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2920Les journalistes russes, et ceux de RT-FakeNews plus précisément, n’en sont pas encore revenus. Rick Perry, ancien gouverneur du Texas, très “texan” et ami des pétroliers, devenu le secrétaire à l’énergie (comme ça se trouve) de Trump, rencontrait hier son homologue russe à Moscou. Il y eut une conférence de presse dont personne n’attendait grand-chose ; sauf qu’un journaliste de RT eut l’outrecuidance de lui poser une question sacrilège, du type “vous reprochez à la Russie, soi-disant d’utiliser sa politique énergétique dans des buts politiques, mais vous-même que faites-vous avec ;l’Iran ?”.
La conférence de presse prit aussitôt un tour inattendu, Perry se dressant comme la statue du Commandeur, les pieds sans doute bottés (un Texan) fermement posés sur cette terre russe chargée de tant d’infamie... Le journaliste de RT qui nous rapporte son aventure ne peut s’empêcher de glisser l’une ou l’autre tournure de phrase qui trahit un certain agacement de dérision.
« Une conférence de presse de routine du secrétaire américain à l’énergie et du ministre russe de l’énergie a, de manière surprenante, donné lieu à une conférence sur la supériorité et l’exceptionnalisme de Washington. Le secrétaire américain à l’Énergie, Rick Perry, a réagi soudainement à une question d’un journaliste de RT sur la contradiction apparente entre les accusations américaines contre la Russie et son utilisation présumée de la politique énergétique comme outil politique et les menaces de Washington de ramener les revenus pétroliers iraniens à “zéro”.
» Au lieu de considérer cette question, Perry, qui s’était entretenu avec le ministre russe de l’énergie, Aleksandr Novak, a préféré expliquer que les États-Unis se trouvaient dans une position unique leur permettant d’imposer leur volonté à d’autres pays, que l’Iran en fait partie de ces pays et qu’il faut donc naturellement qu’il s’exécute. “Le message à l’Iran est que nous attendons d’eux qu’ils soient des voisins acceptables, des membres acceptables de la société”, a déclaré Perry, ajoutant que ce n’est pas seulement la volonté de Washington mais aussi celle de “certains voisins de l’Iran”.[...]
» Perry a ensuite déclaré que pratiquement tous les pays ont des “responsabilités à l'égard de leurs actions dans le monde” en tant que “citoyens mondiaux”. Apparemment et pour être plus précis, il apparaît que “ces responsabilités” consistent à suivre les avis des dirigeants américains. Ainsi a-t-il carrément affirmé aux journalistes présents : “Nous attendons du gouvernement iranien qu'il respecte ce que nous considérons comme une activité civilisée”.
» Alors qu’il avait apparemment fini d’expliquer les fondements supposés de la politique mondiale dans l’interprétation de Washington, Perry s’est mis à émettre de nouvelles menaces : “Le message au gouvernement iranien est clair : si vous ne pouvez pas… participer en tant que citoyen raisonnable, il y aura des sanctions qui vous coûteront cher...”
» Perry a ajouté que “les États-Unis sont aujourd'hui en mesure d'envoyer aux pays qui ne se conduisent pas de manière civilisée un message exprimant qu’il faut qu’ils s’attendent à être punis”. Il ne s'est pas arrêté là et a lancé un autre avertissement en disant qu'il y a “beaucoup de manières différentes” d'infliger des sanctions, et que les sanctions contre le secteur énergétique ne sont que “l'une de celles-là”. Tout cela étant dit, Perry ne s’est jamais attaché à tenter de trouver une réponse à la question qui lui avait été posée. »
Cette intervention de Perry est remarquable, certes, mais elle n’est pas isolée et ce n’est certainement pas un “écart” personnel. Dans l’esprit de la chose, elle fait irrésistiblement penser à celle d’un haut-fonctionnaire du département d’État, Wess Mitchell, à la fin août. Elle avait donné lieu à un texte de Sergei Latichev, dont nous avions donné la version anglaise avec un long commentaire, le 2 septembre. Nous profitons de cette circonstance (Parry) pour donner la version française, traduite par Le Sakerfrancophone et publiée ce 14 septembre.
