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225711 août 2016 – Il existe vis-à-vis de la situation générale et vis-à-vis de la situation de crise générale caractérisant la situation du monde selon la classification et le rangement de ce que nous nommons depuis 2012 “crise haute”, une attitude d’aveuglement remarquable sur la valeur respective des enjeux. (Nous reviendrons sur la définition de la “crise haute” sous la forme d’un Glossaire.dde, car le moment est évidemment propice...) En fait, plusieurs aveuglements, dont deux principalement, dont nous parlons ici.
Un premier aveuglement concerne la classification de l’importance des crises dans un monde qui est totalement crisique, sinon totalitairement crisique. Par cette observation, nous entendons que la situation générale du monde n’est faite que de crises multiples dans le chef de ses relations “internationales” (le qualificatif est devenu improbable depuis que la globalisation est un fait installé) autant que dans le chef de sa situation elle-même, ou disons de la condition statique de tous ses composants. Rien, absolument rien n’échappe au caractère crisique, qui reflète le caractère universel de globalisation de la crise du Système : puisque le Système est totalitaire, sa crise est évidemment totalitaire. C’est en ce sens que l’on peut parler de “crise haute”, qui est l’interprétation métahistorique de cette crise générale et totalitaire.
Le premier aveuglement est donc de ne pas voir que, dans la classification des diverses crises, sectorielle régionales, psychologiques, etc., celle de l’Amérique au travers des élections USA-2016 a évidemment la première place. Elle écrase toutes les autres, parce que la puissance américaniste, bras armé et moteur de la surpuissance totalitaire du Système, est évidemment à la fois le moteur, l'enjeu et éventuellement la victime désignée de la crise totalitaire du Système.
Le second aveuglement concerne l’aspect conjoncturel de cette crise américaniste, c’est-à-dire là aussi l’incompréhension de la valeur de l’enjeu. (Nous ne parlons donc pas des “valeurs” en tant que telles, puisque c’est à ce propos que s’est mise en place la tromperie des enjeux entre Trump et Clinton.) Il nous est ici parfaitement indifférent d’évaluer les candidatures selon les programmes et, – justement ! – selon les “valeurs”, faux-nez habituel du Système, piège dans lequel le troupeau continue à se précipiter avec un allant et un enthousiasme aveugles qui laissent à penser. Il nous est parfaitement indifférent de faire un choix, et dire que Trump ne nous enthousiasme en aucune façon est un euphémisme aimable. Toutes ces vaticinations intellectuelles n’ont pas leur place face à un fait fondamental, qui gouverne absolument tous les enjeux. Si nous ne savons pas grand’chose de Trump et manquons du moindre enthousiasme pour porter un jugement qui pourrais suggérer un choix, une recommandation ou une satisfaction, par contre nous savons parfaitement qui est Hillary Clinton, ce qu’elle pense, ce qu’elle fait, comment elle agit à un poste de responsabilité central.
Elle a été First Lady pendant huit ans, avec un mari-président notoirement très-faible, d’une légèreté caractéristique et continuellement en état de culpabilisation (ses aventures féminines notoires, sans doute une compulsivité du type sex-adducted) face à la dureté et à la solidité (en ce temps-là) du caractère de l’épouse ; l’influence d’Hillary sur le pouvoir a été considérable (c’est elle et nul autre qui a décidé Bill à déclencher la guerre du Kosovo en mars 1999). Elle a été sénatrice pendant huit ans. Enfin, elle a été secrétaire d’État pendant quatre ans, et fort indépendante d’un président nonchalant, enfermé dans la carapace de la Maison-Blanche (la “narrative infranchissable”, dit le Général Flynn), peu intéressé par les affaires internationales sinon pour l’effet de communication que son arrogance et sa vanité pourraient en retirer. Il est manifeste que la politique US lors de la crise libyenne, avec la catastrophe qu’on sait, a été le fait de la seule Hillary, que la politique syrienne et la politique russe ont été très largement influencées par elle, etc.
