Rome après Athènes ? « Cela va mal finir »

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Rome après Athènes ? « Cela va mal finir »

Considérant la bataille dont on voit la possibilité et l'opportunité à propos du budget italien qui est fait pour emplir l’UE d’une grande fureur, il est fort difficile de ne pas penser à la tragédie grecque des sept premiers mois de 2015. Le symbolisme historique lui-même y invite, – Athènes-Rome, berceau antique de notre civilisation conduite par nos grandes illusions modernistes et postmodernistes à son inversion et à son simulacre. Mais, comme l’écrit Tom Luongo qui souligne l’évidence, « Salvini et Di Maio ne sont pas Varoufakis et Tsipras, et l’Italie est beaucoup plus importante que la Grèce ».

La bataille qui s’engage, qui paraît bien pour ce qu’elle semble être du point de vue politique, c’est-à-dire sciemment voulue et calculée par les dirigeants du nouveau gouvernement populiste droite-gauche d’Italie (La Liga et M5S), n’est par conséquent pas une improvisation désespérée d’une équipe nouvelle mise devant un enjeu qui la dépasse, dans un contexte institutionnel européen qui lui est totalement hostile. On a plutôt le sentiment qu’il s’agirait de la possibilité d’un défi calculé, de la part d’une équipe certes nouvelle mais qui a tiré la leçon des événements passés, qui entend jouer la partie tactique avec finesse, essentiellement parce qu’elle en a les moyens et l’ambition. Rome n’est pas Athènes et l’Europe d’aujourd’hui, en 2018, n’est plus du tout celle de 2015.

On lira les deux textes qui se succèdent ci-dessous comme très complémentaires. Jacques Sapir analyse la situation italienne à la fois en économiste et en historien souverainiste, et il nous donne ainsi un aperçu complet des facteurs impliqués directement dans la bataille. Tom Luongo, commentaire US particulièrement intéressé par les affaires européennes, notamment allemandes, situe plutôt la bataille dans son cadre européen institutionnel, ou anti-institutionnel si l’on veut rendre compte de l’orientation de ses hypothèses, notamment au regard du poids et du rôle de l’Allemagne, en fonction de la situation des différents partis dans la crise que traverse ce pays, notamment la CSU et l’AfD dans l’élection régionale de Bavière qui a lieu demain

...Car enfin, il faut le redire avec force, 2018 n’est pas 2015 à tous égards. Depuis la tragédie grecque, la situation du Système, et particulièrement de ses courroies de transmission que sont l’UE et l’Allemagne-de-Merkel, s’est singulièrement assombrie. Il faut dire que les deux crises (Athènes et Rome) sont directement liées dans l’enchaînement catastrophique (pour le Système) qu’elles dessinent puisque c’est indirectement à partir de la fin de la crise grecque, et en partie par son biais, que se développa la crise migratoire proprement européenne ; laquelle crise migratoire, comme on le sait bien, allait secouer rudement l’UE, précipiter l’Allemagne-de-Merkel dans sa situation actuelle et catastrophique, et lever l’élan électoral qui a porté La Liga et M5S au gouvernement de Rome.

Le contexte général dans l’état de l’esprit et dans la perception des psychologies est, là aussi bien entendu, catastrophique par rapport à 2015 ;

avec d’une part le déferlement populiste, particulièrement en Europe, qui assure les acteurs italiens d’une position psychologique et morale quasiment dominatrice ;

avec d’autre part le changement radical de la situation américaniste qui prive l’UE et ses fantassins d’une certaine légitimité, ou dans tous les cas du soutien de la puissance qui donne du corps à la légitimité qu’on prétend avoir.

