Un commentaire est associé à cet article. Vous pouvez le consulter et réagir à votre tour.
2230Robert Parry, que nous citons régulièrement, est bien connu de nos lecteurs, et ses qualités le sont également par conséquent. Nous avons choisi de citer son plus récent texte (6 octobre) sur le site Consortium.News qu’il édite et dirige, parce qu’au travers de son évaluation de la situation d’Obama vis-à-vis de la crise syrienne, Parry nous semble tracer un portrait cohérent et parfaitement intéressant du président des États-Unis. Par le fait, il nous donne les clefs de l’explication que recherchent nombre de commentateurs, et même (mais cela n’étonnera personne) nombre de chefs d’États et de gouvernement. A une très-récente réunion de représentants des États-membre de l’UE où fut discutée l’attitude politique de l’UE vis-à-vis des crise des migrants-réfugiés et de la Syrie, la grande question qui n’était nullement à l’ordre du jour mais qui était dans tous les esprits était, selon une de nos sources qui en fait témoignage, – “Quelqu’un sait-il ce que veut faire exactement le président Obama à propos de la Syrie et de l’intervention des Russes ?”, – question sans réponse, évidemment.
L’article de Parry porte effectivement sur l’attitude politique et personnelle d’Obama, avec notre remarque que ce président est certainement celui chez qui le comportement et le caractère personnels ont compté et comptent le plus dans la politique qu’il a conduit et qu’il conduit ; ou plutôt, devrions-nous dire, au choix, “la non-politique qu’il a conduit et qu’il conduit...” ou bien “la politique qu’il n’a pas conduit et qu’il ne conduit pas...”. En fait, on pourrait diviser l’article de Parry en deux : d'abord et essentiellement, effectivement, le “portrait” d’Obama face à la crise syrienne, qui vaut aussi bien comme “portrait d’Obama-président face à toutes les crises”, avec mise en évidence constante d'une faiblesse psychologique et d'une carence de caractère.
D’autre part, il y a une longue appréciation de l’action extrêmement perverse de la presse-Système et du commentaire-Système dans le sens de l’“extrémisation” totale du “jugement politique” à Washington, notamment au travers de la dissection du comportement professionnel faussaire et d’une bassesse intellectuelle rare d’un commentateur fameux du Washington Post, Richard Cohen, avec rappel de ses interventions passées, notamment en février 2003 à propos du discours grotesque de Powell à l’ONU (sans doute la plus grave faute et le plus grand regret du secrétaire d’État, selon son propre aveu) et la question du montage tout aussi grotesque autour des “armes de destruction massive” de Saddam Hussein. Les remarques de Parry sur Cohen concernent principalement, évidemment, les commentaires actuels du journaliste, qui se situe dans le droite ligne des neocons, avec l’extraordinaire défilé de phantasmes, montages intellectuels, affirmations de l’au-delà du mensonger, etc. Ce que Parry veut montrer avec ce long passage sur Cohen, c’est à quelles pressions le caractère d’Obama le pousse à céder, donnant ainsi un aspect important du portait implicite qu’il fait d’Obama.
Ce que nous publions ci-dessous, c’est ce que nous jugeons être le “portrait” d’Obama, constitué selon notre appréciation par les quelques paragraphes d’introduction (“ce que devrait faire Obama” à propos de la Syrie selon Parry, et qu’il ferait s’il n’y avait pas cette carence du caractère qu’il signale), puis par la deuxième partie du texte exposant la carence de caractère, ou la faiblesse psychologique du président, et les pressions de communication auxquelles il est soumis et auxquelles il succombe à cause de ses défauts. Effectivement, nous associons une “carence de caractère” avec une “faiblesse psychologique”, qui se résument dans la situation politique à une intimidation à laquelle succombe Obama, malgré ce que Parry juge être une réelle intelligence du jugement. Cette intimidation vient bien sûr de l’extérieur dans son aspect opérationnel, mais elle n’est nullement une contrainte de l’extérieur ; c’est bien la faiblesse psychologique d’Obama qui l’ouvre aux conditions d’influence de communication formant l’aliment de cette intimidation, et sa carence de caractère qui détermine sa propre intimidation.
