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200316 juin 2016 – L’un et l’autre représentent “le Diable” (Devil) pour des fractions importantes de l’opinion internationale. Israël et la Russie ne sont pas aimés, et sont même détestés pour des raisons diverses dans ces “fractions importantes”. Ceux qui éprouvent de tels sentiments pour l’un ou l’autre pays pensent que rien ne les fera jamais revenir sur leurs jugements. Ils jugent également que ces deux pays défient cette détestation, parfois avec cynisme, parfois avec brutalité. D’une façon générale les deux pays constituent les causes et les foyers de passions furieuses et intenses et, même s’ils se situent dans des groupes de pays qui se prétendent leurs alliés, qui leur sont redevables ou auxquels ils sont recevables, il existe à leur égard le sentiment qu’ils sont isolés et qu’ils conduisent une politique indépendante et d’un réalisme calculé que nombre de critiques jugent insupportables, avec parfois, dans certaines de leurs factions, des emportements où dominent des sentiments de fureur sinon d’hystérie. Bref, ces deux pays sont enfermés dans des stéréotypes dont certains aspects sont assez justes, et qui les mettent à part, mais qui d’autre part déclenchent les passions les plus vives. Nous allons tenter de nous dégager de ces stéréotypes sans qu’on nous accuse pour autant de Sympathy for the Devil...
(Nous mettons volontairement à part les procédés de communication dont ces deux pays, et surtout Israël, usent pour renforcer leur statut. Ces procédés existent et sont, en eux-mêmes, insupportables et condamnables, – le cas énorme et grotesque du lobby israélien à Washington [AIPAC] est de ceux-là, sinon lui-même stéréotype de la chose, notamment aux USA, – mais il s’agit d’abord d’un problème du système de la communication, de l’importance que le Système accorde à la communication, à la corruption et à la terrorisation qui l’accompagnent. Ce n’est pas le problème de l’une ou l’autre nation, c’est l’un des problèmes inhérents au Système et à ses actes de déstructuration et de dissolution.)
On peut difficilement écrire sur ces relations entre Israël et la Russie, impliquant qu’on perçoit une évolution de l’une ou (et) de l’autre qui ne soit pas diabolique, sans aussitôt recevoir quelques clous de bonne taille pour le pilori qui nous est réservé. (Exemple le plus récent où nous parlions de cette relation, le 9 juin, nous reçûmes un commentaires que nous appréciâmes par ailleurs comme “[exsudant] en quelques courtes phrase une sympathique estime pour notre site”, sous le titre « Le confort bourgeois des lâches et des imbéciles » : « Finalement, vous ne faites que vous cachez derrière les mots de “système” et “antisystème” et l'utilisation de superlatifs à en vomir. Ce titre vous va si bien. Salutation nauséeuse. » C’est dire qu’on enrage puisqu’on perd toute estime pour le genre sapiens à lire ces choses... Mais cela ne va pas plus loin qu’un instant, à mesure de la pseudo-agression qui n’est finalement qu’un spasme d’aigreur de digestion.)
Nous nous engageons donc dans une tâche difficile, malgré notre attention proclamée et notre “confort bourgeois”, d’écarter les rages, les horreurs, les condamnations, les accusations déversées contre ces deux pays ; c’est-à-dire, cette tâche difficile, de les juger hors de toute morale, non pas parce que la morale est inutile et condamnable, mais parce que la morale exige la capacité de la perception commune de la réalité par tous pour s’exprimer, — ce devrait être le principe de base déterminant l’utilisation ou non de la morale, – et que nous estimons que cette réalité n’existe plus, en tant qu’objet d’une perception commune.
(La morale exigeant à notre sens “la capacité de la perception commune de la réalité” pour s’exprimer, — de la réalité et non de la vérité qui dépend, elle, des principes, – il est possible, sinon impératif d’avancer dans l’analyse et le jugement sans se référer à la morale mais en montant pour la référence à l’étage supérieur du principe. Dans le cas contraire, la fausse morale nous paralyse et nous cantonne dans l’invective [voir la “sympathique estime...”, etc.], puis dans l’affectivisme, dans les dérives sociétales, dans l’individualisme, etc., comme toute la chute de notre contre-civilisation déploie de catastrophique références tenues comme principes [ou “valeurs”, selon une définition faussaires pour nous] en déploie de plus en plus, – tout cela parce qu’elle n’est plus enfanté par son créateur suprême et exclusif [le principe] mais par ses créateurs pervertis que sont l’idéologie et la corruption de la psychologie qui va avec nécessairement. Nous remontons donc à la seule chose fondamentale qu’est le principe, que l’on retrouve dans les vérités-de-situation.)
