Notes sur l’abîme-2020 des USA

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Notes sur l’abîme-2020 des USA

10 avril 2019 – Deux facteurs essentiels se sont précisés ces derniers jours aux États-Unis, qui laissent présager une bataille titanesque pour les élections présidentielles USA-2020. Les conditions qui se dessinent sont favorables non plus à la seule guerre de communication comme l’on a connue jusqu’ici, mais à cette guerre de communication favorisant des affrontements du type-“guerre civile”, avec menaces de subversion et d’émeutes, menaces d’instauration d’un État-policier, menaces de partition, etc.. 

(Nous utilisons comme référence principale le site WSWS.org, à cause de la justesse de ses analyses formelles et opérationnelles. A côté de cela, ce site oriente son commentaire d’une façon qui nous paraît extrêmement discutable, conduisant à transformer la perspective en un affrontement d’une poussée “fasciste” contre une menace “socialiste” ; c’est accorder une importance disproportionnée aux étiquettes de convenance. Il suffit, pour ce cas et pour avoir une vision plus large et plus accordée à la situation générale actuelle, de tenir comme peu appropriée cette référence aux années 1930 qui fait partie du bagage hyper-idéologisé avec une bonne part de nostalgie des trotskistes [et d'autres, d'autres factions] : d’une part la référence des années 1930 est essentiellement européenne, dans un paysage et des traditions politiques très différents de l’américanisme des années 2010 ; car d’autre part, en effet, les années 1930 ne sont définitivement pas les années 2010/2020 et l’assimilation à une complicité déguisée avec le Système de toute opposition de droite au Système des capitalistes ultra-libéraux, essentiellement les populistes dans leurs divers composants, commence à lasser et fait étrangement et ironiquement suranné, obsessionnel, schizophrénique, aujourd’hui, par nos beaux jours...).

Cette dangerosité de l’élection USA-2020 est mise en évidence par une citation d’un rapport du 4 avril 2019 de la société de renseignement privée Stratfor  (proche d'organisations telles que la CIA), d’ailleurs en partie présente dans un texte deWSWS.org, par sa vice-présidente pour l’analyse globale Reva Goujon (« The 2020 Election Marks a Global Inflection Point »). Cette introduction à l’analyse générale évoque un tableau complet de l’“enjeu existentiel” de l’élection USA-2020, qui dépasse formellement les sujets abordés ici, mais d’une manière qui dramatise considérablement l’importance de ces sujets :

« Vous avez peut-être remarqué qu’il y a un fort accent d’un enjeu existentiel autour de la campagne présidentielle américaine de 2020. La politique environnementale est passée d'une question électorale marginale à des appels en faveur d'une urgence nationale sur le changement climatique. L'étiquette “socialiste” est brandie à droite et à gauche pour remettre en cause la survie et la légitimité morale même du capitalisme américain. Et les débats de politique étrangère font rage sur la tentative de la Chine de renverser les États-Unis dans une bataille alimentée par la technologie pour la suprématie mondiale, – une compétition mondiale des grandes puissances. »

La “garde prétorienne” de l'Imperator-simulacre

Le premier des deux “facteurs essentiels” signalés plus haut concerne, pour la situation intérieure, essentiellement le point de vue de la sécurisation policière et le contrôle des frontières (essentiellement, bien entendu, de la frontière Sud). Un article de ce 9 avril de WSWS.org expose la façon dont Trump a, en quatre jours, modifié la direction des principaux services de sécurité intérieure, ainsi que le très important ministère de la sécurité intérieure (DHS), l’équivalent d’un ministère de l’intérieur établi dans toute sa dimension à partir du 11 septembre 2001. Il est remarquable que Trump procède d’une manière qui lui évite toute intervention du Congrès et diminue à son avantage l’autorité des nouvelles directions en remplaçant le chef effectif par son second qui “fait fonction” mais n’a pas la légitimité de la fonction. C’est aussi le cas pour le Pentagone depuis la démission de Mattis il y a quatre mois, sans aucun signe de la nomination d’un nouveau ministre, comme nous l’avons déjà signalé à plusieurs reprises, ce qui donne à Trump la haute main sur les militaires. La formule normale du “par intérim” qui suppose que l’on attend une nomination prochaine d’un nouveau chef, devrait alors effectivement laisser la place à la formule “faisant fonction” qui rend compte d’une situation beaucoup plus structurée, une structuration faite pour durer d'une structure décapitée. 