Dans le cours de cette analyse qui comporte des aspect psychologique important, on a également une description du monde totalement surréaliste et irréaliste qu’est devenu Washington, notamment par l’action des fantastiques centres de puissance de communication, notamment le dispositif de relations publiques au travers de diverses firmes spécialisées qu’a mis en place ces dernières années l’Arabie Saoudite à Washington. (Bien entendu, The Lobby, le lobby israélien, reste en place et exerce toute sa puissance, mais il semble bien que, pour l’occasion, l’Arabie, suivant d’ailleurs ce lobby israélien comme modèle d’organisation, ait mis en place à coups de centaines de $millions une organisation de pression professionnelle de relations publiques plus puissante encore.) C’est cette situation de pression extérieure qui est décrite par cette phrase que nous avons nous-mêmes citée hier, sous cette forme : notre traduction suivie de la citation originelle du texte de Parry qu’on retrouvera dans les extraits ci-dessous :
« “En effet, il y a aujourd’hui tant de ‘narrative’ fausses ou douteuses qui désinforment le processus de ‘groupthinking’ de la capitale, que les décisions des USA sont plus le produit de la mythologie que des faits.” (“Indeed, there are now so many false or dubious narratives dis-informing the capital’s ‘group think’ that U.S. decisions are driven more by mythology than facts.”) »
Il nous semble sans aucun doute qu’il faut bien établir une graduation des forces en présence et l’orientation véritable du processus de cause à effet. Ce ne sont pas les forces d’influence qui déterminent l’intimidation que montre Obama, même si elles en sont bien entendu les outils ; c’est le caractère du président, avec la carence que nous signalons, avec la faiblesse psychologique qui nourrit cette carence, qui permettent à ces forces d’influence de faire leur travail et de le subjuguer. Le jugement d’Obama n’est, selon Parry, nullement en cause. Il (Obama) comprend bien ce que la politique maximaliste d’inspiration neocon & Cie a de catastrophique et son véritable jugement serait de choisir une voie réaliste et, dans le cas de la Syrie, de coopérer droitement et clairement avec la Russie, tout en engageant un dialogue politique avec Assad. Malgré cela, et à cause de cette faiblesse psychologique qui tient à divers aspects des conditions sociales qu’il a connues et de la faiblesse constitutive de sa psychologie, et à cause finalement de sa carence de caractère, Obama ne fait pas la politique qu’il voudrait faire ; son habileté lui permet de louvoyer, de repousser les pires incitations jusqu’à l’action irréversible mais de céder aux autres qui impliquent de retenir l’action mais de prononcer sans cesse des condamnations (notamment des Russes et d’Assad dans ce cas de la crise syrienne) qui paralysent la politique en général. Le résultat est effectivement une complète paralysie par impuissance de la volonté de la politique US, et un comportement du président US marqué par ce qu’on juge être la plus complète incertitude, et ce qu’on croit être une incapacité à se décider. Ainsi Obama est-il plus l’otage de son caractère que des pressions extérieures, alors que son intelligence lui permet de comprendre certaines réalités de la situation du monde dont il devrait impérativement tenir compte et qu’il écarte à cause de cette faiblesse.
Tout cela constitue bien entendu le jugement de Parry, ce qu’on nommerait “sa thèse” à propos du comportement du président des États-Unis. Il faut avoir à l’esprit que Parry alimente ce jugement de contacts certainement en bonne position à la Maison-Blanche pour étayer cette “thèse”. Nous ne serions pas loin d’y souscrire, tout en observant que la situation ainsi créée constitue objectivement une situation de dictature du Système sur la direction US qui a pour effet paradoxal de produire une complète paralysie de la politique US par impuissance du caractère, et par faiblesse ou hystérie des psychologies concernées c’est selon ; c’est-à-dire une situation tout aussi objectivement catastrophique pour ce que voudrait provoquer le Système (cas classique, surpuissance-autodestruction).