Cela fixé, passons aux circonstances dites-“opérationnelles”.
Cela fait maintenant deux bonnes années qu’un courant, non pas nouveau, mais plus extraordinairement puissant qu’il n’avait coutume d’être, se manifeste entre Israël et la Russie. Ces deux pays, que tout devrait séparer si l’on s’en tient à leurs alliances habituelles, ont quelque chose de “spécial” entre eux, et quelque chose qui n’a pas grand’chose à voir avec l’habituelle rhétorique, devenue rhétorique-Système pour l’essentiel, de l’antisémitisme et ses manipulations diverses. Le 14 avril 2014, nous citions un aide du sénateur McCain, donc une source pas précisément favorable à la Russie et à un rapprochement russo-israélien, et encore traitant un sujet bien spécifique et nullement une relation générale, qui utilise les termes correspondant à notre idée :
« We just don’t know the underlying nature of the Israeli-Russia relationship. It’s incredibly complex with secret intelligence deals going on, trade-offs for what Russia will or won’t do with Iran... »
A cette époque précisément, où la crise ukrainienne débutait en fanfare, Israël avait marqué sa différence en s’abstenant de voter la condamnation de la Russie pour le rattachement de la Crimée, lors d’un vote de l’Assemblée Générale de l’ONU. Obama, le POTUS-moral et donc –Système par excellence, en fut fort irrité, tout comme l’État profond US qui n’a pas l’habitude de ce genre d’incartade.
Depuis, de nombreuses occurrences ont montré la qualité et l’amélioration constante des frelations entre Israël et la Russie. L’intervention russe en Syrie a encore accéléré ce processus, ce qui pourrait paraître paradoxal à première vue si l’on juge, d’une façon irréfléchie) notre sens, que les Israéliens y ont vu une menace. Au contraire, et c’est là un point tout à fait intéressant, ils ont vu dans cette intervention un élément stabilisateur de la situation générale de la région, quelles que soient les circonstances, quels qu’aient été et que soient leurs divers “coups fourrés”, alliances de circonstance, manipulations etc. C’est une différence, dans le mode opérationnel, entre la vision stratégique (l’élément stabilisateur) et le mouvement tactique (le reste).
Bien entendu, l’effacement US a joué son rôle, puisque Israël semble toujours avoir besoin d’un allié stratégique de haute stature et de grande puissance. Pour autant, nous jugeons que les Israéliens ont rarement jugé que les USA aient été jamais, ou même fussent jamais en quelque circonstance que ce soit, un “élément stabilisateur”. Peut-être jugent-ils, justement à notre sens si c’était le cas, que les USA sont ontologiquement incapables, en raison des caractères de leur création et de leur être ontologique, d’être stabilisateurs, c’est-à-dire structurants, en quelque sorte que ce soit. Golda Meir durant la Guerre d’Octobre, Moshe Arens avec l’affaire du Lavi, même Yitzhak Rabin dont la course vers la paix palestinienne avant son assassinat put avoir lieu grâce à la petite Norvège et nullement grâce aux USA qui cherchèrent au début à bloquer le processus parce qu’il n’était pas de lui, ont pu mesurer cette dimension diabolique des USA en tant que système de l’américanisme, – ditto, Système tout court...
(On pourrait à cet égard rappeler les rapports franco-israéliens tels qu’ils existèrent du point de vue des souverainetés respectives, et donc d’un point de vue structurant. Il aurait pu en renaître quelque chose autour de 2005 si les présidents français n’étaient définitivement passés “de l’autre côté du mur” avec Sarko en 2007, c’est-à-dire définitivement devenus créatures du Système, avec la feuille de route exclusivement du type soumission-corruption-affectivisme.)
