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4460Un incident survenu sur la frontière mexicaine des USA, à l’intérieur des USA, dans l’État du Nouveau Mexique, montre l’acuité du problème de l’immigration illégale venue du Mexique, notamment et essentiellement par rapport à la situation intérieure à propos de cette question aux USA. Cet incident implique une milice de civils, composée selon propres dires d’anciens policiers et d’anciens combattants, le service fédéral de la police des frontières (Border Patrol), et diverses autorités et groupes institués.
Les positions des uns et des autres, notamment des services fédéraux d’une part et des autorités de l’État du Nouveau Mexique d’autre part, reflètent une situation assez confuse rendant compte effectivement de la confusion créée par le conflit entre l’administration Trump et le Congrès, à la fois sur la question du “Mur” et sur celle de la politique migratoire. Un résumé de l’incident, avec plusieurs vidéos, est diffusé par RT.com. :
« “Ces personnes ne devraient pas tenter d'exercer une autorité réservée aux forces de l'ordre”, a déclaré Hector Balderas, procureur général du Nouveau-Mexique, en réponse aux informations selon lesquelles des membres de la milice United Constitutional Patriots – qui prétend être composée d'anciens policiers et d'anciens combattants, – a intercepté et gardé sous surveillance un groupe massif d'immigrants illégaux après leur entrée cette semaine aux États-Unis près de la ville de Sunland, Nouveau Mexique.
» L'American Civil Liberties Union a écrit une lettre aux autorités de l'État pour dénoncer la milice dont l’action “sape les efforts légitimes des responsables de l'application de la loi de notre État pour assurer la sécurité des familles au Nouveau Mexique”. “Nous ne pouvons permettre que des milices racistes et armées kidnappent et détiennent des demandeurs d'asile”.
» Jim Benvie, membre de l'UCP, n'est pas d'accord avec cette caractérisation, affirmant que les membres de la patrouille de lundi soir ont simplement donné un “ordre verbal de stopper leur progression” aux migrants, qui se sont assis et se sont agenouillés jusqu'à l'arrivée de la patrouille frontalière.
» Benvie a déclaré au New York Times que les membres du groupe avaient reçu l'ordre spécifique de ne pas pointer leurs armes vers les migrants. Il affirme que le groupe doit être lourdement armé parce que sa mission interfère avec les opérations de trafic d'êtres humains des cartels de la drogue. Il précise que les miliciens ont même offert aux migrants 20 dollars à chacun de ceux qui dénonceraient les passeurs qui les ont aidés à traverser la frontière, – mais personne n'a accepté cette offre.
» Une vidéo de l’interception et de l’immobilisation du groupe montre des centaines de migrants assis et agenouillés sans opposer la moindre résistance alors que la réalisatrice du film s’exclame à propos du nombre d'enfants et de malades qui entrent “par cette porte dérobée”. “Je ne sais quoi dire à ce sujet, si ce n'est qu'il faut que ça cesse”, dit-elle. Le long clip, qui a été diffusé en direct sur Facebook, montre l'arrivée de membres de la police des frontières (Border Patrol) et la prise en main du groupe de migrants. Les miliciens semblent être en bons termes avec les agents de la police des frontières.
» Le service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (US Customs and Border Protection) n'a pas voulu commenter cette affaire en particulier mais a rappelé à l’intention du public qu’il importait d’appeler le 911 (alerte des services de sécurité) au lieu de prendre les choses en main si l’on soupçonnait une activité illégale. “L'ingérence des civils dans les affaires de maintien de l'ordre pourrait avoir des conséquences juridiques et de sécurité publique pour toutes les parties concernées”.
