Il y a 6 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.
571929 novembre 2018 – Un mouvement général de dissolution est en marche, succédant aux puissants processus de déstructuration. Il frappe indistinctement nombre de pays et d’entités, sans réelle référence d’orientation mais avec cet effet commun de la dissolution des ensembles plus ou moins établis, et plutôt certes en équilibre déjà précaire. Il s’agit bien entendu de l’effet sur toutes les parties du processus d’effondrement du Système.
Avec le mouvement des “gilet-jaunes”, la France a retrouvé une place de choix, presque d’inspiratrice, dans ce mouvement généralde contestation, ressuscitant pour ce pays une position historique classique centrale dans les grands moments historiques de rupture. Bien entendu, cette dynamique se fait contre et en dépits de directions et de personnels politiques parvenus au bout de leur effondrement intellectuel et psychologique, avec l’influence à mesure. Même La France Insoumise, qui prétendait être le parti de l’avenir du souverainisme de gauche et pouvait être jugée antiSystème, se révèle être bureaucratique et parcouru de tensions internes de dissolution rupturielles. Le départ ce 28 novembrede Djordje Kurmanovic, souverainiste de gauche et conseiller pour les affaires extérieures de Mélanchon, est un signal puissant de cette crise.
Quoi qu’il en soit, après les événements négatifs et les impasses de ces derniers jours depuis samedi, il apparaît que le mouvement des gilets-jaunes est lancé sur une course quasi-révolutionnaire, mais dans un contexte postmoderne et antiSystème qui ne trouve aucune référence dans l’Histoire, et se réfère directement à l’Histoire (métahistoire). Voici le constat de Arnaud Benedetti, déjà-vu, assez modéré dans sa conclusion ultime mais dans le sens que nous (*) disons :
« La macronie, ultime reflet d'un Impérium technocratique qui a peut-être présumé de ses forces, n'a pas vu venir cette “drôle de révolte” sur les ailes de réseaux sociaux, qui ont révolutionné l'espace public en rendant possible son accès à tout un chacun, en facilitant des agrégations inédites et rapides , en démocratisant l'expression et la prise de paroles. D'une certaine manière, cette réappropriation de l'enjeu démocratique, enjeu fiscal aidant, a trouvé dans le gilet son signe de ralliement et dans le rond-point sa nouvelle agora. Une révolution? Peut-être pas encore ; un tournant assurément ...»
Évolution internationale aussi, avec la dissolution progressive de l’ordre de bataille US, essentiellement par le biais de l’énorme ébranlement saoudien (l’affaire MbS-Khashoggi) qui affaiblit toute la structure hégémonique des USA et réduit d’autant leur stature... Il y a bien entendu directement les effets de MbS-Khashoggi sur la démarche mercantiliste de Trump mais il y a d’autres tensions liées à cette affaire, qui accélèrent en même temps la dissolution interne du système de l’américanisme.
C’est le cas remarquable et complètement inhabituel par rapport à la posture belliciste de l’establishment, du puissant rassemblement bipartisan constitué au Sénat, du progressiste (démocrate) Sanders au libertarien isolationniste (républicain) Rand Paul pour aller vers une législation ligotant la politique étrangère des USA vis-à-vis de l’action saoudienne au Yemen. Le cas est d’autant plus remarquable qu’il se fait contre l’avis des organes de sécurité (DoD, State) et malgré l’hostilité d’Israël à toute mesure risquant de déstabiliser l’Arabie...
« Malgré l’opposition du Département d’État et du Pentagone, le Sénat a voté à 63 voix contre 37 pour permettre un vote de l’assemblée sur la résolution 54, une proposition bipartite visant à bloquer tout soutien américain à la coalition menée par le gouvernement saoudien au Yémen depuis 2015. Adoptée réellement par le Sénat avec une majorité à l'épreuve du veto, cette résolution obligerait l'administration Trump à mettre fin à tout soutien logistique et autre à la coalition saoudienne, et nécessiterait l'autorisation du Congrès avant que ce soutien ne soit accordé. »
En Russie, il s’agit de la possible dissolution de la politique d’arrangement relatif jusqu’ici pratiquée par Poutine, cette possibilité marquée par la fragilisation du président et la réduction de son autorité déjà évoquées à l’occasion de l’incident de la Mer d’Azov. Pour nous, il est beaucoup moins question de la possibilité d’une révolution de couleur que, bien au contraire, d’une intervention directe ou indirecte, sous une forme ou l’autre, de l’appareil de sécurité (armée, renseignement) contre les libéraux de la direction, avec développement d’une politique de fermeté comme on l’a vue dans le même incident de la Mer d’Azov, directement ou imposée à Poutine.
Il ne s’agit pas ici de juger de la justification de cette politique mais de prendre acte de sa possibilité. D’une façon quasi-automatique, compte tenu de la pression communicationnelle et géopolitique exercée sur la Russie d’une part, et d’autre part et au contraire de l’efficacité grandissante de la puissance militaire rassemblée par la Russie, cette évolution conduirait à un durcissement considérable de la dynamique politico-militaire russe, conduisant nécessairement et désormais sans hésitation de la part de la Russie à la possibilité d’un affrontement avec le bloc-BAO.
Pour l’appareil de sécurité russe, il y a convergence des nécessités. D’un point de vue opérationnel, il s’agit de prévenir le déploiement de nouveaux missiles US de missiles de portée intermédiaires en Europe, après sortie des USA du traité FNI, – soit une “fenêtre d’opportunité” de deux ans au plus. Toutes ces conditions vont imposer une terrible pression sur l’Europe, par ailleurs elle-même en décomposition, pour envisager le choix de rester ou non dans l’orbite US. Le test central à cet égard prendra la forme de l’acceptation ou du refus par les Européens de l’implantation de missiles US, sur leurs territoires justement et évidemment.
(*) Bien qu’inclus dans le Journal dde.crisis de PhG, les textes “T.C.” (“tourbillon crisique”) qui sont des points de situation générale emploieront plutôt le “nous” propre à dedefensa.org plutôt que le “je” impertinent de PhG. La chose s’est imposée à mesure du développement de la “rubrique”-T.C. Nous/je restons (reste) pour autant dans la même galère.
Forum — Charger les commentaires