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220326 juillet 2017 – La situation à Washington D.C., du surréaliste et de l’extraordinaire évolue vers les sphères inexplorées de l’hyper-surréaliste et de l’hyper-extraordinaire. Nous sommes en panne d’épithètes, ces adjectifs maudits, car plus rien ne peut rendre compte d’une situation que l’écrasante majorité des citoyens et dirigeants du monde, et notamment du monde civilisé (lisez : bloc-BAO), ignore superbement puisqu’occupée à fara niente sur les plages brûlantes de notre contre-turbo-civilisation.
(Sauf ici, en Belgique, où il fait, comme l’on dirait fort lestement et qu’on nous pardonne cet aparté insensé, – “un temps de merde et à chier, à ne pas croire” ; ce qui, semble-t-il, satisfait pleinement PhG, curieux pied-noir revenu d’Algérie vacciné une fois pour toutes contre la maudite chaleur de l’été.)
Aujourd’hui, Trump tire à boulets rouges sur ses propres ministres, ou dans tous les cas sur l’un d’entre eux parmi les plus fidèles, comme s’il estimait qu’il n’y a pas assez du Deep State pour pulvériser la non-administration Trump. Ces pratiques en fatiguent d’autres (parmi ses “ministres les plus fidèles” mais aussi parmi les délégués du Deep State chargés de le surveiller [lui, Trump])... Le tout additionné, le compte est bon et tout cela menaçant de pulvériser le gouvernement de cette non-administration, d’incinérer le pouvoir de Washington D.C. et de réduire en lambeaux la toge impériale des États-Unis exceptionnalistes censée indiquer la direction du meilleur des mondes postmodernes. La civilisation est en panne, et même le turbo-contre-civilisation ne fonctionne plus...
Cet extraordinaire désordre de la non-administration Trump, est-ce à l’avantage du Deep State et des anti-trumpistes en général ? (Ou à l’instigation du Deep State car on sait cette chose capable des complots les plus extraordinaires, que même Edgar Alan Poe n’aurait pu créer dans son univers fantastique ?) Rien de cela et en aucune façon, puisque le Deep State, ou ce qui en fait fonction, est totalement embourbé dans son hyper-extraordinaire délire, dans son simulacre du Russiagate qui continue à plonger l’establishment washingtonien-D.C. dans des abîmes totalement inexplorés de ridicule.
On en a déjà tellement parlé qu’il nous semble inutile d’à nouveau développer l’approche théorique de cette situation qui ne cesse d’empirer... “Empirer”, c’est le mot, et sa justification sera fixé par cette anecdote qui se suffira à elle-même, – façon de prendre le phénomène par le bout le plus revigorant de l’ironie par l’absurde, – pour décrire l’état d’un enfermement complet du Deep State et de ses diverses courroies de transmission. (... La principale dans ce cas, le plus beau de tous les plus beaux fleurons puisqu’il s’agit de la presseSystème, totalement plongée dans son simulacre de haine antitrumpiste et de fantasy-complotiste à l’avantage du terrifiant Poutine.)
Une toute récente remarque du ministte des affaires étrangères de l’inquiétante Russie, Sergei Lavrov, fixe effectivement la gravité hyper-extraordinaire de la situation politique et surtout psychologique dans le chef de ses acteurs, par la démonstration a contrario du délire paroxystique de la presseSystème US... En deux mots : peut-être, a suggéré ce ministre russe aussi solide qu’un roc et aussi sérieux qu’un pape véritable, y a-t-il eu complot au G20 entre Trump et Poutine lorsqu’ils se sont trouvés ensemble aux toilettes, en train de pisser ? Lavrov, plein de l’impudente puissance de la Russie à la conquête du monde, suggère à la fine-fleur de l’intelligentsia journalistique occidentaliste-américaniste de suivre cette piste, – “enquête dans les latrines, ou comment le terrifiant Poutine a réussi à conquérir le monde en pissant”.
