Salut-à-toi, Nouveau-Samizdat

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Salut-à-toi, Nouveau-Samizdat

Les petits freluquets au visage bien net malgré les pseudo-barbes de certains, – Sartre aurait pu écrire “petits salopards” a peine au sens sartrien du terme, et plutôt au sens nihiliste finalement, – les freluquets, donc, arrivent à un résultat significatif et nous apparaissent tels qu’en eux-mêmes : censeurs diaboliques à gentille frimousse d’ado baladant leurs tee-shirts parsemés de $milliards. Je n’imaginais pas qu’on puisse accomplir son ambition et sa réussite exceptionnelle en singeant la fraîcheur de l’esprit de l’adolescence prolongée, dans la posture de balance céleste, de donneur cosmique, de délateur étoilé, dans la position assumée d’auxiliaire zélé des forces officielles du déchaînement de la MatièreIls y sont, pourtant.

(Je parle de Zuckerberg et toute sa bande, au cas où il nous faudrait un téléprompteur pour bien nous comprendre. Je conchie cette époque des GAFA-censeurs où l’âme semble se dévorer elle-même avec voracité, en dévorant tout ce qui est inversion et subversion pour nourrir l’appétit du complet simulacre de la vertu.)

Dans l’hypothèse où nous ne nous le serions pas dit, qu'on sache tous que le mois d’octobre a vu une avancée redoutable de leur contre-civilisationFacebook en tête et le reste suivant à la queue-leu-leu. Ce ne sont pas les loups qui sont entrés dans Paris, camarade, ce sont les censeurs ; ils agissent au nom du Système ou de ses représentants appointés. A côté, les inquisiteurs avaient au moins l’allure de la langue et de l’ordre, et ils ne se cachaient pas d’être ce qu’ils étaient. Les censeurs postmoderne sont des pue-la-mort fardés en jeunes gens entreprenants, aussi secs que la terre devenue poussière des grandes sécheresses capitalistes, sans culture, sans le moindre caractère ; comme je fais de leur époque je les conchie roborativement et sans retenir ma peine, et sans véritable colère mais comme une chose allant de soi.

Cette belle déclaration d’intention et d’action faite, on peut compter sur moi pour aussitôt juger que tout cela n’est que poussière par rapport à la détermination qui doit nous habiter, qui m’habite personnellement, pour poursuivre ce qui fait ma façon de vivre et ma raison d’être. Cela se nomme samizdat...

J’ai connu il y a presque quarante ans le monde du samizdat occidental principalement organisé à Bruxelles, ceux qui, en Occident, apportaient aides et assistances aux dissidents soviétiques. C’étaient des petites gens, des aventuriers sans position officielle, des anonymes organisant des réseaux entre eux, sans fortune, sans soutien et superbement ignorés des services officiels, ce qu’on nommerait aujourd’hui pompeusement des “réseaux-citoyens”. Ils ébranlèrent le monde, sans publicité nécessaire ni $milliards rutilants.

Le terme est demeuré dans les habitudes de dedefensa.org. L’expression est naturellement restée pour désigner l’internet tel que je le perçus et comme il m’apparut, et quand il apparut, comme notre « Samizdat globalisé ». C’est cela qu’il faut défendre, et avec quelle ardeur, avec l’idée que l’attaque dont nous sommes l’objet est la mesure de notre puissance parce qu’elle mesure leur peur, leur très-importante panique devant cette marée qu’ils ne peuvent endiguer, contre laquelle ils emploient les armes qu’ils dénoncent quotidiennement comme étant le quotidien des dictatures honnies. L’hypocrisie n’a jamais été pour leur déplaire, pour en faire un fougueux destrier d’où l’on peut mentir et se tromper soi-même en n’espérant n’être pas trop éclaboussés.

Un fait opérationnel important pour cette sorte d’événement du censeur qui se démasque, comme il a déjà été dit et répété dans cet auguste organe, est qu’entretemps, dans cette période qui nous sépare de cette lutte héroïque et discrète que j'évoquai plus haut, l’URSS qui était la terre de la censure est devenue la Russie, terre de la lutte contre leur censure, contre cette puissance qui a montré son visage maléfique et produit ses jeunes collaborateurs-ado qui n’ont rien à envier à ceux de notre-Occupation. Dont acte.

Tout cela est écrit également pour que nos lecteurs sachent qu’ils ne sont pas seuls et pour que je sache, moi, que je ne suis pas seul puisque je leur écris ce que j’écris. C’est dans cet esprit que je voudrais leur signaler, autant sinon plus comme un symbole que comme une réelle nouveauté, l’apparition sur RT (malheureusement RT-USA seulement, uniquement anglophone) d’une rubrique, dite The New Samizdat.

C’est une formule qui était très abondamment utilisée au début de l’internet, dans les années 2000-2005, puis elle s’est peu à peu effacée du fait que les “réseaux sociaux” se développaient exponentiellement et que l’une de leurs fonctions naturelles était celle de cette sorte de transmission des références d’articles intéressants. Aujourd’hui, on sait bien ce qui est en train de se passer, avec l’impudente installation des nouveaux-censeurs, et RT reprend à son compte la formule initiale, qui subsiste ici et là mais assez dévalorisée ; symboliquement, l’apparition discrète du New Samizdat doit être ressentie comme une réponse à la vague de censure de nos confesseurs des “réseaux sociaux”. Pour le reste, la présentation va de soi, qui concerne un instrument utile pour le travail quotidien des antiSystème :

 « Même s’il est sponsoré par RT, ‘New Samizdat’ n’est pas un outil politiquement orienté. La Russie est généralement présentée faussement par les médias de [la presseSystème] et le public comprend évidemment pourquoi il est crucial de s’opposer au processus de [pensée unique virtualiste]. ‘New Samizdat’ n’a pas d’orientation idéologique spécifique. Nous proposons les liens les plus intéressants, dans tous les domaines et de tous les horizons, avec le but de stimuler le débat et de donner accès à l’information. »

... Avec notre recommandation que RT-France devrait reprendre New Samizdat, garder les liens anglophones et ajouter des liens francophones pour offrir son New-Nouveau Samizdat.