Voilà comment l’on sait “ce qu’elle pense, ce qu’elle fait, comment elle agit à un poste de responsabilité central”, et l’on comprend que, sans le frein ultime de n’avoir pas tout le pouvoir qui alla successivement à Bill Clinton et à Barack Obama, il y a toutes les raisons de croire qu’elle fera bien plus, c’est-à-dire infiniment pire dans l’ordre d’une politique non pas expansionniste, mais agressive et belliciste à la fois. Voilà la seule chose assurée des présidentielles USA-2016 : s’il y a un Hitler en gestation ultra-rapide dans cette affaire, un Hitler du point de vue de la politique d’agression mais aussi du point de vue d’une pathologie mentale qui y pousse (voir plus loin), c’est Hillary Clinton. (On a déjà vu que son jugement et sa décision répondent à l’affectivisme et non à la raison. Même si c’est une situation psychologique désormais très-répandue, elle en est, elle, l’archétype, la référence absolue, jusqu’à l’indécence exposée en public. C’est un premier signe remarquable de sa pathologie...)
Bien entendu, ces remarques sont à considérer en fonction du fait qu’elle est favorite pour l’élection du 8 novembre prochain. C’est évidemment un enjeu colossal, à côté duquel les projets de construction d’un mur anti-immigration sur la frontière mexicaine de Donald Trump, ou le fait de l’islamisation grandissante de la France, ou la terrible menace du terrorisme pesant sur la vertueuse civilisation occidentale, constituent d’intéressants sujets de complète irresponsabilité intellectuelle dans le chef de ceux qui s’y ébrouent avec le délice des grands esprits et la jouissance des idéologues ; c’est-à-dire qu’il faudra être encore vivant pour savoir qui avait raison et qui avait tort dans ces débats... (Car si nous parlons d’un “Hitler en gestation” à propos d’Hillary, c’est d’un super-Hitler qu’il faut parler du point de vue des moyens, tant de communication [psychologie] qu’opérationnels ; mais on verra plus loin que ce constat qui paraît effrayant demande, lui aussi, à être nuancé.)
Deux faits remarquables à la fois, – parmi beaucoup d’autres faits, certes, mais ces deux-là remarquables, – entretiennent cette perspective de son élection, et la perspective éventuellement et immédiatement catastrophique que signifierait cette élection.
• Le premier, c’est la santé d’Hillary Clinton, avec des effets directs et indirects éventuellement lourds sur sa psychologie, nécessairement dans le sens de l’exacerbation. Cette mauvaise santé, manifestée d’une façon brutale (à la suite d’accidents de santé) et handicapante, affectant directement ses capacités tant physiques que psychologiques, est largement et quotidiennement documentée (voir par exemple parmi tant d’autres ZeroHedge.com le 8 août et Jonrappoport.Wotrdpress.com le même 8 août, jusqu’à Infowars.com qui nous annonce qu’“Hillary se désintègre sous nos yeux”), – sauf par l’inaltérable et inoxydable presse-Système (comme le signale dans le même article Jonrappoport.Wotrdpress.com). On aurait pu attendre de Charles Krauthammer, qui suggère que Trump subit une déficience mentale narcissique, fasse également un diagnostic du psychiatre qu’il est lorsqu’il constate que non seulement Clinton ment, mais qu’elle ment à propos des mensonges précédents qu’elle a émis, ce qui pourrait confirmer le constat d’une pathologie originale, – non ? (« [Clinton] can’t escape her lies on emails. There are so many lies now, that she lies about her lying. »)
En effet, le plus remarquable dans cette occurrence, c’est le silence de la presse-Système à propos de la santé de Clinton, alors que l’on consulte à tour de bras les spécialistes pour déterminer qu’à coup sûr Trump souffre de troubles mentaux. Le vieux William Pruden, du Washington Times, fait une analogie avec Kennedy, qui souffrait de la maladie d’Addison, ce qui n’était pas ignoré des milieux de la communication et qui ne fut jamais utilisé contre lui, ni même mentionné d’une façon sérieuse sinon de vagues allusions à ses maux de dos faussement attribués aux suites d’une blessure de guerre. Ce black-out fut bien réel (ainsi que sur d’autres aspects de sa vie personnelle, comme ses très nombreuses liaisons et escapades sexuelles, et pour certains sa condition dite de “sex-adducted”, d’ailleurs peut-être favorisée par certains médicaments). Néanmoins, le cas est différent : les conséquences de cet état de santé concernaient essentiellement de terribles maux de dos, mais n’ont jamais semblé influer d’une manière inquiétantes sur son comportement et sa psychologie, et certainement pas durant la campagne électorale. C’est bien là l’essentiel du propos sur l’état de santé d’Hillary pour la situation générale : une psychologie versant dans l’exacerbation d’une véritable pathologie avec tous les effets destructeurs du jugement, largement amplifiée à cause des déséquilibres et des effets des médicaments utilisés.
