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268920 février 2017 – Le problème abordé ici concerne la situation politique russe essentiellement, et nullement la pseudo-”politique russe” de Trump, qui n’est aujourd’hui qu’un faux-semblant accessoire. (Comme nous l’écrivons dans notre chapeau/abstract :“Le problème de Trump, plus que jamais en posture d’affrontement avec l’establishment [le Système] est que son front principal est intérieur et que sa “politique extérieure” est devenue un instrument tactique pour cette bataille intérieure”.)
Le problème russe, plus précisément abordé, est que non seulement la patience russe dans l’attente de Trump s’érode devant le désordre US, mais surtout que la Russie ne peut plus assumer la position de “paralysie stratégique” qu’elle avait acceptée de supporter pour soutenir Trump depuis son élection, et l’aider à définir une nouvelle “politique russe”. Le 16 février, dans son Journal-dde.crisis, PhG citait un article de Foreign Policy du 13 février analysant la position russe en fonction de la position de la nouvelle administration US, où il était dit clairement que les Russes commençaient à s’inquiéter de ce qui, dans le chaos de Washington, semblait être la “politique russe”, ou une pseudo-“politique russe” de Trump en net durcissement par rapport à ce qu’on en attendait (à ce que les Russes en attendaient). On cite ce passage, avec en souligné de gras ce que nous jugeons être le constat principal :
« Ce que les Russes craignent le plus aujourd’hui, c’est que Trump soit chassé ou même tué. Son départ, disent des sources internes du Kremlin, amènerait une campagne bipartisane antirusse virulente à Washington. Par conséquent et étrangement, Poutine est devenu l’otage de la survie et du succès de Trump. Cela restreint sérieusement les options géopolitiques de la Russie. Les Russes savent parfaitement que les démocrates veulent utiliser l’épouvantail-russe pour discréditer et destituer Trump alors que les républicains veulent utiliser l’épouvantail-russe pour réduire et discipliner Trump. Le gouvernement russe craint non seulement la chute de Trump, bien entendu, mais aussi la possibilité qu’il puisse par opportunisme adopter une ligne antirusse dure de façon à faire la paix avec les dirigeants républicains ultra-faucons du Congrès. »
... Plutôt qu’“otage” pur et simple “de la survie de Trump”, nous préférons dire la paralysie diplomatique que Poutine avait acceptée de manifester pour donner le temps à Trump d’organiser sa “politique russe” (ne rien faire qui puisse aggraver les difficultés de la mise en place de cette politique en donnant des arguments contre cette politique par une interprétation hystérique de l’antirussisme qui règne à Washington). Poutine n’est en rien un “otage” et Trump ne lutte pas moins pour “sa survie” que l’establishment en place : les deux, Trump et l’establishment, luttent chacun pour leur survie puisque c’est une bataille à mort. Simplement, il semble bien que Poutine ne puisse ni ne veuille attendre plus longtemps ; 1) d’une part parce que sa fonction n’est pas de défendre les intérêts du nouveau président des USA, même s’il paraît par période d’un réel intérêt de le faire (l’actuelle période est close, mais cela n’empêche que d’autres du même ordre peuvent survenir) ; 2) d’autre part parce que sa fonction est de défendre les intérêts de la Russie et que ces intérêts commencent à être compromis par la politique de “paralysie volontaire”, ou “paralysie bienveillante” faite pour aider Trump.
Depuis, divers signes, – déclarations, commentaires, décisions, — ont renforcé le sentiment qu’effectivement les Russes se trouvaient contraints de modifier leur attitude de “paralysie bienveillante” ; nous insistons sur le terme “contraints” car nous ne croyons pas que ce soit de gaieté de cœur que Poutine ait insufflé cette nouvelle orientation ; il est certainement, dans la direction russe, celui qui espérait le plus de l’arrivée de Trump en termes de changement de politique, essentiellement en termes de stabilisation et de contrôle de la situation internationale. D’autre part, les Russes veulent bien admettre que la position de Trump est elle-même “contrainte” par les événements intérieurs et qu’il n’existe aucune intention d’activer d’une façon élaborée, avec un nouvel élan, la même politique déstabilisatrice. Les Russes ont même recueilli, avec la rencontre entre les deux chefs suprêmes des armées, Gerasimov et Dunford à Bakou, le 17 février, l’indication, avec l’assurance qu’il n’y aura pas de “forces terrestres US en Syrie”, que les militaires US ont une attitude plutôt modérée malgré le langage assez martial de Mattis.
