, en écartant Melania Trump qu’il qualifie de “merveilleuse personne”.)
« Ceux qui suivent le drame de l'administration de Trump depuis le début se souviendront peut-être qu'après avoir accueilli Kelly comme une “main ferme” et un “adulte dans la salle” qui mettrait de l'ordre dans une Maison-Blanche chaotique, Jared Kushner et Ivanka Trump se retournèrent rapidement contre l’ancien général, et leur lutte pour le pouvoir durant des mois fut l’occasion de fuites antagonistes sans nombre de sources anonymes.
» Cette querelle a apparemment laissé un grand sentiment d’amertume chez Kelly, [...qui] s’est senti à l’aise d'exprimer publiquement son dégoût pour les deux conseillers principaux de l'administration Trump, – à sa manière réservée, sans les nommer…
» “Il fallait lutter contre leur influence néfaste” a-t-il dit mardi lors du show de David Rubenstein, de Bloomberg Television, lorsqu'on lui avait demandé s'il était compliqué de travailler avec les membres de la famille du président à la Maison-Blanche. “Bien entendu, je ne parle pas de Mme Trump, la First Lady est une merveilleuse personne.” »
• Reste alors l’interrogation sur l’interférence de la crise iranienne sur ces relations, dans la mesure où il existe une contradiction latente importante. Les démocrates de la Chambre, et tous les démocrates en général, veulent la tête de Trump. Les Israéliens et leurs partisans au niveau du Lobby et des influences type-Javenka soutiennent au contraire Trump dans la mesure où ce président est le plus proche des intérêts israéliens qu’aient eu les USA. Comme l’influence israélienne est traditionnellement très forte chez les démocrates, il existe là un point de contradiction qui nourrit bien des incertitudes.
Il n’est pas assuré que les neocon-MAX qui tiennent actuellement les rênes du pouvoir autour de Trump veuillent absolument un conflit contre l’Iran dans les circonstances présentes. Disons qu’ils semblent essentiellement chercher à pousser les Iraniens à une attaque, pour pouvoir obtenir de Trump le feu vert pour une attaque massive.
• Mais il n’est nullement assuré que Trump veuille un conflit qui engage les forces US, lui-même partageant peut-être in petto l’avis du colonel Lang selon lequel un tel conflit ouvert compromettrait très largement sa réélection. L’influence de Javenka-Netanyahou est certes très forte, mais elle-même doit prendre des précautions avec le caractère volatile du président, déjà mis en évidence ces derniers jours par un très long entretient (75 minutes) au téléphone avec Poutine, qui a pris tout le monde par surprise, y compris Bolton-Pompeo.
• Cette incertitude concernant Trump se retrouve également au niveau du Pentagone, qui n’a pas de véritable leader politique aujourd’hui, avec un adjoint au secrétaire à la défense (Shanahan) “faisant fonction” de secrétaire à la défense. On peut tout de même deviner une certaine réticence des militaires vis-à-vis d’une aventure militaire qui serait conduite sans une voix prépondérante du Pentagone, et d’ailleurs par simple réticence du fait même, l’Iran étant un énorme morceau à cet égard. La déclaration du général Kelly, anti-Javenka, est de facto une prise de position d’un militaire de haut rang contre l’influence israélo-saoudienne, et peut-être l’écho de l’opinion des chefs militaires.
• Quant aux démocrates, leur haine anti-Trump paraît un facteur bien plus déterminant actuellement et depuis deux ans pour leur politique, que n’importe quelle autre considération, jusques et y compris dans une bonne mesure l’influence israélienne. La tendance Maddow (renchérir sur les neocon-MAX en croyant affaiblir ainsi Trump) n’ira pas très loin tant sont grandes son absurdité et ses contradictions, en faisant du progressisme-sociétal un parti extrême de tous les conflits possibles : Maddow sera virée par défaut d’audience avant que la moindre guerre ne soit gagnée. Par contre, une guerre contre l’Iran peut renforcer un courant antiguerre d’ores et déjà représenté par Tulsi Gabbard, en lui adjoignant la cohorte de la haine anti-Trump. Est-ce sur cet effet que Lang pronostique un échec de Trump en 2020 s’il part en guerre ?
• … Et jusqu’aux Français, pour une fois avec un Macron bien inspiré, qui accusent les USA d’être responsables de l’attitude d’un éventuel désengagement du traité des Iraniens, à cause de leur retrait de mai 2018 et de leur politique de sanctions brutales. Là non plus, il n’est pas sûr que Trump ne se serve pas de cette sorte de jugement pour indirectement forcer les neocon-MAX qui le tiennent paraît-il, à mettre une sourdine.
Il est vrai que les Iraniens sont face à un piège qu’il leur sera de plus en plus difficile d’éviter à cause des pressions intérieures d’une situation économique et sociale catastrophique, à cause des sanctions US essentiellement. Mais il n’est pas dit également qu’il n’y ait pas, dans la situation intérieure US, un ou des pièges qui limite(nt) la liberté de manœuvre des uns et des autres, y compris des neocon-MAX et d’une influence israélienne dont la puissance considérable est elle-même tronçonnée dans plusieurs groupes qui ont entre eux des oppositions très fortes.
La crise iranienne dans sa phase paroxystique dure depuis février 2005, – quel paradoxe que cette durée pour un paroxysme, – lorsque GW Bush parla pour la première fois de la possibilité d’une intervention armée (“Toutes les options sont sur la table”). Obama semblait avoir péniblement gelé le problème, Trump l’a précipité dans un désordre plus considérable que jamais, colmme il en a le secret.
Cette crise, c’est un drôle de jeu dans un drôle de drame…
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