• Un autre aspect remarquable et très original est soulevé par l’auteur Charles Hugh-Smith, sur son blog, le 9 août, repris par ZeroHedge.com le même 9 août. Charles Hugh-Smith parle de l’État Profond (Deep State), alors que nous serions tentés, nous, de parler, dans le cadre de son hypothèse, de certains segments des “États parallèles” qui constituent le pouvoir ; mais pour ce cas, les expressions employées reviennent au même... Hugh-Smith pose la question : est-il bien sûr que Clinton soit la candidate favorite du Deep State ? Cela est exprimé dans des termes provocants : « Could The Deep State Be Sabotaging Hillary? », et l’argumentation vaut d’être entendue.
Hugh-Smith propose l’idée que la politique agressive et belliciste, reflétant le courant neocon et “instinctivement” prônée par Clinton, si elle semble faire l’unanimité, pourrait bien être secrètement mise en cause par une partie du Deep State. (« I suspect major power centers in the Deep State are actively sabotaging Hillary because they've concluded she is a poisoned chalice who would severely damage the interests of the Deep State and the U.S.A. ») Hugh-Smith estime ainsi qu’une partie du Deep State travaille secrètement au sabotage de la candidature de Clinton par diverses fuites concernant sa situation et ses écarts personnels, sans pourtant pouvoir afficher cette hostilité, notamment dans la presse-Système qui est totalement acquise à son soutien. Une autre hypothèse de Hugh-Smith est de parvenir à susciter une crise boursière qui réduirait à néant l’argument démocrate d’une “reprise économique” et porterait un coup fatal à la candidature Clinton qui se veut l’héritière de l’administration Obama de ce point de vue.
« The consensus view seems to be that the Establishment and the Deep State see Trump as a loose cannon who might upset the neo-con apple cart by refusing to toe the Establishment's Imperial line. This view overlooks the possibility that significant segments of the Deep State view the neo-con strategy as an irredeemable failure and would welcome a president who would overthrow the remnants of the failed strategy within the Establishment and Deep State. To these elements of the Deep State, Hillary is a threat precisely because she embraces the failed strategy and those who cling to it. From this point of view, Hillary as president would be an unmitigated disaster for the elements of the Deep State that have concluded the U.S. must move beyond the neo-con strategic failures to secure the nation's core interests. [...]
» There are other reasons why elements of the Deep State view Hillary as a poisoned chalice.
» 1. Hillary is an empty vessel. Nobody seriously claims she has any core beliefs that she would make personal sacrifices to support. While at first glance this may seem to be a plus, the Deep State is not devoid of values. Rather, the typical member of the Deep State has strong values and distrusts/ loathes people like Hillary who value nothing other than personal aggrandizement. Hillary's sole supreme commitment is the further aggrandizement of wealth and power to her family. This makes her intrinsically untrustworthy to the Deep State, which has bigger fish to fry than the Clinton Project of aggrandizing wealth and personal power.
» 2. Hillary has exhibited the typical flaw of liberal Democrats: fearful of being accused as being soft on Russia, Syria, Iran, terrorism, etc. or losing whatever war is currently being prosecuted, liberal Democrats over-compensate by pursuing overly aggressive and poorly planned policies.The forward-thinking elements of the Deep State are not averse to aggressive pursuit of what they perceive as American interests, but they are averse to quagmires and policies that preclude successful maintenance of the Imperial Project.
» 3. The Deep State requires relatively little of elected officials, even the President. A rubber stamp of existing policies is the primary requirement (see the Obama presidency for an example). [...T]he Deep State prefers a leader that can successfully sell the Deep State's agenda to the American public. (President Obama has done a very credible job of supporting the Imperial Project agenda. I think it's clear the Deep State supported President Obama's re-election.) A politician who's primary characteristic is untrustworthiness is poorly equipped to sell anything, especially something as complex and increasingly unpopular as the Imperial Project.
» 4. Hillary suffers from the delusion that she understands power politics and the Imperial Project. The most dangerous President to the Deep State is one who believes he/she is qualified to set the Imperial agenda and change the course of the Deep State as their personal entitlement. »
On comprend bien que l’hypothèse de Hugh-Smith, – que nous ne jugeons pas absurde, comme on va le voir, – ne clarifie nullement la situation, tant s’en faut, et même la complique horriblement. Mais ce n’est pas illogique : nous nous trouvons là au cœur de l’“American chaos” qui est là en mode-turbo. Dans tous les cas, elle (l’hypothèse) nous ouvre la voie vers une réflexion fondamentale.
