Il n'y a pas de commentaires associés a cet article. Vous pouvez réagir.
249804 juin 2017 – La décision de Trump de retirer les USA de l'Accord de Paris sur la limitation des émissions de CO2 peut être considérée de deux façons. D’une façon générale, on a considéré cette décision d’une façon justement spécifique et non générale, en lui donnant un prolongement politique en fonction de cette seule spécificité. Nous pensons que cette méthode, même si elle n’est pas erronée ni faussaire, est à la fois trompeuse et partisane. Ainsi, on n’en distingue aucunement l’impact réel, qui est immédiat et de nature politique, et s’inscrit directement dans la Grande Crise Générale du Système, au profit d’une appréciation d’un impact à long terme, où chacune des deux parties affirme son avantage d’une façon partisane et justifie ainsi sa décision, ou son appréciation de la décision.
On a donc en général considéré cette décision de Trump par rapport à ce qu’on nomme en général “crise climatique” (nous préférerions le terme de “crise environnementale”), c’est-à-dire dans la logique de l’Accord de Paris considéré d’un point de vue “moral” par rapport à la situation environnementale (le “Make the Earth Great Again”, selon Macron), et d’un point de vue économique et commercial par rapport à ses conséquences jugées vertueuses ou pas. Pour nous, d’une façon différente, il faut résolument placer cette décision dans la logique et les effets des événements qui se sont déroulés dans les dix derniers jours (réunions du sommet de l’OTAN et du G7, déclaration de Merkel dimanche dernier, rencontre Macron-Poutine), et tout cela essentiellement à la lumière de la formidable crise déstructurante qui touche notamment le pouvoir de l’américanisme et ébranle l’ensemble du bloc-BAO. Cela ne signifie pas que nous jugeons erroné le premier type d’appréciation mais que nous le jugeons hors de propos (irrelevant) par rapport aux priorités chronologiques et aux priorités dans l’ordre de l’importance, notamment par la prévalence artificielle ou simplement par aveuglement du conjoncturel sur le structurel, sinon de la forme sur le fond.
Nous relevons d’abord les conséquences politiques théoriques ou hypothétiques de la sortie des USA de l’Accord de Paris des deux principaux partenaires-adversaires, les USA et l’UE dans cet ordre, qui se sont déjà affrontés à l’OTAN et au G7 ; nous dirions, pour mieux préciser la chose, des conséquences “sur le temps-long”, et de type classique...
Pour les USA, il y a le constat, – juste à tous égards dans sa logique politique et l’objectivité géopolitique, – qu’avec cette décision, les USA s’isolent du reste, ou dit plus clairement selon une rhétorique bien connue, ils accentuent fortement leur position néo-isolationniste. Enregistrons la chose mais sans pour autant réclamer des sels pour éviter une perte de conscience d’ébahissement, d’inquiétude ou de colère... Ce n’est en rien une surprise par rapport au programme exposé par Trump, et ce n’est en rien une nouveauté de l’après-Guerre froide : l’administration GW Bush, dès avant l’attaque du 9/11 et ensuite, avait développé une politique du même type, se retirant d’organisations et de traités internationaux ou bloquant leurs effets pour leur compte (traité ABM, Cour Pénale Internationale). Le choc-9/11 avait bouleversé le climat, mais il n’avait pas pour autant modifié le type de la politique US, passant si l’on veut d’une étiquette à l’autre pour désigner la même chose, du néo-isolationnisme interventionniste à l’unilatéralisme “internationaliste”.
(Le signe le plus édifiant de cette hostilité unilatéraliste à toute action internationaliste collective, même favorable, est la visite de Paul Wolfowitz, n°2 du Pentagone derrière Rumsfeld, à l’OTAN le 27 septembre 2001. Placé devant la position unanime du Conseil de l’Atlantique Nord que l’Article 5 du traité s’appliquait à la situation US avec l’attaque 9/11, donnant ainsi mandat à tous les pays-membres de venir au secours des USA selon leur décision, Wolfowitz repoussa brutalement cette décision. Il s’agissait de faire comprendre que les USA n’avaient nullement besoin d’aide mais qu’ils organiseraient eux-mêmes, à leurs conditions, des “coalitions” ad hoc où ils choisiraient certains alliés qu’ils inviteraient à les rejoindre dans tel ou tel engagement. Les USA restaient maîtres à 100% de leur situation et n’acceptaient aucune initiative internationale, fût-elle pour les aider, qu’ils n’aient eux-mêmes contrôlée dès l’origine.)
