Qu'il crève !

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Qu’il crève !

Les Farines  et leur guerre

La répétition générale de la Révolution française a bien eu lieu en 1775 lors de la guerre des farines.

Turgot, le Réformateur prisé par Voltaire et convoqué pour mettre à bas les systèmes des corporations cadre étriqué incompatible avec l’expansion capitaliste, avait adopté le commerce du grain dérégulé. Jusque-là, la fluctuation du prix du pain était amortie par le maintien de réserves stockées autour de Paris. En cas de hausse du prix du setier, un officier de police assurait la stabilité de la valeur marchande de la denrée primordiale du peuple (60% de la dépense annuelle de l’ouvrier).  Il vendait  la farine au boulanger qui permettait de maintenir à moins de 14 sous le pain d’1,8 kg. Au delà de ce prix, le travailleur vivait avec moins du minimum qui permettait sa survie physiologique. En avril et mai de cette année-là, des groupes se formaient qui se ravitaillaient chez les monopoleurs en déposant la contrepartie financière honnête chez le bailli.

Les affamés s’armaient de bâtons et de fourches.

Ils réclamaient les dispositions antérieures à celles préconisées par l’esprit de la Liberté et des Lumières.

La révolte de 1775 se propageait par voie fluviale, elle essaimait au gré du voyage des péniches qui transportaient le grain.

Le soulèvement de la populace va être réprimé par les mousquetaires et leurs baïonnettes, les archers du guet ayant tendance à fraterniser avec les émeutiers.

Des milliers de personnes seront arrêtées dans la rue  par hasard ou chez eux au gré de la dénonciation de mouchards.

En quelques jours, vers la fin de la première semaine de mai 1775 la guerre des farines était terminée.

La corvée ou le travail gratuit

Moins d’un an après les émeutes et leur répression, le Réformateur était encore à l’œuvre, il démantelait certains privilèges nobiliaires tout en introduisant l’argent comme équivalent universel, y compris pour la marchandise-travail.

Au cours de la grande remontrance du parlement de Paris adressée  au monarque, la noblesse s’est opposée à la suppression des jurandes. Les travaux de corvée dus par la dernière classe de la nation aux propriétaires terriens seront remplacés par une somme monétaire.

Quand s’est tenu le lit de justice à Versailles pour débattre de cette épineuse question, des ouvriers étaient massés  autour du château, et soutenaient bruyamment le passage de l’état servile corvéable à celui de l’esclavage salarié.

La noblesse s’était arrogée la fonction de consacrer son sang à la défense de l’Etat et d’assister le Roi de ses conseils.

Les intrigues de cour, menées avec l’aide bienveillante de la reine, feront  avorter les réformes qui libéraient le travail du joug féodal et dégrevaient de l’octroi la circulation de la marchandise. Turgot et ses deux ministres Malesherbes et Condorcet vont être remerciés en mai 1776.

Les gueux allaient se remobiliser près de 20 plus tard  pour de nouvelles émeutes de la faim. Ces révoltes seront mises à profit pour détruire l’ordre féodal de la rente agraire qui entravait les besoins des manufactures.

Vingt millions travaillaient pour nourrir moins de vingt mille oisifs.

Dans la foulée, les guerres napoléoniennes figuraient déjà une première tentative d’effondrement des nations européennes en faveur d’un libre-échangisme continental.

Depuis, c’est l’octroi pour les transactions financières qui a été supprimé, les frontières nationales ont été abolies pour les détenteurs de capital, ce machin qui semble à la fois abstrait et virtuel  mais qui recèle un rapport de d’exploitation étendu à l’échelle planétaire.

Un parfum de Régime Ancien

Si le cours du blé est décidé à la Bourse de Chicago, déterminant la part du salaire de l’ouvrier égyptien et hongrois consacré à son alimentation, il est normal qu’Hillary Clinton décide de l’identité du potiche auquel sera délégué le pouvoir d’administrer l’Ukraine ou la Palestine occupée.

D’autres types de privilèges se sont constitués sans qu’une nouvelle nuit du 4 août puisse avoir lieu. Les châteaux de la Goldman Sachs et de la Federal Reserve  ne sont pas localisés. Il est impossible  au paysan indien ou malgache d’aller à leur assaut et de mettre fin à leur exploitation en allant les brûler.

La révolution de 1789 relevait de l’équation devenue insupportable que le travail de mille assurait les dépenses somptuaires d’un seul alors que cette situation n’avait plus de justification symbolique ni économique.

Face à une Eglise possédante et abusive, la déchristianisation avait gagné. La noblesse ne jouait plus à la guerre mais  allait au théâtre et affichait une liberté de mœurs qui avait transformé la fidélité conjugale en vice des plus ridicules.

Les inégalités de l’ordre féodal semblent dérisoires comparées à celles qui prévalent actuellement. 1% de la population mondiale possède autant que les 99% restants et 62 personnes détiennent un patrimoine qui équivaut à celui de 3 milliards et demi d’individus. Avec encore moins de justification symbolique et encore moins de raisons économiques.

