Obama-l’Arrogant, coiffé d'un entonnoir

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Obama-l’Arrogant, coiffé d'un entonnoir

Sans aucun doute, le président Obama a une haute opinion de lui-même qui n’a cessé d’être renforcée et justifiée par le véritable culte qui lui a été porté, transformant les antiSystème de gauche du temps de GW Bush en zombies-Système sous l’étiquette (notamment) de progressistes-sociétaux. Il n’y a rien que ne fascine plus les théoriciens de la liberté se prétendant délivrés de l’emprise divine, que l’asservissement à une icône pseudo-humaine autorisant tous les débordements enthousiastes de la “servitude volontaire” (et absolument délicieuse, dimension négligée par La Boétie, car qui s’asservit volontairement chez cette sorte de psychologie, littéralement selon le langage du temps, “prend son pied” comme lors d’un orgasme enfin réussi).

Cette digression a semblé nous éloigner d’Obama et de ses turpitudes courantes, mais point tant que cela, car l’icône est elle-même totalement asservie à ses faiblesses, et notamment à l’extraordinaire arrogance postmoderne qui l’a porté pendant huit ans, et à la sottise qui va avec même si elle est animée par une très grande intelligence, – mais l’intelligence, lorsqu’elle fonctionne en mode invertie à cause d’une faiblesse psychologique épouvantable et d’un caractère sans aucune fermeté, produit les meilleures et les plus durables sottises... Mais voilà que cette arrogance est soumise à rude traitement, sous la forme de l’indifférence pour lui, de la réduction de son rôle à l’inauguration des dernières chrysanthèmes de l’an USA-2016 (même son vote pseudo-“historique” à l’ONU vis-à-vis d’Israël, où certains croiraient distinguer l’amorce d’une révolution, ne durera même pas dans ses effets le temps du mois de janvier 2017, nul ne l’ignore, – une fois de plus, l’Arrogant a frappé en se gardant de retenir son coup, bien à l’abri de son pouvoir réduit à l’extrême de la peau de chagrin bien connue, etc.)

Décidément, non, en vérité cela ne pouvait durer de la sorte : Obama s’est rattrapé, il a agi, il a manifesté, par des actes considérables de sottise vues les circonstances, qu’il conservait encore des miettes de pouvoir... Il est question de la dernière charrette de sanctions décidée et annoncée à grands renforts des trompettes de la renommée par le président-sortant, contre les Russes certes, sans guère de conséquences pour eux, donc contre Trump certes.

Un commentateur européen, indépendant, bien que proche des milieux officiels de l’UE qui en sont encore à se demander comment ils pourraient entrer en contact avec la future (dans trois semaines !) administration Trump, estimait cette nuit qu’au niveau de la communication, et nullement de l’efficacité des mesures qui est extrêmement réduite, « les décisions antirusses spectaculaires mais sans grand effet prises par le président Obama reviennent à transmettre, ou tenter de transmettre le pouvoir directement à la CIA et non à Donald Trump... Pour le symbole et pour le climat politique à Washington, et même et surtout pour l’identification de la légitimité, cela laisse à penser ».

Cette remarque, faite spontanément à l’annonce des sanctions imposées par Obama, et qui impliquent que ces mesures vont essentiellement dans le sens de la bataille intérieure à Washington, rencontre sur un mode semblable d’autres commentaires, notamment d’Alexander Mercouris qui a été particulièrement actif dans ses réactions vis-à-vis de l’événement. Ainsi Mercouris écrit-il hier soir (dans TheDuran.com), ajoutant une touche personnelle concernant d’Obama qui sied parfaitement au comportement et à la psychologie du personnage telles qu’elles se révèlent en pleine lumière :

« The true target of these sanctions is Donald Trump.

» By imposing sanctions on Russia, Obama is lending the authority of the Presidency to the CIA’s claims of Russian hacking, daring Trump to deny their truth. If Trump as President allows the sanctions to continue, he will be deemed to have accepted the CIA’s claims of Russian hacking as true.  If Trump cancels the sanctions when he becomes President, he will be accused of being Russia’s stooge.

» It is a well known lawyer’s trick, and Obama the former lawyer doubtless calculates that either way Trump’s legitimacy and authority as President will be damaged, with the insinuation that he owes his Presidency to the Russians now given extra force. Like so many of Obama’s other moves in the last weeks of his Presidency, it is an ugly and small minded act, seeking to undermine his successor as President in a way that is completely contrary to US tradition.

» Donald Trump – very wrongly – was one of those who cast doubt on Obama’s American birth; a deeply personal issue which Obama would be only human if he found difficult to forget or forgive.  As for Putin, Obama’s dislike and jealousy of Vladimir Putin, who has consistently bested him throughout his Presidency, is hardly a secret.

» It seems that as he quits the Presidency Obama cannot put these feelings of jealousy and resentment aside, but is determined to use the few weeks left to him to make life as difficult for Trump and Putin as he can after he is gone. »

Un autre aspect doit être mis en évidence, qui est la publication, concomitante à l’événement des sanctions, d’un rapport conjoint FBI-DHS (Department of Homeland Security). Ce rapport est ridicule par l’absence de preuves sur l’implication des Russes, et même par l’insistance sur cet aspect ; si bien qu’on en vient vite à la conclusion que le rapport est intentionnellement ridicule, montrant que le FBI et le DHS se démarquent, comme ils l’ont fait déjà à plusieurs reprises, des conclusions de le CIA. (Le rapport constitue alors leur réaction à l’obligation de répondre à un ordre du président de prendre part à l’effort antirusse en réalité anti-Trump.) Non seulement le rapport déforce toute l’affaire, – ditto, le “Silent Coup assourdissant” de la CIA se poursuivant sous l’inspiration directe du président-sortant, – mais il en est une riposte et confirme les antagonismes existant entre les organes de sécurité nationale.

