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145426 février 2017 – Dans une très longue analyse (Strategic-culture.org des 14 février et 21 février) d’un intérêt certain sur ce qu’on doit nommer par respect des conventions la “politique extérieure” de Trump, l’analyste Federico Pieraccini commence, après l’introduction par quelques images rapides de certains “actes” de politique extérieure de Trump, par un second paragraphe introduisant la remarque que Trump utilise la “tactique habituelle” de parler beaucoup et de n’agir que fort peu. Pieraccini remarque aussitôt que la politique extérieure des USA est devenue, au moins dans les 15 dernières années, un tel désordre incompréhensible, voire une telle paralysie incompréhensible selon notre point de vue, qu’il s’agit là de “la meilleure chose qu’on puisse faire”, – justement, de ne rien faire ! Le meilleur “acte” étant justement de n’en point poser... Il s’agit donc d’une “stratégie de l’inaction”.
« Tensions continue to rise unabated in the first two weeks of Donald Trump’s presidency, as more decisions come across Trump’s table. While we have seen many executive orders and pieces of legislation, most regard domestic politics, which is a core focus of the Trump presidency. On the other hand, in foreign policy, Trump seems to be using the common tactic of many politicians, which involves much talk and little action. Since US foreign policy has been a mess for quite some time, militating against common sense, taking little action can actually be a positive thing, the best thing a US president has been able to do in almost thirty years! If there is one thing that is clear to everyone about Trump’s way of doing things following two weeks in office, it is that it is completely different from his predecessor, especially in relation to the press and his willingness to engage with it. »
Face à cette inaction, donc, il y a beaucoup de paroles, mais souvent à l’emporte-pièce (tweets du président) et qui ne craignent certainement pas la contradiction. Dans certains cas, mieux encore, le silence règne. Le cas en pointe est cette crise syrienne qui n’a cessé de nous hanter, de nous accabler, de susciter des polémiques incroyables et furieuses, des échanges d’accusations qui ont semblé parfois nous amener proches de la guerre générale sinon mondiale. Il suffit de songer à l’activité diplomatique autour de la Syrie dans les années 2012-2013, la mobilisation des ministres spécialisés de l'affaire au sein du bloc-BAO, des ONG, des médias, et ainsi de suite ; ce tonitruant “bruit de fond“ qui a constitué le socle de la narrative du bloc-BAO et a entretenu une tension psychologique avec de nombreux pics paroxystiques où la psychologie atteignait une hystérie remarquable, où les ministres eux-mêmes (Clinton, Fabius, etc.) versaient complètement dans l’affectivisme ...
Aujourd’hui, silence complet, y compris et surtout de la part des zélés médias de la presseSystème qui, conformément à ce qui vient d’être rappelé pour 2012-2013, avec quelques “piqures de rappel” (quelques jours en automne de 2016 à propos de la bataille d’Alep) déversèrent des tonnes d’anathèmes, de fureur et de larmes humanitaires. Mais, dit sagement Pieraccini, « un manque d’attention des médias [de la presseSystème] est actuellement la meilleure chose que nous puissions espérer pour le peuple syrien ».
Voici donc la “stratégie du silence” en plus de la “stratégie de l’inaction” de Trump, selon Pieraccini :
« Another important part of Trump’s policy of silence involves Syria. Since becoming president, Trump has rendered events in Syria irrelevant, making the issue disappear from the media radar. Thanks to Trump’s guerrilla tactics, lobbing smoke grenades hither and tither and signing two executive orders a day, the media simply does not have the time and perseverance to keep up with everything. One of the sacrificial victims has been the reality in Syria; but a lack of attention from the mainstream media is currently the best hope that we can desire for the Syrian people.