Peu à peu à partir de 2008 puis de plus en plus nettement à partir de 2012 en pénétrant sur le territoire sociétal (antiracisme, féminisme, LGTB, mais aussi questions écologiques) qui constitue une voie fondamentale nouvellement ouverte dans l’association entre les progressistes-sociétaux et le Corporate Power globaliste, Obama et les démocrates ont modifié la politique nationaliste-unilatéraliste en se rapprochant clairement du modèle globaliste. (En même temps, l’ensemble occidental évoluait vers le modèle dit “bloc-BAO”, que nous avons clairement défini dans notre Glossaire.dde.) Le but de ce pseudo-“centre-gauche US” pourtant fortement progressiste dans ses tendances affectivistes, et suivant en cela la voie ou ouvrant la voie c’est selon à la tendance sociale-démocrate européenne postmodernisée, est de remplacer l’électorat de la classe ouvrière et de la frange inférieure de la classe moyenne par l’électorat des minorités ethniques et des minorités de “genre”, conduites par une frange de la bourgeoisie politiquement “avancée” et une élite-Système faite des riches & “super-riches” du néo-capitalisme type-casino & technologies postmodernes avec leurs divers parasitismes culturels. Il le fait d'une façon extrêmement agressive, voire hystérique, à l'encontre de son ancienne clientèle, un peu dans le style du “barbare jubilant”...
La seule politique qui reste constante entre les deux tendances, c’est l’agression militariste-expansionniste sur les territoires des marges et l’hostilité à la politique structurante de type-russe. Il s’agit du tribut commun payé aux entités industrielles et technologistes du Système, du CMI à Silicon Valley, en même temps que l’affirmation doctrinale postmoderne de l’ensemble progressistes-sociétal et Corporate Power.
C’est ainsi que s’est établi aux USA un affrontement ouvert, directement identifiable, entre globalistes héritiers du wilsonisme devenus postmodernes et nationalistes à tendance souverainiste-isolationniste (aux USA, le souverainisme s’exprime par la dynamique géographique, – l’isolationnisme, – et non la légitimité historique qui est inexistante). Dissimulé pendant des décennies et encore contenu ces dernières années par la dynamique de la poussée militariste-expansionniste post-9/11 qui maintint l’apparence de la puissance impériale pendant la première phase jusqu’en 2008 (“We’re an empire now and when we act we create our own reality...”), cet affrontement apparaît au grand jour à mesure de l’effondrement de la puissance US et de l’effritement accéléré de l’unité des États-“Unis”.
Du point de vue européen, il y a la dynamique en cours du détachement “offensif et agressif”, en termes de communication, de l’Europe (UE) des USA, essentiellement identifiée à l’insupportabilité de Trump pour les humeurs des bureaucrates-globalistes de Bruxelles. De ce point de vue, la décision de Trump accentue géométriquement les effets des autres événements qui l’ont précédé (OTAN, G-7, Merkel, Macron-Poutine). Mais on entre parallèlement et complètement dans le domaine de la schizophrénie européenne sans plus aucune dissimilation possible. Le sujet à long terme et à roulements de mécanique qui devient de plus en plus “bon chic bon genre” chez les dirigeants européens, – puisque Merkel elle-même en parle, – c’est celui de la défense européenne ; et si l’on comprend bien, d’autant plus “bon chic bon genre” qu’on tourne le dos aux USA et qu’on traîne son président dans la boue avant de l’expédier dans un hôpital psychiatrique. Dès lors, on annonce de “grands travaux” dans le domaine de la défense européenne et l’on inaugure un quartier-général européen à Bruxelles puisque les Britanniques ne sont plus là pour mettre leur véto.