C’est à nouveau Mercouris qui donne une très bonne analyse du rapport conjoint FBI-HSD (à nouveau hier soir), en signalant par ailleurs qu’il n’est pas le seul à juger ce rapport ridicule (intentionnellement ?), puisque le Guardian lui-même, et ce n’est pas rien, s’en mêle  :

« In conjunction with US President Obama’s announcement of new sanctions against Russia, the FBI and the Department of Homeland Security have published a 13 report into the Russian hacking allegations. I think it is fair to say that a mountain has moved and produced a mouse. [...]

» Even the Guardian has been forced to admit that this is thin stuff. Security experts on Twitter criticised the government report as too basic. Jonathan Zdziarski, a highly regarded security researcher, compared the joint action report to a child’s activity center. Tom Killalea, former vice-president of security at Amazon and a Capital One board member, wrote: “Russian attack on DNC similar to so many other attacks in past 15yrs. Big question: Why such poor incident response?” [...]

» I would add that the complete absence of enthusiasm on the part of the FBI and the Department of Homeland Security for the Obama administration’s attempts to use the claims of Russian hacking for its own political ends shines th

rough the whole report.  Anyone with experience of such reports can spot it immediately.  This is very much a report produced to order, which does the absolute minimum it can get away with in order to appear to comply with the order. Interestingly the NSA, the branch of US intelligence which has presumably the greatest expertise in the area, and which has the most information about it, is not a co-author of this report.  I wonder why? »

... De tout cela, résulte le constat que le Silent Coup que l’on croyait vaguement, sans trop élaborer à ce propos, rendu complètement muet après le vote des Grands Électeurs, se poursuit par des voies différentes. Cette fois, il s’agit d’une intervention directe d’Obama, qui marquera effectivement l’histoire de la présidence des USA par son extraordinaire félonie, sa couardise et son attitude absolument déconstructrice du pouvoir américaniste, – mais, sur ce dernier point précisément, nous ne nous en plaindrons pas... Obama est dans ce cas parfaitement conforme à la définition du Diable que donne Guénon (*), avec cette irrémédiable et décisive marque de sottise qui marque ses toutes ses actions, jusqu’aux plus intelligentes ; car c’en est une, Trump ou pas Trump, de déconstruire de la sorte le principal instrument du système de l’américanisme qu’est le pouvoir américaniste, quand on se pose en principal défenseur du Système en général.

On voit donc une autre facette de la “politique“ d’Obama, l’homme-sans-politique puisque dans les derniers jours de son mandat. C’est ainsi : il y a des êtres qui se révèlent sur le tard, lorsqu’il est trop tard pour construire quelque chose de durable. Il est vrai que cette “politique” qu’il nous révèle est de pure destruction et qu’elle n’innove en rien puisqu’elle vient se greffer sur toutes les forces à l’œuvre dans ce sens à Washington. De même qu’hier, on a vu qu’il s’employait à donner des armes à ceux-là même qui, dans le propre parti du nouveau président, vont s’employer de toutes leurs forces à saboter toute possibilité de rapprochement avec les Russes (« Ce que fait Obama avec sa politique “à-la-Sherman”, c’est moins compliquer directement la tâche de Trump qu’armer jusqu’aux dents les républicains anti-Trump et donc antirusses, c’est-à-dire essentiellement les jumeaux McCain-Graham ») ; de même le voit-on, aujourd’hui, remettre la CIA sur les rails de l’attaque contre le président en s’appuyant sur le rapport de l’Agence pour imposer des sanctions aux Russes, – sans voir, éventuellement, que sa brillante manœuvre a comme effet quasi-direct de voir deux autres grands services de sécurité nationale, le FBI et le ministère de la sécurité intérieure, approuver sa démarche d’une manière tellement légère et grossière qu’ils signifient en réalité leur désaccord complet avec la CIA.

Entre ses dix-huit trous et au-delà, Obama travaille dur pour transcrire sa maxime impayable en “legs” immortel : “après moi le désordre encore pire qu’avec moi”. La situation est effectivement pleine d’inspiration à cet égard ; avec les conditions qu’il est train de créer, la vérité-de-situation sous-jacente à Washington va devenir confrontation de premier rang et extrêmement assourdissante...  C’est la première fois dans l’histoire moderne, voire dans l’histoire tout court et toute longue des USA, qu’on voit arriver un président avec l’axe central de sa politique extérieure aussi complètement opposé à celui de cet ensemble washingtonien indéfinissable et insaisissable, venu d'au-delà de l'humain, cette espèce de courant général qui emporte avec la pression psychologique, la corruption courante, le politically System, toutes les adhésions sauf quelques oiseaux rares, héroïques et aventureux. Il est déjà survenu quelques périodes extrêmement brèves où cette situation s’est présentée, chaque fois terminée avec la défaite du président, JFK se dressant contre la CIA et en faveur d’un accord avec l’URSS, jusqu’à Dallas-1963, Nixon affrontant le complexe militaro-industriel et se rapprochant des dirigeants soviétiques en 1972-1974, enchaînant parallèlement l’ensemble Watergate-démission. Est-ce à dire que nous ne laissons guère de chance à The-Donald, si effectivement il persiste dans cette politique-sacrilège ? Pas sûr, parce que The-Donald est une bestiole sans pareil et sans précédent, et parce que le bordel laissé par Obama concerne aussi bien et peut-être plus encore les adversaires de Trump que Trump et sa petite troupe... L’arrogance, surtout quand elle se targue d’être hubris, est mauvaise conseillère.

 

Note

(*) « On dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s'empêcher de laisser échapper toujours quelque sottise, qui est comme sa signature... »

 

Mis en ligne le 30 décembre 2016 à 12H14