Il est justifié de voir là un rassemblement de nombre de services de sécurité dans des positions qui permettent à Trump de les contrôler directement, – donc, selon WSWS.orgde se constituer une “garde prétorienne”qui laisse à penser qu’il est prêt au pire. Il est également remarquable que Trump laisse de côté les grands organismes de sécurité nationale (FBI, NSA, CIA) qui ont acquis une réelle autonomie et l’exercent à ciel ouvert, à notre sens d’une façon qui réduit notablement la possibilité d’une puissance unitaire comme on l’a déjà vu dans les tentatives avortées de stopper ou faire destituer Trump depuis 2016 (phénomène du “DeepState devenu ShalowState”), – mais qui néanmoins implique une puissance sécuritaire hostile à Trump.

« Vendredi, Trump a retiré la nomination de Ronald Vitiello, chef par intérim de l’US Immigration and Customs Enforcement [ICE], une unité du Département de la sécurité intérieure [DHS], au poste de directeur permanent, en disant aux journalistes : “Nous voulons aller dans une direction plus dure”. Dimanche, il a renvoyé la secrétaire du DHS Kirstjen Nielsen, qui aurait refusé de reprendre la politique de séparation forcée des parents et des enfants des réfugiés demandeurs d'asile. Lundi, il a licencié Randolph Alles, le directeur du Secret Service, qui fournit la garde personnelle du président. Comme l’ICE et le CBP [Customs and Border Protection], le Secret Service dépend du DHS, le deuxième plus grand département du gouvernement américain après le DOD (défense), créé en tant que service de police national complet à la suite des attaques terroristes du 11 septembre 2001. [...]

» Le Département de la sécurité intérieure sera dirigé, au moins temporairement, par Kevin McAleenan, qui a été directeur de l'unité des douanes et de la protection des frontières. En conséquence, le DHS, ainsi que trois de ses principales unités, l'ICE, le CBP et l'Agence fédérale de gestion des urgences [FEMA], seront tous dirigés par des fonctionnaires “par intérim”. Le ministère de la Défense est également placé sous la direction d'un secrétaire par intérim, l'ancien dirigeant de Boeing Patrick Shanahan, à la suite de l'éviction du secrétaire James Mattis, un général à la retraite de la Marine, en décembre. Un grand nombre d'autres postes de direction dans l'administration de Trump sont maintenant occupés par des fonctionnaires “par intérim” : Chef de cabinet de la Maison Blanche, directeur du budget, ambassadeur de l'ONU, secrétaire à l'Intérieur.

» Il y a deux raisons pour lesquelles Trump s'en remet à ces personnes. Les fonctionnaires "par intérim" se comportent comme des instruments directs de la Maison-Blanche, dans l'espoir d'obtenir une nomination permanente en se faisant gratifier par le président. Et ces fonctionnaires ne sont pas soumis à la confirmation du Sénat : il n'y a pas d'audiences de comité où ils doivent témoigner, être interrogés ou défendre les politiques qu'ils entendent mettre en œuvre. De cette façon, le pouvoir exécutif du gouvernement américain se conduit de plus en plus indépendamment du pouvoir législatif, rejetant toute forme de responsabilité démocratique.

» Il est significatif que ces nominations soient concentrées dans les organismes d'une police soiuvent militarisée. Cela doit être compris comme un effort de Trump pour établir un contrôle personnel de toutes les principales forces de sécurité du gouvernement américain, s'entourant d'un réseau de loyalistes. Il cherche à créer une sorte de garde prétorienne pour protéger l'administration, non seulement de ses opposants politiques au sein de l'élite dirigeante, mais aussi d'une recrudescence attendue des luttes sociales de la base. »

Un “socialisme” inédit

Le second des deux “facteurs essentiels” signalés plus haut concerne la situation de l’évolution de l’idée de “socialisme” aux USA, apparue il y a quelques mois, avec les élections mid-term de novembre 2018, la prise en main de la Chambre des Représentants par les démocrates et l’apparition de jeunes stars nullement starlettes (Alexandria-AOC, Ilha Omar, etc.) au sein de cette Chambre. Depuis le discours sur l’état de l’Union du début de l’année, Trump a enfourché le thème de la croisade contre le socialisme, un thème qui a en général beaucoup de succès aux USA ; autre constat également depuis ce discours, il apparaît que le parti républicain évolue largement vers ce thème et donc range au placard certaines de ses réticences vis-à-vis de Trump.

