Notes sur le “tourbillon crisique” (Glossaire.dde)

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Notes sur le “tourbillon crisique” (Glossaire.dde)

16 novembre 2017 – Nous présentons ici, sous une forme “allégée” et synthétique, notre Glossaire.dde consacré au concept de “tourbillon crisique”. Nous développons quelques commentaires propres à ces Notes d’analyse en les illustrant d’extraits de notre sujet du Glossaire.dde, extraits choisis comme étant les plus “opérationnels”. (L’aspect spéculatif et théorique est largement développé dans le reste du texte de référence du Glossaire.dde.)

 Nous employons beaucoup cette expression de “tourbillon crisique” depuis le début 2015, et nous la présentons comme un concept, avec souvent l’annonce (la menace, dirons certains) d’en faire un sujet important du Glossaire.dde. L’importance que nous accordons à cette démarche est explicable par le fait que ce concept nous paraît tout simplement essentiel sinon décisif, sinon définitif du point de vue de l’opérationnalité de nos temps crisiques.

Ajoutons dans ce champ de l’introduction et de l’avertissement que nous sommes dans une logique et une dynamique événementielles qui est hors et au-dessus de la raison humaine, et de l’action humaine par conséquent. Nous faisons souvent mention de notre conviction qu’il existe des forces supérieures, que nous ne contrôlons évidemment pas, celles, notamment, qui conduisent le Système à son effondrement. Ceux qui s’opposent à cette perception intuitive en l’estimant discréditée par le fait d’être bizarre et “pas sérieuse”, sinon signe d’une pensée tentée par l’ésotérisme, la métaphysique, etc., emploient en général cet argument pour affirmer au contraire, disons pour faire court que “le Système tiendra”, – ou mieux encore, dans un sens idyllique, qu’il se réformera après avoir connu une période de revers sinon de catastrophe.

Désormais, disons depuis 2013-2015, cette conception qui est celle d’“amis du Système” selon notre observation même s’ils s’affirment antiSystème dans l’état actuel des choses, désormais ceux-là se trouvent méthodologiquement dans le même cas que nous pour ce qui est de la forme de la pensée tant est (sur)puissante la dégradation des choses. Leur affirmation ne tient que si des forces surhumaines la favorisaient tant l’action humaine est insuffisante et faussaire, malgré ou à cause d’une adhésion aveugle au déterminisme-narrativiste. En d’autres mots, si l’on voulait nous reprocher une démarche hors de la raison en faisant référence à ”des forces suprahumaines” au sens métaphysique le plus fort pour conduire à l’effondrement du Système, nous répondrions qu’il “faudrait un miracle”, au sens propre, religieux de l’expression, pour que le Système tienne ou même soit réformé, c’est-à-dire un appel à des “forces suprahumaines” que nous tendrions à identifier dans ce cas, pour notre compte, comme de type maléfique. Nous sommes passés depuis 2013-2015 dans une époque qui, dans son entièreté, de quelque parti qu’on soit, ne peut plus s’expliquer, se comprendre, se supporter qu’en référence à un tel domaine suprahumain...

Pourquoi ces Notes d’analyse ?

Parlant du “tourbillon crisique”, il s’agit pour nous d’un concept de la fin d’une ère, ou, plus dramatiquement dit, d’un concept d’une sorte de “fin des Temps” si l’on considère, comme nous le professons, que la Grande Crise (Grande Crise d’Effondrement du Système, ou GCES) que nous vivons est celle de l’effondrement d’une civilisation, – de notre civilisation devenue, avec la modernité et jusqu’à notre modernité-tardive, “contre-civilisation”. Ainsi nous semble-t-il qu’une présentation allégée du sujet Glossaire.dde de ce concept du “tourbillon crisique” engagera les hésitants à lire ce sujet, et donnera bonne conscience en les informant un peu aux pressés qui, de toutes les façons, n’avaient pas l’intention de lire ce texte par manque de temps ou manque d’autre chose.

Pour notre compte, enfin, ce redoublement du texte par des Notes d’analyse allégées pourrait faire mesurer à certains toute l’importance que nous accordons au concept. Ils mesureraient juste et bien.

Appréciation générale du “tourbillon crisique”

Le “tourbillon crisique” s’impose, selon notre approche générale et compte tenu des circonstances présentes de la Grande Crise d’Effondrement du Système (GCES), comme un concept opérationnel fondamental. La raison en est qu’il constitue pour nous le mouvement crisique ultime conduisant et réalisant opérationnellement cette Grande Crise à son terme ultime, qui est effectivement l’effondrement du Système.

