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2797“QAnon” renvoie à “Q”, lettre indiquant l’un des plus hauts degrés d’accès aux documents et divers matériels secrets qui puisse être donné à une personne ; “Anon” est un emprunt à la première partie du mot “Anonymous”. La filière “QAnon” de l’hyper-simulacre, sorte éventuelle de simulacre antiSimulacre, a démarré en octobre dernier, comme le rapporte ce texte de RT-France ci-dessous, du 3 août 2018, qui donne un résumé de cet étrange aventure.
Il est probable que la filière “QAnon” est devenue une sorte d’“événement” crisique d’ampleur nationale (crise dans la crise générale, ou dans le “tourbillon crisique”) depuis qu’elle se manifeste publiquement et massivement lors de meetings de Trump. Il est également probable que l’espèce de mélange de panique et de fureur qui s’est emparée de la presseSystème antiTrump joue un rôle capital dans la publicité de cette “événement” crisique. On en donnera deux exemples, tous deux du WaPo (WashingtonPost), le quotidien de Jeff Bezos et fidèle relais de la CIA, qui nous ressortent tous les poncifs du complotisme dénoncé comme une monstruosité antidémocratique, – ce qui est particulièrement convaincant de la part des artisans du l’antirussisme, du Russiagate et du reste depuis quatre ans.
• Isaac Stanley-Becker le 1er août 2018, sur WaPo : « ‘We are Q’: A deranged conspiracy cult leaps from the Internet to the crowd at Trump’s ‘MAGA’ tour…[…] During President Trump’s rally on July 31, several attendees held or wore signs with the letter “Q.” Here’s what the QAnon conspiracy theory is about. »
• Molly Roberts, le 2 août 2018, sur le même : « QAnon is terrifying. This is why.[…] “The Storm is coming,” say the conspiracy theorizers whose grotesque imaginings terrified the country to attention this week. Maybe they’re right. »
Il est sympathique de lire que l’un des derniers messages de “QAnon” (le 1eraoût) contient, comme dans tous les messages de “Q” qui livrent des questions et des remarques énigmatiques, cette remarque : “Never Interfere With an Enemy While He’s in the Process of Destroying Himself”. Quoi qu'il en soit de l'“événement” “QAnon”, qui reste à explorer pour en découvrir ce qu'il contient de simulacre et de vérité-de-situation, une telle maxime qui répond à la formule surpuissance-autodestruction nous promet une enauête intéressante.
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Les conversations autour de Q, un individu se présentant sur internet comme un proche du président américain faisant fuiter des informations sensibles, ont débouché sur un mouvement se plaçant en opposition frontale avec les médias traditionnels.
Le 31 juillet, lors du meeting politique de Donald Trump à Tampa en Floride – comme lors de précédents rassemblements –, de nombreux soutiens du président américain arboraient un t-shirt et des pancartes portant la seule lettre “Q”, donnant des visages à un mouvement qui ne cesse de prendre de l'ampleur depuis plusieurs mois sur internet.
Il trouve son origine en octobre dernier, lorsqu'un utilisateur du forum 4chan se présente comme un haut responsable gouvernemental, proche de l'équipe de Donald Trump et disposant d'une habilitation de sécurité “Q”, l'une des plus élevées aux Etats-Unis.
Dans une série de messages sibyllins, souvent en forme de questions, cet internaute entreprend d'apporter un éclairage radicalement différent de l'actualité politique et géopolitique présentée par les médias traditionnels, en donnant ce qu'il prétend être des informations sensibles.
La particularité du forum 4chan étant l'anonymat de ses utilisateurs, impossible dès lors de savoir qui se trouve derrière ces messages. S'agit-il d'un homme, d'une femme, d'une personne ou de plusieurs ? Le mystère est entier et les internautes qui ont suivi avec attention les premières « miettes » qu’il a semées selon ses propres termes, ont décidé de le baptiser simplement “Q”. Un nom qu'il endosse rapidement, et qui par la même occasion, fait des internautes qui le suivent des “QAnon”, en référence à leur anonymat.
La thèse principale de “Q” est que le président américain – et plus largement le monde – fait face un ennemi intérieur, l'Etat profond, contre lequel Donald Trump mène une lutte de tous les instants. “Q” interprète l'actualité à cette aune, assurant que l'objectif ultime du locataire de la Maison Blanche serait de libérer son pays des griffes de cet ennemi.
