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4881Pour la première fois de manière explicite, le président Trump a parlé des élections de novembre (midterm) quasiment comme d’un enjeu de “guerre civile”en les désignant comme un “référendum sur la religion, un référendum sur la liberté de parole”. Trump parlait en dîner semi-privé mais largement fait pour qu’on diffuse l’essentiel de son intervention, devant une centaine de personnalités religieuses ou apparentés, exclusivement des dirigeants et personnalités évangélistes, de ces diverses “églises” nées aux USA des grands courants protestants et puritains de l’origine. (Cette intervention a été largement reprise par la presseSystème. Le site censuré et proscrit, et spécialisé en complots et FakeNews, donne un rapide aperçu de ces réactions nombreuses de la presseSystème, sur Infowars.comle 29 août 2018.)
Les passages principaux de l’intervention de Trump sont d’une force et d’une précision inaccoutumées pour lui, dont le discours est d’habitude plutôt véhément, désordonné, mêlant plus ou moins volontairement des arguments contradictoires...
« Le niveau de haine et de colère est absolument incroyable de puissance. Cela est dû en partie aux choses que j’ai faites pour vous, et pour moi et ma famille, et comme je les ai faites... Cette élection du 6 novembre est beaucoup plus un référendum, et non seulement sur moi, c’est un référendum sur votre religion, c’est un référendum, sur la liberté de parole et le Premier Amendement.
« Si le GOP [parti républicain] perd, ils pulvériseront tout ce que nous avons fait, et ils le feront vite et violemment, et très violemment. Il y a de la violence partout. Si vous regardez les Antifa et d’autres groupes du même genre, – ce sont des gens très violents. »
Ayant une assistance composée de personnalités religieuses, Trump a évidemment insisté sur cet aspect des événements en cours et des possibilités de violence à l’occasion et après ces élections. Le cas est en effet connu que cette gauche ultra qui est à la fois hors des structures politiques normales, à la fois soutenue indirectement par le parti démocrate, et ouvertement par la gauche de ce parti, a une très forte composante anti-chrétienne, ce que Trump a symbolisé à sa manière bien entendu : « Vous vous trouvez à une élection de perdre à, peu près tout ce à quoi vous tenez... Des petites choses comme ceci : “Joyeux Noël”, vous voyez ? Vous ne pourrez plus dire “Joyeux Noël”... » Michael Snyder, qui rend compte de cette intervention de Trump sur son site AmericanDream.orgle 28 août, commente : « Et même s’il est assez improbable que nous perdions le droit de dire “Joyeux Noël” dans un temps rapproché, la vérité est que nous allons voir rapidement l’érosion de nos libertés religieux » à l’occasion de ces élections, dans tous les cas si les démocrates l’emportent, – sans d’ailleurs qu’il s’agisse d’une condition décisive.
• Quelle est la situation actuelle pour ce qui concerne les perspectives de ces élections de novembre ? Les derniers signes électoraux concrets, hors des sondages qui ne donnent pas une image nationale précise et qui peuvent toujours être contestés, – et contestables, – montrent sans aucun doute des signes qui justifient l’inquiétude de Trump, du point de vue de son parti, si tant est que les intérêts et les conceptions de Trump et des républicains coïncident. Snyder : « À un peu plus de deux mois seulement des élections de mi-mandat, je pense que le président Trump commence à se rendre compte de la gravité de la situation. Les républicains pro-Trump ont perdu dans les primaires en Arizona, en Idaho et ailleurs. Les candidats démocrates recueillent beaucoup plus d'argent que les candidats républicains, et la gauche a beaucoup plus d'énergie et d'enthousiasme que la droite en ce moment. »
Plus encore, il est notable que, du côté démocrate, les primaires montrent que les candidats les plus radicaux, les plus proches des groupes tel Antifa, et souvent des candidats jeunes qui sont très peu impliqués dans les structures traditionnelles du parti démocrate mais très impliqués dans le courant doctrinal progressiste-sociétal, et souvent venus de minorités ethniques, créent souvent la surprise en remportant des primaires désignant le candidat démocrate pour les élections de novembre. Parmi les cas les plus significatifs, il y a eu en juin à New-York la victoire d’Ocasio-Cortez et celle, avant-hier en Floride, de Andrew Gillum. Cette sorte de candidats, s’ils sont élus, implique l’injection d’un activisme politique très peu contrôlable à l’intérieur d’un parti démocrate, et dans les assemblés du Congrès (surtout à la Chambre), très peu inclinés à suivre des directives politiques classiques ; au contraire, un afflux de cette sorte de candidats peut tout simplement faire basculer de plus en plus le parti démocrate vers l’activisme politique, y compris extra-parlementaire.