» Malgré la désapprobation officielle, la milice UCP considère son rôle comme utile. “Nous sommes des gens qui se soucient de la tension que doit soutenir la Border Patrol”, a dit Benvie. Le chef du groupe, qui se fait appeler Johnny Horton Jr., affirme que sa milice a arrêté plus de 3 500 migrants au cours du dernier mois seulement, alors que Benvie dit que la Border Patrol ne leur a jamais dit de se retirer. La milice UCP prévoit de poursuivre ses opérations jusqu'à ce que le président Trump construise son mur frontalier tant attendu. »
Plusieurs points doivent être mis en évidence, en ayant à l’esprit qu’il s’agit d’une situation exemplaire, qu’un certain nombre de milices opèrent désormais très certainement sur les frontières US, dans une situation semi-officielle, dans une zone où cette sorte de statut est courant. Ici, c’est l’intervention de l’ACLU, puissant groupe de pression qui défend les droits civiques, qui a conduit à la publicité de cette affaire, sans doute à la suite d’informations fuitées par un service officiel ; à côté de cela, diverses opérations du même type se déroulent constamment, dans les mêmes conditions.
• La réaction la plus vive vient du gouvernement de l’État du Nouveau Mexique, où existe une forte population d’origine hispanique (Latinos), la plus importante en proportion de tous les États de l’Union et bien entendu le premier groupe ethnique (ce qu’on appelle “la minorité majoritaire”) avec 46,30% de la population. Cela implique un gouvernement et une législature de l’État fortement hispanisés, ce qui se remarque d’ailleurs avec le nom (Hector Balderas) du Procureur Général (ministre de la Justice de l’État) qui est intervenu pour rappeler la milice UCP à l’ordre.
• A côté de cela, les autorités fédérales restent discrètes, tandis que la Border Patrol, qui est une structure fédérale, se contente de rappeler une évidence du règlement de la police des frontières. On note également, bien entendu, l’appréciation selon laquelle l’UCP semble avoir de bons rapports avec les officiers de la Border Patrol, qu’une coordination opérationnelle semble exister entre ces groupes, ce qui ne serait nullement surprenant. Toute la frontière Sud des USA est dans une situation de désordre chronique, avec parfois des situations chaotiques. L’équipement en armes de guerre étant très aisé et la formation de milices étant une tradition aux USA, et particulièrement dans la zone Sud, la présence de la milice UCP (et d’autres sas doute) comme ces événements ne sont pas une surprise.
• Il apparaît également assez probable que les milices, ou les groupes armés en général, pourraient avoir établi une certaine coordination avec l’administration Trump elle-même, au-delà des contacts sur le terrain avec divers services de sécurité. Il pourrait même y avoir un lien direct avec la présidence, ce qui serait bien dans la nature de Trump. Le président a récemment observé qu’un climat de grande tension civile existait aux USA, et qu’il était prêt, dans certaines circonstances, à faire appel à certains soutiens populaires disposant de capacités d’intervention (Trump avait cité notamment l’association informelle des “motards pour Trump”). Il semble très possible que Trump envoie des encouragements indirects aux milicienspour que ceux-ci assurent effectivement des “missions” de surveillance et fassent sentir leur présence aux démocrates et à tous les groupes opposés à la politique Trump
• Autrement dit, on se trouve dans une situation typique où plusieurs pouvoirs sont dans potentialité d’affrontement, à propos d’une question crisique grave, qui déchire les USA depuis l’élection de Trump, et cela sur le territoire le moins contrôlé des USA, où le désordre est chronique, – dans cette sorte de zone de “no man’s land” qui caractérise la grande frontière (plus de 3 500 kilomètres) mexicaine des USA. On voit que certains États peuvent se trouver en situation de confrontation directe avec des groupes armés dont les liens avec certains groupes ou milieux de l’administration Trump sont avérés. Il s’agit là d’une situation qui n’est pas vraiment surprenante, mais qui est d’autant plus inquiétante ; c’est-à-dire une situation typique évoquant la possibilité de ce qui pourrait devenir un affrontement interne, voire une certaine forme de guerre civile aux USA.
Mis en ligne le 21 avril 2019 à 15H45
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