» Trump’s attitude seems to be deliberately cautious and silent about developments in that nation. The situation in Syria is firmly in Russian hands, and what seems to be occurr is an indirect coordination between Washington and Moscow against Daesh in the country. The silence from Trump certainly irritated the most radical and extreme wing of the deep state, but any attempt to sabotage this progress in Syria now seems to be wrecked thanks to the inaction of the Trump administration and the actions of Moscow. The final coup de grace would be to openly cooperate or act in joint US-Russia actions to defeat terrorism in the region. »
L’expression complète pour décrire la stratégie trumpiste concernant la Syrie doit donc être amendée et complétée, pour nous offrir l’expression de “stratégie de l’inaction et du silence” pour ce qui concerne la Syrie. Il semble d’un certain point de vue qui n’est que l’écho d’une appréciation subjective parmi d’autres, que ce cas n’empêche nullement une certaine évolution, qui paraîtrait à ceux qui se sont attachés aux diverses postures de communication et à l’antirussisme maximaliste qui caractérise le paysage de la communication dominant à Washington (et dans le reste du bloc-BAO) comme un formidable tournant vers un rapprochement américano-russe. Il s’agit d’abord, très simplement, d’une certaine mise en ordre d’une situation politique des USA paralysée dans le désordre complet, telle qu’héritée de l’administration Obama.
Ainsi, Jason Ditz, de Antiwar.com, décrit-il le 24 février l’évolution sur le terrain en Syrie, où les forces US ont entrepris, ou plutôt accéléré un processus déjà entrepris dit de deconfliction : il s’agit de mettre en place des processus pour réduire les possibilités de situations conflictuelles involontaires entre forces US et forces russes, essentiellement aériennes... Dira-t-on une situation “dé-conflictuelle”, ou une “déconflictuallisation” pour “deconfliction” ? Quoi qu’il en soit, le paradoxe assez abusif sinon absurde est que cette opération de simple coordination prend l’allure d’une coopération par simple confrontation des situations de narrative. Voici comment...
La politique de l’OTAN est basée elle aussi et bien entendu sur une narrative antirussiste, mais celle-ci au contraire du théâtre syrien restée en mode complètement paroxystique-hystérique, notamment sous la pression des pays de l’OTAN antirusses d’Europe de l’Est. Par conséquent et à la lumière étrange de cette “réalité” complètement simulacre, ce qui, en Syrie, est coordination pour “déconflictualiser” devient selon cette perception-OTAN coopération avec les nécessités techniques à cet égard : une déconflictuallisation nécessité un échange d’informations qui transforme effectivement, par rapport à l’OTAN où l’on ne cesse de réduire l’échange d’informations avec la Russie, une coordination en coopération... Le tour est joué pour ce qui est de la perception : ainsi les USA et la Russie semblent-ils, à la lumière de la confrontation des diverses narrative et quoi qu’il en soit de la “réalité”, suivre une coopération qui ressemble bien à une alliance de circonstance ; et il s’agit alors de notre vérité-de-situation, – oui, les USA et la Russie sont devenus alliés de circonstance en Syrie.
Pour renforcer notre édification, voici le texte de Jason Ditz :
« US generals have been pushing for increased military coordination with Russia for some time, and are pushing for a new round of deconfliction talks with Russia centered on Iraq and Syria, hoping to limit the risk of US and Russian planes entering the same airspace and getting in each other’s way.
» [...T]he Pentagon is selling it as necessary to protect the pilots from mid-air collision from just happening to smack into Russian planes mid-air, though officials say they’ve had previous incidents where they had to abandon planned strikes because Russia was already carrying out attacks in the same area, and that they might be more efficient working together on what’s getting bombed.
» This is complicated by ongoing NATO efforts to reduce cooperation with Russia in every way possible, which is severely limiting the amount of information sharing the two nations are participating in within Syria. Officials concede that the new deconfliction would risk looking like further collaboration. Which is kind of the point, as some of the Pentagon leadership has been complaining the situation has gone too far, noting that the US and Russian militaries always had direct communication available during the Cold War, in a way that has recently become politically unpopular. »
Pour autant, peut-on en rester là et dire que la politique US en Syrie n’évolue que par comparaison avec l’encalminage hystérique que l’exceptionnel président Obama, – même les commentateurs US s’aperçoivent qu’on voudrait tant en faire un candidat pour les présidentielles françaises, il est si bon, – donc que l'exceptionnel-président nous a laissé comme une partie très-précieuse de son “legs” ? Le colonel Patrick Lang, ancien de la DIA et actuel animateur de son site STT (Sic Transit Tyrannis), pense pour sa part que les choses avancent, avec la discrétion de l’absence de paroles et de l’action suscitée par l’inaction. Lang suit attentivement la situation en Syrie et, à partir de ses sources, il connecte diverses confidences ou nouvelles connues pour en tirer la conclusion, – IMO (In My Opinion, comme il dit), – que la coopération de facto entre les USA et la Russie est désormais une réalité extrêmement sérieuse. Il y ajoute même une touche exotique et européenne pour la question de la crise ukrainienne, suggérant ce qui serait une piste (référendum cautionné par l’ONU) suivie par le côté US pour arriver à dégager l’impasse de la Crimée qui fait obstacle à la levée des sanctions antirusses... “Nous allons vers des jours meilleurs”, pense le colonel Lang.