A ce point, et en cela complétant notre introduction sur la crise haute, nous devons dire notre conviction que, plus que jamais, nous pensons que la crise haute est proche d’un point de rupture. (L’aspect rupturiel est l’essence même de la crise haute : une crise de rupture, qui rompt la situation, le système [le Système] qu’elle affecte.) C’est d’ailleurs la logique pure : depuis que nous avons développé ce concept, plusieurs circonstances ont pu être hypothétiquement interprétées comme étant la circonstance ultime de la crise haute, et à chaque fois cette circonstance est plus probable que la précédente parce que c’est dans la logique de la crise haute. Ce concept ne désigne pas seulement, pour nous, un état crisique pourtant déjà remarquable par son exceptionnalité (un rassemblement des crises formant une seule crise générale, ou crise haute, dont la substance devient une essence dans sa formation, et ainsi le résultat de l’intégration des crises étant d’une autre nature, – une essence, en fait, – que la simple addition des substances des différentes crises) ; non, le concept de crise haute désigne, surtout dirait-on par rapport aux événements, une dynamique crisique. La crise haute est non seulement le rassemblement et l’intégration de la situation crisique générale (de toutes les crises) mais une dynamique dont le résultat final ne peut être que la rupture, c’est-à-dire l’effondrement final du Système, par un moyen ou par un autre. (Pour nous, le Système ne peut que s’effondrer, c’est son destin absolument inévitable, inscrit dans l’équation fondamentale surpuissance-autodestruction.) Le fait est que la crise haute dans son occurrence rupturielle grâce à sa composante USA-2016 n’a jamais été aussi proche de l'opérationnalisation de cet épisode rupturiel.
Cela conduit le fait majeur de notre réflexion : notre désintérêt complet pour les programmes des candidats, leurs soi-disant “idéologies”, voire pour les candidats eux-mêmes en tant que facteurs/acteurs pouvant être pris en compte pour ce qui se passera, disons dans les quatre années qui viennent, en fonction des choix et des politiques de ces facteurs/acteurs. Par définition, pour notre approche, le fait de l’élection dans les conditions où elle se prépare, qui sont les conditions dites de l’“American chaos” très favorables à une rupture, ce fait même de l’élection est rupturiel comme jamais (propice à une rupture décisive suscitée par les crise haute). Dans ce cas, ce qui suit l’élection est du domaine de l’inconnu, – terra incognita pas tant pour les décisions, les événements eux-mêmes, que dans leurs effets formidables sur la situation générale. C’est à la lumière de ces considérations que nous allons poursuivre l’observation du cas-Hillary à la lumière de ce qu’écrit Hugh-Smith.
D’abord, il faut observer comme on l’a déjà suggéré que le propos de Hugh-Smith n’est pas absurde. Depuis 2001 (9/11), il y a eu des cas importants, précis, bien référencés, où un désaccord profond est apparu au sein du Deep State. Cela s’est produit à l’été 2002 où un débat sévère a eu lieu sur l’opportunité de l’attaque contre l’Irak (on se rappelle les prises de position négatives de Brent Scowcroft et de James Baker, prises comme l’expression de l’opposition de Bush-père au projet de son fils d’attaque de l’Irak) ; cela a recommencé en 2006, lorsqu’une commission où l’on trouvait à peu près les mêmes (Scowcroft, Baker) proposait un plan de retrait d’Irak alors que Bush-fils acceptait l’idée d’un “surge” en Irak, c’est-à-dire un renforcement militaire pour tenter de vaincre la rébellion, et qui se réalisa en fait sous la forme d’une opération de type-OPA, l’argent US “achetant” la partie sunnite de la rébellion pour casser la reins à cette rébellion, – et, du même coup, bien entendu, jetant les fondations de la formation d’ISIS, ou de Daesh, appuyée sur l’armement et l’argent US. (Ce dernier point, à notre sens, sans l’avoir cherché, la stratégie US étant inexistante puisque le terme maximum de l’appréciation des actes de ses structures opérationnelles diverses se mesurent plutôt en semaines sinon à la petite semaine qu’en mois et années, et ne voient que l’effet direct immédiat.)
