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4489Dans le texte du Journal-dde.crisis de PhG de ce jour, il est beaucoup question de la psychologie du président Donald Trump, et avant lui, du candidat Donald Trump, et d’une façon générale de l’homme d’affaire Donald Trump, tout cela dans la perspective de ce que ferait Trump s’il était battu aux présidentielles USA-2020. Une référence était faite à un texte du cinéaste-activiste Michael Moore d’août 2016, repris par nous en octobre 2016 :
« ...[P]arce qu’au départ [Trump] ne s’est jamais lancé dans la campagne pour être élu, que cela ne l’intéressait foutre pas, qu’il se fichait de la politique. C’était à l’époque la thèse de Michael Moore, étayée je pense sur des informations très sérieuses, et pour cette raison il me semble judicieux de repasser un texte d’août/octobre 2016 où était expliquée et développée cette appréciation de Moore... Cela suivra. »
Cela suit, effectivement...
Nous reprenons l’ensemble que nous publiions le 3 octobre 2016, y compris notre présentation avec les références d’alors, en pleine campagne électorale, à un peu plus d’un mois de l’élection. Le texte de Moore nous paraît aujourd’hui tout aussi crédible qu’il nous avait paru à l’époque, sinon plus encore. (On doit préciser ici pour bien situer le contexte que Moore fut et reste un adversaire constant, acharné, de Donald Trump et des républicains.)
Les précisions que Moore donne sur les conditions de lancement de sa candidature par Trump correspondent remarquablement à la psychologie du personnage tel qu’on a pu le suivre depuis, tout autant que les hauts et les bas de Trump vis-à-vis de l’aventure, entre les emballements de sa vanité narcissique et les craintes de se trouver confronté à une fonction extrêmement pesante, difficile, épuisante et aux responsabilités constantes qui ne sont guère “payées” en retour avec intérêt immédiat comme l’est une Trump-Tower. L’épisode où Trump échoue auprès de NBC dans une première tentative après sa candidature montre également des erreurs graves de méthode dans sa façon de négocier, en appliquant des pressions directes et indirectes trop fortes sur le partenaire et son environnement, qui expliquent peut-être et entre autres, l’échec d'hier de ses négociations avec le Nord-Coréen Kim.
Ci-après : les quelques paragraphes du début sur les conditions de lancement de sa candidature :
« Donald Trump n'a jamais vraiment voulu être président des États-Unis. Je sais cela de source absolument sûre. […] Je ne dis certainement pas que j’ai entendu quoi que ce soit dans les entreprises concernées, dans les couloirs de NBC ou ailleurs. Mais il y a certaines personnes qui lisent ceci en ce moment même, qui savent parfaitement de qui je veux parler et savent que chaque mot des paragraphes suivants décrit des circonstances réelles.
» Trump était mécontent de son contrat en tant qu'animateur et vedette de son émission à succès de NBC, “The Apprentice” (et “The Celebrity Apprentice”). En un mot, il voulait plus d’argent. Il avait déjà évoqué l’idée de se présenter à la présidence dans l’espoir que cette idée renforcerait sa position dans la négociation. Mais il savait, en tant que roi auto-proclamé des négociateurs, que dire que vous allez faire quelque chose, c’est du pipeau, – LE FAIRE, c’est ce qui fait que les bâtards avec lesquels vous négociez s’assoient et prêtent attention à ce que vous dites.
» Trump avait commencé à parler à d'autres réseaux du transfert de son émission. C’était un autre moyen d’exercer un effet de levier […]et quand il a “discrètement” rencontré le responsable de l’un de ces réseaux, et que la nouvelle a circulé, sa main s’est renforcée. Il sut alors qu'il était temps d’abattre son Joker.
» Il a annoncé qu’il avait décidé d’être candidat à la présidence.