Il s’agit là, certes, d’une hypothèse intellectuelle, mais nous la ressentons comme fortement renforcée par une perception intuitive du phénomène. Comme beaucoup, même si selon des façons différentes et souvent sans identification consciente de la cause, nous ressentons la pression formidable que les événements infiniment amplifiés par la communication exercent sur nos psychologies. Ce “tourbillon crisique” n’est pas, comme une guerre, comme une révolution, etc., un événement d’abord caractérisé par la violence physique (avec l’effet psychologique), mais par la violence psychologique d’une intensité au moins aussi forte, et peut-être même (c’est notre avis) plus forte que l’effet obtenu par la violence physique.

(Pour cette raison de l’omniprésence de la perception et de la psychologie, le système de la communication, qui a pris dans notre-civilisation une place absolument colossale jusqu’à l’exclusivité de constituer la seule force qui compte, est le moteur formidable de cette séquence, et du “tourbillon crisique” par conséquent. Dans le Glossaire.dde, nous écrivons : « Il doit ainsi être bien compris que, dans ces conditions, le système de la communication est l’opérateur direct de cette formule du “tourbillon crisique”, agissant directement sur sa constitution et ses caractères dynamiques. Le système de la communication accouche le pire et le meilleur de l’évolution du Système, selon la logique de sa fonction-Janus, – le pire, la surpuissance du Système ; le meilleur, son autodestruction. »)

Ici, nous introduisons un premier extrait du Glossaire.dde sur le sujet du “tourbillon crisique” qui donne une présentation précise de ce concept portant sur sa définition opérationnelle la plus large possible : qu’est-ce que c’est que le “tourbillon crisique” par rapport aux autres facteurs essentiels de la situation, et notamment par rapport au Système.

Premier extrait du Glossaire.dde

« Il y a un certain temps déjà, depuis juillet 2015, que nous aurions pu envisager de faire figurer le concept de “tourbillon crisique” dans cette rubrique Glossaire.dde. Dès ce texte paru le 13 juillet 2015 (‘Vertigo’), nous disposions d’éléments de réflexion et de supputation suffisants pour un tel travail. Il n’est pas plus mauvais d’avoir attendu, certes, car entretemps l’hypothèse s’est de plus en plus renforcée selon laquelle le “tourbillon crisique” représente sans doute le mouvement ultime, la “forme” ultime dans sa situation de forme fuyante, fluide et insaisissable, sa forme non pas informe mais antithétique à l’aspect structurel d’une forme ; pourtant, malgré ce caractère fuyant du point de vue de l’identification, événement d’une puissance considérable, justifiant l’importance que nous lui accordons au point que nous pourrions envisager d’affirmer que le “tourbillon crisique” a une action sur le Temps, dans le sens de sa contraction signifiant l’accélération des événements, – c’est-à-dire l’accélération décisive de l’Histoire.

» Par conséquent le phénomène crisique tel qu’il est devenu, “une forme non pas informe mais antithétique à l’aspect structurel d’une forme” ou si l’on veut une ombre invertie de la forme, s’applique parfaitement à l’évolution qui s’est faite par rapport à la situation historique d’avant la postmodernité ou ce que nous nommerions désormais plus volontiers “modernité tardive”, et qui n’était pas encore complètement achevée en juillet 2015 ; c’est-à-dire la situation d’avant le développement monstrueux que nous connaissons aujourd’hui, qui s’apparente de plus en plus à une fuite en avant surpuissante du Système se transmutant en même temps en autodestruction, essentiellement grâce à l’action du système de la communication. [...]

» ...[L]e concept de tourbillon crisique est le stade ultime de l’évolution de la situation crisique du Système, qu’il confirme que la situation crisique est l’essence même du Système et la voie nécessaire de la transmutation de sa surpuissance en autodestruction ; et peut-être qu’il est également la voie initiatique pour ce qui se passera au-delà du Système.

» De ce point de vue également, il y a le passage à une maturité, qui est celle de la dynamique d’effondrement du Système : il s’avère désormais qu’il est impossible de concevoir le Système autrement que comme une situation crisique, et sa dynamique de surpuissance implique une évolution vers autant de paroxysme(s) qu’il faudra à cette situation crisique pour qu’il (le Système) parvienne au terme de son destin, à l’ultimité de sa surpuissance transmutée en autodestruction. Le “tourbillon crisique” est la formule, la forme et la dynamique qui règlent tout cela.