Certains jugent que ce thème a assuré d’avance, par réaction ontologique de rejet et instinct de survie, la victoire et la réélection de Trump en 2020. D’autres vont implicitement dans ce sens, mais d’une façon beaucoup plus dramatique parce qu’incertaine même en cas de mobilisation des républicains, en faisant de la victoire de Trump une conditionnalité de la survie des USA, rien de moins. C’est l’avis du très fameux et populaire commentateur-radio Glenn Beck, qui n’est pas nécessairement un partisan de Trump. Interviewé par Sean Hannity sur Fox.News le 18 mars 2019, il avait déclaré : « Si les Républicains [c’est-à-dire Trump] ne gagnent pas les prochaines élections, je pense que nous serons arrivés à la fin de ce pays tel que nous l’avons connu. Nous pourrions même ne pas survivre si nous gagnons, mais nous périrons sans aucun doute si les démocrates... [l’emportent]. »

Beck a également éclairé le comportement des démocrates, et la façon dont ils étaient de plus en influencés par le courant “socialiste”. Il a rapporté avoir eu une conversation avec Joe Liberman, ancien sénateur démocrate très-influent, pour lui parler de la position du parti démocrate. Manifestement Lieberman est contre la dérive gauchiste du parti et accepte l’idée d’un très grave danger pour les USA, mais il explique comment ce courant gauchiste parvient à s’imposer : « Glenn, les gens qui savent cela et qui sont dans le parti démocrate ont peur de la foule... » (Lieberman parle des divers groupes organisées contre Trump depuis USA-2016, des groupes LGTBQ, des soi-disant “marxistes-culturels”, etc. tout ce dispositif mis en place bien sûr avec l’appui à 100% des démocrates eux-mêmes, ayant ainsi créé leur propre piège.)

Dans la même interview, Beck affirme que c’est sous la pression de nombreux délégués et représentants de l’organisation de relations publiques et de lobbying des Islamo-Américains CAIR (Council on American-Islamic Relations) venue au secours de la jeune Omar que Pelosi modifia le texte qui aurait dû condamner l’“antisémitisme” de cette députée. Beck affirme que l’on trouve désormais une présence massive du CAIR au Congrès, notamment autour de la même députée Omar, notamment, soupçonne Beck, avec des Palestiniens, voire des Frères Musulmans dans cette organisation de lobby.

On observera que cela pourrait sembler une façon pour Beck de dénoncer les pratiques de pression et du lobbying, c’est-à-dire aussi bien celles que pratique depuis des décennies avec un poids et une présence formidable au Congrès l’AIPAC pro-israélien (et plus précisément les hommes de Netanyahou et du Likoud pour ces dernières années). Beck, qui est pro-israélien, ne pourrait songer à faire un tel parallèle et serait sans doute indigné qu’on y songeât, – pour la survie « de ce pays tel que nous l’avons connu ». C’est pourtant de la sorte, avec le lobbying comme pratique officielle de corruption, que fonctionne « ce pays tel que nous l’avons connu » depuis des décennies, bien avant que CAIR n’existât sérieusement et alors qu’AIPAC existait on ne peut plus sérieusement. Il y a des logiques qui réclament d’aller jusqu’à leur terme pour bien éclairer les situations explosives qu’elles impliquent.

Les républicains s’apprêtent à la bataille

Nous donnons ici une partie importante du texte de André Darmon, de WSW.org, sous le titre « Le socialisme hante la classe dirigeante américaine ». Il permet essentiellement d’apprécier combien cette question du “socialisme” devient le point fondamental de l’affrontement inférieur aux USA, avant et pour les élections USA-2020, dans ce cas pour les républicains (les “fascistes” de la pièce). (Les précisions que WSWS.org donne sur la haine conjointe des démocrates “institutionnels” à l’encontre du socialisme entrent dans leur schéma convenu d’une incroyable rigidité et ne tiennent aucun compte des situations opérationnelles et psychologiques qu’on a détaillées plus haut, aussi bien que du manque complet de conviction des partis-Système qui ajustent leurs attitudes à leurs intérêts et selon leur faiblesse extrême qui les fait reculer devant les activistes.)