Il faut bien entendu insister sur ce dernier point tant toute affaire “européenne” semble ne pouvoir exister dans l’esprit des dirigeants qu’en fonction du lien incestueux et transatlantique qui lie (liait ?) l’UE aux USA. On risque et suggère un imparfait plein d’espérance parce que le cas a changé. Bien évidemment et au contraire de 2015, la position US vis-à-vis d’une crise éventuelle Italie-UE qui se préparerait a de très fortes chances d’être bien différente de la position US vis-à-vis de la crise grecque de 2015. Certains se font une spécialité de s’en alarmer avec gravité, pour se faire peur ou pour nous faire peur, en avançant l’idée que les USA travaillent à désunir l’Europe pour mieux avoir raison d’elle et que, pour cette raison, il faut rester uni et repousser les entreprises déstructurantes de Trump ; comme si l’Europe prétendument unie et zélée collaboratrice sous les initiales UE avait été jamais, au grand jamais, à un moment ou l’autre de son existence, un obstacle aux entreprises américanistes, des écoutes de la NSA aux sanctions antirusses, de la quincaillerie de Lockheed-Martin aux guerres extérieures jouant au néo-colonialisme “démocratisant” façon-western. Par conséquent et tout au contraire, la conjonction du fantasque Trump et de l’extraordinaire désordre de “D.C.-la-folle” constitueraient un excellent environnement pour une éventuelle bataille romaine contre l’UE.

On lira ci-dessous les deux textes déjà annoncés. Le premier est de Jacques Sapir dans Les Crises (RussEurope-En-Exil), le 12 octobre 2018 ; le second, de Tom Luongo, dans Strategic-Culture.org, également le 12 octobre 2018.

dedefensa.org

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Budget italien : le bras de fer avec l’UE est engagé

La présentation du budget italien est en train de soulever un problème de compatibilité avec les institutions européennes (sur l’ampleur du déficit) ainsi qu’une vive polémique en Italie. Il est désormais clair que l’on va vers une crise d’ampleur entre l’Union européenne et l’Italie.

Le ministre de l’intérieur italien et Vice-Premier ministre, M. Matteo Salvini, avait déclaré à la fin du mois de septembre qu’il soutenait une proposition de « limiter le déficit » autour de 2%. Cette déclaration était importante, car elle émanait d’un dirigeant qui avait fait campagne sur une rupture franche avec les règles de l’Union européenne. De plus, les sondages réalisés en Italie montraient (et continuent de montrer) que M. Salvini jouit d’une incontestable popularité (entre 60% et 75% d’opinions favorables) et que son parti, la Lega, semble avoir le vent en poupe. Il a obtenu 17% des suffrages aux dernières élections, mais il est crédité de plus de 32% actuellement dans les sondages.

Cette déclaration avait naturellement suscité de nombreux commentaire. En effet, certains se sont réjouis et d’autres se sont inquiétés que M. Matteo Salvini ait fait ce qui apparaît comme des déclarations rassurantes sur un éventuel déficit pour 2019 avant la rencontre prévue de longue date entre Giovanni Tria et les membres de l’ECOFIN et de l’EUROGROUPE. Cela pourrait sembler accommodants pour les autres dirigeants Européens et les dirigeants de l’Union européenne.

Ce n’était pas le cas en réalité. Tout d’abord, il convient de noter que ces déclarations n’étaient que le début d’une négociation sur les chiffres que l’Italie devait mettre dans le document de planification budgétaire. Qui plus est, cette déclaration est de plus déterminée par le cadre d’un jeu délicat mené de part et d’autres au sein de l’élite politique italienne. Les chiffres ont donc été publiés, et ils indiquent que le gouvernement italien s’oriente bien vers une épreuve de force avec l’Union européenne.

L’ampleur et les causes du déficit

De fait, le gouvernement italien a fini par opter pour un seuil de déficit de 3,0% du PIB, ne s’arrêtant qu’à 2,4% pour 2019. Cet objectif est en complète contradiction avec le cadre budgétaire des finances publiques fixé par l’Union européenne pour l’Italie, cadre qui fixe le déficit maximal autour de 0,7%. Plus important encore, il n’est fait nullement mention dans les déclarations du gouvernement italien d’atteindre un budget équilibré pour les trois ans qui viennent. Dans les faits, cela signifie qu’environ 24 milliards d’euros devraient être financés si l’on s’en tenait aux règles budgétaires de l’UE et ne le sont pas dans la réalité. Sur cette somme, 12,4 milliards seront utilisés pour réduire fortement la TVA, ce qui correspond à une promesse de la campagne électorale ; 1,5 milliard d’euros devraient être affectés à la restructuration bancaire afin de compenser les pertes des épargnant et, pour financer le rejet de la loi sur les retraites et des départs à la retraites plus précoces pour 400 000 travailleurs environ 8 milliards d’euros sont prévus. Par ailleurs, 10,0 milliards d’euros seront consacrés aux revenus de 6,5 millions de personnes sur 10 ans ; enfin il faut compter avec des impôts moins élevés ce qui équivaudra à une diminution des recettes fiscales de 3,5 à 4,5 milliards d’euros.

