Un commentaire est associé à cet article. Vous pouvez le consulter et réagir à votre tour.
2018Il est entendu pour la presse-Système que la primaire du New Hampshire, en général si importante pour sa valeur symbolique sinon superstitieuse d’indicatrice des tendances de la campagne présidentielle US, doit être cette année considérée comme une minuscule péripétie sans guère d’importance ; pensez, un si petit État, qui donne si peu de délégués (avec l’Iowa, 4% des délégués, comparés aux 56% de délégués que réserve le Super-Tuesday du 1er mars). Ainsi continue, non pas la “campagne du déni” comme s’il y avait complot, mais la manifestation surpuissante de la psychologie du déni, totalement issue du Système, qui est en mode-turbo pour ces élections US.
Nous reproduisons ci-dessous un article de Byron York, du Washington Examiner. (Nous les signalons, Byron York et l’Examiner, comme une des très bonnes sources, nous le constatons de plus en plus en les suivant régulièrement depuis quelques semaines, et malgré que la ligne éditoriale central de Washingtion Examiner soit loin d'être antiSystème, bien au contraire comme on le lit dans les éditoriaux.) York s’attache à ce phénomène extraordinaire qu’il a constaté depuis des semaines, de la non-existence de Trump pour les officiels des partis républicains. (Comme un officiel républicain du New Hampshire disait à York courant janvier : « Je ne vois rien [à propos de Trump]. Je ne sens rien. Je n’entends rien du tout et pourtant je passe une partie importante de chacune de mes journées avec les électeurs inscrits du parti républicain. ») On parle du parti républicain vis-à-vis de Trump mais l’on pourrait parler du monde politique, de l’establishment, bref du Système. (De même l’on pourrait aussi parler de Sanders comme l’on parle de Trump, car il existe une psychologie similaire vis-à-vis de Sanders, mais elle est moins voyante et moins démonstrative parce que Sanders est tout de même sénateur alors que Trump est complètement outsider. Mais l’on comprend bien qu’il s’agit d’une psychologie du Système, sinon la psychologie-Système vis-à-vis de tout ce qui est perçu comme antiSystème : le déni d’existence.)
York mène son enquête et montre que la victoire de Trump dans le New Hampshire est retentissante, qu’elle impose comme vérité-de-situation ce que les sondages suggéraient, qu’elle concerne une variété très grande de votants (York donne des exemples, des noms, des déclarations, etc.), qu’elle est totalement, offensivement sinon agressivement, et d’une façon jubilatoire certes, décrite dans l’esprit de ces votants comme une victoire contre le Système. A cet égard, la conscience de l’enjeu de la bataille est aigue, clairvoyante, sans la moindre ambiguïté. Nous ne sommes pas loin d’entendre ce que nous-mêmes répétons à propos de Trump (et de Sanders, certes) : qu’importent l’homme, son programme, son caractère, etc., du moment qu’il peut être absolument identifié comme antiSystème. Une telle maturité dans l’identification de l’enjeu est un phénomène absolument remarquable et d’une importance considérable, parce qu’il signale qu’il y a là plus que des germes, d’ores et déjà des jeunes pousses en train de grandir très rapidement de ce qui serait la bataille finale, l’Armageddon du Système versus l’antiSystème.
Mais le travail le plus considérable que fait York, c’est bien de nous montrer l’état d’esprit des zombies-Système, c’est-à-dire le degré extraordinaire d’infection de leur psychologie. Nous préférons parler d’une seule psychologie collective, née du Système, pour tous les zombies-Système ainsi liés les uns aux autres par cette chaîne épouvantable, comme l ‘étaient les bagnards du temps des prisons du XIXème siècle, dont on revoit d’ailleurs l’usage dans certains prisons-BAO du XXIème siècle, comme une sorte de parallèle symbolique inversé.
Ce que York montre bien in fine, par le simple rapport de situation qu’il fait, – à nous d’interpréter, certes, et nous ne devons pas nous en priver, – ce qu’il montre c’est l’extraordinaire aveuglement, l’hystérie hallucinée et d’ailleurs sans manifestation bruyante, la marche inéluctable complètement contenue dans des œillères impénétrables, l’espèce de “caverne de Platon” portative de la psychologie-Système face à l’intrus qu’est Trump (ou Trump & Cie), cette monstruosité impossible littéralement à accepter. Trump ne peut pas exister, c’est un non-être, comme tout ce qui est antiSystème et qui investit certains processus et certaines places-fortes du Système. Il n’y a, c’est très fortement notre sentiment, aucune organisation, aucun plan, aucune coordination dans tout cela ; ils réagissent tous de la même façon, écrivent les mêmes articles, usent jusqu’à la corde les mêmes arguments, décrivent les mêmes non-situations, font les mêmes pronostics démenties par les faits qui établissent les vérités-de-situation, par simple automatisme de pavlovisme-Système. Les zombies-Systèmes “sont plus zombies que les zombies” ; ils n’ont même pas leurs gueules décharnées, cadavériques et pourries par la subversion de la matière pour nous signaler qu’ils le sont ; leur pourriture se trouve à l’intérieur d’eux-mêmes, dans leurs psychologies qu’ils ont laissée s’infecter, trop faibles pour résister au Système.