« Dans les deux mois qui ont suivi la déclaration de Donald Trump dans son discours sur l'état de l'Union selon laquelle «l'Amérique ne sera jamais un pays socialiste», le président démagogique de droite et le parti républicain ont adopté la lutte contre le socialisme comme thème central de leur campagne pour les élections de 2020.

» S'exprimant lors du dîner du Comité national républicain au Congrès, la semaine dernière, Trump a déclaré qu'il se présenterait en 2020 pour lutter contre une «prise de contrôle socialiste» des États-Unis. «J'adore l'idée de "Maintenir la grandeur de l’Amérique"», a déclaré Trump, comme slogan de la campagne, «parce que les socialistes vont détruire» le pays.

» La rhétorique de Trump est de plus en plus adoptée par le parti républicain dans son ensemble. La semaine dernière, le membre du Congrès de l'Utah, Chris Stewart, a annoncé la formation d'un «comité antisocialiste» à la Chambre des représentants. Ce «mouvement antisocialiste» servirait «de rempart pour arrêter l'avancement des politiques et de la législation socialistes», a déclaré Stewart. «Si nous ne parvenons pas à nous rappeler ces temps dangereux», a-t-il ajouté, «l'appel primitif du socialisme progressera et infectera nos institutions». Le socialisme veut «détruire la liberté, la démocratie et l’état de droit», a déclaré ce membre du Congrès.

» L'idéologue républicain Pat Buchanan est allé plus loin en déclarant que les élections de 2020 seraient un choix entre Trump et le socialisme, dans lesquelles «Trump serait la dernière ligne de défense de la nation contre la venue d'une Amérique socialiste.»

Alors que Trump et les républicains l'expriment sous une forme particulièrement crue, les deux principaux partis de l'élite dirigeante américaine sont unis dans leur haine et leur peur du socialisme. La semaine dernière, le directeur général de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, connu pour être le banquier préféré de Barack Obama et qui a été un donateur majeur du Parti démocrate, a axé sa lettre annuelle aux actionnaires sur une dénonciation du socialisme. La banque de Dimon a reçu des dizaines de milliards de dollars de plans de sauvetage du gouvernement et biens de milliards de dollars supplémentaires grâce aux taux d’intérêt très bas de l’administration Obama et à sa politique de faire fonctionner la planche à billets appelée «assouplissement quantitatif». Il a déclaré à ses actionnaires que «le socialisme engendre inévitablement la stagnation, la corruption» et un «gouvernement autoritaire» et qu'il serait «un désastre pour notre pays».

» Ces déclarations expriment la crainte qui règne dans la classe dirigeante face à la croissance de l'opposition politique au sein de la classe ouvrière à l'inégalité sociale, qui alimente une vague de grève internationale. L'année dernière, plus d'un demi-million de travailleurs américains ont entamé une grève, soit 20 fois plus qu'en 2017. La semaine dernière, Ray Dalio, l'ancien PDG du fonds spéculatif Bridgewater Associates, a publié un essai mettant en garde que les États-Unis pourrait être au bord de la révolution sociale. Il a écrit: «La disparité dans la richesse, en particulier lorsqu'elle s'accompagne d'une disparité dans les valeurs, conduit à un conflit croissant et, dans le gouvernement, cela se manifeste sous la forme de populisme de gauche et de populisme de droite et souvent de révolutions.» Il a ajouté que «nous nous trouvons maintenant dans une phase dans laquelle» la croissance des inégalités sociales, à moins qu'elle ne soit inversée, entraînerait un «grand conflit et une forme de révolution».

» Stratfor, le service de renseignement privé, a averti que les élections américaines de 2020 représentaient un «point d'inflexion mondial», marqué par l'intersection de la montée des inégalités sociales et d'une crise de domination mondiale pour les États-Unis. «L'étiquette "socialiste" est évoquée à tout bout de champs», écrit-il, «comme un moyen de remettre en question la survie même et la légitimité morale du capitalisme américain.»