Ces épisodes sont de ceux qui nourrissent l’opposition d’une partie du Deep State à Hillary, qui est jugée comme la maximaliste des maximalistes à cet égard. C’est là où son état de santé joue un rôle non négligeables sur le jugement qu’on peut avoir d’elle, notamment par ce qu’on peut envisager de ses effets paroxystiques sur sa psychologie proche de la pathologie, ses effets de déséquilibre du jugement entièrement laissé à un affectivisme dévorant, jusqu’à la proximité d’une sorte de démence de pulsions suicidaires inconscientes (Lincoln n’avait pas tort !) ; le comportement extrême jusqu’au délire de certaines argumentations anti-Trump ne dément certainement pas cette sorte de jugement terrorisé que les fractions éventuellement anti-Hillary du Deep State peuvent effectivement connaître à cet égard. En quelque sorte, le plus fou, le plus dangereux, le plus catastrophique des deux n’est pas nécessairement, tant s’en faut et de beaucoup, celui que tout l’appareil du Système dénonce.
Le Système, justement... C’est là le nœud du problème à la lumière de l’hypothèse de Hugh-Smith. La question n’est-elle pas : ne sommes-nous pas en train d’assister, sous l’effet de la pression et de la panique engendrées par les évènements, à une rupture entre certains éléments du Deep State (ceux que mentionne Hugh-Smith) et le Système dont le Deep State a été jusqu’ici l’instrument fidèle ? Car en vérité, dans cette description, Hillary est parfaitement conforme au Système, jusqu’à cette hypothèse extrême de “pulsions suicidaires inconscientes” qui rejoint parfaitement et se trouve sur la voie d’accomplir la fameuse équation surpuissance-autodestruction : qu’est-ce que cette logique menant à l’autodestruction sinon un autre nom, d’allure paradoxalement plus “rationnelle” (!), et dans tous les cas plus conforme à une lecture métahistorique du phénomène, que la “pulsion suicidaire inconsciente” d’une psychologie malade d’un (d’une) sapiens ?
On voit que dans cette logique infernale où tout est en état d’inversion continuelle, la partie anti-Hillary du Deep State et l’antiSystème Trump finiraient par occuper une position où on pourrait les considérer comme les ultimes partisans du Système, en tentant de le sauver de lui-même, de sa tentation irrésistible de l’autodestruction... Tant il est vrai que cette “logique infernale”, pour être infernale n'en est pas moins parfaitement logique si l’on accepte l’équation surpuissance-autodestruction qui conduit à la contradiction et à l’inversion ultimes, sinon sublimes en un sens, où le Système devient son propre destructeur, donc se détruit lui-même, en s’instituant et en devenant lui-même par le fait l’antiSystème suprême ?
Tout cela ne signifie pas nécessairement qu’avec Hillary élue, nous allons vers l’issue eschatologique et apocalyptique ultime, par exemple, du conflit nucléaire terminant une affrontement belliciste, essentiellement avec la Russie. Tout cela signifie qu’avec Hillary, nous allons vers un paroxysme des politiques catastrophiques conduites depuis 9/11 (pour faire court, la politique-neocon qui s’avère en vérité suicidaire par rapport à l’état de dégradation accélérée des USA et de leur puissance), c’est-à-dire des politiques d’agression rendant leur effet blowback, selon le terme de la CIA désignant les effets catastrophiques inattendus de certaines opérations entreprises par elle, avant même que les politiques agressives et bellicistes aient été menées à leur terme : ce n’est pas l’effet de ces politique qui est suicidaire, ou producteur de blowback, mais le fait même de ces politique. Cela rappelle ce jugement fameux pour nous où un néo-sécessionniste du Vermont, Thomas Naylor, envisageait en 2010 l’“effondrement de l’Empire”(pour nous, replaçons “Empire” par Système, bien entendu) du fait même d’une attaque de l’Iran dont il était question à l’époque où il évoquait cette hypothèse, par le fait même de cette politique et de cette agression, par ses effets de déstructuration interne de l’“Empire”, avant que l’Iran ne soit conquis, avant qu’il n’y ait une “victoire” achevée car il n’est plus question de “victoire” : « There are three or four possible scenarios that will bring down the empire. One possibility is a war with Iran... »
Nous jugeons que cette possibilité de la crise haute dans sa phase rupturielle (chaque fois, possibilité plus forte) n’a jamais été aussi forte, dans le climat actuel, absolument paroxystique de tous les côtés, et d’un aspect psychologique à la fois de panique et d’exaltation du côté des élites-Système (Deep State, “États parallèles”, etc.) selon la situation envisagée. Cela accrédite parfaitement, dans un monde régi par la communication bien plus que par les actes, l'hypothèse que des événements internes radicalement déstructurants, – phase rupturielle de la crise haute, – aient lieu, à l’occasion de projets d’agression bellicistes radicaux que pourrait lancer une présidente Clinton, à l’occasion du débat et des affrontements autour de ces projets, avec ce qui existe déjà de passion à ce propos. La lourdeur de l’appareil bureaucratique et de forces armées US extrêmement usées pour préparer un conflit de haut niveau laisse bien assez de temps pour que se développe une véritable guerre civile de la communication parmi les élites-Système, aussi bien que dans une population dont on voit chaque jour davantage combien elle est chauffée à blanc par cette même communication.