Tout cela ne fait pas d’un Trump (ni d’un Sanders) ni un génie politique, ni un Messie salvateur, ni un Saint-Augustin chargé de sa Cité de Dieu, ni un élégant Talleyrand du XXIème siècle, etc. Le phénomène antiSystème ne transforme rien de l’être qui le manifeste, sinon de faire de lui, pour la tâche qui importe et lorsqu’il parvient à bien se placer pour diverses raisons et diverses circonstances dont l’exaspération face au Système n’est pas la moindre, un “passeur“ essentiel d’une réaction vitale qui dépasse bien entendu la stratégie humaine. (Ce n’est pas rien, tout de même.) Le “passeur” participe ainsi à la grande entreprise de transformation d’une subversion remarquablement et superbement organisée depuis des décennies sinon depuis deux siècles par le Système dans le chef de ses zombies-Système, en un formidable système producteur d’une stupidité sans limites ni bornes, et sans précédent.
Face à un Trump (à un Sanders), tous les zombies-Système sont d’une extraordinaire stupidité, une stupidité quasiment surhumaine... (Mais cela, selon la notion imposant une belle gymnastique de l’esprit d’une surhumanité invertie vers le bas, ce qui correspond assez bien aux ruses habituelles du Diable comme l’on sait, et rend compte de son inévitable stupidité, —« On dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien ; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s'empêcher de laisser échapper toujours quelque sottise, qui est comme sa signature... » [René Guénon].) Littéralement, les zombies-Systèmes refusent de voir le danger, ils dénient l’existence du danger que les Trump-Sanders véhiculent avec eux, naturellement, par la force des choses ou la puissance de forces extérieures ; même s’ils paniquent, même s’ils dénoncent un Trump ou un Sanders, même s’ils sonnent le tocsin, ils continuent dans un extraordinaire exercice de fractionnement cloisonné d'une psychologie absolument schizophrénique à dénier l’existence de la chose ; ils disent en même temps, mais selon un registre différent, – tactiquement, “aux armes, aux armes, on nous attaque car on en veut au Système”, et stratégiquement ou fondamentalement “mais non, mais non, il est impossible qu’on nous attaque car nul ne peut en vouloir au Système”.
Reste à voir jusqu’où l’offensive antiSystème va aller, reste à voir si le Système finira, dans le brouillard de sa surpuissante stupidité, par mesurer l’ampleur catastrophique pour lui de cette offensive. C’est une question tactique et ce n’est pas la première fois que l’antiSystème riposte et attaque (ou contre-attaque). Jusqu’ici, ces actions ont pu être stoppées, tout en laissant des traces dans la structuration invertie du Système. Il est important, il est essentiel de reconnaître l’évidence, que jamais l’offensive antiSystème n’a poussé aussi loin son avantage, au cœur même du Système, et jamais le Système n’a montré autant de stupidité, réagissant par ce déni extraordinaire et menaçant de précipiter les zombies-Système dans une panique totale qui n’est pas excellente conseillère en matière de tactique.
On verra bien, – mais sachons bien qu’au plus le Système parle moins de la situation de ces présidentielles US, au plus cette situation US est importante du point de vue de l’antiSystème. Peut-être bien, – espoir déjà souvent exprimé par nous mais chaque fois appuyé sur des arguments de plus en plus solide, – que le Système a définitivement basculé dans le domaine où sa surpuissance produite à une cadence folle s’opérationnalise directement en autodestruction. Cette perspective doit reste absolument dans nos esprits, car une telle considération de la potentialité de la situation contribue sans aucun doute, par la puissance de la conviction, à la transformation possible de cette potentialité en une irrésistible vérité-de-situation.
