Il y a 3 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.
21794 juillet 2018 – La question de “la vérité” sur l’attaque 9/11 n’en finit pas refuser de mourir... La question de “la vérité” sur l’attaque 9/11, – ou du moins, de la mise en question de la “version officielle 1.0”fortement contestée par des documents officiels disponibles en versions semi-classifiées ou complètement classifiées (les “28-pages”) qui donneraient, s’ils étaient publiquement prises en compte, une “version officielle 2.0” portant un coup sévère à l’Arabie Saoudite, aux relations entre l’’Arabie et les USA, et aux membres de l’establishment très proches des Saoudiens, – notamment par le biais du conglomérat Carlyle, – et notamment la famille Bush.
C’est le président Trump qui pourrait remettre remet la question au goût du jour, dans le cadre de la polémique féroce qui l’oppose à l’ancien chef du FBI Mueller, qui est le procureur spécial nommé pour enquêter sur différentes polémiques et accusations autour de la campagne présidentielle de 2016, et qui vise directement Trump et son entourage. Trump pourrait en arriver à vouloir mettre en cause Mueller puisque, patron du FBI lors de l’attaque 9/11, Mueller aurait (le conditionnel est indulgent) très largement trempé dans l’entreprise de cover-up du rôle de l’Arabie, et dans quelques autres actions illégales où on peut l’impliquer dans ce cadre. Ce n’est donc pas une bataille pour la vérité de 9/11, même si on y parvenait, – après une visite à Lourdes, – mais un épisode de plus dans la guerre interne, le déchirement autodestructeur du système de l’américanisme.
L’ironie quasi-vertueuse de l’affaire est que Trump, s’il est possible qu’il le fasse au nom de sa fureur vengeresse et contre-offensive contre Mueller, ne ferait que tenir une promesse électorale qu’il ne s’est pas pressée de tenir jusqu’ici... Le 18 février 2016, le candidat Donald Trump proclamait devant une foule de supporteurs : “Élisez-moi et vous saurez tout, tout sur l’attaque du 11 septembre !” Trump ne se risquait pas sur un champ de mines suicidaire, il empruntait une voie déjà sécurisée concernant des documents classifiés sur l’attaque, connue sous la dénomination des “28-pages” qui faisaient l’objet d’une polémique publique féroce depuis au moins octobre 2014, avec un démarrage à l’origine en décembre 2013. Nous écrivions donc, en février 2016, à propos de cette nouvelle promesse électorale de Trump :
« Mais le plus important est sa dernière foucade où il a fait très fort, s'attaquant au plus formidable des tabous : la vérité sur 9/11. Lors d’une intervention dans une réunion électorale à Bluffton, en Caroline du Sud, Trump a promis que, s’il était élu, la vérité serait faite sur l’attaque du 11 septembre 2001. Il a essentiellement fait allusion aux 28 pages gardées secrètes du rapport du gouvernement US sur l’attaque. (Il faut d’ailleurs noter que Trump ne va pas vraiment à contre-courant : le soutien pour la publication de ces 28 pages a fortement augmenté au Congrès, et l'on décompte désormais 35 parlementaires à la Chambre des Représentants qui se sont portés “cosponsors” du projet de résolution demandant cette publication.) Parallèlement, l’ancien ex-président Cheney a dénoncé Trump comme un “complotiste” diabolique (traduction française de “9/11 Truther”)... »
Des développements divers à la suite de cette promesse électorale du candidat-Trump mirent de nouveau la question de la version de l’attaque 9/11 au goût du jour et il devint de plus en plus évident lors de diverses interventions télévisées que la “version officielle” (1.0) était désormais, non seulement dépassée, mais qu’elle était surtout la version “défensive” d’une fraction de l’establishment (du DeepState) contre laquelle, en cas d’aggravation des choses, l’une ou d’autres fractions de l’establishment serai(en)t prête(s) à sortir la nouvelle “version” (2.0) impliquant massivement l’Arabie et tous ses relais washingtoniens, dont les Bush et éventuellement les Clinton. Ainsi nous relevions le 19 avril 2018 dans le texte « 9/11-complot : le roi est quasi-nu », diverses indications dont celle, tonitruante, de John Lehman, qui avait été président de la commission d’enquête sur 9/11 :
« Une précision très-importante à ce propos est celle de l’ancien ministre de la Marine, John Lehman, qui fut président de la commission d’enquête spéciale sur l’attaque du 11 septembre, et qui a lu les 28-pages en raison de sa position officielle. Interrogé lors de l’émission ‘60 Minutes’ sur le fait de savoir si ces 28-pages permettaient d’identifier par leurs noms des responsables saoudiens, il répondit “Oui ! Un auditeur moyen de ‘60 Minutes’ les reconnaîtrait instantanément... ” »
Il y avait une “morale” à sortir de ces divers épisodes, où il apparaissait que l’enjeu en 2016 était complètement différent de l’enjeu, par exemple, de 2006, c’est-à-dire de la période entre 9/11 et l’élection d’Obama. La question n’était pas, et elle n’est toujours pas, d’arriver à la vérité (puisque la vérité, c’est la “version officielle 1.0” jusque telle date, puis la “version officielle 2.0” à partir de telle date, et ainsi de suite) ; la question concerne le formidable affrontement interne de “D.C.-la-folle”, et jusqu’où ils iront dans le dévoilement des choses, – des secrets de famille aux cadavres dans le placard, – pour frapper leurs adversaires.