Ainsi en arrive-t-on à la visite de Netanyahou à Moscou de ces derniers jours, particulièrement solennelle et chaleureuse. Sputnik.News notamment, a donné plusieurs articles d’analyse courte, se référant à d’autres textes, qui mettent en évidence, d’une part les enjeux de cette visite, d’autre part les perspectives stratégiques des rapports entre la Russie et Israël. A notre sens, un point doit être immédiatement souligné, par son importance à la fois culturelle (et linguistique), mais aussi par signification principielle. Il a été mis en évidence avec insistance par Netanyahou lui-même dans une de ses interventions, tel que le rapporte Lenta-ru (en russe), cité également par Sputnik.News : « La visite de Netanyahou a commencé dans un climat d’enthousiasme, par des remarques flatteuses faites de chaque côté pour son partenaire. Le Premier ministre a noté que plus d’un million d’Israéliens parle le russe. Les deux ministres qui accompagnent Netanyahou dans sa visite parlent le russe par leur naissance [juifs russes]. Les autres [membres de la délégation] semblent tous parler couramment cette langue. »
La chose n’est pas une surprise, lorsqu’on lit notamment, le 12 décembre 2015, Germany Economic News (traduction en anglais par Russia Insider, le 17 décembre 2015) : « Russian President Vladimir Putin’s cooperation with Israel in Syria is not by accident. One million Russian emigres live in Israel. Considering the size of the Russia diaspora, observers believe that Putin wouldn't do anything that could potentially hurt Israel. Most admire him mainly because of his drive and determination. The Russians are returning to the Middle East as an active player. Not only are they finding a completely changed region and new Islamist forces, but also agbhnj, ;n Israel with more than one million Russian-speaking immigrants from the former Soviet Union.
» This large number of people, having arrived over the past 25 years, has changed the core of Israel. Out of their culture and history they’ve brought with them the search for a strong leader. They’ve brought with them a different concept of democracy, or the suspicion thereof; a sense national pride that surpasses national interest, and many other feathers which the experts attribute to the Homo Sovieticus.
» Many Russian political scientists are now wondering: Has Israel become a part of Russia? Even when the answer to this question is not “yes,” Israel has gone through a process of “russianization.” For Putin, this is good news at this point. »
Il s’agit d’une étrange ironie de l’histoire. L’émigration des juifs russes vers Israël a commencé en 1974-75 avec l’amendement Malik-Jackson, notamment venu du sénateur Henry Scoop Jackson, dont nombre de neocons (Richard Perle singulièrement) furent des fidèles dans leur début de carrière et se réclament de lui. Outre le but humanitaire de l’amendement, il y avait l’intention d’affaiblir l’URSS et de renforcer Israël avec le transfert d’une population de grandes capacités professionnelles. Le résultat est exactement inverse, du moins dans le constat que cette opération conduit à un renforcement de la Russie par le biais de la fidélité de cette population à ses origines russes. On doute que les neocons ni les maures de Jackson en soient satisfaits.
Plus encore, le phénomène doit être pris en compte pour la grande problématique des rapports des juifs avec leur pays d’origine et Israël. Un grand argument de l’antisémitisme est que les juifs, dans quelque pays qu’ils soient, ont un grand attachement à leur religion et à leur culture, sinon pour certains à leur ethnie, qui se serait traduit depuis la création de ce pays par une loyauté à Israël qui pourrait aller contre les intérêts de leur pays d’origine. (Cette thèse est discutable dans le passé, surtout pour les pays à forte identité : le patriotisme national des juifs français fut très souvent remarquable, comme on le vit durant la Grande Guerre et la Deuxième Guerre mondiale.) Mais dans ce cas, la thèse est complètement renversée : devenus Israéliens, les juifs d’origine russe garde un très grand attachement à la Russie, jusqu’à former un groupe d’influence pro-russe au point où l’on pourrait croire qu’ils ont gardé en eux une grande part de leur nationalité russe, notamment culturelle et linguistique (les grandes langues souveraines ont une immense importance à cet égard), qui se traduit aujourd’hui par une forte influence sur la politique israélienne.
Il s’agit effectivement d’un argument d’ordre principiel, comme nous l’avons signalé plus haut. Il concerne la Russie dont la politique est toute entière d’ordre principiel comme nous ne cessons de le souligner. Il ne touche plus guère la France dont on a vu plus haut qu’elle n’est plus dans cet ordre-là, – d’où sa crise d’une profondeur abyssale par rapport à son destin historique, – depuis que sa direction est “passée de l’autre côté du mur”.
Les commentaires de Sputnik.News cités, comme bien d’autres, envisagent donc aujourd’hui la réelle possibilité d’un grand pivotement stratégique d’Israël, passant de l’alliance stratégique US à l’alliances stratégique russe. Le 13 mai, par exemple...