(Cette rencontre, inédite depuis la crise ukrainienne de 2014, était bloquée depuis plusieurs mois par le secrétaire à la défense Ashton Carter, alors que le Général Dunford la réclamait sans cesse. Mattis a aussitôt donné son feu vert à son ancien compagnon d’armes [les deux hommes sont des généraux du Marine Corps] pour rencontrer le Général Gerasimov le même jour où le nouveau secrétaire d’État Tillerson rencontrait Lavrov à Berlin, en marge d’une réunion G20. Le journal Kommersant a assuré que la rencontre s’était passée dans une excellente atmosphère, notamment avec l’assurance de Dunford que, contrairement à des bruits qui avaient couru quelques jours plus tôt, il n’était pas question de forces terrestres régulières US en Syrie.)
Une fois de plus s'impose le constat immanquable que les événements commandent. Alors que la politique étrangère de Trump tarde à se dessiner, que la confusion intérieure règne, que la présence US à l’extérieur est assurée par le rabâchage de la mantra habituelle, notamment antirusse, l’immobilisme russe commence à menacer d’éroder les positions stratégiques de cette puissance (la Russie), notamment en terme d’influence. D’où les deux actes du 19 février, qui ont à cette lumière une réelle signification. Des commentaires significatifs les ont accompagnés, sinon précédés.
• On notera, le 17 février, un texte de DEBKAFiles, qui se demande si Trump parviendra à sauver ce qui, pour le site israélien proche des services de sécurité, est un accord informel élaboré entre les USA-Trump et la Russie dès le courant novembre, pour régler en coopération et en coordination la crise syrienne. Depuis, de nombreux événements sont venus entraver cette politique russe de Trump, y compris bien entendu l’affrontement internes avec la coalition d’une fraction de l’Intelligence Community, de la presseSystème, des radicaux progressistes-sociétaux, etc., et également le fait de la démission de Flynn. DEBKAFiles présente cette situation selon une tournure qui fait porter toute la responsabilité de cette dégradation sur le côté US, et laisse déjà entendre que les Russes commencent à s’impatienter de cette évolution : « The Russians began unsheathing their claws when they began to suspect that the US president was being forced back from their understanding. The SSV 175 Viktor Leonov spy ship was ordered to move into position opposite Delaware on the East Coast of America; Su-24 warplanes buzzed the USS Porter destroyer in the Black Sea. »
• Dans ce domaine syrien, la réaffirmation par Trump, lors d’un discours public le 18 février en Floride, de son projet de mettre en place des “zones de sauvegarde” en Syrie pour interrompre le flot des réfugiés, n’aide pas beaucoup à stopper cette dégradation des rapports. Pendant un temps, les Russes ont appuyé cette initiative qu’ils voyaient comme une des dispositions essentielles de l’accord informel avec les USA, mais ils devraient désormais être beaucoup plus prudents et plus fermes dans d’éventuelles conditions si malgré tout quelque chose se faisait.
« The new president also voiced support for the creation of what he calls “safe zones” in Syria and the wider Middle East in general. “We are going to have the Gulf States pay for those safe zones,” Trump told supporters at the event dubbed, “a campaign rally for America,” by the White House. “Instead of peace, we see wars that never end and conflicts that never seem to go away. We don’t fight to win; we fight politically correct wars,” he noted. The US leader did not elaborate on the details of the proposed “safe zones”, but noted that people should be able to “stay there and live safely in their cities” until their country is stabilized. “We’ve allowed thousands and thousands of people into our country and there was no way to vet those people, there was no documentation there was no nothing. So, we’re going to keep our country safe,” Trump promised.
» The idea of creating so-called safe zones in Syria has previously been endorsed by Saudi Arabia, the United Arab Emirates, and Turkey.Moscow and Damascus oppose the initiative. »
• Le premier événement du 19 février a donc été le discours de Lavrov à la conférence sur la sécurité de Munich (ex-Wehrkunde), qui se tient chaque année à cette époque. A côté d’un vice-président Pence et d’un secrétaire à la défense Mattis qui répétèrent l’habituel catéchisme antirusse et pro-OTAN du bloc-BAO, Lavrov s’est montré extrêmement offensif et tranchant, disant pratiquement à ses interlocuteurs du bloc-BAO : “Vous rêvez, tout ça c’est terminé”... Lavrov a précisé qu’il ne fallait plus envisager des relations internationales gérées par le bloc-BAO en complet chaos, que nous étions désormais entré dans la période d’“un ordre mondial démocratique post-Occidental, où chaque pays se définira par sa souveraineté”. En rapportant l’intervention du ministre russe, Rudy Panko, de Russia Insider note qu’il a parlé “en termes simples, de façon à ce que ses vis-à-vis américains puissent comprendre” ...