Pour autant, il est tout à fait évident que cette question de l’attaque 9/11 a évolué au fil du temps, que si elle n’est plus dans l’enjeu de trouver la vérité (le public contre les coupables prestement transformés en boucs-émissaires et épargnant le Système, ou “méthode-Watergate”), elle est par contre devenue à la fois un tabou et un mythe. Dans ce cadre nouveau, s’affronter à son propos risque d’ébranler tout l’édifice du Système selon le mode terrible surpuissance-autodestruction et nullement à cause d’une pression populaire brandissant la vérité ; elle risque de conduire dans l’épisode présent, non seulement à la mise à nu par telle ou telle fraction de l’establishment des pratiques illicites dans l’establishment, fraction contre fraction, mais à des questions fondamentales sur le sens des choses depuis cette attaque et à cause de cette attaque, c’est-à-dire à la mise en cause de la légitimité même du Système...
Le 19 février 2016, peu après la promesse électorale de Trump, PhG commentait dans Journal-dde.crisis :« D’une façon fortement significative de la perception que j’en ai où la vertu d’inconnaissance a sa place pour tenter de dégager l’essentiel de l’accessoire, moi qui ne me suis guère passionné pour cette bataille de “la vérité de 9/11” dans les premières années qui suivirent l’attaque, quand le débat était brûlant, je serais conduit à penser que la chose deviendrait au contraire, aujourd'hui, si elle se déclenchait comme on peut l’envisager, une bataille de titans, mythe contre mythe et symbole contre symbole, qui engagerait tout le Système. C’est comme si l’on arrivait au bout d’une course folle, dont nul ne comprend le sens ni ne sait le but, et que l’on se retournerait soudain, vers d’où l’on est parti : peut-être là-bas, tout au bout, se trouve la clef de ce mystère : pourquoi nous courons dans cette époque terrible, et dans quel but... Qu’on ne prenne pas ces mots au sens strict (encore une fois, ce n’est certes pas le contenu qui nous dirait le sens de notre époque), mais plutôt comme l’hypothèse d’un événement cathartique, une sorte de paroxysme soudain et brutal où se réunissent toutes nos souffrances, nos folies, nos illusions, nos narrative, pour soudain nous confronter à une sorte d’ultime vérité-de-situation ; qu’on ne croit pas enfin que l’enjeu final est l’élection ou pas du personnage, mais bien l’enchaînement qui se déclencherait à cette occasion, au-delà de toutes les conjectures politiques et politiciennes...
» Il faut un bouffon inconscient de la portée de ce qu’il fait, un fou du roi dont le premier caractère est l’irresponsabilité, pas moins, pour susciter sans en avoir véritablement conscience un tel enchaînement. On conviendra que The-Donald fait l’affaire ; cela ne signifie pas la réussite assurée d’une entreprise dont le bouffon-fou du roi n’a effectivement nulle conscience de l’importance ; mais on devrait convenir que les caractères de cette entreprise, comme celui du The-Donald, se rapprochent du modèle idéal. »
La chasse acharnée lancée depuis 2016-2017 par les antitrumpistes contre le nouveau président à l’aide des narrative diverses, souvent absurdes ou mineures par rapport à l’enjeu, reste suffisamment nocive pour que Trump juge qu’il est menacé par elle. La chasse est donc menée par l’ancien chef du FBI Mueller et l’idée de licencier ce procureur spécial, qui est théoriquement dans ses pouvoirs, semble être trop dangereuse pour Trump qui risquerait d’être confronté dans ce cas à une procédure de destitution. Par contre, apparaît de plus en plus tentante la possibilité d’attaquer directement Mueller, pour le discréditer, essentiellement à cause du rôle qu’il a joué dans le cover-up de 9/11, particulièrement pour ce qui concerne le rôle joué par les Saoudiens.
Ce sont des informations parues dans Infowars.com, qui a des connexions avec l’entourage de Trump, qui donne cette indication, en précisant qu’il s’agit aussi bien de publier des documents qui mettent le rôle de Mueller en évidence, que des documents sur la même question de l’attaque 9/11 qui impliqueraient les Bush et les Clinton
« Le président Trump est prêt à aller au-delà de l’exposition du camouflage de l’intervention des officiels saoudiens dans l’attaque 9/11 par Robert Mueller, en publiant en plus de nouvelles informations sur la manière dont les Bush et les Clinton étaient également impliqués, selon des sources gouvernementales de haut niveau. En bref, le rôle de Mueller dans la dissimulation des liens entre l'Arabie saoudite et le 11 septembre ne serait que la pointe de l'iceberg. Trump est prêt à exposer d’autres documents montrant la collusion de l’“État profond” avec les Saoudiens [dans l’attaque 9/11], selon les responsables qui ont parlé à Infowars. »
Bien entendu, les informations d’Infowars.com sont à prendre avec des réserves, mais certainement pas plus que celles du Washington Post, du Guardian ou du Monde pour les affaires qui nous intéressent et nous importent. Le fait est, par ailleurs, qu’on assiste actuellement, parallèlement à l’action possible de Trump, à une offensive du groupe constitué par les familles des victimes de l’attaque.