» Nous réaffirmons donc l’inéluctabilité de l’autodestruction du Système, avec le tourbillon crisique comme dynamique structurelle dans ce sens. Le caractère principal du tourbillon crisique est alors son impossibilité de disparaître avant que le Système n’ait achevé son autodestruction. Les deux sont inéluctablement liés. Comme il y a “la révolution [qui] dévore ses enfants”, vieux trucs de notre histoire pré-postmodernité et déjà de la “modernité tardive”, où les “enfants de la révolution” sont effectivement des productions de la révolution et non le contraire ; de même y a-t-il “la dynamique crisique parvenue au stade du tourbillon crisique qui dévore le Système comme s’il [le Système] était sa principale production”. »

Rôle et nécessité du “tourbillon crisique”

Le principal rôle du “tourbillon crisique” est celui d’une gestion générale des crises de façon à en stocker le plus possible, en les empêchant de trouver une issue qui serait nécessairement leur terme, par conséquent en leur permettant de se poursuivre. Il s’agit en effet de les alimenter et de contribuer ainsi, en permettant leur continuité, à accélérer la puissance et l’effet du “tourbillon crisique” lui-même, – tout cela, bien entendu, contre le Système. Il y a une sorte de contribution réciproque : les crises sont alimentées et poursuivies grâce à la dynamique du “tourbillon crisique“, et en même temps le “tourbillon crisique” se nourrit d’elles pour renforcer et accélérer sa propre dynamique. On comprend par conséquent, par simple logique de description, que le “tourbillon crisique” est la dynamique idéale qui permet la contraction du Temps et l’accélération de l’Histoire, en-dedans de lui et au-dehors de lui, contre le Système.

On trouve dans le sujet du Glossaire-dde tous les éléments permettant de comprendre le développement, le rôle et les effets du “tourbillon crisique”, y compris et même surtout sur le plan opérationnel. Il s’agit de  l’historique du concept pour notre compte, dès lors qu’il prend forme dans la première partie de l’année 2015, dans la dynamique de la crise ukrainienne puis de la crise grecque comme points de rassemblement et d’exacerbation des autres crises, pour s’exposer dans toutes sa puissance dans la crise de l’américanisme qui prend son élan avec la candidature de Trump à l’été 2015 ; il s’agit du constat des effets de tous ces événements et du “tourbillon crisique” qu’ils forment et ne cessent de renforcer sur la psychologie ; il s’agit de sa correspondance fondamentale et de plus en plus systématique jusqu’à une identification complète avec le phénomène antiSystème...

De cette façon, on arrive très rapidement au constat que ce “tourbillon crisique” constitue une parfaite représentation de la Grande Crise, dans sa conception, dans son orientation, dans sa dynamique, et surtout dans ce que nous nommerions avec quelque ironie “son sens” même, qui est évidemment une “absence de sens” rencontrant parfaitement la dynamique du Système. Par conséquent, le “tourbillon crisique” embrasse et intègre le Système dans son entièreté mais bien entendu selon une attitude résolument antagoniste qui est celle de la recherche de la destruction du Système, réalisant ainsi parfaitement notre équation fameuse de la transmutation de la surpuissance en autodestruction... Opérationnellement, le “tourbillon crisique ” est la réplique opérationnelle et absolument antagoniste du Système, en fournissant l’impulsion garantissant que sa surpuissance débouche sur l’autodestruction...

Ici, nous donnons un second extrait du Gossaire.dde, qui est la conclusion du sujet.

Deuxième extrait du Glossaire.dde

« Pour nous, le concept de “tourbillon crisique” est particulièrement important parce qu’il constitue la forme ultime, le concept dynamique du “comment” de la GCES : “Comment la crise arrivera-t-elle à son paroxysme, c’est-à-dire à l’effondrement”. Il faut garder cette caractérisation de “forme” (“forme ultime”) bien que le “tourbillon crisique” soit justement “informe”, en constant mouvement, sans aucun sens, etc. Cela correspond parfaitement au caractère généralisé de l’inversion qui caractérise l’ère que nous vivons, l’époque de la modernité tardive, ou de la “basse-modernité”. (La forme idéale en est une complète informité, ou forme devenu entropie.) Le “tourbillon crisique” est le concept essentiel et bientôt exclusif de la dynamique de l’effondrement du Système.

» Notre idée intuitive est celle-ci : quand le volume et la densité du Temps-crisique (en état de compression) qu’accueille et entretient le “tourbillon crisique” dépassera le volume et la densité du temps-Système, le basculement se fera effectivement, et avec lui l’effondrement. Nous parlons d’un processus extrêmement rapide et puissant (l'Histoire en pleine accélération), en train de se faire, en train d’arriver à son terme.