« Sergei Lavrov phrased his comments in a very simple manner, so that his American counterparts could understand: Lavrov said that the time when the West called the shots was over and, dismissing NATO as a relic of the Cold War, added: “I hope that (the world) will choose a democratic world order – a post-West one – in which each country is defined by its sovereignty.” Lavrov said Moscow wanted to build relations with Washington which would be “pragmatic with mutual respect and acknowledgement of our responsibility for global stability.”
» Lavrov is a career diplomat and a true gentleman. But we've noticed a subtle change in his approach to U.S. bullshittery over the last two years. He rarely dances around issues anymore. Sure, he still refers to Washington as “our western friends” or “our American colleagues”. But he doesn't hold back after that.
» The crisis in Ukraine made it clear that Washington wanted blood. But the U.S.-led crimes against the people of Syria is what made Russia realize that they are not dealing with normal, reasonable people. Washington is a cabal of psychopaths. The war in Syria has also ushered in a new era: We are witnessing a seismic shift in how international relations are conducted. Russia and Iran just proved that fighting the bully works. And other countries have taken notice. »
• Le deuxième événement du “19 courant”, ce fut l’annonce de la reconnaissance par la Russie de la validité des documents officiels diffusés par les républiques autonomes du Donbass (passeports, actes de naissance, etc.). Officiellement, il s’agit d’une “reconnaissance humanitaire”, pour favoriser et contrôler le flot de réfugiés de ces régions vers la Russie, justement à cause des attaques des forces de Kiev-la-folle. Le président ukrainien Porochenko apprit la nouvelle à la conférence de Munich, où il était invité parce que c’est un personnage stratégique de grande utilité, et il faillit s’étrangler avec la barre de chocolat-Porochenko qu’il était en train de siroter. Il apparut aussitôt pour une courte déclaration, où il dit qu’il s’agissait d’une épouvantable provocation de la part de Poutine, – encore lui, toujours lui... Ce en quoi, pour une demie-fois, Porochenko avait en partie raison : ce n’est pas par hasard si Moscou annonce la nouvelle au moment même où se tient la conférence de Munich, c’est au contraire pour qu’elle fasse le bruit qu’elle y fit.
Pour Alexander Mercouris, il s’agit d’un avertissement direct que Poutine adresse à Merkel, à la suite d’un coup de téléphone furieux de Poutine à Merkel, il y a une dizaine de jours, au sujet du non-respect des accords de Minsk par Kiev-la-folle. (Aucun coup de fil à Hollande, bien trop préoccupé par la situation des droits de l’homme dans les banlieues attrayantes de la République.) Notre appréciation est qu’il s’agit d’un avertissement “pour tout le monde” ou “pour qui de droit”, soit effectivement Merkel mais aussi les autres, et notamment, et même surtout de notre point de vue, les USA. (On n’apprécie guère à Moscou les déclarations US actuelles sur la Crimée, qui constituent un sujet sur lequel la Russie n’entend pas revenir une seule seconde.)
Mercouris : « Russia's recognition of documents issued to their citizens by the Donetsk and Lugansk People's Republics stops well short of diplomatic recognition, but as well as having humanitarian considerations it appears intended as a warning to Merkel and the Europeans to take the settlement process of the Ukrainian conflict more seriously. The Russian authorities have taken another step towards granting de facto recognition to the authorities of the Donetsk and Lugansk People’s Republics in eastern Ukraine by formally recognising the legal validity of the documents they issue to their citizens... [...]
» At the same time recognition of the documents of the two People’s Republics highlights a point the Russians have long been making, which is that the longer Kiev delays reaching a political settlement of the conflict, the further from Kiev’s orbit the two People’s Republics will go. In other words it is Kiev not Moscow that is driving the two People’s Republics and their people away from Ukraine.
» That was almost certainly a point Russian President Putin made during his furious call with German Chancellor Merkel ten days ago, and the timing of the Executive Order is obviously intended to emphasise the point. Since Putin and Merkel spoke to each other the fighting in eastern Ukraine has died down, though it has not stopped completely (it never does). There is currently a pick-up in diplomatic activity concerning Ukraine, including in the Merkel sponsored Normandy Four format, which Putin particularly criticised during his call to Merkel ten days ago.