Certes, “défense européenne”, mais contre quoi et contre qui ? Contre Daesh (le terrorisme), c’est absurde : on n’organise pas une défense de type conventionnel contre une telle entité, on organise la sécurité générale par les moyens de police et de renseignement. Contre la Russie, alors ? Si l’on veut poursuivre ce fantasme fâcheux, alors l’OTAN est là parce que seule avant longtemps l’OTAN peut faire, parce que l’OTAN c’est les Américains. Il suffit d’établir le rapport des forces US déployés en Europe de l’Est contre le fantôme de la menace russe, par rapport aux forces européennes, pour donner une bonne mesure de la capacité européenne. Les Européens se trouvent donc dépendre stratégiquement contre une menace inventée, de la puissance dont ils auraient décidé de se détourner en la vouant aux gémonies et en engageant contre elle une guerre économique.
Cet imbroglio existait déjà durant la Guerre Froide (on parle “défense européenne” depuis 1946 et le traité de Dunkerque !) mais il reposait sur des prémisses réelles et sur des capacités acceptables qui rendaient la partie jouable. (Les agents US surent l’empêcher, notamment les directions proaméricanistes sans un pli de la RFA devenue Allemagne.) Aujourd’hui, les Européens, même s’ils en avaient la volonté forcenée, n’ont ni les moyens (notamment budgétaires et stratégiques dans le chef de la projection de forces) ni le temps d’organiser une défense capable de remplacer l’OTAN et les USA, et cela avec d’autant plus d’enthousiasme que cette défense à ce niveau et dans cette orientation n’a aucune utilité, aucune raison d’être, qu’elle ne répond à aucune vérité-de-situation tandis que les situations internes ne cessent de s’aggraver et pompent tous les budgets.
La seule nécessité européenne qui pourrait se passer de la lourde mainmise américaniste avec quelque intelligence, c’est un système de sécurité collective européenne, notamment garantie au moins par deux ou trois puissances nucléaires (si UK est intéressé et si UK dispose de son autonomie nucléaire). Pour cela, il faut travailler avec les Russes, – qui proposent un tel système depuis dix ans et qu’on ne prit au sérieux que le temps d’une furtive embellie où Sarkozy eut sa part, au cœur de la crise financière de l’automne 2008. Cela suppose l’abandon de l’univers antirusse fictif et simulacre développé ces cinq dernières années, la suppression de tout le réseau d’influence et de corruption américaniste en Europe et l’abandon officiel de la narrative sans le moindre fondement de l’hégémonie allemande. (L’Allemagne n’a aucune des capacités stratégiques et technologiques complètes nécessaires, sans parler du nucléaire, pour assurer une prétention hégémonique militaire sur l’Europe.) Bref, cela suppose un retour d’une brutalité extraordinaire à la vérité-de-situation : seulement à cette condition qui demanderait un temps assez long pour se concrétiser, l’Europe pourrait prétendre à une certaine autonomie au niveau de la défense par rapport aux USA. Le rythme des crises et des événements associés ne permet pas cela, en aucune façon : cette sorte de temps-long n’existe plus aujourd’hui face au rythme crisique de l’Histoire qui menace de déstructuration autant l’UE que les USA.
Les deux cas examinés, conséquence politiques acquises et/ou possibles de la rupture de l’Accord de Paris ajoutée aux événements des dix derniers jours, n’ont donc qu’un intérêt opérationnel très limité sinon nul parce que considérées sur ce temps-long qui n’est plus disponible du fait de la pression folle des crises. Les véritables conséquences politiques, – car il y en a, et de fort puissantes, – concernent effectivement l’Europe et les USA (cette fois nous les traiterons dans cet ordre), mais dans une orientation très différentes, hors des champs stratégique et géopolitique qui ne peuvent plus suivre le rythme des événements propulsés par la communication, c’est-à-dire dans le champ de la communication.
Nous parlons de l’Europe d’abord, et c’est effectivement le plus immédiat et aussi le plus simple des cas à traiter. L’effet est de pure illusion, un simulacre monté par les psychologies exacerbées des européistes avides de trouver une planche de salut pour l’existence de leur référence sacrée, fortement menacée depuis plus de dix ans par les événements autant que par les scrutins qui la concernent.