(Dans les extraits du texte de Parry ci-dessous, nous avons souligné avec l'emploi du gras deux passages qui nous semblent rendre comptedes deux aspects de la situation que nous avons déterminée dans l'analyse de Parry : carence de caractère et pressions extérieures de communication.)
« President Barack Obama is turning his back on possibly the last best chance to resolve the bloody Syrian war because he fears a backlash from Official Washington’s powerful coalition of neoconservatives and “liberal interventionists” along with their foreign fellow-travelers: Israel, Turkey, Saudi Arabia, Qatar and other Gulf sheikdoms.
» The route toward peace would be to collaborate with Russia and Iran to get Syrian President Bashar al-Assad to accept a power-sharing unity government that would fairly represent Syria’s major religious and ethnic groups – Christians, Alawites, Shiites and moderate Sunnis – along with a commitment for free, internationally monitored elections once adequate security is restored. But for such an arrangement to work, Obama also would have to crack down aggressively on U.S. regional “allies” to ensure that they stopped funding, supplying and otherwise assisting the Sunni extremist forces including Al Qaeda’s Nusra Front and the Islamic State (or ISIS). Obama would have to confront the Sunni “allies” – including Saudi Arabia, Qatar and Turkey – as well as Israel.
» His pressure would have to include stern action aimed at the global finances of the Gulf states – i.e., seizing their assets as punishment for their continuing support for terrorism – as well as similar sanctions against Turkey, possibly ousting it from NATO if it balked, and a withdrawal of political and financial support for Israel if it continued helping Nusra fighters and viewing Al Qaeda as the “lesser evil” in Syria. [See Consortiumnews.com’s “Al-Qaeda, Saudi Arabia and Israel.”] Obama also would have to make it clear to Syria’s “moderate” Sunni politicians whom the U.S. government has been subsidizing for the past several years that they must sit down with Assad’s representatives and work out a unity government or the American largesse would end.
» This combination of strong international pressure on the Sunni terror infrastructure and strong-arming internal players in Syria into a unity government could isolate the Sunni extremists from Al Qaeda and the Islamic State and thus minimize the need for military strikes whether carried out by Russia (against both Al Qaeda and ISIS) or the U.S. coalition (focusing on ISIS). And, the arrival of Russian military support for the Assad government – as well as the increased backing from Iran and Lebanon’s Hezbollah – represented the moment when the prospect for peace was brightest, whatever one thinks of those various players. However, instead of working with Russian President Vladimir Putin and Iranian President Hassan Rouhani, President Obama chose to bend to the pressures of Official Washington. [...]
» But the larger problem is that President Obama appears intimidated by this collection of know-it-alls who preen across the editorial pages of The Washington Post and The New York Times or who hold down prestigious “fellowships” at the Brookings Institution or other big-name think tanks or who self-identify as “human rights activists” advocating “humanitarian” wars.
» Arguably, Obama has always had an outsized regard for people with establishment credentials. It is, after all, how he rose through the ranks as first an extremely bright academic and later a talented orator and politician. Without family connections or personal wealth, he needed the approval of various influential individuals. If he offended them in some way, he risked being pigeonholed as “an angry black man.” Indeed, the comedy duo Key & Peele developed a series of funny skits with Jordan Peele playing the always proper and controlled Obama and Keegan-Michael Key as “anger translator Luther.” Obama even invited “Luther” to translate Obama’s speech to the 2015 White House Correspondents Dinner, except that by the end of that talk Obama was expressing his own anger and Luther peeled away.
» The problem in the real world is that Obama remains cowed by the Important People of Washington – represented in that oh-so-important crowd at the dinner – and bows to their misguided thinking.
» Obama also is facing a beefed-up lobbying operation for Saudi Arabia to go along with the always formidable Israel Lobby. The Intercept reported that in September the Saudi kingdom added to its large stable of thoroughbred influence-peddlers by signing “Edelman, the largest privately owned public relations agency in the world [and] the Podesta Group … a lobbying firm founded by Tony Podesta, a major fundraiser for the Hillary Clinton presidential campaign.”