(Le passage est à voir sur l’interview de NBC du 21 juillet 2017 à 58-59 seconde de cette vidéo de 91 secondes, lorsque l’intervieweur parle très sérieusement de “trois rencontres Poutine-Trump” dont deux secrètes [au G20], et que Lavrov réplique, avec un formidable sérieux et le regard glacé-écrasant d’une dérision fatiguée porté sur son interlocuteur, et en anglais directement pour que personne ne s’y trompe : « Oui, mais peut-être qu’il y a eu une quatrième rencontre secrète, quand ils se sont rencontrés aux toilettes ». Nous savons bien ce que Lavrov veut dire, car nous savons décoder les messages venus des pratiques du KGB : “Poutine et Trump pissant de concert, pour couvrir le bruit de leurs conversation complotiste” … Et, miracle étourdissant, nous voyons aussi bien que le journaliste-NBC continue avec le plus grand sérieux, prenant manifestement pour du comptant cette réponse puisqu’il l’avait suggérée en ouverture de la séquence comme un véritable scoop... Fatigue et respect.)
Mais revenons à Trump lui-même et son administration-simulacre... La question aujourd’hui à Washington D.C. est de savoir qui partira le premier : le secrétaire à la justice Jeff Sessions, que Trump accable de tweets et de critique dans ses interviews (au NYT et au WSJ, deux piliers de la presseSystème-FakeNews qu’il exècre) et à qui il reproche de s’être désisté pour la conduite de l’enquête sur Russiagate ; ou bien Rex Tillerson, le secrétaire d’État, aujourd’hui l’objet de nombreuses rumeurs concernant son départ, cette fois pour des raisons personnelles, parce qu'il ne supporte plus le désordre chaotique de la Maison-Blanche, son ambassadrice à l’ONU qui fait des déclarations contraires aux siennes malgré les réprimandes qui s’ensuivent, et parfois l’un ou l’autre tweet trumpiste qui entre en collision avec une déclaration de politique étrangère qu’il vient de faire.
Voyons Jeff Sessions d’abord, l’ancien sénateur de l’Alabama qui est l’un des fidèles de Trump depuis les débuts de sa campagne. Sa décision de s’abstenir dans l’enquête sur le Russiagate au profit de son adjoint Rosenstein a conduit indirectement à la nomination d’un enquêteur spécial (Mueller) puisqu’il s’agit de la décision de Rosenstein, mais cette nomination n’est pas pour autant de sa responsabilité. Peu importe, Sessions est devenu l’objet d’une vindicte incroyable de Trump, non seulement par tweets mais dans des interviews qui s’étalent dans la presseSystème censée être l’ennemi n°1 de Trump, – du New York Times au Wal Street Journal.
Alexander Mercouris, qui a toujours pris soin de ménager Trump parce qu’il jugeait qu’avec lui perçait l’espoir de la possibilité d’un freinage décisif de la politique interventionniste et belliciste des USA (la politiqueSystème), ne peut retenir son amertume devant ce comportement du président. Il met bien en évidence ce qui nous apparaît comme une évolution catastrophique de la part de Trump contre lui-même : la mise en pièce du gouvernement par celui qui l’a constitué et qui le dirige, concrétisant la validité de l’expression moqueuse de “non-administration”, et installant officiellement et structurellement le désordre dans la machinerie du pouvoir exécutif.
« Back in May, shortly after President Trump sacked FBI Director Comey, I wrote an article for The Duran in which I said that President Trump’s own erratic behaviour is a major reason for his problems. Since then the President has made some wise decisions – such as getting himself some good lawyers and an accomplished Communications Director – but he persists in undermining them with other bad and extremely unwise ones.
» President Trump’s ongoing campaign against Jeff Sessions – his own Attorney General – is a case in point. [...]
» Instead by publicly going after Sessions – as well as Rosenstein and Mueller – the President is giving more oxygen to the scandal instead of taking the air out of it. He is also antagonising Sessions – his own Attorney General – who was previously one of his most loyal supporters and is a force to be reckoned with in Alabama in his own right. He is also needlessly offending Sessions’s former Republican colleagues in Congress, who were never the President’s greatest fans anyway. but whose support the President needs if he is to have any hope of getting his legislative programme through.
» Last but not least, this habit of turning on key members of his own administration such as Sessions is causing dismay amongst the President’s own people. Already there are reports that Rex Tillerson – the President’s Secretary of State and perhaps his single best appointment – is unhappy in his job and is thinking of quitting. Given the way Sessions is being treated, that comes as no surprise.
La transition nous étant suggérée par Mercouris, passons au cas de Rex Tillerson, le secrétaire d’État, qui est d’actualité depuis hier, selon différentes rumeurs (CNN, Reuters, etc., reprises notamment par TheDuran.com et ZeroHedge.com). La thèse est simple : Tillerson va, ou veut s’en aller...