• Au reste, Snyder (qui est lui-même candidat républicain à la Chambre pour ces élections) estime assez justement que les troubles et la violence sont susceptibles de survenir même en cas de défaite des démocrates, tout simplement parce que les groupes extra-parlementaires de l’ultragauche raisonnent et agissent selon la recherche d’une prise de pouvoir par la rue (ou par la communication si celle-ci peut se transmuter en une dynamique de prise de pouvoir par terrorisation psychologique).
« Et Trump a raison d’estimer qu’il y aura probablement des violences si les républicains perdent l’élection, mais il y aura probablement également des violences si les républicains gagnent. Dans les deux cas, les Antifa et les autres groupes de l’ultragauche continueront leur escalade rhétorique et violente. »
• Enfin, Snyder évoque l’autre aspect d’une éventuelle victoire démocrate en novembre, qui serait une quasi-certaine “guerre civile” à l’intérieur du pouvoir, entre le Congrès et la présidence, avec comme objectif dans le chef des démocrates d’une procédure de destitution. Cette hypothèse et tout ce qu’elle signifie si elle se réalise viennent naturellement sous la plume en raison de l’assistance devant laquelle parlait Trump, parce qu’une destitution de Trump donnerait la présidence à Mike Pence, qui est d’une tendance évangéliste radicale. On évoque peu ce point à cause de l’incroyable haine que Trump suscite chez les démocrates mais il est admis par nombre d’analystes de gauche s’affichant anti-Trump qu’un Pence serait sans nul doute pire que Trump pour leur point de vue de la situation intérieure, à cause de ses positions idéologiques et religieusesconduites par une foi inébranlable.
« Dans son nouveau livre sur Pence, le gauchiste radical Michael D’Antonio cherche à dresser un portrait de Pence comme un “suprémaciste chrétien” fonctionnant quasiment comme “un président-en-attente”… Bien qu’il ne soit certainement pas du côté de Pence, l’intervention [de D’Antonio] a parfaitement montré mardi sur CNN les valeurs chrétiennes qui orientent l’action du vice-président. D’Antonio a déclaré à John Berman, de CNN, qu’il jugeait sans le moindre doute que Pence estimait être “commandé par Dieu” pour se conduire comme étant “en attente de devenir président”. Le biographe, qui faisait la promotion de son livre ‘The Shadow President’ a estimé qu’“absolument tout ce que fait” le vice-président montre qu’il a comme “objectif de devenir président”.»
... Bien sûr, lorsqu’on dit que “Trump annonce la guerre civile”, nous ne parlons que de communication ; et nous ajoutons aussitôt que le système de la communication est aujourd’hui la principale puissance politique et que les “guerres“ se font essentiellement par son canal (“guerre de la communication”, “guerre de l’information”). Ainsi se situent l’apparence et l’importance des paroles du président US en fonction des situations potentielles par rapport aux moyens employés pour les batailles intérieures, ou plus simplement pour les batailles en général pour le pouvoir. On peut donc comprendre que Trump, en parlant en des termes si tranchés et si impératifs de la situation qui accompagnera et suivra ces élections de novembre, a bien parlé de ce que décrivent ceux qui, aujourd’hui, parlent de la possibilité d’une “guerre civile” aux USA.