D'après “Q”, cet affrontement se résume à une lutte du bien contre le mal. Il dénonce la corruption totale de l'Etat profond qui n'hésiterait pas, selon lui, à recourir aux pires moyens pour arriver à ses fins. Dans la multitude de sujets qu'il aborde, “Q” soutient par exemple qu'il existerait un réseau international qui trafiquerait et abuserait d'enfants dans lequel serait impliquée la Fondation Clinton, notamment à travers ses activités à Haïti. Il assure, pêle-mêle, que l'Etat profond perpétuerait des attaques sous faux drapeau ou encore pratiquerait constamment une forme de chantage sur les personnalités publiques qui se verraient contraintes de le servir. Mais “Q” explique que le président américain, soutenu par un groupe au sein de l'appareil militaire américain dont les racines remonteraient jusqu'à John Kennedy, aurait désormais les cartes en main pour reprendre le contrôle.
Selon “Q”, la candidate démocrate à l'élection présidentielle Hillary Clinton, le sénateur républicain John McCain ou encore le milliardaire George Soros seraient quelques-uns des visages de cet Etat profond qui comprendrait diverses organisations, en premier lieu desquelles la plupart des agences de renseignement américaines. “Q” soutient que les médias agiraient dans leur immense majorité sous l'influence de celles-ci, expliquant que l'opération Mockingbird (une opération de la CIA destinée à infiltrer les médias), serait on ne peut plus active aujourd'hui.
La renommée grandissante de “Q” découle de plusieurs facteurs, dont une multiplication de signes, plus ou moins tirés par les cheveux, censés confirmer la réalité de ses liens avec Donald Trump. Surtout, ses partisans louent sa capacité présumée à anticiper des événements, la précision des informations qu'il fournirait et sa manière de les coordonner.
Les nombreux anonymes du forum (désormais 8chan), dont beaucoup se présentent comme des patriotes américains, vétérans de l'armée, se sont lancés dans un travail de recherche considérable à partir des pistes données par“Q”. « Les vrais “Anons” sont ici et suivent les preuves (documentées et vérifiables). [...] Nous cherchons simplement la vérité et présentons ensuite ce que nous trouvons afin que cela puisse être examiné et corroboré par nos pairs », expliquent-ils dans un message.
Si “Q” fait une percée remarquée parmi les soutiens de Donald Trump, il est encore discret dans la sphère publique, bien qu'il ait récemment été cité dans la liste des « 25 personnes les plus influentes d'internet » par Time. Seule l'actrice Roseanne Barr y a fait de nombreuses allusions sur son compte Twitter. Mais, preuve que le phénomène devient massif, une application baptisée “Qdrop”, regroupant les messages de “Q”, a été mise en service sur l'App Store ainsi que sur Google play. En avril dernier, elle est devenue l'application payante la plus populaire de la section “divertissement” de la boutique en ligne d'Apple, et la dixième application payante la plus populaire toute catégorie confondue.
Un succès qui se fait, par la nature même des éléments partagés, au détriment des médias traditionnels. Ces derniers, qui ont récemment commencé à se pencher sur le mouvement, le qualifient de théorie complotiste. Après avoir reçu une plainte de la chaîne NBC qui l'accusait de propager ces théories, Apple a d'ailleurs retiré l'application “Qdrop”de sa boutique.
Si aucun média n'a pour l'heure osé interroger Donald Trump au sujet de “QAnon” – une requête émise à de nombreuses reprises par “Q” lui-même, comme un défi à leur attention –, la défiance affichée par le président américain à l'égard des médias mainstream offre une caisse de résonance au phénomène. Une des chaînes érigée en repoussoir par le président américain et ses supporters, CNN, en a ainsi fait l'expérience à Tampa le 31 juillet. Un de ses présentateurs vedette, Jim Acosta, très critique envers l'actuel locataire de la Maison Blanche, a effectué son duplex sous les hués, les doigts d'honneur et les cris de « CNN sucks » (“CNN, ça craint”). Avec, dans la foule, de nombreuses références à “Q” et à “QAnon”.