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1935Une réaction de Donald Trump à la tuerie d’Orlando a particulièrement frappé les esprits dans le public, également les commentateurs de la presse-Système, enfin les commentateurs indépendants. (Pour une fois, tout le monde est d’accord.) Il s’agit de son commentaire concernant l’attitude d’Obama vis-à-vis de la tuerie et la réticence très marquée à utiliser le jugement d’un acte terroriste, commandé, ou bien adopté et pris à son compte a posteriori par “le terrorisme islamiste” (Daesh & Cie). Quittant son habituel style ultra-rapide de lancer des déclarations puis de passer à autre chose, cette fois Trump est revenu et encore revenu sur le fait, chaque fois de façon paradoxalement à la fois précise et ambiguë, et inhabituellement grave. A Fox.News, l’une de ses plus récentes sorties sur le sujet, il a dit précisément : « Il y a quelque chose qui se passe. Il [Obama] n’y comprend rien ou alors au contraire il comprend bien mieux que quiconque ne peut comprendre. C’est l’un ou l’autre. » (“Something is going on. He doesn’t get it, or he gets it better than anybody understands. It’s one or the other.”)... Or, l’hypothèse générale est que, quoi qu’on puisse avoir contre lui, – et l’on se bouscule au portillon, – l’intelligence d’Obama n’est jamais contestée, comme par exemple il arrivait qu’on puisse le faire pour le brave GW Bush.
C’est Justin Raimondo qui donne (le 17 juin) la plus intéressante et la plus poussée des appréciations hypothétiques des déclarations de Trump, sous le titre explicite « “Il y a quelque chose qui se passe”, – et c’est pire que ce que vous pouvez penser » (“‘Something is Going On’ – And It’s Worse Than You Thought”)... Pourquoi, se demande Raimondo, ne cesse-t-on de revenir sur ce sujet ?
« I used to wonder why in the heck right-wing commentators on Fox News kept repeating the same mantra over and over again: sitting through the Republican debates, my eyes glazed over when I heard each and every candidate denounce the Obama administration for refusing to say the Sacred Words: “radical Islamic terrorism.” What are these people talking about, I thought to myself: they’re obsessed!
In short, I wrote it off as Fox News boilerplate, until the other day when, in the wake of the Orlando massacre, Donald Trump said the following on Fox: “Something is going on. He doesn’t get it, or he gets it better than anybody understands. It’s one or the other.” Reiterating this trope later on in the same show, he averred that the President “is not tough, not smart – or he’s got something else in mind.” »
Raimondo remarque que la presse-Système et l’establishment en général n’étouffent rien de cette affaire. Au contraire, on affronte Trump sérieusement, en rejetant absolument ce qu’il dit, mais sans l’accuser de bouffonnerie, comme si effectivement la matière était importante. Raimondo remarque que le Washington Post, le canard anti-Trump par excellence jusqu’à se faire virer de la campagne-Trump, a sorti un article sur le sujet le 14 juin dont le titre que vous lirez (“Trump suggests ‘there's something going on’ with Obama”) n’était pas celui qui avait été mis en place initialement (“Donald Trump Suggests President Obama Was Involved With Orlando Shooting”). C’est un peu moins précis, et peut-être un peu moins critique pour Trump, mais la rédaction du Post a réalisé qu’à être trop précis en reprenant les accusations de Trump on pouvait obtenir l’effet inverse : donner du crédit à des accusations très précises contre Obama. Bref, tout le monde marche sur des œufs, sauf le volumineux The Donald, qui réplique à tous les articles de la presse-Système lancés contre lui, avec un tweet qui parle de lui-même à la troisième personne, comme s’il voulait objectiver ce qu’il dit : « Les médias en rajoutent les uns sur les autres pour critiquer ce que Donald Trump “aurait insinué à propos du POTUS.” Mais [Donald Trump] a raison. »