... Il s’agit de la réaction de type “européiste” qui en vient à considérer quasiment comme une “victoire” ce fait du retrait US. Il y a une certaine logique opérationnelle (si les Américains étaient restés dans l’accord, ils auraient tout fait pour en ralentir les effets), mais ce n’est certainement pas l’essentiel qui nous importe. Encore une fois, il s’agit de “sauver l’Europe” (on parle de l’“idée de l’Europe” et du domaine de la psychologie et de la communication) et le constat de ce sauvetage ne peut se faire que sur le cimetière d’une partie de ses fondements, et notamment, – et ce n’est pas rien ! – sur le cimetière de ses engagements transatlantiques. La vertu européenne se déduit dans ce cas du vice avéré du président des Etats-Unis, donc de sa décision : la vertu de l’UE se mesure effectivement au vice de cette décision puisque cette décision se fait contre l''engagement européen dans le domaine. L’Europe s’adoube elle-même du rôle d’inspiratrice et de moteur d’une dynamique profondément vertueuse (“Sauver la planète”, ou “Make the Earth Great Again”), ce qui implique que l’Europe s’est fait elle-même juge de sa propre vertu et qu’elle s’est couronnée elle-même ; comme on dit, c’est du “win-win” dans l’ordre de la fantasy capable de sauver la planète. Pour mémoire et pour faire vraiment globaliste, elle s’adjoint une alliance stratégique avec la Chine que des clowns type-Juncker, entre onzième et douzième canettes du jour, croient maîtriser pour nous assurer de la toute-puissance de l’Europe. La prétention fait rire franchement plutôt que sourire, – puisqu’il y a longtemps que le sarcasme a remplacé les larmes pour apprécier l’état de ce monstre nommé UE.
Par contraste et toujours selon ce point de vue simulacre, les USA, c’est-à-dire pour l’instant Donald Trump, tiennent le rôle des nationalistes, populistes, souverainistes, chargés du vice de la destruction de la planète. A cet égard, on a pu entendre, entre les lignes ou sans dissimuler, le courant général d’ingérence dans les affaires intérieures des USA, avec l’avis généralement répercuté, de la grossièreté, de la sottise et du déséquilibre mental de l’actuel président, – qui ne l’est d’ailleurs, président, que par raccroc, au regard de l’admirable tenue de sa concurrente Hillary Clinton.
(Cette tenue, mise en évidence à l’occasion des événements actuels, est partagée par Obama qui agit selon une forme du plus complet mépris des usages par rapport aux us et coutumes du pouvoir de l’américanisme. Toutes ces admirables vanités participent donc à l’attaque actuellement conduite, non pas tant contre Trump que contre les fondements du pouvoir de l’américanisme, et notamment la construction de sa légitimité. Ces gens type Clinton et Obama sont objectivement, au nom d’un hybris qui se mesure en vaine et grossière arrogance narcissique, parmi les meilleurs fossoyeurs de l’américanisme. Cela fait à nos yeux la valeur extrême que nous leur accordons : ces clowns-là, comme ceux de l’UE, ne sont pas inutiles par leur travail de déconstruction du Système, – déconstruction du système déconstructeur, voilà qui ravirait Deleuze, Derrida & Cie [et Foucault pour le triomphe des genres”].)
Un philosophe-paraît-il, Gaspard Koenig, président du think tank GenerationLibre, résumait la situation de Trump telle qu’elle est perçue par les élites-Système de type sociétal-progressiste, en Europe comme aux USA, y compris sur l’axe transatlantique, en paquebot de luxe ou en pédalo (sur 28 minutes/Arte, le 2 juin) ; et nous avons compris cette situation à peu près de cette façon : “la seule question qui se pose pour Trump est de savoir s’il sera destitué avant d’être interné dans un hôpital psychiatrique, ou s’il sera interné avant d’être destitué”. Effectivement, en deux jours, avec l’intervention auprès de Macron du milliardaire Bloomberg, démocrate et sociétal-progressiste comme il se doit, et sans doute avec l’idée de succéder rapidement à Trump, l’affaire a pris une dimension internationale et transatlantique qui nous conduit aux questions fondamentales...
Mais d’abord, un détour sociétal-global, avec Macron en Statue de la Liberté.
