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240714 mai 2018 – Quelques heures après que Trump eût annoncé la sortie des USA du traité JCPOA, des engagements sérieux avaient lieu entre la Syrie et les Israéliens. Nous disons bien “entre la Syrie”, parce que, de ce côté il peut s’agit aussi bien de Syriens que d’Iraniens, ou des deux, lorsque de l’autre côté bien sûr il s’agit d’Israéliens, – néanmoins avec l’amicale sollicitude du Grand Stratège qui occupe avec armes et bagages le bureau ovale de la Maison-Blanche. On sait, dira-t-on sentencieusement, combien la crise syrienne et la situation qui en découle sont complexes, et l’engagement de la nuit de jeudi en a été une démonstration exceptionnelle, peut-être d’un degré nouveau, disons encore plus “sophistiqué”.
Après 72 heures de “révélations”, de supputations, d’évaluations, etc., l’épisode nous apparaît d’une complexité extrême, moins en lui-même que dans la façon dont il faut l’interpréter. On restera donc dans l’expectative et on se gardera de trancher en favorisant une version sur les autres. Bien entendu et pour nous contredire aussitôt mais on comprend pourquoi, on favorisera dans l’exposé les versions autres que la narrative (israélienne, bien entendu) aussitôt acceptée par la presseSystème, parce qu'elles nous paraissent au moins tout aussi sérieuse et crédible si l’on considère les sources auxquelles nous sommes habitués, et sans doute sinon sans aucun doute plus sérieuse et crédibles si l’on prend en compte les habitudes de mensonge et les montages en simulacres des autorités officielles liées au Système (israéliennes dans ce cas).
Effectivement, on connaît la version officielle disponible, comme on dit pour les lavements et les antidépresseurs, “dans toutes les bonnes pharmacies” ; en gros, elle revient à nous faire avaler l’idée d’une attaque-provocation iranienne à partir de la Syrie, suivie d’une riposte “massive” des Israéliens qui réduisent le potentiel iranien en Syrie dans une mesure que la narrative officielle s’accorde à juger comme considérable. En gros (suite) : tout est de la faute des Iraniens et la victoire écrasante revient à Israël...
On notera pourtant, non sans une certaine surprise admirative, certaines nuances qui se sont glissées dans tel et tel compte-rendu de grosses pointures de la presseSystème, notamment le sacro-saint New York Times, – ce que nous signale ZeroHedge.com :
« Alors que CNN [comme la plupart des autres sources presseSystème] publie un nouveau rapport condamnant l'Iran pour avoir nié toute responsabilité ou rôle dans le dernier échange de tirs massif entre Israël et la Syrie, le New York Times a admis (bien que la précision se trouve enterrée en fin d’article) qu'Israël était l'agresseur et l’initiateur des hostilités qui menaçaient d'échapper à tout contrôle mercredi soir et jeudi matin. [...] [L]e Times a reconnu: “Le barrage [des missiles Syrie / Iran] a eu lieu après une attaque de missiles apparemment israéliens contre un village dans les hauteurs du Golan syrien mercredi soir.” »
Parmi les versions non-conventionnelles, citons d’abord celle de Tacitus Publius, qui publie sur SST (Sic Semper Tyrannis) qui est le site du colonel Pat Lang, une des meilleures sources disponibles sur la crise syrienne dans son aspect opérationnel, et certainement infiniment mieux informé que la Maison-Blanche ou les agences de renseignement US. Tacitus Publius dispose de sources privilégiées au sein des forces armées US, notamment à CentCom comme nous l’avons déjà noté, et c’est à partir d’elles qu’il donne son interprétation. Il rejette complètement la thèse officielle de l’attaque-provocation iranienne et assimile l’ensemble de l’opération à un falseflag à la manière d’Hitler face à la Pologne le 30 août 1939 (l’“Opération Himmler” ou “Gleiwitz Incident”). La question que se pose l’analyste anonyme, c’est, – paradoxalement alors que l’on parle de “frappes massives”, – pourquoi les Israéliens n’ont justement pas réalisé de ces “frappes massives” qui auraient paralysé les Iraniens pour longtemps, – car c’est bien son avis qu’il n’y a pas eu “frappes massives”. Tacitus Publius :
« Israël avait planifié cette frappe depuis plusieurs jours. Comment est-ce que je le sais? J'avais reçu le message suivant d'un ami militaire surveillant la situation lundi dernier :
» “On dirait qu'Israël s’agite beaucoup. Ils intensifient leurs opérations électroniques contre les systèmes technologiques syriens ET MÊME russes ... ils agissent pour dégrader les systèmes de défense aérienne.