Dans son titre, Le Sakerfrancophone parle de “pathologie” pour définir les propos de Mitchell, et la chose est complètement appropriée. Pour notre compte, nous avons souvent développé cette thèse, en l’appuyant notamment sur les spécificités extraordinaires de la psychologie américaniste, qui sont l’inculpabilité et l’indéfectibilité, qui s’acquièrent d’autant plus aisément lorsqu’on constate l’extraordinaire consigne de conformisme qui préside à la formation des jeunes citoyens américains. Par conséquent, on peut admettre que Perry, à son tour, montre des signes de cette pathologie qui fait exposer crûment, sans la moindre précaution de quelque sorte que ce soit, la conception absolument totalitaire de l’exceptionnalisme américaniste, tout entier appuyé sur la force.
Il faut observer que ce caractère rencontre assez bien celui de Trump dans ces matières où la force s’exprime par la pression politique convoyée par des mesures commerciales, financières et économiques. On retrouve là la conception “des affaires” des businessmen US, basée sur la violence, la pression, le cynisme et, éventuellement puisque l’époque s’y prête, les formules creuses dont l’avantage est qu’elles renseignent parfaitement sur la situation, – puisqu’il suffit d’en comprendre le contraire. En effet, lorsque Perry parle de “civilisation”, dont il est la représentation achevée en tant que citoyen américain, et ministre de surcroit, il faut comprendre “barbarie” et tout est dit...
L’intérêt de cet épisode est de nous informer un peu plus que nous ne le sommes sur l’administration Trump, comme sur Trump lui-même. Dans ce cas (celui de Perry), le ministre US ne fait pas partie de l’habituelle cabale neocon et hyper-faucon, comme dans l’équipe de sécurité nationale. C’est un personnage plutôt proche de Trump comme position politique, culturelle et sociale, et on peut croire alors, comme on le dit à propos du caractère, qu’il agit sans guère de doute comme Trump le ferait lui-même s’il était dans sa position.
Cela implique essentiellement le constat que le pendant de cette attitude en politique extérieure pourrait effectivement se trouver dans la brutalité et le cynisme actuels, notamment dans l’affaire syrienne, qu’on attribue en général à l’équipe neocon de Trump (Bolton, Pompeo, Haley), contre le gré de Trump. Du coup, on est conduit à nuancer le jugement sur Trump et à considérer son non-interventionnisme initial (exposé durant sa campagne présidentielle) plus comme une position tactique que fondamentale, et qu’il peut très bien soutenir effectivement l’actuelle politique syrienne.
... Certains y ajoutent même des motifs personnels, mais en affirmant hautement que Trump est désormais quasiment un neocon. On observera que nous restons dans la psychologie, et dans la pathologie qui marque nombre de comportements de businessmen US. (Il est d’ailleurs assez logique et assez sage de faire de la psychologie du businessmanUS en général, purement et simplement une pathologie.) ... C’est ainsi que le colonel Lang, de Sic Semper Tyrannis, voit les choses, ne nous laissant guère d’espoir pour la suite...
« Au point où nous en sommes, même le partisan le plus fervent de Trump devra admettre qu’il s’agit désormais de la politique de Trump. Ce n'est pas quelque chose qui a été fait par les néo-conservateurs, l’État profond, le résistant anonyme ou le fantôme de John McCain sans l'accord de Trump. Il n’ignore pas ce qui se passe, il n’est pas un vulgaire “gouverneurWillian J. LePetomane”. Trump ne s’intéresse peut-être pas beaucoup à Israël, aux Palestiniens ou à Assad, mais il en a vraiment contre l’Iran ou pour être plus précis, contre l’accord nucléaire entre Obama et l’Iran. Tout est personnel. La nouvelle politique syrienne qu’il a énoncée concerne l’Iran. Désormais, il tweete des avertissements à Assad et à Poutine de ne pas toucher à Idlib. Il ne pense pas géopolitiquement. Cela devient de plus en plus personnel avec chaque tweet. Si Poutine et Assad défient les avertissements tweetés par Trump, comme ils le feront sûrement, il risque de riposter. Et tous ceux qui entourent Trump vont le pousser. Et bien mes bons amis, nous sommes dans la merde... »
En toutes choses, et malgré le désordre général, ou plutôt à côté du désordre général qui reflète les concurrences furieuses et les haines féroces du personnel dirigeant, l’ensemble du pouvoir à “D.C.-la-folle”, c’est la conception de la politique de force, ou “idéal de puissance”, qui guide tous les esprits. (Il s’agit aussi de la définition profonde de la politiqueSystème, qui est l’opérationnalisation de l’idéal de puissance, qui règne à Washington depuis le 11 septembre 2001.) Il n’y a plus aucun frein, plus aucune mesure, et même les sautes d’humeur interviennent dans le déroulement et le développement de cette politique, cela d’ailleurs alimentant le désordre interne de Fin-d’Empire. On comprendra que notre souhait le plus vif doit être que le désordre se poursuivre, que la fracture entre les factions s’approfondisse sans qu’aucune ne l’emporte sur l’autre... Dans tous les cas, tout cela rend d’autant plus instructive la lecture (ou relecture en français grâce au Sakerfrancophone) de l’article de Latichev, ci-dessous...