Corruption des moeurs

L’enquête sur les pratiques pédophiliques du mari de l’assistante la plus proche de Hillary Clinton a permis de découvrir sur l’ordinateur du pervers un bon nombre de courriels comportant des informations sensibles échangés entre la Secrétaire d’Etat  d’alors et Huma Abedin. C’est dans ce contexte que le directeur du FBI a été contraint de relancer la procédure d’examen du serveur privé de HRC car son refoulement ‘à ciel ouvert’ une deuxième fois aurait desservi davantage la cause de la préférée de Wall Street.

La plateforme yahoo.com utilisée par Anthony Weiner, l’époux juif de la Sœur musulmane Abedin, est attaquable par le premier apprenti hacker venu.

L’invocation répétée de la Russie dans les fuites  des correspondances électroniques est une piètre parade pour la négligence criminelle d’une responsable politique de ce rang.

L’ancienne avocate moquée par ses conseillers en communication qui la raillent et la voient comme une psychotique, ivre de ses appuis et sûre de son impunité, a toujours menti sur tout. Elle n’a  eu de cesse de menacer les victimes de la prédation sexuelle de son mari quand elles voulaient dénoncer les viols qu’elles ont subis de sa part alors qu’elle se présente comme une féministe qui porterait haut la cause des femmes si elles la faisaient accéder au pouvoir suprême.

Il se prétend que le mariage de Huma a été célébré pour dissimuler les relations homosexuelles entre la candidate atteinte d’un syndrome parkinsonien et celle qui contrôle étroitement sa vie publique.

La corruption des conduites sexuelles rapproche l’époque prérévolutionnaire de la nôtre.

Avant d’être honorée par son niais de mari, la reine Marie Antoinette a connu nombre d’amants. Le duc de Lauzun fut l’un d’eux.  Il est le fils probable de son oncle par alliance le duc de Choiseul qui avait engrossé sa belle-sœur et il trompait les deux sœurs dans une relation incestueuse publique avec sa propre sœur la duchesse de Gramont. Celle-ci a pris comme page et servant sexuel son neveu, le fameux duc de Lauzun à son service quand il eut l’âge de 14 ans.

 Reprenons les données hyllarantes.  HRC dissimule les abus sexuels de son mari, violeur et pédophile, et cache ses penchants pour son assistante en la faisant marier avec un pédophile qui a dû renoncer par deux fois à sa carrière de représentant démocrate en raison de la gravité de ses scandales sexuels étalés dans la presse.

L’ ordre matriarcal des Nantis

Un autre phénomène appelle la comparaison de l’Ancien régime avec cet actuel qui n’en finit pas de perdurer, c’est l’importance des femmes dans l’élaboration de la politique internationale.

Les favorites de Louis XV choisissaient déjà les ministres.

Marie-Thérèse d’Autriche avait placé ses trois filles sur trois trônes européens. Caroline à Naples, Amélie à Parme et Antoinette à Paris, de sorte que l’impératrice dirigeait depuis Vienne trois royaumes méditerranéens.

Susan Rice, Victoria Nuland, Samantha Power et Hillary Rodham Clinton sans être des héritières titrées, font dans la tradition récente des Usa et toute cette gente travaille de conserve sous les hautes instructions de l’AIPAC. N’en déplaise aux contradicteurs du malheureux homme politique français, le démocrate chrétien Poisson, les cinq plus gros donateurs individuels pour la campagne de H Clinton sont des Juifs. Ils sont aussi des soutiens éminents de l’entité sioniste et ce n’est pas de l’antisémitisme que de rapporter cette réalité factuelle.

La Reine du Chaos nous promet une troisième guerre mondiale- si besoin nucléaire- si elle parvenait au pouvoir à la Maison Blanche. En plus de toutes les ignominies qu’elle a perpétrées, la facilitation de l’assassinant de l’ambassadeur étasunien à Benghazi n’en est pas la moindre de même que l’enrichissement de Bill Clinton au dépens de la prétendue fondation  caritative qui porte son nom, elle peut encore s’enorgueillir d’un acte de gangstérisme particulièrement odieux et crapuleux.

Les petits donateurs pour sa campagne se sont fait escroquer par leur banque de quelques dizaines de dollars supplémentaires par rapport à la somme  escomptée sans qu’ils ne puissent contester cette pratique abusive. Les prélèvements excédentaires que se sont autorisées les banques de dépôt en faveur de la Démocrate sont restés en deçà du niveau qui permette un dépôt de plainte  et un pourvoi en justice.

L’Argent, l’argent, ou le seul rapport social

Depuis bien longtemps, l’Etat nation-hérité de la féodalité puis de la fin des impérialismes européens quand ils se sont entre-détruits par deux guerres menées sur toute la planète n’est plus en adéquation avec les puissances de l’argent qui ne tirent leurs forces que par l’accroissement continu de sa circulation.