»“Peut-être sont-ils en train de préparer un ensemble de frappes aériennes ou bien ils veulent réduire la maîtrise électronique adverse de l’espace aérien pour préparer un autre objectif ou dissimuler une capacité qu'ils testent. Difficile à dire à ce stade.”
» Maintenant nous savons ce qu’il en était. Ils préparaient leur attaque contre des cibles iraniennes. Je comprends pourquoi Israël est terrifié à l'idée d'avoir du personnel militaire et du matériel iraniens basé en Syrie.Mais lancer de si faibles frappes préventives, comme Israël l'a fait hier, ne fait que susciter la fureur de ceux qui ont été injustement frappés. L'Iran a appris à nous montrer que la vengeance est un plat qui se mange froid. Ils ne vont pas se précipiter dans quelque riposte aveugle et précipité. Ils prendront leur temps et feront beaucoup de mal à Israël. »
Tacitus Publius termine en observant que “l’ironie“ de l’épisode est qu’en exploitant de façon si modeste leur simulacre et en amenant peut-être une riposte importante des Iraniens, les Israéliens seront forcés eux-mêmes à riposter à un niveau supérieur, tout cela conduisant à une escalade débouchant sur une guerre conventionnelle totale où ils n’auront pas l’avantage de la surprise. L’énormité de l’analogie (sans parler du contenu idéologique quasi-sacrilège) éclaire par contraste l’extraordinaire disparité des initiatives, que Tacitus Publius présente ainsi, sans doute avec un brin d’ironie mais aussi pour prévenir toute critique contre l’analogie qu’il a choisie : « Je vous concède que l’invasion nazie de la Pologne est d’une autre dimension que ce qu’Israël a fait en Syrie contre les Iraniens »... Il est en effet généralement admis que les Israéliens ont tiré une soixantaine de missiles sol-air à partir de 28 avions, et dix missiles sol-sol ; sont-ce “des frappes massives” ?...
Elijah J. Magnier, autre commentateur très indépendant du Système et très intéressant à suivre, introduit une conception très différente en appréciant cet engagement : l’élargissement du champ de bataille avec Israël. Les frappes (iraniennes ? syriennes ?) contre les Israéliens ont eu lieu sur les territoires occupés du Golan, et sans l’accord préalable des Russes et peut-même contre leur avis... Grande(s) nouveauté(s) qui bouleverse(nt) l’ordre tactique des choses et suggère(nt) une nouvelle situation stratégique selon Magnier : « Ce qui est nouveau, c’est l’endroit où Damas a décidé de frapper [en riposte à une attaque israélienne] : les hauteurs du Golan occupé (20 fusées ont été lancées contre des positions militaires israéliennes). La Syrie, en coordination avec ses alliés iraniens (et sans tenir compte du souhait des Russes), a pris la décision très audacieuse de riposter contre des cibles israéliennes dans le Golan. Ce qui signifie que Damas et ses alliés sont prêts à élargir le champ de bataille en réponse aux provocations continuelles d’Israël. [...] Israël a déclenché ce qu’il a toujours craint et a [indirectement ouvert] un nouveau champ de bataille: les hauteurs du Golan. »
Non seulement Magnier annonce l’élargissement du théâtre mais également une évolution à l’intérieur des alliances. Ce dernier point est une question d’une considérable importance,qui concerne d’abord le rôle et la position des Russes. Après tout, pendant que l’attaque se préparait, Netanyahou était à Moscou, célébrant la victoire russe dans la Seconde Guerre mondiale, au côté de Poutine, et portant comme lui le ruban aux couleurs orange-noir de la Croix de Saint-Georges.
... Ce qui introduit une question assortie de quelques sous-questions : Poutine a-t-il donné à Netanyahou son feu vert pour l’attaque ? Si oui, a-t-il pesé pour que cette attaque qu’on attendait comme dévastatrice et qu’on s’acharne à présenter comme telle, soit plutôt modérée, rejoignant ainsi l’argument du type “tout ça pour ça” de Tacitus Publius : « Mais lancer de si faibles frappes préventives, comme Israël l'a fait hier... » ? Il n’empêche, les Syriens, ou bien les Iraniens, ou bien les deux ensemble, en ont profité pour placer Israël et la Russie devant le fait accompli, justifié par l’attaque : l’extension en profondeur du théâtre de l’affrontement en le portant sur les territoires occupées du Golan.