» Indeed, the repressive Saudi kingdom may need some special P.R. help as it prepares to behead Ali Mohammed al-Nimr whose body would then be attached to a cross or otherwise displayed in a crucifixion that would leave his corpse to rot for several days as a warning to others. Al-Nimr is a Shiite who at the age of 17 in 2012 participated in a pro-democracy demonstration that was viewed as an affront to the monarchy. The Saudis also have been waging a ruthless air war against impoverished Yemen, attacking Houthis who stem from a branch of Shia Islam which Saudi Sunni Wahhabism considers apostasy. The Saudi bombing campaign, which recently killed some 131 celebrants at a wedding inside Yemen, gets intelligence and logistical support from the Obama administration even though the slaughter of Houthis has benefited their Yemeni rivals, “Al Qaeda in the Arabian Peninsula” who have gained ground behind the Saudi air offensive.
» Yet, the Saudis’ P.R. battalions – along with the Israel Lobby – have kept Official Washington’s focus in other directions. Indeed, there are now so many false or dubious narratives dis-informing the capital’s “group think” that U.S. decisions are driven more by mythology than facts.
» Obama could begin the process of restoring sanity to Washington by declassifying U.S. intelligence analyses on several key issues. For instance, Obama could release what’s now known about the Aug. 21, 2013 sarin gas attack outside Damascus. After that attack, there was a rush to judgment at the State Department and within the mainstream U.S. news media to blame that atrocity on Assad’s forces, although I’m told that CIA analysts have since moved away from that view and now agree that the attack was likely a provocation designed to draw the U.S. military into the war on the side of the Sunni jihadists. [See Consortiumnews.com’s “The Collapsing Syria-Sarin Case.”] Though Obama and other officials have dropped the sarin accusations from their public speeches – harping instead on “barrel bombs” as if those homemade weapons are some uniquely evil device – Obama has refused to retract the sarin allegations which helped shape the hyper-hostile “conventional wisdom” against Assad.
» Similarly, Obama has withheld U.S. intelligence information about the July 17, 2014 shoot-down of Malaysia Airlines Flight 17 over eastern Ukraine, letting stand hasty accusations blaming Putin. Obama appears infatuated by the trendy concept of “strategic communications” or “Stratcom,” which blends psy-ops, propaganda and P.R. into one noxious brew to poison public opinion about one’s “enemy.” With the recent Russian military intervention in Syria, Obama had the chance to correct the record on the sarin-gas attack and the MH-17 shoot-down but instead continued the “Stratcom” both in his United Nations speech and his news conference last Friday with more hyperbolic attacks against Assad and Putin. In doing so, Obama apparently bowed to the desired rhetoric of hardliners like U.S. Ambassador to the UN Samantha Power and the editorial-page masters of The Washington Post and The New York Times.
» Obama may have hoped his harsh language would appease the neocons and their liberal-hawk pals, but the tough-guy rhetoric has only opened him up to new attacks over the disparity between his words and deeds. As the clueless columnist Richard Cohen wrote, “A no-fly zone needs to be established. It is not too late to do something. By doing so little, the United States has allowed others to do so much.” [Emphasis in original.] In other words, Cohen appears to want the U.S. military to shoot down Russian planes over Syria, even though the Russians have been invited by the recognized government to be there and the U.S. has not. The minor complication of possible human extinction from a nuclear war apparently is of little consequence when compared to the street cred that one gets from such manly talk.
» For Official Washington – and apparently Obama – the peace option is regarded as unacceptable, i.e., working with Russia and Iran to achieve a power-sharing unity government in Damascus (with the promise of elections as soon as possible) along with the United States demanding from its regional “allies” a complete shutdown of assistance to the Islamic State, Al Qaeda’s Nusra Front and all other Sunni jihadists.
» That option would require Obama and the neocon/liberal-hawk cowboys to get down off their high horses, admit they have been tossing their lasso in the wrong direction – and compromise. »
Forum — Charger les commentaires