• Le 21 juin, le Washington Examinera publié une longue tribune où sont reprises les différentes actions du gouvernement saoudien décrites dans les fameuses “28-pages” dont une partie reste non-accessible au public. Il a cité divers éléments, les déclarations de l’avocat des familles des victimes, Jim Kreindler, et les déclarations souvent répétées de l’ancien sénateur Bob Graham, qui était dans la commission sénatoriale d’enquête sur 9/11, en 2002.
• Dans la soirée du 2 juin, dans son émission quotidienne, Tucker Carlson a reçu l’avocat Kreindler qui a à nouveau développé les circonstances sur lesquelles les plaignants s’appuient pour diverses demandes, dont certaines adressées directement au président Trump, de témoignages, de déclassification ou de publication de documents, etc. Les deux directeurs successifs du FBI de ces dix-huit dernières années, Mueller et Comey, sont directement mis en cause pour avoir organisé un blackout complet sur les éléments recueillis mettant en cause le gouvernement saoudien mais également des personnalités politiques US
« L'avocat a souligné qu'au lieu d'enquêter sur cette affaire, Mueller l'a dissimulée. “Des interrogatoires ont été interrompus, des documents ont été classés ‘secrets’”, a déclaré Kreindler, ajoutant que la dissimulation s’était poursuivie sous la direction d'Obama et du directeur du FBI [successeur de Mueller], James Comey.
» Les familles des victimes du 11 septembre exigent désormais que les documents relatifs à la dissimulation, supervisés par Mueller, soient immédiatement déclassifiés par le président Trump. L'amnistie pour tous les agents du FBI qui avaient reçu l'ordre de superviser la dissimulation, mais qui peuvent désormais exposer le rôle de Mueller, est également envisagée. “Il n'y a aucune raison pour que des milliers de documents révélant le rôle de l'Arabie Saoudite et la complicité de notre propre gouvernement pendant 17 ans restent secrets”, a déclaré Kreindler. Kathy Owens, qui a perdu son mari le 11 septembre, a déclaré qu'à la tête du FBI à l'époque, Mueller “couvrait et étouffait l'enquête sur la recherche de la responsabilité de ceux qui ont soutenu et financé les pirates de l'air”, et que cela serait révélé dans des documents qui sont “encore inutilement classifiés sans justification”. »
L’ensemble constitue un réseau de pressions importantes sur Trump, pour qu’il agisse dans le sens de ses promesses électorales, et par conséquent qu’il mette Mueller dans une position si délicate qu’on pourrait envisager que le procureur spécial se trouve dans l’obligation personnelle, sinon légale, de démissionner. C’est en effet l’issue que devrait logiquement rechercher Trump, puisqu’il se trouverait alors dans une position idéale, soit pour stopper l’enquête, soit pour susciter un choix tout à fait différent.
Dans tous les cas, on observe combien le “cas-9/11” est devenu effectivement ce champ de bataille à l’intérieur du système de l’américanisme, alors que ce système maintenait une unanimité quasi-complète, de gré ou de force, face aux attaques des critiques de la “version officielle 1.0”, au moins jusqu’en 2008-2013. C’est certainement l’affaire des “28-pages”, apparue en 2013 qui a relancé l’intérêt pour ce qui semblait enfoui définitivement sous le poids de la “version officielle 1/0”, avec l’apparition de fissures de plus en plus nettes dans cette version, et aussi des craquements révélateurs dans ce qui n’était plus l’unanimité-Système pour protéger ce “secret de famille”. L’élection de Trump, fracture majeure à l’intérieur du Système (et non pas simplement attaque antiSystème), s’est répercutée sur le cas.
9/11 n’est plus un défi lancé à la Vérité, c’est devenu un outil d’agitation, une arme de combat, un révélateur des tensions fractales qui affectent le Système. Il n’est pas assuré que Trump prenne le risque de sortir complètement le sabre du fourreau, en raison des risques énormes de déstabilisation ; d’autre part, ou “en même temps” comme dirait l’autre, la pression antagoniste exercée sur lui par ses adversaires est tellement forte qu’il pourrait en venir à cette initiative. C’est là où l’on reconnaît la profondeur de la crise à “D.C.-la-folle”, du point de vue de l’irresponsabilité de ses acteurs : que les uns et les autres aient pris le risque de mettre en piste dans une attaque si complexe et risquée un personnage si compromis dans le cover-up de 9/11, alors que des documents surgissent ou n’attendent que d’être déclassifiés un peu partout.
Mis en ligne le 4 juin 2018 à 17H15
Forum — Charger les commentaires