Les Russes peuvent-ils faire entrer Syrien et Iraniens dans la ligne de leur stratégie du minimum minimorum des accrochages en encaissant des frappes pas trop “dévastatrices” d’Israël sans trop broncher ? Pas si sûr, parce que les deux pays, qui jouent plus directement que la Russie leur intégrité ne sont pas des vassaux de la Russie comme sont les pays de l’UE pour les USA. La Russie n’est pas en Syrie simplement pour aider un vassal pouilleux et garder une position stratégique, elle y est aussi pour combattre très sérieusement le terrorisme sunnite/djihadiste dont elle sait que , s’il triomphait jamais en Syrie, il constituerait aussitôt une menace directe contre sa sécurité, par le biais de la Tchétchénie. Poutine doit se rappeler sa rencontre avec Prince Bandar de juillet 2013 où il était apparu que l’Arabie, c’est-à-dire la mouvance sunnite terroriste, pouvait activer des cellules terroristes de Tchétchénie contre les JO de Sotchi du début 2014.
La partie devient extrêmement compliquée, c’est-à-dire de plus en plus difficile à contrôler ; et Magnier de conclure : « ... [A]ucune des parties ne recherche l’escalade pour l’instant. La situation peut-elle déraper? Bien sûr que si ! Reste à savoir quand. »
Une autre thèse doit être considérée, qui ne manque ni de cohérence, ni de logique. Elle émane d’Alexander Mercouris et plaide que les frappes israéliennes ne s’attaquent nullement aux Iraniens en Syrie mais aux systèmes de défense anti-aériens syriens, qui se sont révélés si efficaces ces derniers temps.
Mercouris consacre l’essentiel de son article aux capacités de la défense anti-aérienne syrienne encadrée par les Russes, telle qu’on a pu la mesurer ces dernières semaines. Mercouris juge que le choc résultant de ce constat est la cause principale de l’attaque israélienne, qui s’est déployée non pas contre des objectifs iraniens comme diverses informations (et photos d’identification des centres) l’ont laissé entendre, mais d’abord contre des systèmes intégrés dans l’ensemble de défense AA...
« À mon avis, c'est la puissance croissante du système de défense aérienne syrien et son succès croissant à abattre les avions israéliens et les missiles américains et israéliens, qui constituent très probablement la véritable raison de la dernière frappe israélienne.
» La révélation de la puissance grandissante du système de défense aérienne syrien et ses récents succès contre les États-Unis et Israël semblent être à l'origine d’une onde de choc dans les communautés de sécurité nationale US et israéliens, habitués à prendre leur supériorité aérienne au Moyen-Orient comme un acquis indiscutable. »
A l’appui de cette thèse, Mercouris mentionne l’épisode de la destruction d’un système Pantsir par les Israéliens. On a vu, depuis l’article de Mercouris, combien cette épisode a fait l’objet d’une intense activité de communication, aussi bien du côté israélien que du côté russe. Dans ce cas, les Syriens s’abstiennent de jouer le moindre rôle, point mécontent après tout que les Russes se truvent dans cet épisode à leur côté, même si pour des raisons promotionnelles de leurs matériels.
« Il est à noter que la vidéo d’une frappe que les Israéliens ont publiée, et qui a connu selon eux un succès considérable sur les réseaux sociaux, est celle de la destruction réussie d’un Pantsir S1 russe fourni aux Syriens.
» C’est ce système de défense petit mais très efficace qui semble avoir abattu un nombre très élevé de missile US et israéliens et qui menace de rendre quasiment impuissants ces missiles dans l’espace aérien syrien. On ne sera pas surpris que sa présence constitue un motif considérable de préoccupation pour les USA et Israël. La diffusion de la vidéo semble avoir eu pour but de remonter le moral notamment des militaires US et israéliens selon l’idée qu’on voit bien que le Pantsir S1 n’est pas invincible... »
La thèse de Mercouris nous conduit à aborder le problème de l’efficacité de la défense anti-aérienne, et des deux côtés, puisqu’il y eu aussi une dizaine de missiles (syriens ou iraniens) tirés contre des positions israéliennes dans le Golan. Là encore, nous sommes sur le territoire de la polémique, comme lors de l’attaque de la “nuit du vendredi-13” (avril) ; sauf peut-être qu’il n’y a pas eu un porte-parole israélien pour nous affirmer que 100% des missiles avaient atteint 100% des objectifs (ou 125% pour 125%), mais des paroles plus vagues dans le genre “tous nos objectifs ont été atteints“, “Les Iraniens ne se remettront pas de ce coup avant longtemps”, etc., etc., et bla-bla-bla Quoi qu’il en soit, voici quelques évaluations dont nous disposons, qui concernent d’ailleurs les Israéliens également ; l’ensemble est paru dans Veterans Today (VT)le 11 mai 2018...
