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2682Le sénateur du Kentucky Rand Paul fait donc honneur à son père. Ron Paul fut pendant plusieurs décennies un député du Texas à la Chambre des Représentants de Washington où il se singularisa constamment par des positions non-conformistes, contre la position officielle de son parti (républicain), – lui-même étant un libertarien hautement proclamé. Ron Paul fut notamment deux fois candidat à la présidence (2008 et 2012) et ses tentatives furent loin d’être ridicules malgré le sabotage systématique de son parti. L’ensemble lui permet de parler et d’écrire aujourd’hui, quasiment à quatre-vingts ans, comme un vieux sage qui en sait plus sur la politique de sécurité nationale que l’ensemble du Congrès, – la corruption en moins, certes.
Rand est en train de suivre les traces de son ère, après un début hésitant. Aujourd’hui, il apparaît au Sénat comme un solitaire à la puissance paradoxale puisqu’il a l’unique avantage de dire un nombre non négligeable de vérités-de-situation face au déchaînement de démence de “D.C.-la-folle”. Il s’oppose à la politique interventionniste US, à la politique belliciste de l’OTAN, à son élargissement, à l’hostilité opposée à la Russie (Russiagate) par quasiment tous les locataires de “la maison des fous” qu’est D.C. et son Congrès.
Rand Paul a donc fait une visite à Moscou, invité par la Douma, pour des discussions qu’il juge absolument nécessaires avec ses collègues russes. (Il avait réussi à entraîner avec lui un sénateur de la législature du Texas, Don Huffines, et le président du Cato Institute[tendance libertarienne], Peter Goettler.) Rand Paul a invité ses collègues russes à envoyer une délégation en visite au Congrès, en réciprocité à sa propre visite et pour poursuivre le dialogue engagé. Les Russes ont immédiatement accepté. Il nous semble assuré que cette visite sera pour le moins colorée et animée : le reste du Congrès et la presseSystème parviendront-ils à maintenir un blackout sur cette visite ? Rand Paul parviendra-t-il à les obliger à en parler, éventuellement à en faire une polémique édifiante ? Cette réaction, ou absence de réaction à “D.C.-la-folle”, voilà qui représente sans aucun doute la circonstance la plus intéressante de cet échange.
Ci-dessous, quelques extraits du texte de Arkadi Savitsky, sur strategic-culture.org, le 7 août 2018...
« Donald Trump n'est pas le seul politicien américain à s'efforcer d'améliorer ses relations avec Moscou, au mépris de tant d’opposants qui dénoncent sa position vis-à-vis de la Russie. La réaction hystérique au sommet du président des États-Unis avec le dirigeant russe à Helsinki n’empêche pas le sénateur républicain Rand Paul de faire ce qu’il estime être justeà Moscou, à la tête d’une délégation américaine, dont le sénateur texan Don Huffines. président de l’Institut Cato, Peter Goettler, afin de stimuler les contactsavec les législateurs russes.
» Lors des pourparlers à Moscou le 6 août, il a invité une délégation de sénateurs russes à se rendre à Washington. “Aujourd'hui, j'ai rencontré le président Kosachev et nous avons convenu de l'importance de la poursuite du dialogue. J'ai invité la Fédération de Russie à envoyer une délégation au Capitole et ils ont accepté de franchir cette étape importante”, a déclaréM. Paul. Ce sera la première délégation parlementaire russe à se rendre à Washington depuis près de trois ans. Le sénateur pense que “notre plus gros problème en ce moment c’est l’absence de dialogue”, soulignantque “l’engagement est essentiel à notre sécurité nationale et à la paix dans le monde”.
» L’année dernière, Rand Paul, qui siège au Comité des relations extérieures, était l’un des deux sénateursqui ont voté contre la loi imposant des sanctions à divers pays étrangers, notamment des sanctions massives contre la Russie. Auparavant, il avait voté contre l'adhésion à l'OTAN du Monténégro, à laquelle Moscou s'était également opposé. Selon le sénateur Paul, “actuellement, les États-Unis ont des troupes dans des dizaines de pays et se battent activement en Irak, en Syrie, en Libye et au Yémen (avec des frappes de drones au Pakistan). En outre, les États-Unis se sont engagés à défendre vingt-huit pays au sein de l'OTAN. Il est imprudent d’élargir les obligations monétaires et militaires des États-Unis, compte tenu du fardeau de notre dette de 20 000 milliards de dollars.”
» Contrairement à la majorité des législateurs américains, Rand Paul a vu les résultats du sommet de Trump-Poutine à Helsinki sous un jour positif. L’événement l’a incité à prendre la décision de se rendre à Moscou et à contribuer ainsi au processus de relance progressive d’une relation bilatérale. Son intention était de “trouver un terrain d'entente avec les dirigeants russes et d'aider à ‘prévenir une escalade des tensions inutile’”. Il affirme que “des millions de vies pourraient être en jeu”. Le sénateur veut améliorer “le climat hostile créé par les Russophobes”, qui a entraîné “un vide dans les échanges culturels, éducatifs et même législatifs”. »
Mis en ligne le 7 août 2018 à 16H12