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2107On peut donner une appréciation rapide de l’intervention du président russe Poutine devant le Parlement russe, ce matin, notamment parce qu’elle nous paraît à première lecture d’une singulière importance. Il s’agit d’une véritable “déclaration du rupture” signifiée à la direction turque, soit avec le président Erdogan et le parti islamique au pouvoir. Il semble d’ailleurs que les formes même du comportement turc autour de la destruction du Su-24 (appel immédiat à l’OTAN, refus de s’excuser, les conditions de la mort du pilote) aient compté pour une bonne part dans cette détermination en ceci que les Russes ont vu dans le comportement urc une volonté de tenter d'humilier la Russie. A la lumière de cette position de Poutine, la destruction du Su-24 n’est plus un “incident” sans conséquences majeures dans une crise déjà en cours (Syrie-II) mais un tournant qui peut être majeur dans la crise en cours, laquelle risquerait alors de changer de forme (passage de Syrie-II à Syrie-III, si l’on veut).
Dans les mots de Poutine, tels qu’ils sont retranscrits en première lecture, ici par Sputnik-français, on lit trois déterminations : 1) la promesse d’un antagonisme durable de la part de la Russie, qui se traduira par des actes calculés et contrôlés mais hostiles et pénalisants, en sorte que la Turquie aura l’occasion de “regretter ce qu’elle a fait” ; 2) une dialectique symbolique et ironique (référence à Allah) qui assimile la direction turque, qualifiée de “clique au pouvoir”, à ses connivences avec le terrorisme islamique et lui signifie une complète impossibilité de réconciliation ; 3) enfin, une façon de rappeler que la Russie garde des amis en Turquie, hors “la clique au pouvoir”, qui pourrait presque être interprétée comme un encouragement à un changement de régime dans le pays, sorte de stratégie de “regime change” à-la-russe.
« La Russie n'oubliera jamais l'avion russe abattu par l'aviation turque, les Turcs “vont regretter ce qu'ils ont fait”, a déclaré Vladimir Poutine s’exprimant ce jeudi devant le parlement russe. Néanmoins, le président russe a précisé que la Russie n'avait aucune réaction nerveuse ou hystérique sur les relations avec la Turquie.
» “Nous n'aurons aucune réaction nerveuse, hystérique, dangereuse pour nous-même et pour le monde entier. Une réaction destinée à obtenir un quelconque effet extérieur ou à obtenir des dividendes intérieurs immédiats. Cela n'aura pas lieu. Nos actions seront avant tout guidées par la responsabilité envers notre pays et envers notre peuple”, a-t-il dit. Mais “la Turquie ne perdra pas uniquement des tomates et des contrats pour ses compagnies du bâtiment, ils auront plus d'une occasion de regretter ce qu'ils ont fait”, a déclaré Vladimir Poutine. “Je ne comprends pas pourquoi ils ont fait ça. Seul Allah le sait”, a ajouté le président. “Il semble qu'Allah ait décidé de punir la clique au pouvoir en Turquie en la privant de la raison et du bon sens”, a-t-il dit.
» Néanmoins, le président russe a indiqué que la Russie avait beaucoup d'amis en Turquie, et ils devaient savoir que “nous ne les plaçons pas sur un pied d'égalité avec l'élite dirigeante turque”. Selon M. Poutine, la Russie était “prête à coopérer avec la Turquie sur les questions de sécurité régionale les plus sensibles”. »
Mis en ligne le 3 décembre 2015 à 13H35
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