» Une mesure de cette rapidité et de cette puissance peut être appréciée dans le simple fait que, dans les années 1990, après la chute de l’URSS, le temps-Système semblait exercer une domination absolue. C’était le temps où un ministre français définissait les USA, qui constituent bien entendu le cœur et la matrice du Système, comme l’“hyperpuissance”, et cela durant à peu près jusqu’aux élucubrations des soi-disant manipulateurs de cette puissance, de ces “élucubristes” comme on pourrait les nommer, affirmant que l’“histoire objective” n’existait plus en tant que telle, que c’étaient eux qui définissaient et fabriquaient l’“histoire objective”, désormais maîtres de l’Histoire et du Temps : “Nous sommes un empire maintenant et quand nous agissons nous créons notre propre réalité. Et alors que vous étudierez cette réalité, – judicieusement, si vous voulez, – nous agirons de nouveau, créant d’autres nouvelles réalités, que vous pourrez à nouveau étudier, et c’est ainsi que continuerons les choses. Nous sommes [les créateurs] de l’histoire... Et vous, vous tous, il ne vous restera qu’à étudier ce que nous avons [créé].”

» Cela était dit en 2002, dans le vertige de l’attaque du 11 septembre 2001, et cela durant jusqu’à la fièvre de l’attaque de l’Irak en mars 2003. Ces fous accablés d’un hybris de qualité douteuse et frelatée, fabriquant un simulacre vulgaire, du type en-toc, mi-Hollywood mi-“D.C.-la-folle”, ils ne doutaient de rien ; ils ne se doutaient pas une seconde qu’au contraire ils avaient déclenché un terrible mécanisme de contraction du Temps et d’accélération de l’Histoire conduisant jusqu’au “tourbillon crisique”, qui n’aurait de cesse de serrer le Système à la gorge jusqu’à ce qu’il rende l’âme, – à supposer qu’il en ait une. Notre pari pascalien est qu’il (le Système) est en bonne voie de rendre l’âme, – puisque nous supposons qu’il en a fabriqué également un, de simulacre d’âme. L’effondrement est aussi celui du Simulacre-final. »

Explorateur pour ouvrir des portes

Il s’agit donc de bien fixer les enjeux intellectuels de ce travail pour notre compte. Il est essentiel de comprendre qu’avec le “tourbillon crisique”, nous voyons se justifier, pour la première fois, l’hypothèse qu'un concept, ce concept, pourrait constituer la forme et la dynamique opérationnelle, comme l’on dirait presque “en temps réel”, de l’effondrement du Système. Il s’agit d’une immense audace intellectuelle même si nous n’en sommes qu’au stade de l’hypothèse, parce que cette hypothèse concerne non plus une situation théorique ou abstraite, mais une dynamique opérationnelle dont il nous semble que nous voyons tous les jours les extraordinaires manifestations.

Ce que nous essayons au travers de la formation, de l’identification et de l’exploration de ce concept, c’est de tenter de comprendre une époque qui est totalement incompréhensible à notre raison-seule (surtout subvertie !) et aux instruments qu’elle nous offre. Il s’agit d’un travail d’explorateur dans ce que l’explorateur peut avoir d’audacieux, d’ouvert à l’inconnu, du refus de restrictions imposées à sa perception et à ce qu’en peut obtenir l’esprit. C’est ainsi que l’on découvre, d’ailleurs par inadvertance, comme Colomb sinon en aveugle, – que l’on découvre des Nouveaux-Mondes.

Cela se fait au risque que l’on déboulonne un jour les statues que nul n’aura érigée à notre intention, et que l’on soit accusé d’être des colonisateurs d’une colonisation qui ne se fit jamais, – puisque notre travail n’est pas d’annexer ou de fabriquer quelque chose mais de tenter d’ouvrir des portes fermées, ou, plutôt et peut-être bien, qui ont été refermées... Car, bien entendu, si l’on se fait explorateur c’est pour s’évader d’une prison où l’on nous a mis ; c’est bien entendu pour échapper à toutes les jérémiades et les pleurnicheries qui semblent n'avoir nulle fin, qui sont la marque de cet affectivisme constituant le grand déploiement “intellectuel” de cette époque d’exception ; cette époque d’une bassesse, d’un désordre et d’une stérilité crépusculaires, où même les courtisans et les courds qui font profession dde l'adorer en sont arrivés à ne rien imaginer d’autre que l’hystérie pour la supporter.