Nous avons eu droit en effet à une grandiose mise en scène, où Macron apparut comme nouvelle Statue-de-la-Liberté invertie, s’adressant aux pauvres super-riches des USA de Trump, révulsés par Trump... Si l’affirmation “Make The Earth Great Again” pouvait se révéler comme une idée plaisante pourvu qu’elle ne soit qu’à un coup, l’exploitation immédiate avec une mise en scène grandiose dans le rajout, d’un Macron enchaînant le jour suivant en appelant les Américains mécontents, surtout les investisseurs et les très-diplômés avant de recevoir Bloomberg comme s’il était déjà le 46ème POTUS, semble comme un pas (beaucoup) trop loin, un vrai pas-de-clerc. On devrait lui préférer, en la jugeant à terme plus habile, la réserve de Poutine se refusant à condamner Trump, c’est-à-dire refusant le moindre commentaire sur l’acte du président US parce qu’on ne s’ingère pas dans la cuisine intérieure des autres, pour poursuivre par un banal mais utile en la circonstance “continuons à travailler en commun”.
Quoi qu’il en soit, on voit là combien les globalistes sont prêts à s’affirmer avec force mais grosse imprudence contre Trump, au risque qui n’est pas rien de s’aliéner ce qui reste jusqu’à nouvel ordre la force politique dirigeante des États-Unis (au Congrès également, et dans une situation sans aucun doute bien plus anti-Accord de Paris que Trump).
(En l’occurrence, Macron se confirme bien comme un globaliste même si l’on peut attendre avec le plus grand intérêt sa politique russe où les nécessités françaises, surtout dans la situation de brouille avec les USA, le conduiront par le bout du nez ; à la fois globaliste-“européiste” et président désireux d’affirmer [un peu trop] le caractère élevé de sa fonction au risque de la rendre pompeuse et déplacée, – ce président-là est encore bien jeune et terriblement tendre avec son ambition voyante qui fait un peu nouveau-riche...)
Ici, et avant de nous transporter sur la scène américaniste où se trouve l’enseignement et les perspectives de loin les plus intéressantes de l’affaire, il nous faut parler d’un point particulier mis en évidence par un excellent article (3 juin 2017) du Daily Caller. Il s’avère en effet que la responsabilité de Trump, et par conséquent ce qui alimente la vindicte totale de ses adversaires entre destitution et hôpital psychiatrique, est bien moindre que l’on croit. La position US est en effet très faussaire par rapport au statut de quasi-traité qu’on voudrait donner à l’Accord de Paris. Les USA y souscrivirent grâce à une astuce complètement typique de l’hypocrisie d’un homme élevé dans la technique faussaire et vicieuse du droit américaniste.
Au départ, Obama et les autres savaient bien que le texte, pris comme traité, n’avait aucune chance d’être adopté par les USA parce qu’il fallait un vote du Sénat. (Le bon Fabius, excellent ministre des affaires étrangères de la France postmoderne du président-poire, avait tout compris lorsqu’il expliquait devant des délégués de l’ONU, fin mai 2015 : « Nous connaissons le jeu politique aux USA. Que cela nous plaise ou non, si [le traité] vient devant le Sénat, ils le rejetteront. »)
L’astuce d’Obama consista donc à considérer l’accord de Paris, qui devait être rédigé d’une façon qui permît cette interprétation, sous forme d’une sorte d’Executive Order dépendant du seul président, et qui devait tenir comme s’il s’agissait d’un traité parce que le successeur d’Obama serait, ça c’était sûr, une femme qui partageait les mêmes options et entérinerait donc la manœuvre. Las, Hillary fut battue comme l’on sait, avec une grâce dont on a aujourd’hui l’écho, et c’est Trump que nous avons. Ainsi Daily Caller développe-t-il l’explication du “coup” du président Obama, dont le legs s’avère être celui d’un faussaire et d’un maître de la machination pour faire sortir une apparence de légalité d’une illégalité complète... à condition qu’Hillary l’emporte.