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S’exprimant devant la commission des relations extérieures du Sénat, l’assistant du secrétaire d’État pour l’Europe et l’Eurasie, Wess Mitchell, a déclaré que les États-Unis punissent la Russie parce que Moscou empêche Washington d’établir sa suprématie sur le monde.
Les États-Unis, enfin, ont ouvertement reconnu la raison de leur lutte contre la Russie et qu’ils n’accepteront, face à celle-ci, aucune issue autre que sa capitulation, car la suprématie mondiale des États-Unis est impossible sans un contrôle total de l’Eurasie, que pour l’instant ils n’ont pas.
Tout cela n’est pas une conjecture pour les « théoriciens du complot », ni de la « propagande de Poutine », mais la quintessence de la politique des États-Unis évoquée par l’assistant du secrétaire d’État pour l’Europe et l’Eurasie, Wess Mitchell, devant le Comité sénatorial des relations extérieures.
Mitchell a expliqué aux sénateurs que le financement du département d’État dépend essentiellement de la politique américaine envers la Russie. Il a qualifié la « reconnaissance que l’Amérique est entrée dans une période de grande compétition » comme étant « le point d’appui de la stratégie de sécurité nationale », après avoir souligné que les précédentes administrations ne s’étaient pas suffisamment inquiétées de cela et ne s’étaient pas préparées à vaincre dans cette compétition.
Le haut représentant du département d’État a souligné : « Contrairement aux hypothèses optimistes des précédentes administrations, la Russie et la Chine sont des concurrents sérieux qui se donnent les moyens matériels et idéologiques pour contester la primauté et le leadership américains au XXIe siècle. »
Et après cela, Mitchell a fait exploser une bombe, qui, cependant, ne sera pas une surprise pour ceux qui ont compris que la Russie est déjà dans une situation de guerre hybride avec les États-Unis :
« Il est toujours d’un intérêt primordial pour les États-Unis, en matière de sécurité nationale, d’empêcher la domination de la masse terrestre eurasienne par des puissances hostiles. »
Et ici, Mitchell a fait exploser une bombe atomique, avec de terribles conséquences destructrices, et pas seulement une bombe ordinaire.
Premièrement, l’établissement d’un contrôle total sur l’Eurasie est déclaré comme la tâche la plus importante pour les États-Unis. Une revendication claire est faite en faveur d’une victoire de la civilisation maritime sur la civilisation continentale, centre et seul pilier qui soutient la Russie.
Deuxièmement, Washington avance ouvertement la priorité des exigences les plus strictes de la géopolitique dans le sens le plus catastrophique (la mer doit inonder la terre).
Troisièmement, un défi est lancé à l’existence même de la Russie : elle ne peut mettre fin à sa domination dans sa propre zone géographique vitale qu’en se fragmentant en petits États fantoches.
Quatrièmement, la Russie est qualifiée de pays « hostile ».Cela implique qu’une guerre hybride lui a été déclarée depuis longtemps, guerre que les Américains, comme Mitchell l’a noté plus tôt, essaieront de gagner. Ainsi, il reconnaît que les tentatives de Moscou pour parvenir à un accord avec Washington ne peuvent être entendues que s’il s’agit d’une capitulation.