Une première variante de la thèse avance que Tillerson resterait à son poste jusqu’à la fin de l’année, le temps de remettre en ordre le département d’État, ce qui sonne assez ironique par rapport à l’environnement de désordre et de chaos où opère le ministre. D’autres rumeurs, désormais plus pressantes, indiquent qu’il pourrait partir encore plus vite pour nombre de raisons qui l’exaspèrent, et aussi parce qu’il est physiquement fatigué, qu’il n’avait accepté cette fonction que sous la pression de sa femme sans se douter qu’il s’agirait d’un tel tourbillon de désordre, que la démonstration est désormais faite à cet égard...
(La thèse de la fatigue n’est pas à écarter, – comme une des causes parmi d’autres, – et elle est même significative par ce qu’elle nous dit des pressions psychologiques, et physiques par conséquent, que subissent aujourd’hui les acteurs de la politique washingtonienne, dans une ambiance parfaitement définie par le terme “tragédie-bouffe” : cette bouffonnerie de désordre, de mensonges et de simulacre, pouvant brutalement basculer dans la tragédie d’un désordre majeur, y compris d’un “coup d’État” d’une forme ou l’autre...)
Parmi les cinq raisons qu’Adam Gurrie, de TheDuran.com, développe pour expliquer un retrait possible de Tillerson, – où effectivement les questions personnelles telles que la fatigue dans un environnement de tragédie-bouffe jouent un grand rôle, – on trouve le cas politiquement exemplaire de l’ambassadrice des USA à l’ONU Nikki Haley. Le titre du texte Gurrie est celui-ci, et il exprime bien l’atmosphère régnante, le désordre, la médiocrité triomphante, etc. : « Tillerson ne parvient pas à arrêter Nikki Haley dans sa dynamique de “voyou’. » (Nous gardons les termes précisément pour mieux souligner l’absurdité de la situation en situant mieux Haley, qui est du même type politique et affectiviste que sa prédécesseure, la très-fameuse harpie Samantha Power, mais deux ou trois crans en-dessous pour la maîtrise, la connaissance des dossiers et le talent polémico-hystérique, bref une Power avec en sus, ou en-dessous c’est selon, une médiocrité et une absence de brio remarquables : « Tillerson cannot stop Nikki Haley from going rogue ».)
« After Nikki Haley called for ‘regime change’ in Syria in direct contradiction to Tillerson’s statements opposing such an action, it was said that Tillerson demanded that Haley clear her apparently rogue remarks with the State Department as a precaution. This didn’t work for long, as in July of this year, less than three months after the admonition from Tillerson, Haley was once again grandstanding against Russia and Iran while attacking the Syrian government, all the while Tillerson was nowhere to be seen. When Tillerson did emerge, his statements were nothing like those coming from Haley, they were as expected, far more moderate.
» If Tillerson’s moderate positions on Syria can be overruled by someone who is technically his inferior, what kind of authority does Tillerson have as a ‘boss’ ? »
Encore une fois, il ne fait pas croire que le désarroi d’un côté profite à l’autre, parce que nous sommes dans la perfection presque absolue du cas du “lose-lose” : tout le monde perd... Le fait est, en effet, qu’à côté d’un Tillerson qui se noie dans le désordre, un général H.R. McMaster, délégué par le Deep State pour servir de conseiller à la sécurité nationale de Trump à la place du général Flynn, et indiquer au président le chemin de le vertu impériale, se trouve lui-même emporté dans le désordre qu’il était censé maîtriser pour en faire un ordre à son avantage:
« Secretary of State Rex Tillerson has told friends he will be lucky to last a year in his job, according to a friend, while two officials said national security adviser H.R. McMaster was frustrated by what he sees as disorganization and indiscipline on key policy issues inside the White House. »
La thèse selon laquelle les militaires sont à la manœuvre est par conséquent fortement sollicitée et prend eau de toutes parts. Il n’est en effet pas si commun qu’un général fort respectable du point de vue opérationnel, puisqu’il s’agit du commandant en chef des forces spéciales (U.S. Special Operations Commander), le général Raymond Thomas, viennent confier ses préoccupations selon lesquelles les forces US en Syrie sont complètement en contravention avec les lois internationales et que les Russes auraient complètement tous les atouts de leur côté pour obtenir leur départ. Les confidences du Général Thomas sont étranges et inattendues parce qu’il nous semblait que ce qui caractérisait le comportement US, c’était justement la certitude de la puissance et le plus complet mépris pour les règles et les lois internationales, et pour les Russes en Syrie... Et Thomas a son importance, à son poste de chef des opérations spéciales, alors que les opérations US en Syrie, comme dans nombre d’autres théâtres de cette sorte, sont le fait des forces spéciales.