... Ainsi le paradoxe, et l’inversion finale et sublime, serait bien ceci : élisez donc Hillary, elle vous conduira aussi sûrement qu’un guide expérimentée de haute montagne, vers la crevasse finale, le gouffre de l’effondrement par le seul fait du paroxysme psychologique de ses projets d’agression totalitaire, et de la division d’une quasi-guerre civile à tous les échelons que ces projets susciteraient... Même si nous croyons à cette logique, nous ne sommes certes pas rassurés en énonçant de telles possibilités, parce que notre psychologie n’est certes pas à l’abri de réactions d’affectivisme (l’essentiel est de le savoir, pour s’en garder finalement dans ses jugements). En un sens nous faisons une sorte de pari pascalien, mais avec de solides arguments : les USA ont montré en mode-turbo, depuis quinze ans, une éblouissante et stupéfiante capacité à la catastrophique gestion de leur puissance, à l’impuissance de leur puissance, à leur auto-déstabilisation ; en toute logique, encore plus de surpuissance jusqu’à l’ultime (avec Hillary) produirait exactement en même temps l’ultimité de toutes ces productions autodestructrices. (Un humoriste noir poussant l’humour jusqu’à l’absurde terrifiant vous dirait qu’ils commenceraient une attaque nucléaire first-strike contre la Russie par surprise en “prenant la précaution” de simuler une attaque nucléaire russe pour sembler avoir le bon droit pour eux et parce qu’ils sont malins, attaque simulée type Inside Job-9/11 qui les annihilerait complètement eux-mêmes, peut-être même avant de pouvoir attaquer, comme le scorpion qui se pique à mort...)
Bien sûr, cela ne supprime pas, ni l’option Trump, ni le sens de la bataille tactique tout au long de la campagne, qui est de dénoncer ce qu’il y a de certainement catastrophique chez Hillary. Au contraire, cela confirme le rôle de Trump, dont nous avons dit qu’il est là, avant tout, comme un destructeur, – et nullement comme un sauveteur des USA (“America Great Again”), qui serait objectivement un sauvetage du Système, chose qui nous paraît totalement catastrophique et de toutes les façons absolument impossible. L’élection d’un Trump, qui est aujourd’hui assez improbable en raison du dispositif général du Système développé contre lui, aurait à notre sens un pouvoir de chaos sur la situation US et hors-USA que nous avons déjà envisagé, qui conduirait à une état chaotique également intéressant... C’est bien entendu toute cette situation USA-2016, quelle qu’en soit l’issue, qui développe cette crise haute comme nous l’apprécions.
Mais faisant cette bataille tactique anti-Hillary d’une façon loyale, nous participons tout de même à l’évolution paroxystique et favorisons l’issue que nous avons évoquée en cas de victoire d’Hillary. L’idée générale revient à l’image militaire dite par nous “Stratégie de La Marne”, dont nous donnions en mars 2013 une explication précise et complexe, mais qui revient à ceci : une série de victoires tactiques puissantes et remarquables de l’attaquant pour l’application d’un plan de surpuissance (le plan Schlieffen, qui doit liquider, militairement et même au-delà, la France en un mois) qui, par dissolution de “la clef stratégique” que les victoires tactiques ont déstructurée, débouche sur une défaite stratégique fondamentale de ce même attaquant : symbole militaire de l'équation “surpuissance-autodestruction”.
De toutes les façons, on connaît notre religion (que l’on doit religieusement comprendre au sens absolument figuré, c’est-à-dire non-religieux) : les événements sont aujourd’hui supérieurs aux sapiens, ils sont supra-humains, et Hillary n’est qu’un instrument du Système, dont nous croyons qu’il y a d’assez sérieuses chances, parce que la bestiole est d’une catégorie hors du standard, qu’elle soit si elle l’emporte l’instrument ultime pour conduire le Système à son autodestruction. Cette sorte de pensée est lourde à porter mais elle ne peut être ignorée.
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