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1903Bruits du sommet tant attendu et tant détesté selon de qui l’on parle et de qui nous parle, cette fois substantivé par quelques faits significatifs... Le plus convaincant de ces faits est un voyage prévu de John Bolton, conseiller de Trump pour la sécurité nationale, à Moscou : « D’après ce que je sais, cette visite est sur le point d’avoir lieu, c’est tout ce que je peux dire pour l’instant » a confié l’archi-prudent Dimitri Pechkov, porte-parole de Poutine. Se confirmant lui-même comme il a souvent la politesse de le faire (« Days after I discussed rumours of an imminent Trump-Putin summit »), Alexander Mercouris cite cette visite de Bolton, d’autres évènements annoncés et un climat général aux USA pour effectivement affirmer qu’un tel sommet se prépare, peut-être bien au milieu, ou à l’occasion de sa visite en Europe (UK et sommet de l’OTAN) ; cette circonstance du mélange absolument incongru des genres (voir Poutine alors qu’on salue la Reine d’Angleterre [Trump la verrait finalement, paraît-il] et qu’on se retrouve au sein de la Sainte-Famille de l’Alliance) étant perçue comme un signe affreux et terrifiant de quelque coup catastrophique de plus que l’incontrôlable Trump se prépare à porter à la Sainte-Famille du bloc-BAO.
Mercouris note tout cela dans un court article dans TheDuran.com, en notant abondamment un article du Times de Londres, fidèle pilier des machinations désormais dérisoires des vaillants guerriers de l’establishment britannique.
« ...Further suggestions that some sort of easing of tensions between Washington and Moscow may be in the works has been provided by confirmation that a group of US Republican Senators will shortly be visiting Moscow. It seems that a combination of the collapse in the credibility of the Russiagate collusion allegations – which I suspect no Republican member of the House or Senate any longer believes – unease in the US at Russia’s breakthrough in hypersonic weapons technology (recently discussed by Alex Christoforou and myself in this video), and the failure of the recent sanctions the US Treasury announced against Rusal, has concentrated minds in Washington, and is giving President Trump the political space he needs to push for the easing of tensions with Russia which he is known to have long favoured.
» One important European capital cannot conceal its dismay.
» In a recent article for Consortium News I discussed the obsessive qualityof the British establishment’s paranoia about Russia, and not surprisingly in light of it an article has appeared today in The Times of London which made clear the British government’s alarm as the prospect of a Trump-Putin summit looms. As is often the way with articles in The Times of London, this article has now been “updated” beyond recognition. However it still contains comments like these :
» “Mr Trump called for Russia to be readmitted to the G8 this month, wrecking Mrs May’s efforts to further isolate Mr Putin after the Salisbury poisonings. Mr Trump then linked US funding of Nato to the trade dispute with the EU, singling out Germany for special criticism.
» ”The prospect of a meeting between Mr Trump and Mr Putin appals British officials. ‘It’s unclear if this meeting is after or before Nato and the UK visit,’ a Whitehall official said. ‘Obviously after would be better for us. It adds another dynamic to an already colourful week.’….
» ”A senior western diplomatic source said that a Trump-Putin meeting before the Nato summit would cause ‘dismay and alarm’, adding: ‘It would be a highly negative thing to do.’
» ”Nato is due to discuss an escalation of measures to deter Russian aggression. “Everyone is perturbed by what is going on and is fearing for the future of the alliance,” a Whitehall source said.” »
Mercouris termine par quelques paragraphes sur un de ses sujets favoris qui est l’antirussisme très spécifique et absolument obsessionnel de l’establishment britannique. (Il a détaillé ce phénomène dans un très long article, excellemment documenté, du 15 juin 2018 dans ConsortiumNews.). Dans l’article de TheDuran.com sur le possible sommet Trump-Poutine, il revient rapidement sur la question, s’attachant particulièrement au point précis de l’implication britannique dans toute l’affaire du Russiagate. Il se réfère notamment à un article de ZeroHedge.com du 5 avril 2018, reprenant lui-même un article du 4 avril 2018 d'Elizabeth Lea Vos, de Disobedient Media, – excellent enchaînement antiSystème ; laquelle Lea Vos expose très longuement la machination, avec de très nombreux détails concernant les activités du renseignement UK (MI5, MI6, GCHQ et divers satellites) qui s’avère être le maître d’œuvre et l’artisan à la fois de la quasi-totalité des actions, des dénonciations, des FakeNews et des simulacres qui ont constitué ce qu’on a nommé le Russiagate.