Enfin, et cinquièmement, Mitchell a mentionné les « puissances hostiles »au pluriel, cela peut seulement désigner l’alliée de la Russie, la Chine, seule puissance indépendante à la périphérie de l’Eurasie. Les États-Unis considèrent la Chine comme leur principal concurrent dans les domaines économique et militaire, qui, à certains égards, est tout aussi puissant que la menace russe et, à long terme, encore plus dangereux. Ainsi, « empêcher la domination »de la Chine dans les espaces ouverts de l’Eurasie implique le même scénario que pour la Russie : démanteler l’Empire céleste en attirant certains pays qui rivalisent pour attirer l’attention et les faveurs de Washington, et n’ont pas de prétentions géopolitiques.
Voici l’ampleur de la chose.
En général, quoi qu’on fasse, Mitchell a déclaré que les États-Unis se préparaient à un conflit universel, une nouvelle guerre mondiale et que « l’objectif principal de la politique étrangère de l’administration est de préparer notre nation à relever ce défi en renforçant systématiquement les forces militaires et économiques et les fondements politiques du pouvoir américain ». La voie vers la victoire est la destruction de la Russie, contre laquelle il faut, selon le plan du Département d’État, convaincre et unir ses voisins de marcher, au rythme de Washington et de ses vassaux américains en Europe.
La diplomatie, selon Mitchell, est un élément mineur dans les relations avec la Russie, ce que les cercles influents de Moscou refusent obstinément de reconnaître, car ils ont l’illusion de pouvoir « s’entendre »avec Washington sur autre chose qu’une capitulation. Le haut représentant du Département d’État a clairement indiqué que « notre politique russe repose sur la reconnaissance du fait que pour être efficace, la diplomatie américaine envers la Russie doit être soutenue par un pouvoir militaire inégalé et pleinement intégré à nos alliés et à tous nos instruments de pouvoir ».
Mitchell se vantait que, depuis un an et demi – lorsque, ajoutons-nous, “l’agent russe” Donald Trump était déjà à la Maison-Blanche – les États-Unis ont obtenu des alliés de l’OTAN une augmentation de $40 milliards des dépenses militaires et pratiquement tous les objectifs politiques « … dans ce sens, y compris la création dans le cadre de l’alliance de l’Atlantique Nord de deux nouveaux commandements, la mise en œuvre de préparatifs de guerre hybride et des initiatives pluriannuelles majeures pour renforcer la mobilité, la préparation et les capacités de l’Alliance ». De plus, ici, il s’agit manifestement d’agression et non de défense. Et il ne s’agit pas seulement des pays de l’OTAN.
Le discours de Mitchell révèle que les États-Unis considèrent leur politique à l’égard de la Russie en rapport avec des catégories militaires : « Nous avons mis un accent particulier sur le renforcement des États en première ligne les plus sensibles à la pression géopolitique russe. En Ukraine et en Géorgie, nous avons levé les restrictions imposées par l’administration précédente à l’acquisition d’armes défensives pour résister à l’agression territoriale russe. » Le Caucase, la région de la mer Noire, même l’Europe centrale sont qualifiés par Mitchell de zones de combat géopolitique contre la Russie, en compétition pour gagner « les cœurs et les esprits ».
Et, selon lui, le département d’État américain se trouve en première ligne : les cinquante missions diplomatiques américaines en Europe et en Eurasie « développent, coordonnent et exécutent des plans d’action sur mesure pour repousser les opérations d’influence russes dans leurs pays hôtes ». À cet égard, les Balkans méritent une mention spéciale, où « la diplomatie américaine a joué un rôle de premier plan dans la résolution du différend concernant le conflit sur le nom du pays entre la Grèce et la Macédoine et en s’engageant avec la Serbie et le Kosovo pour promouvoir le dialogue mené par l’UE ».
Il est peu probable que des personnes sérieuses aient le moindre doute quant à l’instigateur de la crise entre la Russie et la Grèce et que ce n’est pas du tout parce ce que les diplomates russes ont essayé de perturber la compréhension mutuelle entre Athènes et Skopje, en utilisant parfois à cette fin « des espions en soutanes ». La représentante officielle du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, par exemple, a directement accusé les Américains d’être les créateurs du scandale diplomatique en déclarant : « Nous savons tout ». Et maintenant, c’est aussi Mitchell qui a confirmé que c’était le Département d’État qui avait tout fait, et non le méprisable Premier ministre grec, Alexis Tsipras, qui s’est simplement joint à l’ennemi de la Russie.