» Bien sûr, il n’aurait pas à faire campagne mais il s’agissait simplement d’en faire l’annonce, d’organiser quelques méga-rassemblements de dizaines de milliers de fans de ses émissions et attendre les premiers sondages d’opinion qui auraient montré, – quoi d’autre ! – qu’il occupait la première place ! Alors, il obtiendrait ce qu’il voulait, c’est-à-dire un paquet de $millions de plus que ce qu’il était payé... »
Bien entendu, l’hypothèse que fait Moore (Trump cherchant à détruire sciemment sa propre candidature) a été démentie depuis par les circonstances, mais pas nécessairement dans les intentions. De bout en bout, Trump a été un personnage manipulé par les événements et les circonstances, à commencer par l’extraordinaire succès du début de sa campagne, à la mli-2015, avec la façon dont un public en colère s’est saisi de sa candidature pour en faire ce personnage destructeur de l’establishment, ce “cocktail-Molotov humain” selon l’expression très judicieuse trouvée par Moore, – ce qui fut et reste en bonne partie une réussite au vu du désordre extraordinaire que Trump a créé à “D.C.-la-folle”. Les déclarations de Cohen selon lesquelles Trump n’a jamais cru durant sa campagne qu’il serait élu s’insèrent parfaitement dans ce portrait général.
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Il a paru approprié, en fonction du texte F&C mis en ligne ce jour, de publier indépendamment le texte que le cinéaste commentateur-activiste Michael Moore avait lui-même mis en ligne sur son site le 17 août dernier. En effet, ce texte est cité dans notre F&C et il nous semble très utile de le connaître éventuellement en détails. Il s’agit d’observer combien, en fonction de ce que dit son jugement actuel par rapport à nos propres observations, l’appréciation initiale de Moore acquiert du crédit dans le cadre de l’évolution de la campagne électorale durant ces dernières semaines. Dirait-on simplement qu'un Deus ex-Machina est à l'oeuvre ?
Par ailleurs, les affirmations de Moore sur les conditions où Trump lança sa candidature sont extrêmement détaillées et assorties d’affirmations péremptoires concernant le crédit qu’il faut y apporter. Tout cela nous semble important, non seulement pour l’anecdotique, mais plus encore pour l’évaluation qu’on peut faire de cette candidature (Trump) par rapport à son destin et surtout par rapport à sa situation actuelle : c’est en effet par rapport à cette situation et aux nouvelles déclarations de Moore telles qu’on les rapporte dans le F&C cité qu’on peut d’autant mieux apprécier ce texte du 17 août, parce qu'une perspective est ainsi tracée.
D’autre part, ce même texte du 17 août, même hors de la question de sa complète véracité, permet d’avoir une meilleure perception du personnage qu’est Donald Trump, du milieu où il évolue, de ses préoccupations et de son comportement. On ne peut certes pas dire, sans surprise excessive, que l’impression générale soit exaltante ; cela permet de mettre d’autant mieux en évidence l’étrangeté de cette situation présente, avec ce milliardaire qui, sans le vouloir et même en n’ayant aucunement l’idée de faire cela selon Moore, “a enflammé le pays, particulièrement chez ceux qui sont l’opposé des milliardaires” ; il est vrai, comme le remarque Moore, que Trump est beaucoup mieux dans ses habitudes et dans son rôle à fréquenter des gens comme les Clinton ou les Obama, plutôt que les dizaines de milliers de “Deplorables” qu’il rassemble régulièrement autour de lui dans des meetings enthousiastes. Il s’agit effectivement d'une sorte de “Tintin chez les capitalistes” ; une étonnante péripétie chez les capitalistes, au cœur du capitalisme, pour une mise en cause tonitruante par la campagne du plus capitaliste d'entre tous, Donald Trump, de la production principale du capitalisme, – la pauvreté et l’instabilité... Et tout cela pourrait bien être vrai, véridique, conforme à une vérité-de-situation !