1). ... Une évaluation vient du côté israélien et concerne,– retournons l’affaire selon le mouvement d’inversion qui nous est cher, – l’efficacité de la défense antimissile israélienne contre les frappes lancées vers des objectifs israéliens sur le Golan/territoires occupés. Cette évaluation dit que 20% des “fusées” (ou missiles ?) tirées contre des objectifs israéliens par les Iraniens (ou les Syriens ?) ont été interceptées par le fameux “dôme de fer” israéliens, l’ensemble antimissiles : soit 4 sur les 20 qui auraient été tirées. (Mais d’autres sources situent à 50-68 le nombre d’engins tirés contre les forces israéliennes, sans préciser combien ont été abattus.)
2). L’évaluation du ministère de la défense russe estime que 28 avions israéliens ont tiré 60 missiles contre des objectifs en Syrie et que “plus de la moitié” de ces missiles ont été intercepté et détruits.
3). Des source iraniennes ou autres (le réseau TV en langue arabe al-Mayadeen) dit que 70% des missiles israéliens ont été interceptés et détruits par la défense aérienne syrienne.
De tout cela, il ressort un immense désordre, une très grande incertitude, l’impossibilité ni de conclure, ni de comprendre, ni même d’évaluer exactement ce qui s’est passé. Dans l’atmosphère actuelle, où tout est soupçon pour la psychologie et extrémisme pour la politique ; où Trump à force de pirouetter dans sa vanité réalise son programme par l’absurde en isolant l’Amérique (America Only) comme on isole un dément en phase terminale ; où Poutine est le cible de plus en plus évidente d’une partie grandissante des antiSystème qui voient en lui un traître à la solde des Américano-sionistes, – dans une telle atmosphère, que penser de la décision de Moscou de ne pas livrer des S-300 en estimant que les Pantsir et le reste suffisent bien à la Syrie (ce qui n’est pas si faux si l’on admet certaines évaluations de certains évènements) ? Que penser de l’appel du ministre israélien de la défense Avigdor Liberman lancé directement à Assad (le 11 mai) comme s’il s’agissait d’un vieil ami fourvoyé dont on ne conteste aucunement la légitimité : les Iraniens « ne vous aident pas, ils ne causent que des dommages, et leur présence ne causera que des problèmes et des dommages ... Débarrassez-vous des Iraniens et peut-être qu'il sera possible d'avoir un autre genre de vie... » ? (Cela, pour Liberman, après qu’il nous ait assuré la veille que les “frappes massives” mettaient les Iraniens de Syrie KO et hors de combat pour plusieurs mois.)
... Combien de mensonges, de complots et de trahisons, combien de falseflag psychologiques ne distinguera-t-on pas aussitôt derrière ces quelques précisions ? Pour notre cas, nous ne distinguons rien d’autre que la confirmation terrifiante de la doctrine que nous imposent les évènements, – “du désordre, encore du désordre, toujours du désordre”. Nul n’est vraiment capable de nous dire ce que signifie véritablement l’attaque israélienne du 10 mai, dans le cadre des ripostes iranienne ou syrienne puisqu’il s’avère que même le New York Times reconnaît que les Israéliens ont frappé les premiers. Il est difficile de ne pas partager le jugement de Tacitus Publius : “Mais puisqu’ils y étaient et que tout se présentait bien, pourquoi Israël n’a-t-il pas tapé bien plus fort ?” (« Mais lancer de si faibles frappes préventives, comme Israël l'a fait hier... »)
(Il est vrai qu’entendre répéter qu’une attaque de 28 avions lançant 60 missiles représente une “frappe massive” finit par agacer les esprits les plus mesurés : non, ce n’est pas une “frappe massive”, et ce n’est pas avec cela 1) qu’on réduira à rien une défense AA syrienne qui est capable d’abattre 1 missile sur 2 sinon 2 sur 3 ; 2) qu’on réduira à rien les capacité iraniennes en Syrie pour plusieurs mois, etc.)