Selon Mitchell,« en concert »avec ces efforts visant à briser la Russie, les États-Unis provoquent toute une série d’événements de nature économique : 217 entités physiques et juridiques russes sont sous le coup de sanctions, six missions diplomatiques sont fermées, « 60 espions ont été expulsés du sol américain »et le Département d’État se« coordonne de manière étroite et efficace avec les alliés européens ». Au fait, Mitchell a admis involontairement pour quelle raison les services de renseignement anglo-saxons avaient besoin de « l’affaire Skripal »et qui avait organisé cette provocation.
Le haut représentant du Département d’État s’est déclaré satisfait du déroulement de la guerre économique avec la Russie : « en moyenne, les entreprises russes sanctionnées » perdent environ un quart de leurs revenus opérationnels, l’évaluation totale des actifs a été divisée par deux obligeant les entreprises à réduire leurs effectifs d’un tiers. Selon les estimations des experts du département d’État données par Mitchell, « nos sanctions, cumulativement, ont coûté au gouvernement russe des dizaines de milliards de dollars, en plus de l’impact plus large sur les secteurs publics et l’effet paralysant des sanctions américaines sur l’économie russe ». Mitchell a évoqué la situation de la société RUSAL, ainsi que les attaques contre le rouble russe, qui a fortement perdu de sa valeur pour cette raison, comme exemples d’une guerre hybride réussie contre la Russie.
Nous allons les écraser jusqu’à ce qu’ils capitulent
Cependant, si la Russie cesse de résister à l’expansion américaine en Eurasie, tout d’abord en Ukraine, puis cesse également de contrer la politique américaine en Syrie, que Mitchell qualifie d’« agression russe », et agite le drapeau blanc, alors l’Amérique sera prête à négocier la capitulation : « Mais dans tous ces domaines, il appartient à la Russie, et non aux États-Unis, de faire le pas suivant. Notre politique reste inchangée : faire constamment payer la Russie jusqu’à ce qu’elle change de cap. »
Il y a quelques moments étranges dans le discours de Mitchell. En argumentant au sujet de la politique de la Russie, mais sans pouvoir déterminer en quoi elle consiste, et pour cause : il impute à Moscou la logique américaine et ses méthodes de politique étrangère.
Voici des citations :
« Notre stratégie est animée par la réalisation que la menace de la Russie a évolué au-delà de la simple menace extérieure ou militaire ; elle inclut des opérations d’influence sans précédent orchestrées par le Kremlin[en réalité fomentées par Washington, Note de l’auteur] sur le sol de nos alliés et même ici chez nous aux États-Unis. »
« La menace de l’influence des opérations russes existait bien avant notre élection présidentielle de 2016 et se poursuivra longtemps après ce cycle d’élection, le suivant, et le suivant. Comme le révèlent les récentes purges sur Facebook, l’État russe a encouragé des voix marginales de la gauche politique, et pas seulement de la droite, y compris des groupes qui prônent la violence, la prise de contrôle des bâtiments fédéraux et le renversement du gouvernement américain. La Russie fomente et finance des causes controversées – puis encourage et finance les causes opposées à ces dernières. La thèse de Poutine est que la Constitution américaine est une expérience qui échouera si elle est contestée correctement de l’intérieur. Poutine veut diviser la République américaine, non pas en influençant une ou deux élections, mais en exploitant systématiquement les lignes de faille perçues au sein de notre société. »
Ayant accusé la Russie moderne d’utiliser les méthodes « bolcheviques »et « soviétiques » dans son impasse géopolitique avec l’Amérique, Mitchell a fait de Poutine le « père »de la doctrine de politique étrangère américaine depuis longtemps « une stratégie du chaos aux effets stratégiques ».
Merci, M. Mitchell, pour votre franchise.
Globalement, cela vaut la peine d’être reconnaissant à l’éminent employé du département d’État. Mitchell a non seulement décrit les objectifs de la politique étrangère des États-Unis, mais a également révélé les méthodes que Washington entend utiliser pour les mettre en pratique. Il a montré à tous ceux qui sont prêts à regarder la vérité en face le danger effrayant que les États -Unis représentent pour le reste du monde et, avant tout, pour la Russie.