Puis Raimondo déroule sa thèse, et elle est bien entendu énorme, à la dimension de The Donald lui-même, même si elle n'est pas vraiment surprenante. Trump accuse Obama et Clinton d’avoir eux-mêmes puissamment aidé à la création de Daesh et autres élèments de la mouvance terroriste, en complète complicité avec l’Arabie et le Qatar, et qu’ils jouent un jeu serré en écartant systématiquement tout ce qui peut accréditer les actes et les campagnes du terrorisme djihadiste, cela sous la pression constante des Saoudiens d’agir en ce sens (laissons le Qatar à part, les Saoudiens assurant le service essentiel). Raimondo pourrait d’ailleurs remonter à 1979-1980 (Brzezinski ne l’a jamais caché) pour trouver l’origine de cette démarche qui a vu depuis des pans essentiels du pouvoir US, dont la CIA, des intérêts privés, et certains politiciens de haut vol, avec les Clinton en tête d’escadrille, voler ensemble pour développer ce qui devint le terrorisme djihadiste. Quoi qu’il en soit, il s’en tient au passé proche et dévoile le grand pot-aux-roses, – que nous connaissons tous mais qui, rappelé durant cette campagne, claironné par Trump, à partir d’une documenttion irréfutable qui entraîne des engagements inattendus (voir plus loin), prend une toute autre résonnance :
« The media and the Never Trumpers leaped on this statement and translated it into the old Obama-is-a-secret-Muslim trope, but that’s not what he was talking about. He was talking about the largely unknown history of our intervention in Syria, where Hillary Clinton was the jihadists’ best friend and benefactor. It was she who led the charge to “liberate” Syria, to arm the “moderate” head-choppers and do to that war-torn wreck of a country what she had done to Libya. Obama knows it: and so does the media. But their lips are sealed.
» Fortunately, mine aren’t.
» So we finally unlock the Great Mystery: why oh why does is this administration and the Clinton campaign so reluctant to utter the words “radical Islamic terrorism”? Is it because of political correctness and a fear of inciting “Islamophobia”? Don’t flatter them: they’re not above that, when it serves their purposes. But it doesn’t serve their purposes this time.
» What they’re afraid of is alienating their allies in the Middle East – not just the jihadists they’ve funded and succored in an effort to overthrow Assad, but primarily the Saudis, the Turks, and the Gulf sheikhs who are all in on the game and are playing it for all it’s worth. And of course there’s the Clinton Foundation, which has received millions in “donations” from the Saudi royals and their satellites. »
... Effectivement, il y a quelques jours encore, le 14 juin, on avait des nouvelles rassurantes sur la situation financière de la campagne Clinton, ce qui est une autre façon d’aborder le sujet ; en effet, l’on peut déduire de la nouvelle, directement donnée par un prince royal saoudien, qu’il y a là une façon de rappeler la chère Hillary à ses devoirs, ses accointances et ses obligeances ... « Jordan’s official news agency, Petra News Agency, reported on Sunday citing the Saudi crown price, namely that Saudi Arabia is a major funder of Hillary Clinton’s campaign to become the next president of the United States. As MEE notes, the Petra News Agency published on Sunday what it described as exclusive comments from Saudi Deputy Crown Prince Mohammed bin Salman which included a claim that Riyadh has provided 20 percent of the total funding to the prospective Democratic candidate’s campaign. »
A côté de ce spectacle que décrit Raimondo, il y a des passages importants sur les sources qui alimentent Trump en informations, de telle façon que le candidat républicain puisse attaquer et attaquer encore et toujours Obama et Clinton sur ce terrain, avec des munitions sérieuses et sans crainte de se trouver démenti. En fait et comme beaucoup, et à nouveau, nous connaissons ces sources et ce qu’elles disent depuis longtemps, mais elles n’ont pas encore pénétré le cuir épais du système de l’information US dont la cuirasse censureuse vaut bien les châteaux forts les plus puissants de l’Ordre des templiers. Il y a les documents de la DIA datant de 2012 et annonçant que la politique menée en Syrie, notamment sous la pression d’Hillary Clinton au département d’État et du général Petraeus, aboutirait à la création d’une nébuleuse djihadiste au centre de laquelle trônerait Daesh et sa cohorte directes ou indirectes d’attaques et d’attentats terroristes dont le dernier en date à Orlando. La presse-Système tente de minimiser ces documents, auxquels Trump a déjà fait référence, mais passe sous silence une interview fameuse (au moins dans le sens du goût) qui eut si peu d’échos aux USA, que Raimondo rappelle, et sur laquelle nous nous nous étions précipités à l’époque... Et l’on retrouve chez Raimondo les mêmes termes que nous mentionnâmes, toujours à cette même époque.