« Washington's strategy towards Iran, enmity between US President Barack Obama and Prime Minister Benjamin Netanyahu, as well as Moscow's growing influence in the Middle East thanks to its anti-Daesh campaign in Syria have contributed to bringing Israel and Russia closer to each other. "You can hardly blame the Israeli government for looking north to the Russian Federation for a partnership with the new sheriff in town," Washington Times columnist L. Todd Wood asserted.
» This blooming relationship looks0more like a strategic choice than a tactical shift due to a large extent to the evolving nature of Israel's relationship with the United States. The US still gives “Israel lots of military aid, but the special relationship is gone,” he lamented. “Israel can no longer count on the United States for its ultimate security. America is no longer the protector of last resort.” »
Des détails de dispositions de coopération militaire ont été donnés par DebkaFiles, le 10 juin. Ils exposent une situation sans précédent d’un premier exercice militaire russo-israélien, notamment en Syrie (la première fois que des avions militaires israéliens se poseront officiellement sur un aéroport en territoire arabe), et de projets concernant une coopération de défense s’appliquant sur une coopération économique entre Russie et Israël pour l’exploitation des champs gaziers géants israéliens Léviathan et Tamar, en Méditerranée orientale.
« Russian President Vladimir Putin and Israeli Prime Minister Benyamin Netanyahu decided at their June 7 meeting in Moscow to deepen the military ties between the Russian and Israeli armed forces, DEBKAfile reports exclusively from is military and intelligence sources. It was a historic decision that spells the end of the IDF’s unique relationship with the US military. The head of the IDF’s military intelligence branch, Maj. Gen. Hertzi Halevi, and Mossad chief Yossi Cohen also participated in the meeting.
» Our sources report that Putin and Netanyahu decided that a joint exercise by the Israeli and Russian naval and air forces will be held this summer as part of the first stage of expanded ties. It will mark the first time in modern Middle East military history that Russian military planes take off from an Arab country, Syria’s Hmeymim airbase, and Russian warships sail out of their bases in Tartus and Latakia, for joint maneuvers with the Israeli air force and navy.
» DEBKAfile’s military sources add that, ahead of the exercise, the joint mechanism that coordinates Russian and Israeli air flights in Syrian airspace will be expanded. According to those sources, the bilateral decision for the joint war game was tied to an agreement to allow Russian gas companies to compete for contracts to develop Israel’s Leviathan and Tamar offshore gas fields... [...]
» DEBKAfile’s military sources point out that increased cooperation between the navies of the two countries could serve as a basis for regional and economic cooperation and for the defense of any future Gazprom energy infrastructure in the Mediterranean. In the long term, the combination of Russia’s massive warships and Israel’s smaller and faster vessels built for rapid response to any attack along its coast, may provide an effective defense of energy assets in the Mediterranean basin, especially in the region of Cyprus, Greece, Turkey and Israel. These assets would include shipping routes, drilling platforms, gas pipelines and undersea optic cables, among others. »
Bien évidemment, de telles perspectives impliquent des bouleversements stratégiques potentiels importants. On entre là dans la spéculation stratégique impliquant un bouleversement, ou dans tous les cas un rangement très différent des alliances stratégiques. En présentant ces quelques observations de Giancarlo Elia Valori dans Russia Insider du 14 juin, on doit prendre bien garde de souligner l’aspect de la seule spéculation, pour simplement observer combien l’évolution des relations entre Israël et la Russie libère des perspectives audacieuses, inattendues, voire incroyables et détestables pour certains. La seule constante de toutes ces réflexions, comme des remarques faites plus haut, c’est fondamentalement l’absence des USA...
« ...The Russian-Israeli negotiations also imply a Russian guarantee for Israel regarding possible Iranian military operations, the marginalization of the Lebanese Shiites’ “Party of God”, a new Assad government that does not aim to destroy the '“Zionist entity”, or the division of current Syria into three parts, with the consequent quieting of its internal factions. This is the US line, and partially also the line of some Israeli decision-makers. Russia, however, thinks that the whole of Southern Syria should go back under the Assad regime, while Israel, along with the United States, Saudi Arabia and Jordan, believes that a mini-State in Southern Syria is necessary for Assad and his Iranian allies to invade the Golan Heights.