» Ce qui hante la classe dirigeante, ce ne sont pas des personnalités avec une rhétorique de gauche au sein du Parti démocrate comme Alexandria Ocasio-Cortez, mais bien une impulsion objective vers une lutte de masse de la classe ouvrière et une hostilité envers le capitalisme. L’accroissement de la lutte de classe, bien qu’elle ne soit encore qu’à ses débuts, entraînera inévitablement le développement d’un sentiment explicitement anticapitaliste et socialiste... »

Mobilisation pour USA-2020

C’est sur ce dernier point que nous interrompons le texte de WSWS.org qui se poursuit en une rhétorique connue et un peu lassante d’un appel au rassemblement de lutte contre le fascisme. Mais il n’est pas question pour les trotskistes de s’associer à des tendances “gauchistes” (les activismes AOC, Omar, CAIR, etc., vues ci-dessus), dénoncées au contraire avec virulence comme alliées objectives des “fascistes” puisque nullement trotskistes orthodoxes : on retrouve dans ces observations qui ont l’actualité brûlante des années 1930 les remarques très critiques faites en début de texte.

Ce qui est sérieux et beaucoup plus important est la perception d’une mobilisation activiste dans les deux pôles qui s’opposent aux USA, dans une atmosphère de guerre idéologique d’ores et déjà lancée pour les élections présidentielles USA-2020, – avant même que les processus normaux pré-électoraux aient commencé. Ces deux pôles sont eux-mêmes marquées par des divisions internes, des manipulations, des pressions qui accentuent fortement à la fois les tendances à la radicalisation déjà extrêmes, et d’une façon générale le désordre et la confusion sans aucun espoir de parvenir à un arrangement ou à un modus vivendi. On se trouve alors devant deux armées idéologiques dans une situation d’affrontement très dangereuse.

• Du côté de la gauche, le mouvement “gauchiste”, anticapitaliste, activiste progressiste-sociétal, représenté par quelques personnalités au Congrès, exerce une énorme pression dans le sens d’un programme “socialiste” sur le reste bien qu’il soit en théorie extrêmement minoritaire (“bolchevik” en russe-révolutionnaire). Son activisme extrême et son usage de la dialectique bienpensante type-LGTBQ exercent une véritable terreur psychologique et de communication sur la majorité molle, opportuniste et démagogue du parti démocrate, qui ne cesse de lui céderLe sel de la situation est que cette nébuleuse activiste est directement née de l’appareil du parti, devenu lui-même activiste pour des objectifs électoralistes monté par les démocrates et leurs relais (Hillary, Pelosi, Soros, etc.) : opposition furieuse contre Trump, rassemblement des électorats des “minorités” et de la “diversité” (LGTBQ et minorités ethniques, dont les émigrants du Sud). La majorité “molle” du parti démocrate est prisonnière du monstre qu’elle a enfantée, même si certains aspects de ce monstre présentent la particularité particulièrement paradoxale et intéressante de s’opposer à l’influence sioniste de type-AIPAC puisque la composante islamo-palestinienne est à Washington très anti-israélienne au contraire du jeu joué par les islamistes au Moyen-Orient. Rien n’est tout à fait simple et tout ne cesse de se compliquer.

On ajoutera que les “gauchistes” ont quelques redoutables machines de guerre institutionnelles, notamment la Commission des services de la Chambre idéale pour les attaques anticapitalistes, présidée par l’incroyable et impayable Maxine Walters, utilisée par Alexandria Ocasio-Cortez, également dans cette Commission. Cela leur garantit une tribune médiatique de très grande ampleur, qu’ils utilisentces jours-cisans aucune retenue.

• Les républicains, eux, commencent à s’organiser derrière Trump, – on prend ce qu’on a, malgré qu’on ne l’aime guère, – selon des structures (un caucus antisocialiste au Congrès, par exemple) qu’ils aimeraient bien voir préfigurer une sorte de résurrection d’une Commission des Activités anti-américaines (ou non-américaines) du temps du McCarthysme d’avant McCarthy et du McCarthysme lui-même. Institutionnellement, ce serait si bien dans la manière de l’américanisme, et si efficace comme on l’a vu dans les années 1939-1955. Mais ils sont loin, très loin du compte, car il est extrêmement probable que le parti démocrate (qui avait soutenu le McCarthysme) sera complètement hors du coup, et même s’opposera à de telles initiatives.