« IMO there are signs of hope in US/Russian relations.
» 1. General Dunford, USMC, the uniformed head of the US armed forces, is meeting the week at Baku in Azarbaijan with General Gerasimov, the head of the Russian General Staff.
» 2. My sources tell me that US and Russian air forces are increasingly coordinating and de-conflicting their air actions in Syria and Iraq. This can clearly be seen in USAF and US Navy air attacks on "moderate" (in fact jihadi forces) in Idlib Province. these obviously have been coordinated with Russian air defenses.
» 3. The CIA has stopped providing assistance to aforesaid "moderate" jihadi and FSA forces in Syria. They would not have done that without instructions from outside and above CIA.
All of that tells me that sanity reigns in the Trump Administration no matter what lunatics like Schumer, Waters and McCain may do, think or say. The agitprop campaign being run by the Clinton and Obama inspired forces is failing. Sanctions against Russia can be dealt with by something like a Russian proposal for a plebiscite under UN to determine the desires of Crimeans as to which country they want to be in. Poroschenko in Kiev could hardly refuse to participate. The neocons made him utterly dependent on the US.
» Look for better days. »
A l’inverse peut-être et même sans aucun doute de cette dynamique qui tend à suggérer des relations fructueuses quoique passives entre les USA et la Russie en Syrie et dans la région, il y a une interprétation spécifique du raid du 24 février de plusieurq F-16 irakiens contre un objectif de Daesh en Syrie, – une première opérationnelle, cette intervention aérienne irakienne en Syrie. Chacun y a vu aussitôt une action suscitée par les USA, selon l’idée que les USA contrôlent tout en Irak ; mais cette hypothèse est aussitôt battue en brèche par la suggestion que peut-être Washington D.C., dans l’état de désordre où il se trouve, ne sait plus exactement ce qu’il contrôle, y compris en Irak, et pas plus les raids des précieux F-16 livrés à l'Irak.
Cette nouvelle observation est suscitée par l’analyse de DEBKAFiles du 25 février, qui note que les officiels irakiens (premier ministre, ministre de la défense), affirmant leur volonté d’attaquer les terroristes partout où c’est possible, affirment qu'ils ont agi en coordination avec l’Iran, la Syrie et la Russie dans cette attaque, avec échange de renseignement ; dans ces déclarations, aucune mention n'est faite des USA. Non sans cette certaine satisfaction qu’on constate désormais du côté israélien lorsqu’on suppose des déboires US dans la région, DEBKAFiles développe son analyse autour de cette question de l’implication des USA : informés de cette attaque et n’ayant rien à y redire, ou bien non-informés parce que leur rôle ne cesse de s’amenuiser dans la région... Manifestement, l’analyse s’attache avec une réelle complaisance à cette hypothèse de la marginalisation des USA.
« If indeed President Donald Trump gave a quiet nod to the four-way Russian-Iranian-Syrian-Iraqi military partnership for fighting this enemy, it would signify the start of US-Russian cooperation for the war on Islamic terror in the Middle East and mean that the two powers were running local forces hand in hand.
» But if the Iraqis chose to work in conjunction with Moscow and Tehran, cutting Ameica out, that is a completely different matter. It would indicate that President Vladimir Putin, having noted Trump’s difficulties in lining up his team for a deal with Moscow - and the opposition to this deal he faces from his intelligence agencies - had given up on the US option and was going forward in Syria and Iraq with Tehran instead. The Iraqi prime minister’s actions in this regard must have been critical. He may be playing a double game – working with the US commander in Iraq and Syria, Lt. Gen. Stephen Townsend, for the capture Mosul from the jihadis, while at the same time, using Russian and Iranian partners on other anti-ISIS fronts.
