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1882Après son show d’autodérision de vendredi soir, Obama apparaît étrangement, au travers des quelques nouvelles qui suivent, comme une créature “sous garantie”, complètement à vendre et en fait achetée d’une façon extrêmement grossière, quasiment sous contrat de grandes et respectables institutions comme Goldman-Sachs dont il parla avec tant de légèreté et d’humour lors de son intervention. C’est une occurrence effectivement étrange, dans la chronologie, et si Obama parlait vendredi dernier du Système en général en jetant une lumière ironique et lucide sur l’extraordinaire corruption qui y règne et le possède littéralement (et donc lui-même à l’intérieur du Système), il apparaît aujourd’hui, sous une lumière extraordinairement crue jusqu’à l’indécence, comme un personnage à vendre (déjà vendu) sans la moindre vergogne à l’intérieur de ce Système.
Ce n’est pas le fait qui doit ici nous étonner puisque, comme chacun sait, “c’est bien connu et tout le monde le sait” ; c’est l’exposition du fait qui représente une occurrence extraordinaire, l’archi-corrompu (le président comme “les copains et les coquins”) ne ratant pas l’occasion annuelle de moquer la corruption, les corrompus et le Système. Un tel détachement dans le cynisme ainsi qu’un tel nihilisme dans l’abdication ironique de toute dignité constituent une expérience très rare, marquant l’exceptionnalité et l’exceptionnalisme à la fois de ces temps que nous vivons, bien plus que l’Amérique elle-même, et de toutes les façons du personnage lui-même (Obama).
L’acharnement qu'Obama montre à pousser les grands traités de libre-échange (TPP pour le Pacifique et l’Asie, TTIP/TAFTA pour l’Atlantique et l’Europe) jusqu’à au moins une ratification (celle du TPP) avant son départ de la Maison-Blanche, – ambition qui paraît, dans les conditions actuelles, relever de plus en plus d’un combat désespéré, – le pousse à commettre des actes de communication qui paraissent étonnants d’impudence. Le dernier en date est un article d’opinion qu’il a publié hier 3 mai dans le Washington Post où il présente le TPP comme un moyen pour les USA d’assurer leur hégémonie sur l’Europe sur le Pacifique et l’Asie, sans doute sous l'inspiration de la doctrine Brzezinski-révisée. RT-français publie quelques notes sur cet article du Post, – que le quotidien de Washington et de tendance neocon complète d’un édito favorable à cette ratification.
« Plus la fin de son mandat approche, moins le locataire de la Maison Blanche prend de pincettes. Dernière saillie en date ? Sa tribune au Washington Post. “Elever des murs afin de s'isoler de l'économie globale ne fera que nous priver de perspectives incroyables. Au contraire, les Etats-Unis doivent dicter les règles. Les États-Unis doivent mener le bal. Les autres pays doivent jouer d’après les règles que les Etats-Unis et ses partenaires fixent”, a-t-il expliqué.... [...] Vous avez noté [dans le catalogue des signataires du TPP] l’absence de la deuxième économie mondiale dans cette liste. Barack Obama a d’ailleurs tenu à apporter une petite précision : “Le monde a changé. Les règles changent aussi. Ce sont les Etats-Unis et non pas des pays comme la Chine qui doivent les écrire.” »
Cette affirmation d’Obama qui s’adresse à l’opinion US, aux élites-Système, aux candidats à sa succession et autres babioles qu’on espère aussi corrompues que lui, implique quasi-directement que le TTIP/TAFTA, frère-siamois du TPP pour l’Europe, est conçu selon le même dessein (TTIP-TPP comme moyen d’hégémonie du système de corruption de l’américanisme relayant le Système sur le bloc-BAO dans toute son extension, et sur le monde cela va de soi). Cette logique s’oppose d’une façon grossière à la façon dont Obama avait plaidé, deux semaines plus tôt à Londres, contre le Brexit et pour le TTIP, au motif que le traité serait extrêmement favorable au Royaume-Uni et à l’Europe. Mais les termes employés par Obama étaient suffisamment ambigus et suffisamment anglicisés pour nous en apprendre plus sur cette visite et sur ce qu’elle dissimulait à peine...
Grâce à Loud & Clear sur le réseau radiodiffusé de Sputnik-News du 3 mai, on dispose de nouvelles et très intéressantes précisions venues de l’un des invités de l’émission de Brian Becker, Alex Gordon, ancien président de l’union syndicale britannique des travailleurs des chemins de fer et du transport maritime. Gordon est l’un des membres dirigeants du mouvement interprofessionnel et inter-politique Lexit (contraction de Leave et de Exit, bien entendu correspondant à l’option du Brexit). L’entretien permet d’avoir des précisions intéressantes sur cette visite d’Obama, sur sa position vis-à-vis du TTIP, sur son intervention devant la presse rédigée par les services de presse du Foreign Office britannique comme le montre l’emploi des mots, sur sa position comme “garçon-coursier” à Londres de Goldman-Sachs. La grande banque de Wall Street, qui intervient directement au niveau financier pour soutenir le mouvement anti-Brexit, veut garder l’UE dans sa constitution actuelle pour continuer à disposer de la City à l’intérieur de l’UE, comme relais de pénétration d’une UE totalement débarrassées de l’embarras et de l’inutilité de la pression du principe de la souveraineté après l’adoption du TTIP. Il s’agit d’une exposition extraordinairement crue de l’interventionnisme de Wall Street en tant que tel, sous la forme de sa banque-vedette disposant des services rémunérés du POTUS (President of the United States), pour se débarrasser de tous les obstacles que présente le principe de la souveraineté du pouvoir politique, – et ainsi l’anti-Brexit et le TTIP sont-ils étroitement associés.