D’une façon générale, le discours conforme était jusqu’ici de bannir toute allusion à cette situation potentielle de “guerre civile”, et d’éviter absolument l’emploi de cette expression, – et ceux qui, de plus en plus nombreux, l’ont fait ces derniers temps ont été fort mal vus... Du point de vue de la sémantique et donc de la communication, Trump a franchi une “ligne rouge”. C’est certainement un argument de plus contre lui dans le chef de ses adversaires, mais ce n’est pas ce qui importe. L’essentiel relève plutôt de la psychologie : en abordant ce problème de la violence à venir, donc de la “guerre civile”, Trump parlant en tant que président des États-Unis a libéré les psychologies de ce tabou érigé par la bienpensance, – ou la biendisance du Système. Ce faisant, il ouvre la perspective de la “guerre civile” pour les psychologies, en même temps que l’on réalise qu’aucune situation n’est aujourd’hui raisonnablement concevable, qui ne mène justement à cette “guerre civile”. Compte tenu de ce qu’on sait de Pence, qui s’avèrerait très vite comme pire que Trump pour l’ultragauche et le parti démocrate gauchisé, les trois possibilités envisageables sont toutes trois productrices de la violence enfantant la “guerre civile” :
• Les républicains l’emportent dans les deux assemblés (cas le plus improbable), Trump reste en fonction, et l’ultragauche activiste dans la rue se verra de plus en plus soutenue par un parti démocrate frustré par sa défaite et poussant à tous les moyens possibles pour déstabiliser Trump.
• Les démocrates remportent une demi-victoire (majorité à la Chambre), mais pas suffisamment pour arriver à une destitution, et nous nous retrouvons dans la même situation de déchirement. (C’est le « Thus we are in for a hellish year » de Patrick Buchanan.)
• Les démocrates emportent une large victoire et trouvent un soutien chez certains républicains, et ils obtiennent la destitution. Ils héritent de Pence, le “suprémaciste chrétien”, et donc une situation pire qu’avec Trump : c’est plus que jamais l’heure des violences et de la “guerre civile”.
« Finalement, l’élimination de Trump ne changerait pas grand’chose, observe Snyder... Au point où l’on en est, il n’existe aucun conservateur que la gauche accepterait à la Maison-Blanche, et il y en a beaucoup à droite qui ne supporterait pas un progressiste comme président. L’Amérique approche rapidement du point d’être totalement ingouvernable et, quel que soit le vainqueur en novembre, il est très probable que nous verrons très vite apparaître les premiers signes de cette évidence dans nos rues. »
Il est vrai qu’on trouve là l’effet des passions qui se sont déchaînées à l’occasion de l’élection-intrusion de Trump, – haine et colère à la fois, d’une intensité incompréhensible sinon d’en appeler à des forces suprahumaines irrésistibles ; mais en plus, une terreur panique du Système de voir un homme extérieur au “système du pouvoir américaniste” (système dans le Système, Trump étant par ailleurs un américaniste pur sucre). Cette terreur panique aveugle le Système sur les impasses de la situation, la poursuite effectivement aveugle de la liquidation de Trump conduisant à un Pence, – homme du “système dans le Système” certes, mais désormais se révélant à leurs yeux “suprémaciste chrétien” comme ils disent... C’est-à-dire qu’en trois ans, les références d’honorabilité selon le Système auxquelles Trump ne répondait pas (“un homme extérieur au ‘système du pouvoir’”) ont été les seules admises par les directions politiques, alors que se développait pour les satisfaire un extraordinaire climat de haine et de colère aboutissant à une irréversible fracture du pays. Aujourd’hui, les passions déchaînées règnent : lorsque vous aurez un Pence, homme honorable du “système du pouvoir”, la haine et la colère ne verront plus en lui qu’un “suprémaciste chrétien”.
Aujourd’hui, aux USA, le déchaînement des passions atteint l’intensité de ce que nous avons désigné comme “le déchaînement de la Matière”, et s’y identifie. Selon cette analogie à partir d’une image où le mot “Matière” désigne ce qu’il peut y avoir de mauvais dans la matière en général lorsque le Mal l’investit, le déchaînement des passions en cours aux USA restitue le même processus et met en avant, comme seul moteur de la vie politique, tout ce qu’il y a de mauvais dans cet artefact antihistorique que sont les USA. Nés de ce Moment métahistorique de la fin du XVIIIème siècle que nous nommons “déchaînement de la Matière”, les USA doivent selon une logiqueme supèrieure en mourir en imitant ce processus par inversion, – aussi bien selon l’équation surpuissance-autodestruction que selon le mot de Lincoln devenant une sorte de devise faisant fonction d'oraison funèbre (« ... En tant que nation d’hommes libres, nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant » ? Faites donc...)
Mis en ligne le 30 août 2018 à 13H19
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