» The timing of the Executive Order appears intended to remind Merkel of that call, and to emphasise the fact that Moscow is perfectly capable of acting unilaterally if the diplomatic process continues to go nowhere. »
Rien n’est joué à Washington D.C. et rien ne le sera avant longtemps, si même le jeu se termine selon les règles et non pas, plus abruptement, par un retrait brutal des joueurs qui se détestent et qui ne voudraient plus respecter ces règles qui les tiennent et les contraignent dans un ensemble commun. Il faut noter que, pour son premier discours public depuis sa prise de fonction, à Melbourne, en Floride, Trump est resté cantonné sur l’aéroport de Melbourne, – où il y eut tout de même 9.000 personnes, – par mesure de sécurité, sur recommandation des services chargés de sa protection. Parallèlement, à Atlanta où se tenait un meeting pro-Trump, est apparue pour la première fois dans une telle occasion une nouvelle milice au statut incertain et à dimension nationale, III%SF (“Three-per-cent Security Forces”, – dotée d’un site, et jusqu’ici sans que nous ne sachions rien de la signification de cette dénomination), qui avait dépêché un détachement d’une trentaine d’hommes armés de fusils d’assaut, pour la protection des partisans de Trump dans les règles constitutionnelles pour cette sorte d’organisation (voir ZeroHedge.com). Ces diverses précisions mesurent l’alourdissement constant du climat aux USA, où l’expression de “guerre civile” n’est plus tout à fait d’un emploi dérisoire. C’est pour cette raison, en mettant l’accent sur l’aspect fondamental pour lui (Trump) de sa situation intérieure, que nous jugeons que la situation extérieure, et par conséquent sa politique extérieure, sont par la force d’une logique contradictoire, tout à fait secondaires.
Du coup, les Russes et Trump, qui étaient sur la même ligne d’une recherche d’accommodement en novembre-décembre de USA-2016, se retrouvent séparés sans avoir démérités ni s’être chamaillés en aucune façon, par la seule dynamique des événements, avec des centres d’intérêt divergents. Les Russes ne veulent pas se trouver plus longtemps paralysés dans l’attente d’une maturation de l’administration Trump qui se heurte à de plus en plus d’obstacles. D’autre part, et par voie de conséquence de l’évolution que l’on a décrite plus haut, ils retrouvent dans les instances internationales des émissaires US porteurs sans imagination du message de verrouillage, de cette désormais classique non-politique absurde que l’on a connue depuis 2014 et le “coup de Kiev”, construite sur les fantasmes antirusses développées sous l’empire de l’équipe Obama ; et, bien entendu, non-politique relayée avec un empressement nihiliste par des Européens plus que jamais en Panic Mode et repliés sur leur propre antirussisme ossifié (et, bien entendu, sans oublier l’OTAN, qui est de toutes les fêtes, justifiant ainsi son ontologie de l’inversion). Après Munich, les échotiers de la presseSystème nous ont rabâché que les dirigeants européens sont si stupidement soulagés de revoir des interlocuteurs US aussi stupides qu’eux-mêmes. Nul ne se doute que l’on ne fait là que touiller dans la même marmite qui continue à faire bouillir ses paroxysmes de vide et de néant.
Ce qui est à envisager avec un haut degré de possibilité dans de telles circonstances, c’est sans aucun doute un durcissement des Russes, à l’image de Lavrov à Munich, qui ne s’est pas attardé à détailler les attraits du vide et du néant. Après les manœuvres qu’ils ont fait depuis que Trump est apparu, et avec l’exacerbation pathologique de l’antirussisme partout dans le bloc-BAO, de Washington D.C. à Bruxelles UE, on devrait trouver des Russes beaucoup moins conciliants qu’ils ne l’ont été jusqu’en 2015-2016, – car ils furent conciliants, en effet... Dans ces conditions, un redémarrage sérieux de la crise ukrainienne, comme cela est évoqué ces temps-ci, avec un basculement du paroxysme crisique du Moyen-Orient vers l’Europe centrale et de l’Est, pourrait effectivement être cette occasion du durcissement russe.