« Une réunion au sommet entre les présidents américain et russe inaugurant une amélioration dans les relations entre les États-Unis et la Russie est exactement l’inverse de ce que l’establishment de Londres veut, conclut Mercouris. Cela semble être précisément ce à quoi il est confronté. »
Cette époque ne peut mieux être définie que par “le cul par-dessus tête”. L’extraordinaire médiocrité depuis quelques années du renseignement UK, réputé si longtemps comme le plus fin du monde, culminant avec ces incroyables simulacres à deux balles des deux dernières années, allant du Russiagate à l’affaire des Skripal, en passant par les “attaques chimiques” compulsives et mensuelles d’Assad contre lui-même, voilà un de ces “cul-par-dessus-tête” dont l’on parle. L’autre, après tout, c’est de voir le terrible Bolton, l’homme à la moustache entre les dents, porter la bonne parole à Moscou pour éventuellement préparer une chaleureuse et amicale rencontre, type Kim-Trump à Singapour, avec Poutine.
Depuis que Bolton est là, la “diplomatie” de Trump n’a cessé d’aller dans le sens objectivement antiSystème de tout faire pour briser l’unité du bloc-BAO, et pour se rapprocher des parias qui complotent contre le dit-bloc. Il y a eu la déclaration de Bolton selon laquelle on pouvait envisager le “modèle libyen” pour la Corée du Nord, prestement ravalée avec sa moustache sur mise au point de La Maison-Blanche, et depuis Bolton marche droit. Tant il est vrai qu’une des tactiques classiques pour faire taire les enragés qui réclament du sang, c’est de les engager à votre service si l’on a assez d’autorité et de poids pour cela, ou bien simplement la communication convaincante ; il semble qu’à cet égard, Trump ait plutôt réussi son coup avec Bolton, ce qui rend plus difficile la critique extrémiste, neocon, etc., contre lui ; rien ne vaut le vertige du pouvoir...
Là-dessus, que doit-on faire de ce sommet Trump-Poutine s’il a lieu ? On verra, pour la réunion elle-même, pour laquelle nous serions tentés de ne pas trop en attendre (à l’inverse d’un Mercouris, qui croit à la possibilité du rétablissement d’une diplomatie mondiale, ce qui n’est en rien notre cas). Ce qui nous passionnerait beaucoup plus, certes, ce sont les réactions à l’intérieur du bloc-BAO, l’avancement du travail de termite explosive de Trump, l’homme qui dynamite “l’Ouest”. Cela n’est pas nécessairement ce que souhaite complètement Poutine et, de ce point de vue, on dirait paradoxalement (“cul-par-dessus-tête”) que Poutine est moins antiSystème que Trump. (Mais comme l’on sait, le classement “antiSystème”, pour la plupart des acteurs du monde, est le classement le plus relatif, le plus instable et le plus insaisissable du monde, allant de l'un à l'autre toujours comme cette savonnette mouillée sur parquet glissant, emblême de l'étrange époque...)
Comme le rapporte Mercouris, les deux acteurs qui ont le plus à craindre dans cette aventure sont les deux acolytes favoris des USA du temps de la splendeur-Guerre froide : le Royaume-Uni et l’OTAN. L’incroyable déchéance de la partie britannique depuis l’aventure Blair-Bush en Irak, du point de vue de la stature de communication (plutôt que diplomatique, selon l’évolution des mœurs), montre une quasi-paralysie de cette puissance réputée dans les siècles passés pour sa souplesse et son habileté d’adaptation aux situations ; cela est dû essentiellement à la politique héritée de Churchill des special relationships qui enchaînent ce pays à un destin d’assistant de seconde zone à une superpuissance en déclin, situation évidente depuis le coup de poker-menteur de Blair. Aujourd’hui, UK est au bout de son calvaire, avec son tuteur-actionnaire-principal qui ne prend même plus de gants (ce n’est pas le genre de Trump) pour lui faire sentir le mépris et le désintérêt sarcastique qu’il lui porte.
L’OTAN suit à peu près la même ligne, qui n’existe que grâce et à cause de l’argent imprimé par le Fed, et qui tremble chaque jour de lire un tweet du The-Donald disant à peu près : “L’OTAN nous coûte du fric sans nous servir à rien. Plus rien à foutre !”. On s’en doute, la chose serait évidemment dans tous les esprits si, dans un de ces jours qui viennent, Trump rencontrait “Vlad” et le découvrait comme un excellent “compagnon de route” avec lequel on peut s’entendre, lui promettant aussitôt, à la grande surprise de Mattis, qu’il est temps d’interrompre ces manœuvres “provocatrices et coûteuses” de l’OTAN sur les frontières de la Russie, – schéma déjà expérimenté avec Kim. Ce serait Bolton, moustaches en berne, qui irait annoncer à Soltenberg qu’il ferait peut-être bien de commencer à écrire ses mémoires, promises à un certain succès si jamais il devenait le premier Secrétaire Général de l’OTAN à ordonner à ses planificateurs des plans pour liquider l’OTAN...
Bref... “Rêvons un peu”, comme disait Sacha. Trump comme homme-lige de Guitry, il fallait cette époque étrange pour parvenir à imaginer cela.
Mis en ligne le 22 juin 2018 à 10H31