« The commander of the US Special Operations Command, Gen. Raymond Thomas, has dropped a bombshell in an interview reported by Newsweek. The commander of the US Special Operations Command, Gen. According to Thomas, his forces operating in Syria are in violation of international law and Russia has the legal high ground:
» “Here’s the conundrum: We are operating in the sovereign country of Syria. The Russians, their stalwarts, their backstoppers have already uninvited the Turks from Syria. We’re a bad day away from the Russians saying, ‘Why are you still in Syria, U.S.?’
» “If the Russians play that card, we could want to stay and have no ability to do it.” »
Mercouris résume donc, non pas le dilemme washingtonien, mais l’évolution accélérée vers une institutionnalisation d’une situation crisique où l’impuissance s’ajoute à la paralysie des deux côtés à la fois, là où Trump refuse absolument le seul processus qui pourrait faire espérer vaguement un déblocage des choses : « However the reality is that the Russiagate scandal will only end when someone independent like Special Counsel Robert Mueller – not President Trump himself – says this very thing. Given how much the Democrats have invested in the scandal, it cannot end any other way. »
Ainsi dominent désormais deux facteurs qui, à la fois, s’annulent et se paralysent réciproquement :
• L’opposition à Trump n’est arrivée à rien en elle-même, sinon à s’embourber dans le Russiagate, qui est un montage complet qu’elle a elle-même réalisée, qui devient de plus en plus impopulaire dans le public, alors que les élections partielles réalisées il y a quelques semaines ont démontré la mauvaise position des démocrates... Mais, comme le dit Mercouris, “les démocrates ont trop investi dans ce simulacre” pour reculer et abandonner d’eux-mêmes cette piste antitrumpiste dont ils continuent à espérer, de plus en plus vainement, qu’elle conduira à la destitution, – et dont ils sont de plus en plus les prisonniers.
• Dans ces conditions, comme l’exprime rationnellement Mercouris, seule une enquête officielle acceptée par tous, – celle de Mueller bien entendu, nommé par le gouvernement Trump, – pourrait parvenir à dégonfler la baudruche-Russiagate et convaincre les démocrates d’en revenir à un fonctionnement normal des institutions. Mais Mueller peut-il conduire cette enquête ? Le laissera-t-on faire ? Est-il absolument impartial ?
• Non, non et non, – voilà les réponses aux trois questions précédentes, parce que la raison, le jugement rationnel n’ont aucune place dans cette bouillie pour les chats ; parce que Trump est un personnage bien singulier et au comportement étrane, qu’il est persuadé qu’il y a contre lui un complot et que le Conseiller Spécial Mueller en fait partie. Par conséquent, il lui semble logique et de bonne politique d’attaquer son propre gouvernement d’où est venue cette décision de lancer une enquête officielle et de nommer Mueller.
Tout le monde doute de tout le monde, tout le monde soupçonne tout le monde, tout le monde dénonce tout le monde, tout le mo,nde hait tout le monde. La paranoïa et laschizophrénie règnent de tous les côtés, dans tous les sens, de toutes les façons possibles, dans une situation où la communication ne peut plus être maîtrisée par quiconque. Washington D.C. est devenue complètement folle, une sorte de “Kiev-la-folle” à une échelle monstrueuse, un asile de fous à l’échelle de la puissance globale, de la globalisation, de la contre-civilisation. Peut-être verra-t-on un jour une junte de militaires venir occuper la Maison-Blanche après les sommations d’usage de l’élégant ancien directeur de la CIA Brennan ; comme ce sont les USA, ce sera “les généraux”, comme l’on disait “les colonels” pour la Grèce à la fin des années 1960, – ce qui est assez logique, c’est tout de même un grade au-dessus...
Bref, autant vous le confier sans autre ménagement : la Grande Crise d’effondrement du Système poursuit son chemin, inarrêtable et implacable.
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