On peut donc se reporter sur l’habituelle interprétation, qui s’insère parfaitement dans le cadre qu’on a tracé dans la mesure où les deux hommes les plus concernés, – Trump et Netanyahou, – sont libres d’agir comme ils le veulent pourvu qu’ils aient les mains liées, autant par leur establishments militaires respectifs (US et israéliens) que par l’occurrence de l’un ou l’autre allié-adversaire (Poutine pour Netanyahou) ; parce que les uns et les autres, justement, ont cette sensation écrasante d’évènements qui les dominent et que tout acte peut précipiter l’incontrôlabilité de la situation dans un trou noir infernal, — en l’occurrence, ici, celui d’un conflit majeur, ajoutant l’incontrôlable catastrophique à l’incontrôlabilité courante, et faisant le trou noir “plus noir que noir”.
... D’où ces remarques du Dr. Rodrigue Tremblay, rappelant une situation si classique pour les deux compères : « C’est peut-être une raison parmi beaucoup d'autres pour expliquer que Donald Trump est considéré par certains observateurs comme le président américain le plus “pro-sioniste” de l'histoire des États-Unis. Ce n'est pas une coïncidence si Trump et Netanyahu sont actuellement confrontés à de gros problèmes politiques internes dans leur pays, et susciter l’idée d’un conflit pourrait être un bon moyen pour tous les deux de modifier le débat public. La technique politique fameuse dite de “Wag-the-Dog”, avec le soutien et l’encouragement actifs des médias du ‘Corporate Power’ est bien vivante aux États-Unis, chez des politiciens sans scrupules. Les présidents américains Bill Clinton, George W. Bush et Donald Trump, entre autres, ont tous jugé utile de s'en servir pour détourner l’attention de leurs problèmes politiques intérieurs. »
Et, comme nous mentionnions plus haut, « E.J. Magnier de conclure : “ ... [A]ucune des parties ne recherche l’escalade pour l’instant. La situation peut-elle déraper? Bien sûr que si ! Reste à savoir quand.” » Dans ce cas, l’épisode du 10 mai s’insère parfaitement dans le schéma de la Grande Crise Générale en mettant en parallèle ce point d’interrogation (“quand ?”) en concurrence entre la situation syrienne-et-alentour et les situations intérieures israélienne et américaniste. Mais nous importe surtout la seconde car nul n’ignore qu’elle détient la formule magique de l’effondrement qui dépend lui aussi de ce seul point d’interrogation (“quand ?”). Il s’agit de cette référence qui est pour nous un repaire important :
« La perspective apparaît alors, du point de vue de la communication, extrêmement importante et sérieuse, et elle rejoint une possibilité qu’avait évoquée un néo-sécessionniste du Vermont, Thomas Naylor, en 2010, à propos de la crise iranienne : “Il y a trois ou quatre scénarios possibles de l’effondrement de l’empire [les USA]. Une possibilité est une guerre avec l’Iran…” »
La situation actuelle (tension avec l’Iran) rejoint certes l’un des scénarios considérés il y a huit ans par Naylor, mais dans des conditions infiniment plus graves et plus dégradée, avec des évènements en cours dont la puissance et la rapidité ne laissent d’autre choix que de se laisser conduire par eux. A la différence de ce choix envisagé par Nolan (“il y a trois ou quatre scénarios...”), nous parlerions d’additions : les “trois ou quatre scénarios” ne sont plus l’offre d’un choix mais une addition d’évènements en cours, et dans ce cas le retrait du JCPOA avec la tension guerrière avec l’Iran ne fait que compléter la panoplie en y ajoutant une fonction d’un détonateur pressant.
Tout le monde a peur de cette perspective (la guerre contre l’Iran) que les plus déments et les plus corrompus réclament depuis longtemps, y compris les plus déments et les plus corrompus dans leurs instants d’inattention. Qu’importe, tout est en place pour l’effort ultime et diluvien qui précipite vers l’accomplissement de la dernière phase de la Grande Crise. Tout cela est trop haut, trop puissant, trop rapide, même pour “les plus déments et les plus corrompus”. Le Diable lui-même commence à avoir peur de cette chose terrible qu’il a tant fait pour provoquer et précipiter... Ainsi découvre-t-il avec horreur qu’il ne résiste pas lui-même à sa propre stupidité. Par conséquent, ainsi soit-il : « On dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien ; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s'empêcher de laisser échapper toujours quelque sottise, qui est comme sa signature... »
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