» DEBKAfile’s military and counterterrorism sources say that in any event the Iraqi air strike presented a major affront to President Donald Trump’s avowed determination to fight radical Islamic terror to the finish. Its timing is unfortunate: Defense Secretary Gen. James Mattis and Joint Chiefs of Staff Chairman Gen. Joseph Dunford are due Monday to submit the review the president commissioned from the Pentagon on policy planning for Syria and the war on terror. Trump’s foreign policy address to Congress is scheduled for the next day. If the Pentagon’s recommendations hinge on the enlistment of regional military strength for the campaign against ISIS, then Moscow will be seen to have snatched the initiative first.
» There are more signs that the war on ISIS may be running away from Washington. The Trump administration has made it clear that it objects to any role for the Turkish army in the offensive to capture Raqqa from ISIS. However, on Saturday, Turkish Foreign Minister Mevlut Cavusoglu, after hailing the victory of the Turkish army over ISIS in the northern Syrian town of Al-Bab, announced that Turkey was planning to lead an operation for the recovery of Raqqa, in cooperation with... France, Britain and Germany, after holding consultations with their representatives. America was not mentioned. »
Partout, à peu près partout sauf peut-être en Russie, et dans tous les domaines, les situations intérieures interfèrent dans des politiques extérieures absolument gangrenées elles-mêmes par l’empilement des narrative et la désintégration de la “réalité”. Nulle part, bien entendu, l’observation n’a autant de force que dans le cas de la situation des USA. Aujourd’hui, cette situation est devenue complètement caractéristique de la soi-disant “politique” de cette puissance, comme on l’a vu plus haut. Il s’agit bien du sujet central de cette analyse ; aucune affirmation sur la situation générale (ce qu’on nomme en général “politique extérieure”) ne peut être posée sans avancer cette réserve de l’effet de la politique intérieure, voire de sa prépondérance décisive et fondamentale... La politique extérieure est complètement tenue en otage, ou manipulée, ou marginalisée c’est selon, – et ce dernier terme aura certainement notre préférence, – de façon à laisser les mains libres et toute l’attention requise par les développements de la situation intérieure.
L’état de l’esprit marque qu’on s’incline de plus en plus devant cette évidence. Il commence à y avoir dans une certaine catégorie d’analystes ce même réflexe de soumettre le jugement sur la politique extérieure aux impératifs fondamentaux de politique intérieure ; cela est, selon nous, absolument nécessaire et fondamental pour comprendre l’évolution générale.
(Nous ne cessons effectivement de répéter cela, qui nous paraît de plus en plus évident, comme le 20 février : « Le problème est que Trump, plus que jamais en posture d’affrontement avec l’establishment (le Système), a son front principal à l’intérieur et que sa “politique extérieure” n’est qu’un instrument tactique pour cette bataille intérieure. [...] Rien n’est joué à Washington D.C. et rien ne le sera avant longtemps, si même le jeu se termine selon les règles et non pas, plus abruptement, par un retrait brutal des joueurs qui se détestent et qui ne voudraient plus respecter ces règles qui les tiennent et les contraignent dans un ensemble commun. Il faut noter que, pour son premier discours public depuis sa prise de fonction, à Melbourne, en Floride, Trump est resté cantonné sur l’aéroport de Melbourne, – où il y eut tout de même 9.000 personnes, – par mesure de sécurité, sur recommandation des services chargés de sa protection. [...] Ces diverses précisions mesurent l’alourdissement constant du climat aux USA, où l’expression de “guerre civile” n’est plus tout à fait d’un emploi dérisoire. C’est pour cette raison, en mettant l’accent sur l’aspect fondamental pour lui [Trump] de sa situation intérieure, que nous jugeons que la situation extérieure, et par conséquent sa politique extérieure, sont par la force d’une logique contradictoire, tout à fait secondaires. »)
• Par exemple, dans un texte d’analyse sur cette attaque irakienne en Syrie aussi complexe que le lieu commun de “l’Orient compliqué“ immensément augmenté du désordre postmoderne, Adam Gurrie, de TheDuran.com glisse cette phrase sur la possibilité d’un changement de politique US en Irak, avec la partie qui nous importe soulignée par nous en gras, où paradoxalement la même situation d’absence des USA est présentée exactement selon l’appréciation contraire de la version donnée par DEBKAFiles un jour plus tard, après que des officiels irakiens aient parlé... « A nation as politically compromised as Iraq cannot yet be a full ally to Syria. Iraq’s military is too heavily dependent on Syria’s enemies to make this so. Donald Trump could, of course, change all this, but he has his own battles with the deep state at home which will take a great deal of time to win, if he can even win them. »
(En complément de cette extrême complication et pour la compliquer encore un peu plus, on notera que le texte de Gurrie est suivi, quelques heures plus tard, par un texte de Mercouris, sur le même site TheDuran.com [dont Mercouris est l’éditeur], qui prend une position à peu près inverse dans l’esprit de la chose en jugeant que ce raid irakien était légal du point de vue international, et sans doute réalisé dans l’intérêt même du gouvernement syrien, sinon avec son approbation... Il n’est plus guère question des USA !)