« Blame former President Barack Obama for the U.S. withdrawal from the Paris climate accord, according to policy experts, as Obama’s decision to forgo Senate approval and bank on a Democratic win in 2016 made the agreement politically vulnerable. “The Paris climate agreement was pushed through against the declared will of America’s elected representatives,” Dr. Benny Peiser, director of the UK-based Global Warming Policy Forum, said in a statement. [...]
» Obama joined the Paris accord in 2016, after years of working behind the scenes to craft the non-binding global warming deal, but he did so without submitting it to the Senate. His signature achievement on global warming, therefore, depended on Hillary Clinton winning the 2016 presidential election and the courts. “All the other major players in the Paris negotiations knew it was a crap shoot,” Marlo Lewis, a senior fellow at the Competitive Enterprise Institute (CEI), told The Daily Caller News Foundation. [...]
» To climate negotiators it was clear that the Republican-controlled Senate would vote the accord down, so they crafted it in such a way so Obama could declare it an “executive agreement,” rather than a treaty, which did not need legislative approval. Former French foreign minister Laurent Fabius told United Nations delegates in Bonn, Germany, “We know the politics in the US. Whether we like it or not, if it comes to the Congress, they will refuse.”
» Fabius’s remarks came about 6 months before nearly 200 countries agreed to the Paris accord in December 2015. About three months earlier, White House press secretary Josh Earnest was asked if Congress should be involved in crafting and approving the climate deal. “Well these are individuals whom, many of whom at least, deny the fact that climate change even exists,” Earnest said. “So I’m not sure they would be in the best position to decide whether or not a climate change agreement is one that is worth entering into.”
» Republicans had swept the 2014 midterm elections, claiming control of the Senate from Democrats. That pivotal election likely changed the White House’s strategy about how to join a global climate treaty. [...]
» “U.S. leaders and critics had warned international leaders repeatedly that the US Senate rejected Obama’s deal and that a Republican president would shred it to pieces,” Peiser said. “Now the Paris accord faces the same fate as the Kyoto Protocol which also ended in failure.”
» But even if Democrats retained control of the Senate, Obama learned in 2009 the difficulty of passing a global warming bill. That year Obama failed to get a cap-and-trade bill through the Senate — even though his party controlled 59 seats. Republicans were able to block the cap-and-trade bill, and Obama abandoned the effort to focus on health care and tackling Wall Street. But avoiding the Senate again in 2016 meant a Democrat would have to win the 2016 election, which did not happen.
» “Voters foiled their scheme in November 2016,” Lewis said. »
Jusque-là, on pourrait dire que cette affaire n’a été, du point de vue de ses effets politiques, qu’un épisode de tragédie-bouffe plus ou moins attrayant sur les mœurs, us & coutumes de cette étrange époque. Mais non, il y a autre chose, qui a pris une ampleur formelle considérable, qui est la véritable marque de l’importance de cette affaire. Il faut, pour cela, en revenir à l’ultra-riche Bloomberg et à sa visite bombastique au jeune-président excité comme une puce. A ce propos, ZeroHedge.com avait annoncé : « Dis-United States – Billionaire Bloomberg Builds Coalition Of States To Combat Climate Change ».
En fait, Bloomberg s’était présenté à l’Élysée comme le représentant de trois États de l’Union et de quelques dizaines de grandes villes, qui ont décidé de ne pas suivre la décision du président Trump et de traiter directement avec les signataires de l’accord de Paris pour le suivi, pour leur part, de cet accord. D’ores et déjà, le maire de New York City, Bill de Blasio, a signé un Executive Order dans ce sens.
Mais surtout, voici le plus spectaculaire, et le plus important parce qu’il s’agit d’un acte qui est dans l’air du temps, dont la forme a déjà surgi à plusieurs occasions, qui rejoint également le sens du vote anti-Trump des populations des États concernés, enfin qui prend une forme d’un grand poids en termes de communication en se présentant comme une sorte de “fédération” à l’intérieur d’une fédération qui a nom United States of America, et qui prétend suivre une autre voie que la voie ouverte par le “centre”. Il y a eu, le 2 juin 2017, la constitution par trois États de l’Union, et non des moindres, – la Californie, l’État de New York et l’État du Washington, – d’une “alliance” qui prend le drôle de nom de United States Climate Alliance, impliquant que USCA a prééminence sur USA dans un domaine extrêmement important. Decameron, dans Sic Semper Tyrannis (SST) signale aux signataires, les trois gouverneurs, ce qu’implique leur acte qui, à notre sens, ne peut être qualifié, au choix, que de sédition ou de sécession...