Elles ne sont qu’une quantité de mouvement devenue abstraite qui se pose de manière fugace sur un sous-jacent, part d’actions d’une société quelconque, dont la nature lui est indifférente. Seul importe le rendement espéré d’une telle vélocité.

La nouvelle catégorie de contremaîtres de la période post-moderne s’occupe de déplacer les fonds d’une activité à une autre. Elle a droit de vie et de mort sur des régions ou des pays dont elles peuvent anéantir le tissu industriel ou agricole et par là. Les sociétés qui subissent leur désaffection se vident de leur substance à mesure que se perdent les activités industrielles si péniblement acquises au prix d’une formidable violence sociale antérieure.

Le seul coup d’éclat qui pourrait être concédé comme un combat national pour l’emploi en France par un gouvernement indigent de fin de règne a été la commande par l’Etat français de quelques TGV à Alstom. Il est certain que cela ne suffira pas  à maintenir à terme le site de production à Belfort… La fusion de deux entités industrielles chinoises a donné naissance à la CRRC Corporation Ld, devenue la première productrice au monde du matériel roulant.

La production d’automobiles à Detroit, essentiellement les 4X4, achetées volontiers par des femmes pour l’image de force et d’indépendance qu’elle leur renvoie, avait bénéficié d’une aide fédérale de plusieurs dizaines de milliards de dollars directement accordés à GM et Chrysler ainsi que d’incitations fiscales pour les consommateurs. De plus, la baisse du prix du pétrole et l’offre d’un crédit consommation sans conditions restrictives d’accès à l’emprunt ont dopé de leur côté ce symbole de l’industrie étasuniene.  Elle s’essouffle, General Motors produit plus volontiers au Mexique pour les Chinois, les défauts de paiement des crédits risqués commencent à s’amonceler s’accumulent.

Il semble que seul l’armement, fortement dépendant des commandes des Etats nations, ne souffre pas excessivement des sautes d’humeur des investisseurs de telle sorte que Hollande apparaît comme le commis voyageur pour Dassault Industrie, les Premiers Ministres britanniques défendent quand ils le peuvent BAE Systems.

Les Usa ont placé autant qu’ils ont pu leur F35, l’avion d’une telle furtivité que son existence même est toujours reportée pour défaut de  maturité.

Les guerres dans l’Orient arabe sont là aussi pour résorber la surcapacité et la saturation du marché de l’armement.

Elles apportent d’autres bénéfices au système du capital comme rapport social de domination matérialisée, celui de la destruction des infrastructures de pays entiers comme l’Irak, la Syrie et le Yémen et celui de la disparition des sociétés qui les constituaient et celui de la génération de hordes de migrants.

Georges Soros, l’un des cinq gros donateurs de la campagne Hillary Clinton, avoue avec candeur avoir investi 500 millions de dollars pour faciliter le mouvement migratoire des peuples arrachés à leur foyer par la guerre. Le philanthrope fabricant des drapeaux des révolutions colorées a également financé un groupe ‘Welcome to UE’ qui distribue des manuels en arabe avant le départ des réfugiés de leur pays d’origine. Il a constitué des équipes de médecins et d’infirmiers et d’assistants sociaux israéliens arabophones accueillent les réfugiés avant même qu’ils ne mettent pied à terre sur l’île de Lesbos.

Ils vont repeupler l’Europe sénescente dans des conditions de tension alimentée pour être vendue comme un conflit ethnique. Ils seront les travailleurs qui accepteront les conditions de survie de l’ouvrier de l’Ancien Régime en échange de leur sécurité et de celle de leur famille. Tel était le contrat qui avait  fondé la division du travail entre paysans plus ou moins asservis et la chevalerie, détentrice de moyens de répression contre un éventuel agresseur.

La fin des petites illusions socialistes

A ce stade, l’argent ne détruit pas seulement l’homme et les sociétés humaines, il se détruit lui-même.

La déliquescence de tous les partis socio-démocrates en particulier européens ne dit qu’une seule chose, le système est irréformable. Toutes ces récentes décennies l’ont prouvé avec une ère mitterrandienne particulièrement démonstrative, et son avatar actuel sous la forme d’un Président Poire élu par défaut qui n’y a jamais cru, les contradictions du système sont à leur acmé.

S’il le fallait, la preuve de Mélenchon par Tsipras s’ajoute au dossier de l’impossible tâche socialiste de la Réforme pour une survie du système.

Il ne peut plus rien redistribuer pour réalimenter la boucle du  profit et de la plus-value.

Qu’il crève.

A Joigny, le 10 mai 1775, une lettre cachetée de cire rouge avait été trouvée, elle portait l’inscription d’une seule phrase : « Nous som vingt millions d’hom qui meurt de fin- aussi soutenon-nous pour la révolte » (sic)

C’est bien ce qu’ont dit les mineurs de Gafsa, les ouvriers du textile de Mahalla et de la place Tahrir. Ce qu’ont dit les opposants à la Loi « démantèlement du Code du Travail »  et ceux qui s’opposent au CETA et au TAFTA.

Nous soutenons la destruction du système qui nous détruit.

Badia Benjelloun