La mesure annoncée dimanche concernant les citoyens des deux républiques du Donbass montre que lorsqu’on leur parle de “restituer” la Crimée, – idée absolument folle pour le côté russe, du président au dernier des citoyens, – la riposte se fait par un approfondissement des liens de la Russie avec les républiques du Donbass. (Sans parler de la Crimée, dont il n’y a plus rien à dire aujourd’hui puisqu’elle est russe et bien russe, – ainsi le voient les citoyens russes.) Dans ces conditions, une aggravation brutale de la crise ukrainienne, avec pression sur le Donbass, devrait voir la Russie se montrer beaucoup plus présente dans le Donbass qu’elle n’y est actuellement ; le risque est d’ailleurs assez minime pour elle, puisque, pour le bloc-BAO unanime, les Russes ont d’ores et déjà envahi le Donbass. Simplement, une invasion réelle, effectuée dans les règles de la guerre asymétrique que les Russes maîtrisent fort bien, pourrait réserver des surprises et susciter bien des poussées déstabilisatrices dans ce qu’il reste d’ Ukraine et en Europe même.
Dans les conditions présentes et compte tenu des récents développements, il y a des actes éventuels que les Russes n’accepteront pas ; comme par exemple, la livraison d’armements avancés et sophistiqués à l’Ukraine, notamment des missiles, comme cela semble être dans les projets du sénateur Graham (« 2017 is going to be “the year of kicking Russia in the ass” ») et dans ceux du sénateur McCain (vous pouvez avoir confirmation par téléphone en vous présentant à lui comme le nouveau président du Limpopo). Dans de tels cas, une action violente et expéditive de la Russie n’est nullement à écarter. Parmi les autres points de tension explosive, il faut noter les sites de missiles antimissiles en Roumanie et en Pologne. Nous en revenons aux scénarios potentiels du printemps-été 2014, avec l’élément très aggravant de la situation hautement volatile du bloc-BAO, – avec d’une part, la situation intérieure explosive des USA, avec d’autre part des élections également explosives en France, en Hollande et en Allemagne, avec la mise en cause de la politique d’accueil des réfugiés, et dans certains cas, des fondements de l’Europe intégrée elle-même.
On voit que nous ne sommes pas vraiment dans une situation de confrontation où les choses sont assez simples mais dans une situation d’une sorte de “parallélisme crisique multiple”, où plusieurs crises peuvent arriver parallèlement à une situation potentiellement explosive et incontrôlable. La Russie tend à retrouver son rôle de “défensive-offensive” qu’elle a si bien tenu entre 2013 et la mi-2016, mais beaucoup plus marqué dans le déploiement général que suscite la mécanique générale de l’effondrement du Système.
(La Russie n’est pas là pour nous offrir une alternative au Système, même si elle tient un rôle antiSystème. Ce rôle antiSystème n’est que la conséquence de sa volonté de limiter les effets catastrophiques des évènements en cours sur sa situation, et aussi des facteurs principiels de tradition sur lesquels elle assoit sa politique. Pour le reste, elle ne peut faire que suivre les événements et observer l’effondrement en s’en protégeant le mieux possible, parce qu’elle n’a pas assez de puissance pour en modifier fondamentalement le cours. Mais c’est un fait objectif que cette attitude de raison, – sa résistance offensive, sa politique principielle, etc., – constitue, du point de vue du Système en cours d’effondrement, des causes objectives d’accroissement du désordre du Système : en ce sens objectivement antiSystème, la Russie, même si le but plus ou moins proclamé de l’un ou l’autre [Poutine] serait plutôt une régulation-stabilisation de la situation, c’est-à-dire, malgré tout, une re-stabilisation du Système laissant la Russie dans sa pleine souveraineté et dans sa complète indépendance.)
Il reste que naturellement et évidemment la situation US constitue toujours, et plus que jamais désormais avec l’évolution de la Russie, le point central et le cœur de la crise. Il s’agit d’une véritable situation de convulsions, qui correspond bien à la crise du Système en l’opérationnalisant parfaitement. Les autres ne peuvent que s’y adapter à mesure de l’évolution des événements ; c’est ce que font les Russes, tout en grommelant avec juste raison contre l’irrationalisme et l’affectivisme triomphant chez les psychopathes de Washington qui tentent de faire tomber Trump. Si la situation se renversait à leur avantage avec un Trump retrouvant sa liberté de manœuvre, bien entendu ils suivraient ; quoi qu’il en soit, notre conviction reste bien que la crise du système de l’américanisme est quelque chose qui nous dépasse tous et dépasse toutes les habituelles occurrences de la politique générale.
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