Effectivement encore, cette description conduit à mesurer l’abîme d’absurdité ubuesque de la narrative concernant un Trump fasciste-nazi à peine dissimulé, avec des plans de mise en place d’un régime oppressif extrêmement structuré, qui serait le nième “nouvel Hitler” et le plus sérieux puisqu’américaniste (l’avez-vous imaginé avec son fameux combiné mèche-moustaches et son Sieg Heil ? Serait-il meilleur que Ludwig Von Apfelstrudel [“gâteau aux pommes” en allemand], demi-frère d’Hitler, alias Jacques Villeret dans Papy fait de la résistance ?). Par conséquent, il y a une interrogation majeure à développer sur l’extraordinaire aisance avec laquelle une telle narrative se développe dans le jugement des élites-Système des nations dites-civilisées, celles du bloc-BAO essentiellement, par exemple dans des pays réputés pour leur culture constante et attentive de l’intelligence en plus de leur position d’inspiratrices de la civilisation, comme la France du président-poire par exemple.
Nous vivons donc dans un univers étrange et dans une époque sensationnelle, au milieu des complots en carton-pâte et des menaces-bouffes de guerre nucléaire. Un personnage tel que Trump, sorti tout droit des tours hypermodernes pavées de $milliards et des talk-shows de télé-réalité, décidant d’être candidat à la présidence pour obtenir des avantages d’une chaîne télévisée, pour une émission qui lui est chère, et terminant en candidat-antiSystème ultra-sérieux qui secoue jusque dans ses tréfonds les USA et le Système, tout cela est si parfaitement conforme à l’air du temps ! On en vient donc à penser que l’histoire de Moore est fondée, qu’elle est juste et qu’elle est complètement logique jusqu’à être une vérité-de-situation, rien de moins, – surtout, surtout si on la complète par l'image fulgurante du The-Donald transformé en cocktail-Molotov postmoderne, ce qui est une magnifique cerise permanentée et bronzée sur le gâteau.
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Friends,
Donald Trump never actually wanted to be President of the United States. I know this for a fact. I’m not going to say how I know it. I’m not saying that Trump and I shared the same agent or lawyer or stylist or, if we did, that that would have anything to do with anything. And I’m certainly not saying that I ever overheard anything at those agencies or in the hallways of NBC or anywhere else. But there are certain people reading this right now, they know who they are, and they know that every word in the following paragraphs actually happened.
Trump was unhappy with his deal as host and star of his hit NBC show, “The Apprentice” (and “The Celebrity Apprentice”). Simply put, he wanted more money. He had floated the idea before of possibly running for president in the hopes that the attention from that would make his negotiating position stronger. But he knew, as the self-proclaimed king of the dealmakers, that saying you’re going to do something is bupkus — DOING it is what makes the bastards sit up and pay attention.
Trump had begun talking to other networks about moving his show. This was another way to get leverage — the fear of losing him to someone else — and when he “quietly” met with the head of one of those networks, and word got around, his hand was strengthened. He knew then that it was time to play his Big Card.
He decided to run for President.
Of course he wouldn’t really have to RUN for President — just make the announcement, hold a few mega-rallies that would be packed with tens of thousands of fans, and wait for the first opinion polls to come in showing him — what else! — in first place! And then he would get whatever deal he wanted, worth millions more than what he was currently being paid.
So, on June 16th of last year, he rode down his golden escalator and opened his mouth. With no campaign staff, no 50-state campaign infrastructure — neither of which he needed because, remember, this wasn’t going to be a real campaign — and with no prepared script, he went off the rails at his kick-off press conference, calling Mexicans “rapists” and “drug dealers” and pledging to build a wall to keep them all out. Jaws in the room were agape. His comments were so offensive, NBC, far from offering him a bigger paycheck, immediately fired him with this terse statement: “Due to the recent derogatory statements by Donald Trump regarding immigrants, NBCUniversal is ending its business relationship with Mr. Trump.” NBC said it was also canceling the beauty pageants owned by Trump: Miss USA and Miss Universe. BOOM.
Trump was stunned. So much for the art of the deal. He never expected this, but he stuck to his plan anyway to increase his “value” in the eyes of the other networks by showing them how many millions of Americans wanted Him to be their Leader. He knew, of course (and the people he trusted also told him) that there was no way he was actually going to win many (if any) of the primaries, and he certainly would not become the Republican nominee, and NEVER would he EVER be the President of the United States. Of course not! Nor would he want to be! The job of being President is WORK and BORING and you have to live in the GHETTO of Washington, DC, in a SMALL 200-yr. old house that’s damp and dreary and has only TWO floors! A “second floor” is not a penthouse! But none of this was a worry, as “Trump for President” was only a ruse that was going to last a few months.