• Le 26 février dans UNZ.com, le Saker US fait la même analyse quant à l’importance capitale des interférences d'une situation interne quasiment révolutionnaire aux USA, en se référant au même discours de Trump sur l’aéroport de Melbourne, en Floride, signalé plus haut dans l’extrait de notre texte ; et il le fait pour s’en féliciter, sans la moindre illusion sur l’orientation extérieure que prendrait Trump s’il avait les mains libres (“tant que les élites US se bagarrent à l’intérieur, elles ne travaillent plus à développer le désordre extérieur”) : « This week I got the feeling that Trump was reaching out and directly seeking for the support to the American people. I think he will get it if needed. If this is so, then the focus of his Presidency will be less on foreign affairs, where the US will be mostly paralyzed, than on internal US politics were he still might make a difference. On Russia the Neocons have basically beaten Trump – he won’t have the means to engage in any big negotiating with Vladimir Putin. But, at least, neither will he constantly be trying to make things worse. The more the US elites fight each other, the less venom they will have left for the rest of mankind. Thank God for small favors... »
Il nous faut donc décisivement modifier l’état de notre esprit pour continuer à espérer émettre des jugements tenables dans cette fournaise de la communication qu’est devenue la scène générale de la politique mondiale. Ces diverses notations, observations et extraits, prétendant éclairer l’état de la crise syrienne et la politique US dans cette crise, n’ont fait que l’obscurcir davantage, – hyper-complication de l’“Orient compliqué”, – et surtout, elles n'ont fait que nous convaincre davantage qu’aujourd’hui l’importance de la politique extérieure décroît rapidement. A cette aune, quelle importance que les neocons parviennent à placer leurs hommes et dames ici et là ?
Il est devenu bien plus important pour nous d’apprendre que le président Trump n’assistera pas au dîner annuel des journalistes accrédités à la Maison-Blanche que de savoir si le raid irakien était connu et approuvé par les USA ou non ; parce que la décision de Trump, sans précédent pour un président, marque un degré de plus dans l’escalade de la guerre Trump-versus-presseSystème, et que cette guerre-là, toute intérieure aux USA, est bien plus importante que la position stratégique US en Syrie, voire même que les relations des USA avec la Russie...
L’on comprend aussitôt, à cette lumière, comment le président Trump, quoi qu’il veuille et quelle que soit sa position vis-à-vis du Système sur les choses qui se constituaient jusqu’alors dans les “grandes options” de la politiqueSystème, est plus que jamais antiSystème simplement parce qu’il est ce qu’il est et parce que sa personne autant que les intentions qu’on lui prête provoquent chez ceux qui se sont opposés à lui une durabilité extraordinaire de leur vindicte. A l’aune d’une époque marquée jusqu’à l’écrasement de toute autre force, par la puissance de la communication, la guerre Trump-versus-presseSystème est un événement central alimentant une quasi-“guerre civile” aux USA. La Syrie et le Moyen-Orient en feu sont bien loin de leurs esprits.
Nous sommes sur le territoire inconnu, – terra incognita, – de la Grande Crise générale de notre civilisation, ou Grande Crise d’effondrement du Système. Il faut comprendre que nous avons tout à apprendre des étranges voies et moyens par lesquels se manifeste cet événement. Ce qui s’impose comme essentiel par rapport à ce qui devient accessoire, dans le défilé des événements qui se développent d’une façon indépendante et avec une puissance inouïe, constitue de plus en plus un motif constant de surprise et de contrepied pour l’esprit. Il s’agit de tenir dans ce tangage démentiel, dans ces changements brutaux d’orientation, dans ces développements qui abandonnent brutalement les schémas convenus, si possible sans céder au classique mal de mer ni au vertige.
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