» President Putin’s offer to the Jewish State seems to be the following: if Israel were to accept a "Greater Syria", Russian forces would remain in the Western region of the country to protect Israel against any action by Iran or Assad’s government. That is why Russia wants to reopen political relations between Assad and Israel, to draw the Baathist government away from Iran’s and the Lebanese Shiites’ geopolitical line, which is not even in its interest... »
Au risque assumé de nous répéter, il nous semble absolument nécessaire de considérer toutes ces supputations et observations, à partir d’une situation néanmoins réelle (rapprochement Israël-Russie) hors de tout contexte idéologique d’une part, hors de tout contexte géopolitique d’autre part. Il est vrai que, pour beaucoup, Netanyahou et sa politique constituent des faits politiques peu ragoûtants ; pour autant, on ne peut non plus oublier que la situation politique israélienne est en pleine évolution et que les positions de chefs militaires et de sécurité découvrent chaque jour des positions inattendues ou intéressantes. Il est vrai également que l’un des grands arguments des géopoliticiens antiSystème est l’axe Moscou-Téhéran-Damas/Hezbollah, sinon les BRICS et que tous les rangements ne s’y retrouvent plus guère dans les diverses perspectives évoquées ci-dessus.
Cela signifie qu’il nous faut considérer tout ce qui est évoqué dans ces Notes d’analyse, non pas à la lumière des années passées, par quoi passait la logique antiSystème, mais à la lumière des bouleversements en cours, en tenant compte de la situation générale qui est celle du chaos-nouveau, où il importe d’identifier et de saisir toute opportunité qui puisse avoir une dimension antiSystème, où surtout il importe de ne pas chercher à distinguer ce qui pourrait être une victoire (une victoire d’un parti/d’un pays), car nulle victoire n’est possible ni souhaitable... La seule victoire possible et souhaitable, c’est une défaite et une destruction, la défaite et la destruction du Système, et tout est bon pour cela...
(Ce chaos-nouveau n’a strictement rien à voir jusqu’à en être le contraire de celui que prétendaient créer les neocons et autres animateurs de la politique-Système, et qu’ils créèrent d’ailleurs avec leurs diverses guerres depuis la fin de la Guerre froide, mais faussement puisque sous forme d’un désordre à finalité seulement destructrice. Le chaos-nouveau s’attaque effectivement au désordre répandu par le Système comme le contre-feu est dressé pour arrêter l’incendie principal, retournant contre lui, son propre désordre en l’investissant d’un sens par le fait même : si je détruis un désordre insensé par une autre désordre, je détruis ce désordre et en fais un chaos qui est gros d’un sens restant à accoucher ; le chaos-antiSystème affronte désormais le désordre-Système.)
Plus encore, rien ne peut être fixé dans ce chaos-nouveau, et surtout pas par la fonction antiSystème (sauf chez ceux qui se sont proclamés explicitement antiSystème, hors de tout parti-pris, de toute idéologie, hors de toute “victoire d’un parti”, etc., qui se proclament antiSystème pour un seul but : défaite et destruction du Système). Cela signifie qu’un Netanyahou qui était haïssable hier, peut devenir intéressant et exploitable dans le sens antiSystème aujourd’hui, dans les circonstances précises qu’on décrit dont on doit admettre qu’elles ne sont ni fictives, ni le fruit d’une narrative... Ce qui ne garantit rien non plus de l’avenir, ni que, demain, il ne puisse redevenir profondément haïssable, – etc., etc.
Il reste que nous avons ici l’exposé d’une situation absolument impossible à envisager ni à deviner il y a seulement trois ou quatre ans d’ici. Cela n’implique nullement l’esquisse d’un monde nouveau selon un arrangement dont nous posséderions les principaux éléments ; cela témoigne de la fluidité de la situation qui atteint une intensité et degré jamais imaginé, à la mesure de l’accélération de l’Histoire et de la contraction du Temps ; cela montre qu’aucune des constructions qui nous semblaient assurées, même celles qui semblaient les plus éléments les plus stables du Système, comme la connivence de corruptions croisées entre Israël et les USA (et même la structure des USA elle-même), n’est à l’abri d’un renversement soudain de son rangement et d’un bouleversement complet de son architecture. Il s’agit d’un épisode de plus dans la marche inexorable de l’effondrement du système. La morale n’a pas sa place dans ce formidable bouleversement, mais les principes, eux, constituent des références qui survivront nécessairement au bouleversement puisque la vision logique et eschatologique conduit nécessairement à en faire les principaux outils des reconstructions qui suivront l’effondrement du Système.
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