« The Washington Post, in its mission to debunk every word that comes out of Trump’s mouth, ran an article by Glenn Kessler minimizing the DIA document, claiming that it was really nothing important and that we should all just move along because there’s nothing to see there. He cited all the usual Washington insiders to back up his thesis, but there was one glaring omission: Gen. Michael Flynn, who headed up the DIA when the document was produced and who was forced out by the interventionists in the administration. Here is what Flynn told Al-Jazeera in an extensive interview :
»Al-Jazeera: “You are basically saying that even in government at the time you knew these groups were around, you saw this analysis, and you were arguing against it, but who wasn’t listening?
» Flynn: I think the administration.
» Al-Jazeera: So the administration turned a blind eye to your analysis?
» Flynn: I don’t know that they turned a blind eye, I think it was a decision. I think it was a willful decision.
» Al-Jazeera: A willful decision to support an insurgency that had Salafists, Al Qaeda and the Muslim Brotherhood?
» Flynn: It was a willful decision to do what they’re doing.” »
Rien de nouveau pour nous, mais tout nouveau pour le public US, – ce qui est une des surprises constantes du système de la communication, recyclant les mêmes informations jusqu'à ce qu'elles obtiennent l'écho qui leur est du, – et voici le Général Flynn qui entre en piste, dont nous avons nous-mêmes beaucoup parlé à propos de Trump, au moins comme conseiller, sinon plus encore dans une administration Trump. Il se trouve que Raimondo signale en passant un bruit qui court avec insistance et qui était déjà exposé dans un article du très sérieux Army Times le 24 mai, qui proclamait ainsi prendre très au sérieux ce que venait d’écrire le New York Post :
« Could Donald Trump’s vice presidential pick come from the Pentagon's alumni? On Tuesday, the New York Post reported that the presumed Republican presidential nominee has begun whittling down his list of potential running mates for this fall. Along with the expected slate of lawmakers and advisers, the newspaper included retired Lt. Gen. Michael Flynn as a possible pick.
» Flynn, a retired soldier who deployed to Iraq and Afghanistan, last served in the military as the director of the Defense Intelligence Agency from spring 2012 to fall 2014. He has worked as an adviser on Trump’s primary campaign in recent months. Selecting the former high-ranking military official with 33 years of intelligence experience could boost Trump’s weak national security and foreign affairs background, something that pundits have pointed to as a potential credibility gap in a race against former Secretary of State Hillary Clinton this fall. »
Ainsi, et d’une façon brutale et décidée, une affaire d’une importance considérable s’impose dans les présidentielles US, qui justifie l’accusation de certains de représenter la candidate Clinton comme celle d’un agent (ou dirait-on “une agente” ?) “à la solde de l’étranger” ; c’est-à-dire de l’Arabie, pour être plus précis et plus fastueux dans le sens des donations, et cela alors que les analystes US craignent aujourd’hui l’effondrement du régime des Saoud, avec le désordre et les révélations qui s’ensuivraient... Dans cette prospective, cela nous donnera une très exotique première présidente du genre féminin des États-Unis. Hillary fait vraiment la révolution en toutes choses.
Le Général Flynn, qui a gardé ses contacts avec la DIA dont on sait le rôle particulier, se prépare à sortir un livre sous le titre de The Field of Fight: How We Can Win the Global War Against Radical Islam and Its Allies. Il précise que son but est d’ « informer le peuple américain du grave danger auquel nous faisons face dans le guerre contre la terreur... Jusqu’à ce que notre gouvernement décide de lancer les actions décisives contre des terroristes qui ne veulent rien de moins que de nous détruire, nous et notre façon de vivre... » Flynn sait au moins ceci, avec la plus grande certitude et l’expérience : avec Clinton, ce sera le contraire qui sera fait. Il a 57 ans, et il ferait ainsi un vice-président plein de vigueur, équilibrant comme il faut le tout récent septentenaire (le 14 juin !) de l’éventuel président Donald Trump.
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