La décision du gouvernement est importante. Cette décision a été entièrement validée par le Ministre de l’Économie, M. Giovanni Tria, que l’on présentait comme un partisan des règles de l’UE. Soit on s’est trompé quant aux idées de M. Tria, soit il semble avoir cédé aux volontés de MM. Di Maio et Salvini. Ce budget est clairement un budget de relance qui combine un soutien à la demande et des diminutions d’impôts. Le fait que l’essentiel de ces diminutions porte sur la TVA montre bien la dynamique socialede ce budget. Sur les 24 milliards de déficit supplémentaire prévus dans le projet de budget, près de 20 milliards devraient aller vers les ménages les plus pauvres ainsi que les classes moyennes.

Un calendrier chargé

Cependant, la présentation des objectifs budgétaires n’est que le premier pas dans un processus plus complexe. L’office public du budget, l’UPB, qui est une agence indépendante du gouvernement, doit rendre son avis. Il sera probablement négatif. Mais, le gouvernement peut ne pas tenir compte de cet avis.

Bien plus important sera la réaction de l’Union européenne. De ce point de vue, il convient d’avoir en vue ce que seront les échéances des relations entre le gouvernement italien et l’UE. D’ici le 15 octobre, le gouvernement devra envoyer le projet de loi budgétaire à Bruxelles. Le 20 octobre, le budget sera officiellement dévoilé et non simplement les objectifs de déficit. Le 22 octobre, la Commission enverra une première lettre au gouvernement italien dans lequel elle se dira probablement préoccupée par l’évolution de la situation et proposera une semaine de délai pour procéder aux ajustements nécessaires et soumettre à nouveau le projet. Si le gouvernement modifiait alors le budget (comme cela s’est passé en 2014), la situation redeviendrait normale et conforme. Si le gouvernement cependant maintient son projet de budget, et les dernières déclarations vont dans ce sens, le conflit sera inévitable. Si, donc, le gouvernement italien ne donne pas suite aux réserves de la commission européenne et maintient les objectifs et le budget initiaux, et donc, le 29 octobre, il y aura un rejet officiel par la Commission.

Au cours des trois prochaines semaines, le gouvernement aura cependant toujours la possibilité de modifier le budget mais la volonté du gouvernement de mettre ses plans à exécution quel que soit l’avis de l’ Commission européenne semble ferme. En conséquence, le 21 novembre, les avis officiels sur les projets de plans budgétaires des pays seront présentés au Comité économique et financier, le comité junior de l’Ecofin. Le Comité pourrait alors formuler une recommandation formelle sur ce que l’on appelle l’article 126, paragraphe 3, qui constitue la première étape pour pousser l’Italie dans une procédure de déficit excessif. D’autres démarches officielles devraient suivre. En cas de débat politique, et il y aura certainement un débat important car l’Italie a des alliés au sein du Comité économique et financier, le temps devrait être suffisant pour que les ministres prennent leurs décisions au début de décembre, puis au Conseil européen à la fin de l’année. Mais, la décision devrait être la même au début de 2019 : une déclaration de Non-conformité, et l’engagement probable de la procédure de déficit excessif.

Dans le même temps, le parlement italien approuvera probablement le budget, car le gouvernement bénéficie d’une majorité suffisante. Le président Mattarella, qui a déjà lancé un avertissement devrait alors dire que le budget n’est pas compatible avec le cadre budgétaire national (qui n’est en réalité qu’une photocopie du budget européen) et devrait le rejeter. La procédure prévoit cependant que le gouvernement peut demander un nouveau vote au Parlement. Ce dernier devrait alors réaffirmer son soutien au budget. À ce stade, le président n’aurait d’autre choix que de le signer. Ce n’est qu’à un stade ultérieur que la Cour constitutionnelle pourrait bien rejeter le budget comme étant inconstitutionnel. Cependant, cela pourrait prendre plusieurs mois pour des raisons pratiques mais surtout cela provoquerait une grave crise politique en Italie avec, à la clef, probablement de nouvelles élections. Ces dernières pourrait, si l’on en croit les sondages fait actuellement, voir une victoire massive du M5S et de la Lega (crédités respectivement de 27% et de 33% des intentions de vote). Cela pourrait se traduire par une majorité des deux-tiers au Parlement et au Sénat, ce qui permettrait au gouvernement de procéder à des changements de la Constitution.