Quant au soutien des banques et des diverses fortunes (les 0,1% ou 0,001%) que WSWS.org nous agitent sous le nez en imaginant qu’il s’agit d’un chiffon rouge qui servira d’apothéose à son raisonnement, il n’est pas sur que le Big Business et le Big Money présentent un front uni. On a déjà vu pour l’élection USA-2016 la façon dont de grosses fortunes soutenaient les activistes “gauchistes”. On sait bien assez et suffisamment que l’ultra-capitalisme est très tenté sinon qu’il est un soutien direct du progressisme-sociétal qui va dans le sens de la déstructuration sociale qui l’arrange, pense-t-il ; et puis, une partie des fortunes saura bien se convaincre qu’il y aura toujours un moyen, un simulacre, une corruption, pour maîtriser les choses, voire raisonner qu’après tout un “socialisme” bien tempéré et bien orienté par des mesures de corruption ajustées ferait aussi bien l’affaire.

Il y a, aux USA, aujourd’hui, en cours, les premiers échanges d’une formidable partie de dupes dont nul ne sait, non pas qui l’emportera, mais bien qui seront les dupes de qui, et surtout ce que cette partie de dupes produira dans la structure et le destin des États-Unis d’Amérique. Croire que nous, Européens et Français, puissions nous en désintéresser au profit des frasques grotesques de Macron, que nous sortirons indemne de ce grand ébranlement qui se profile, c’est avoir l’esprit court.

Le début d’un temps eschatologique

Depuis 2016 (campagne-2016 et & élection de Trump), les USA poursuivent une course qu’on pourrait qualifier d’“impeccable” dans la mise en place d’un grand affrontement suivi d’un immense ébranlement. Nous en sommes aujourd’hui à la troisième phase qu’on pourrait qualifier de finale pour l’actuelle séquence de troubles, dans un contexte où il semble extrêmement difficile, pas loin d’être impossible, de trouver quelque chose qui ressemblât à une “sortie de crise“ honorable. De fait, mis à part la polémique générale qu’on a décrite, qui constitue la dynamique crisique, toutes les données fondamentales vont dans le même sens et renforcent la perspective : les déséquilibres économiques, les tensions démographiques et migratoires, la fixation de l’esprit public dans les extrêmes, l’affaiblissement vertigineux de l’autorité et de la légitimité du centre politique, une psychologie collective extrêmement pessimiste et catastrophiste.

Les trois phases citées plus haut sont les suivantes :

• USA-2016 : l’explosion catastrophique du système politique de succession des directions avec l’incursion de Trump, la campagne menée contre lui, l’agressivité de la riposte de Trump, enfin son élection dans des conditions qui ont été l’objet de contestations sans fin.

• USA-2018 : la première partie du mandat Trump a été un non-mandat, une suite vertigineuse de désordres, de montages, de simulacres, d’attaques constantes dans tous les sens. Sans aller jusqu’à des affrontements, la rue est restée constamment mobilisée, tandis que les pouvoirs concurrents se sont montrés d’une égale impuissance pour fixer la situation. Trump n’a pas réussi à établir l’équilibre de son administration, ni celle de son équipe, si bien qu’il n’a pas réussi à mettre en place son pouvoir. Contre lui, la coalition dite du DeepState et d’une composante d’alternative politique s’est révélée tout aussi impuissante, le DeepState se révélant “État-peu-profond” et l’alternative politique (démocrate) devenant complètement l’otage de ses simulacres et des formations extrémistes qu’elle avait suscitées contre Trump.

• USA-2020 : désormais, les divers simulacres tendent à se dissiper pour découvrir un véritable champ de bataille en préparation, pour les présidentielles de 2020. Il est fort possible que ces élections débouchent sur des situations inédites d’insurrection, de révoltes, de séparatisme, etc., parce qu’aucun des participants à cette bataille ne pourra en aucune façon accepter la victoire de l’autre. La paix civile est désormais une notion qui n’existe plus aux USA et la seule question qui reste posée est de savoir quelle forme prendra la catastrophe affectant le système de l’américanisme en 2020.

Bien entendu, on n’assistera pas simplement à l’effacement violent d’une hyperpuissance de la position hégémonique qu’elle occupe, désormais d’une façon illégale, brutale et partout contestée, dans les relations internationales, et son remplacement par une autre puissance ou par un système multipolaire stable. Une catastrophe américaniste est un événement mondial et global, qui affecte le Système dans son entièreté et entraînera hors des USA un enchaînement de déstabilisations plus ou moins catastrophiques, marqué par la disparition du symbole même de la modernité qu’est l’American Dream, – hypothèse fondamentale pour la fin de la modernité, que nous envisageons depuis longtemps. C’est dire, selon cette prévision, que 2020 est en bonne place pour marquer pour nous tous le début d’un temps eschatologique de transition