And then something happened. And to be honest, if it happened to you, you might have reacted the same way. Trump, to his own surprise, ignited the country, especially among people who were the opposite of billionaires. He went straight to #1 in the polls of Republican voters. Up to 30,000 boisterous supporters started showing up to his rallies. TV ate it up. He became the first American celebrity to be able to book himself on any show he wanted to be on — and then NOT show up to the studio! From “Face the Nation” to “The Today Show” to Anderson Cooper, he was able to simply phone in and they’d put him on the air live. He could’ve been sitting on his golden toilet in Trump Tower for all we knew –and the media had no problem with any of that. In fact, CBS head Les Moonves famously admitted that Trump was very good for TV ratings and selling ads — music to the ears the NBC-spurned narcissist.
Trump fell in love with himself all over again, and he soon forgot his mission to get a good deal for a TV show. A TV show? Are you kldding – that’s for losers like Chris Harrison, whoever that is (host of “The Bachelorette”). He was no longer king of the dealmakers — he was King of the World ! His tiniest musings would be discussed and dissected everywhere by everybody for days, weeks, months! THAT never happened on “The Apprentice”! Host a TV show? He was the star of EVERY TV SHOW — and, soon, winning nearly every primary!
And then… you can see the moment it finally dawned on him… that “Oh shit!” revelation: “I’m actually going to be the Republican nominee — and my rich beautiful life is f#*@ing over!” It was the night he won the New Jersey primary. The headline on TIME.com was, “Donald Trump’s Subdued Victory Speech After Winning New Jersey.” Instead of it being one of his loud, brash speeches, it was downright depressing. No energy, no happiness, just the realization that now he was going to have to go through with this stunt that he started. It was no longer going to be performance art. He was going to have to go to work.
Soon, though, his karma caught up with him. Calling Mexicans “rapists” should have disqualified him on Day One (or for saying Obama wasn’t born here, as he did in 2011). No, it took 13 months of racist, sexist, stupid comments before he finally undid himself with the trifecta of attacking the family of a slain soldier, ridiculing the Purple Heart and suggesting that the pro-gun crowd assassinate Hillary Clinton. By this past weekend, the look on his face said it all — “I hate this! I want my show back!” But it was too late. He was damaged goods, his brand beyond repair, a worldwide laughing stock — and worse, a soon-to-be loser.
But, let me throw out another theory, one that assumes that Trump isn’t as dumb or crazy as he looks.Maybe the meltdown of the past three weeks was no accident. Maybe it’s all part of his new strategy to get the hell out of a race he never intended to see through to its end anyway. Because, unless he is just “crazy,” the only explanation for the unusual ramping up, day after day, of one disgustingly reckless statement after another is that he’s doing it consciously (or subconsciously) so that he’ll have to bow out or blame “others” for forcing him out. Many now are sensing the end game here because they know Trump seriously doesn’t want to do the actual job — and, most importantly, he cannot and WILL NOT suffer through being officially and legally declared a loser — LOSER! — on the night of November 8th.
Trust me, I’ve met the guy. Spent an afternoon with him. He would rather invite the Clintons AND the Obamas to his next wedding than have that scarlet letter (“L”) branded on his forehead seconds after the last polls have closed on that night, the evening of the final episode of the permanently cancelled Donald Trump Shit-Show.
Yours,
Don, if you’re reading this, do it soon. Give your pathetic party a chance to pick up the pieces and nominate Ryan or Romney so they can be the ones to lose the White House, the Senate, the House and yes, praise Jesus and the Notorious RBG, the Supreme Court. Don’t be too hard on yourself. You’re only the logical conclusion to a party that has lived off the currency of racism and bigotry and fellating the 1% for decades, and now their Trump has come home to roost.