« “Governor Andrew Cuomo of New York, Governor Jerry Brown of California, and Governor Jay Inslee of Washington announced the formation of the United States Climate Alliance after the announcement [by Trump to withdraw from the Paris Agreement], stating that they would convene states committed to upholding the Paris Agreement…”
» The question, “what is Gerry Brown smoking?” has been around for decades. He now says that California, New York, Washington state and others will join together to override the President of the US, and join the Paris Climate Agreement independent of the decision of the United States government. That, folks, is not legal. Under the US Constitution, the power of treaties lies exclusively with the President of the United States; under it, the Senate can ratify a treaty or not, but not make its own treaties. And, emphatically, states have no power or competency to enter into treaties. In addition, in 1799, a decade after the ratification of the Constitution, there was 18 U.S. Code, Section 953, popularly known at the Logan Act, which reads:
» “Private correspondence with foreign governments
» “Any citizen of the United States, wherever he may be, who, without authority of the United States, directly or indirectly commences or carries on any correspondence or intercourse with any foreign government or any officer or agent thereof, with intent to influence the measures or conduct of any foreign government or of any officer or agent thereof, in relation to any disputes or controversies with the United States, or to defeat the measures of the United States, shall be fined under this title or imprisoned not more than three years, or both.”
» The Logan Act still has the force of law, despite the fact that there has never been a successful criminal prosecution under it. The intent of the act was always to prevent private parties from trying to undercut the policy of the federal government. And there have been repeated positive citations of the act in decisions by US Federal courts in both civil and criminal cases. »
On peut évidemment considérer cette initiative des trois États comme un simple “coup“ de communication, voire une simple passe de mauvaise humeur. L’illégalité de la chose n’est pas si avérée qu’elle les mène directement devant un tribunal, – hypothèse complètement irréaliste, comme on doit l’entendre.
Non, le cas est très différent dans une autre dimension, par son accointance complète avec les circonstances, avec le climat, avec l’état des psychologies, avec les positions extrêmes bien connues (la Californie, l’État le plus puissant des USA, le plus anti-Trump, le plus idéologisé dans sa tendance sécessionniste pour des raisons profondes et pleinement actives), avec l’espèce d’intolérance totale et sauvage des uns et des autres par rapport aux uns et aux autres, bref avec la situation de rupture interne abyssale des USA. Du coup, l’initiative qui se situe au cœur d’une crise qu’on peut percevoir comme insoluble en raison de l’absence total de volonté d’accommodement, acquiert un caractère symbolique d’une puissance surprenante... Dire USCA comme on dit USA, pour l’opposer à USA, c’est chanter sur un air de défi l’air de la sédition, sinon de la sécession. (Pourquoi pas CSCA contre USA, ce qui serait une version moderne du CSA de 1861 ? Qui ne songe à ces analogies historiques à la fois si fascinantes et si inévitables tant la situation de tension est extrême, qu’elle ne laisse voir pour nous soulager tous qu’une de ces ruptures brutales dont l’Histoire connaît la recette ?)
Les attendus des divers textes (voir l’ Executive Order de Blasio) sont d’une sévérité inouïe et d’un mépris à mesure (il faut bien justifier l’acte) quant à l’appréciation des capacités du président, exactement comme une entité puissante décide de se saisir de son propre pouvoir pour l’affirmer contre une autorité légale qu’il juge absolument délégitimée. On comprend que cela dépasse largement la question de l’accord de Paris et qu’il est extrêmement secondaire de déterminer qui a raison et qui a tort, et même de savoir si quelqu’un a raison et si quelqu’un a tort en l’occurrence ; situation classique comme les couples connaissent lorsque vient l’heure inéluctable du divorce. Nous sommes dans une occurrence où la crise interne des USA/USCA et du pouvoir de l’américanisme qui se répand comme une trainée de poudre depuis deux ans est bien proche d’atteindre un point de déflagration.