L’avenir en suspens

Il faut, bien entendu, ajouter à cela le comportement des agences de notation et l’envolée probables des taux d’intérêts sur la dette italienne, qui représente 133% du PIB. Cette envolée de la dette pourrait d’ailleurs conduire à une aggravation de la crise entre l’Union européenne et l’Italie. Le gouvernement de ce dernier pays pourrait décider d’utiliser des bons du Trésor en petite coupure comme monnaie parallèle, engageant alors un processus de sortie de l’Euro.

L’Italie sera donc soumise à une forte pression, tant des autorités de l’Union européenne qu’en interne (la presse se déchaine actuellement contre le gouvernement) et en provenance des marchés financiers. Mais, le gouvernement italien semble s’être préparé à y résister. Il peut s’appuyer sur les présidents des deux commissions économiques de l’Assemblée et du Sénat (Claudio Borghi et Alberto Bagnai) dont les convictions eurosceptiques sont bien connues, sur des membres du gouvernement (de Salvini à Savona) mais aussi sur des soutiens extérieurs et, plus important encore, sur une majorité des italiens.

Le fait que la réunion annuelle du centre de recherche de l’Université de Pescara (que dirigeait Alberto Bagnai jusqu’à son entrée en politique) qui aura lieu les 10 et 11 novembre s’annonce très suivie (plus de 600 participants payants se sont déjà inscrits en 5 jours) est une bonne indication aussi du soutien que rencontre le gouvernement italien dans son bras de fer avec l’Union européenne(1). Le fait que Stefano Fassina, un dirigeant historique de la gauche italienne (2), qui avait démissionné du gouvernement et rompu avec le PD de Matteo Renzi et qui élu à l’Assemblée sous la bannière de Liberi et Uguali, ait annoncé sa participation à cette réunion est aussi un signe que ce soutien pourrait bien transcender les divergences politiques.

Jacques Sapir

 

Notes

(1) Votre serviteur interviendra à cette conférence et vous en fera un compte rendu détaillé.

(2) Stefano Fassina fut l’ancien dirigeant des jeunesses communistes. Economiste, après avoir travaillé trois ans dans des organisations internationales, il fut ministre du gouvernement Letta, avant d’en démissionner avec fracas à cause de son opposition à la politique de ce dernier.

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Italy Declares War on Merkel and the EU

If there were ever any doubts that the leaders of the Euroskeptic coalition that now runs Italy has a plan to defy the European Union its proposed budget should quell them. Both Deputy Prime Ministers, Luigi Di Maio of Five Star Movement and Matteo Salvini of The League, were adamant about locking horns with European Union leadership over all issues of sovereignty between now and May’s European Parliamentary elections.

Their budget proposal which included both tax cuts and universal income blew past the EU budget limit of 2.0% of GDP, coming in at 2.4%. It has put their Finance Minister, Giovanni Tria, in a difficult position because Tria doesn’t want to negotiate this budget with Brussels, preferring a less confrontational, read more pro-EU, approach.

Salvini and Di Maio, however, have other plans. And since I began covering this story last year on my blog, I’ve said that it was imperative that Salvini force the issue of the Troika’s demands – the EU, European Central Bank and the International Monetary Fund – back down their throats on debt restructuring/forgiveness.

What I meant then, and I was focused on Salvini’s emergence as the leader of this fight, was that Salvini and Italy, because they are more than technically insolvent, have all the leverage in the negotiations. The size of their outstanding debt and the liabilities existent on the balance sheets of banks across Europe, most notably the nearly $1 trillion in TARGET 2 liabilities, are something Juncker, Draghi, Merkel and Christine LaGarde at the IMF simply cannot ignore.