Il faut enfin noter que l’entretien est dominé par le constat que l’intervention à Londres du président des États-Unis a eu des effets défavorables et que, d’ores et déjà, les partisans du Brexit mènent de 2% sur leurs adversaires, et surtout que 80% de ces affirmations sont présentées par ceux qui en répondent comme fermes et sans possibilité qu’elles soient modifiées selon les circonstances générales qu’on connaît. Ainsi la riposte antiSystème, ici sous la forme des pro-Brexit, là, et plus généralement, sous la forme de l’opposition grandissante et dévastatrice au TTIP/TAFTA, s’exprime désormais d’une façon aussi crue et décidée que l’action des centres de puissance du système et de la globalisation déstructurante et dissolvante.
Question : « Will the Leave campaign’s surge in the poll hold? »
Comment : « “There is always a health warning on opinion polls, they are only opinion polls,” said Gordon. “The real opinion poll will be the referendum on the 23rd of June.” “Current opinion polls coming out today are indicating that there has been a hardening of support for the leave campaign — the ICM opinion poll reported a 46% Leave support versus 44% for remaining in the EU, but they also discovered among their respondents a hardening of resolve of the leave supporters with 80% saying that they are absolutely certain to vote against remaining in the EU versus 75% prior to Obama’s visit,” explained Gordon dissecting the promising polling results. »
Question : « What was the reception in the British press of Obama’s comments last week? »
Comment : « “The way in which Obama intervened in this particular debate was particularly noteworthy, arriving early morning on Air Force One, straight into a press conference with a scripted intervention around the European Union Referendum that had been scripted for him by Downing Street officials,” remarked Gordon. “Obama said in very un-American English that if British voters vote to leave the European Union then Britain will find itself at the back of the queue.”
» The outgoing US President is well-known for writing his own speeches, and the Lexit activist argued that Obama’s choice of words aroused suspicion about who was really behind his statement, overshadowing the content of his remarks. “That was the cat being let out of the bag because that remark wouldn’t have been scripted by a US press attache or script writer, it was written by the British foreign office for Obama – Obama would have said at the back of the line, not the back of the queue.” »
Question : « Why did President Obama attempt to intervene in the referendum vote? »
Comment : « “Obama is clearly the messenger boy of the American banks doing business in London,” opined Gordon. “Goldman Sachs is bankrolling the Remain campaign, the campaign to persuade British voters to remain in the European Union. They have given a £1 million ($1.45 million) to support this campaign over the next eight weeks.”
» Gordon explains that American financial interests support the Remain campaign because, with the UK as part of the EU, American banks can use London to access the European single-market system. “Britain’s departure from the European Union would be a loss of [US banks] investment on this low-regulation political economy that has been established since Margaret Thatcher liberalizing London with the big bang of 1986.” Gordon elaborated that prior to Britain’s accession to the European Economic Community (the precursor to the EU) in 1973 and before rise of Thatcherism’s deregulatory mandate in 1986, London’s finance sector was a heavily regulated “cut-by-custom” environment that prevented highly-leveraged speculative investments and cross-border trading through derivatives. Since then, London’s finance circle has been overrun by tens of thousands of senior US banking employees. “For these employees and the corporations they work for, Britain’s role and status within the European Union and the European single market is absolutely critical for their investment strategies. That is why Obama was in London,” commented Gordon. »
Question : « How did President Obama’s comments linking EU membership to TTIP impact public opinion? »
Comment : « “What we had been saying all week and which a lot of people have been responding to is that if you are against TTIP and you are against Britain being part of a global free trade agreement that is going to tie our public services to the interests of global corporations then you should vote to get out of the European Union on the 23rd of June,” said Gordon. “Obama just confirmed that what we were saying is right, if you are against TTIP, if you are in favor of public services and in favor of popular democracy then you should vote to get out of the EU because Obama just told you that you won’t get TTIP if you leave the EU,” remarked Gordon. »
Question : « What is the broader public opinion of the TTIP? »
Comment : « “It is controversial because the negotiations have taken place in complete secrecy with no legislative or public oversight of the negotiation terms,” said Gordon, speaking of the unusual secrecy in which the trade pacts has been created and negotiated. The Lexit campaigner raised concerns that the TTIP may result in the end of the country’s popular single-payer health system. “The National Health Service in Britain would be imperiled by the Transatlantic Trade and Investment Partnership because one of the protocols within TTIP allows health sector corporations to sue governments that prevent them from getting into a market – there are already very large US health businesses eager to invade and get their hands on contracts in Britain.” »
Mis en ligne le 4 mai 2016 à 13H45
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