Voici donc l’article de Byron York, du 10 février 2016, sur le site du Washington Examiner
_________________________
In late January, the New Hampshire Republican Party held a gathering that attracted GOP officials, volunteers, activists, and various other members of the party elite from across the state. At the time, Donald Trump led the Republican presidential race in New Hampshire by nearly 20 points, and had been on top of the polls since July. What was extraordinary about the gathering was that I talked to a lot of people there, politically active Republicans, and most of them told me they personally didn't know anyone who supported Trump. Asked about the Trump lead, one very well-connected New Hampshire Republican told me, "I don't see it. I don't feel it. I don't hear it, and I spend part of every day with Republican voters."
Readers of the story came to one of two conclusions. Either New Hampshire Republican leaders were so out of touch that they couldn't tell something huge was happening right under their noses, or there really weren't very many Trump voters, and the Trump phenomenon was a mirage that would fade before election day. Now, with Trump's smashing victory in the New Hampshire primary, we know the answer. There really were a lot of Trump voters out there, and party officials could not, or did not want, to see them.
And what an astonishingly varied group of voters Trump attracted. At his victory celebration in Manchester Tuesday night, I met a young woman, Alexis Chiparo, who four years ago was an Obama-voting member of MoveOn.org. Now she is the Merrimack County chair of the Trump campaign. "We just delivered Concord!" Chiparo told me excitedly. "We were getting a really excellent response from a very interesting swath of voters — veterans, disabled people, elderly people, women, blue-collar workers." They were joined, it appears, by an even wider group of their fellow New Hampshirites. According to exit polls, Trump won among men, and he won among women. He won all age groups. All income groups. Urban, suburban, rural. Every issue group. Gun owners and non-gun owners. Voters who call themselves very conservative and those who call themselves moderates.
In short, Trump won everybody.
And he did it in a way that's hard to diminish. In the days before the primary, scores of out-of-town journalists and visiting politicos debated among themselves how to set the rules for the "expectations game." Say Trump won but underperformed his polling, as he did in Iowa; some observers thought he might fall to 25 or 26 percent. And then say some other candidate in second or third place did better than expected. What would the numbers have to be before the opinion makers would declare the other candidate the real winner of the New Hampshire primary? Conversely, how high Trump would have to score before the commentariat would concede that he really won? In the end, it wasn't even a question. The last RealClearPolitics average of polls before election day had Trump at 31.2 percent, leading his closest rival by 17.2 points. With most of the votes counted, Trump will finish around 35 percent, with an 18-point lead over second-place John Kasich.
The Trump supporters who came to the election night party — they waited outside for a long time in 22-degree weather — saw something unique in his blend of personality and positions on issues. "I haven't believed in the system in so long, and now it's time for a change," said Muriel Labrie, of Manchester, who is 51 and says she has never voted before Tuesday's primary. "I feel Trump is going to kick ass and take care of us the way our country should be taken care of." "He speaks from the heart, and he keeps America very close to his heart," said Dan Barter, of Raymond, who described himself as a lifelong Democrat. "He's outspoken, and he's not afraid to stand up to the establishment," said Dawn Petruzziello, of Manchester. Dawn's husband Angelo cited the economy and immigration as his reasons for supporting Trump. Angelo is an immigrant himself, he explained; his parents came to the United States from Italy when he was two, after waiting seven years to come here legally. Looking at immigration now, Angelo said, "They've got to fix that, because it's so unfair and it's so wrong."
By the way, Dawn and Angelo told me they made their decision to vote for Trump just yesterday, after attending Trump's election-eve rally at the Verizon Wireless Arena in Manchester. Before that, they had been leaning toward Marco Rubio. During that state GOP meeting a couple of weeks ago, I asked former Gov. John Sununu, a man with a lifetime of knowledge about New Hampshire politics, if he knew any Trump supporters. Sununu pondered the question for a minute and said he thought a man who lived down the street from him might be for Trump. Immediately after the story was published, I got an email from a real estate executive and former member of the New Hampshire House of Representatives named Lou Gargiulo, who happens to live down the street from Sununu. "I'm the guy!" Gargiulo told me. "Not only do I support Mr. Trump, I am the Rockingham County chairman of his campaign. The governor would be shocked to know that many of his other neighbors are Trump supporters as well."
I looked for Gargiulo at Trump's victory party Tuesday night. It turned out he was still working the polls in Rockingham County, so I asked him via email why he thought so many members of the state Republican power structure were unable to recognize the extent of Trump's support. "I think like most establishment Republicans, they thought if they kept promoting the narrative that Trump was a passing fancy and he would collapse, it would happen," Gargiulo told me. "But this phenomena is the result of 25+ years of failed promises and lackluster leadership over multiple administrations from both parties. People have had it, and those in power don't want to accept the reality they can no longer maintain the status quo."
Forum — Charger les commentaires