But, to do this Salvini and now Di Maio have to make a good faith effort to negotiate a good deal for Italy with Brussels, Berlin and the IMF. This is why the budget squeaked past the 2.0% limit and then they walked it back to 2.0% but with provisions they knew would anger the EU finance ministers.

The point of this is to push Brussels and paint them as the bad guys to shift public sentiment back towards an Italeave position. Italy’s problems are not solvable with Germany holding the purse strings for all the EU countries.

So, the first prong of their assault on the power structure of the EU is this, challenge them on their budget while making strong statements to the rest of Europe that they are not looking to exit the euro. If they do, it will be Germany forcing that situation.

The other prong of the assault is to remake the EU from within, which Salvini has openly stated is one of his goals.

It started more than a month ago when he met with Hungarian President Viktor Orban who agreed on a strategy of creating a ‘League of Leagues’ to unite the opposition to the current technocratic rule on the European Commission.

They were clear then that the goal was to wrest control of the European Commission Presidency from the coalition backing current President Jean-Claude Juncker.

With the rise in the polls of Euroskeptic parties across Europe, Salvini and Orban can drive real change in the structure of the parties within the European Parliament. The European People’s Party, which Orban’s Fidesz party is a member of, is vulnerable to losing its senior position in any coalition because of the huge change in Italy’s electoral make-up along with that in Austria with the less radical Sebastian Kurz.

But, the big swing is on the table in Germany. Alternate for Germany (AfD) is now pushing up towards 20% nationally and the next hurdle for its growth is this weekend’s Bavarian state elections. If AfD out polls the Greens and denies the CSU a path to a coalition government without them then that could have spillover effects for Angela Merkel.

The latest pollshave AfD averaging around 11% versus a strong push up to 18% by the Greens. The CSU has collapsed to just 35%. How accurate these polls are is anyone’s guess at this point, but given recent history I would not be surprised to see AfD outperform their polling numbers on Sunday.

Because if they do and the CSU/Green total is less than 50%, the CSU may be forced to form a three-headed coalition to freeze out AfD. And this is assuming that the CSU and the Greens could form any workable coalition in the first place.

That would truly upset CSU leaders and the cries to break the Union with Merkel’s CDU would grow louder.

And with Merkel dealing with internal CDU disloyalty the possibility rises quickly that her national coalition could collapse amid external pressure from Salvini and Di Maio over budget and debt issues.

The markets are beginning to wake up to the fact that this political battle is not going to go as smoothly for Germany and the Troika as it did for Greece. Salvini and Di Maio are not Varoufakis and Tsipras and Italy is simply way more important than Greece.

The euro is weakening by the day while Italian bond yields are spiking. Traders do not know what to do as each statement by an official associated with this fight moves Italian debt markets by 20 basis points.

And, I shouldn’t have to say this too many times but 20 basis point moves in sovereign debt markets is the definition of ‘not normal.’

Populist forces within the EU are angry and their power is growing. The technocrats in Brussels still seem to think that the old rules apply but they do not. Scare tactics will not work on these men because they know that the ultimate move is to simply make preparations for a new currency, be it the mini-BOT that has been floated previously by Salvini or a new lira.

My read on the current state of affairs is as follows. Since the ECB is the only marginal buyer of Italian debt, which has been the case for more than a year now, any sharp rise in bond yields is a result of the ECB simply backing off that buying and market forces taking over.

This is the ECB’s biggest weapon. It will try to scare everyone by allowing Italy’s fiscal position to erode quickly making it impossible for them to issue debt at sustainable yields. But, it does so at the expense of the value of the bonds it and other European banks already hold. Because they are dropping in value, undercutting the solvency of those banks.

If the Italian leadership holds the line and refuse to back down, then they call the ECB’s bluff on allowing rates to rise. The ECB has to come back in, begin buying to support the price, and the regroup for the next battle.

That’s what we’ve been seeing for a few months now in the Italian bond market. That’s where this war is being waged as well as the headlines. And Salvini and Di Maio understand it. Because if they didn’t they would have already folded.

Instead they have doubled down on their opposition to Brussels and Berlin and added new vectors to their attacks.

This will not end well.

Tom Luongo