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1421Même lorsque le verdict sembler atteint, il est remis en question : chaque étape de ses primaires ne cesse de de faire naître de nouvelles interrogations sur le sens général de l’élection présidentielle US en la radicalisant constamment, avec comme vedette incontestable, comme personnage central, comme comédien et général furieux sans égal, avec comme “énigme tonitruante” finalement car nul ne sait ce qu’il sortira de tout cela, – Trump, bien entendu. Ainsi en fut-il de la primaire de l’Indiana, qui a vu des résultats tout à fait remarquables et impressionnants, et somme toute inattendus, et le couronnement également inattendu de Trump par élimination du reste. Le résultat est une nouvelle accélération du rythme de l’élection d’une part avec un Trump qui ne prend pas la peine de reprendre son souffle, d’autre part avec une nouvelle plongée dans le désarroi et la panique, spécialement pour l’establishment qui comprend de moins en moins le sens réel et la signification de cette situation.
• L’écrasante victoire de Trump a non seulement renforcé sa position, mais a transformé sa position. La cause principale est que cette victoire a entraîné aussitôt l’annonce de l’abandon de la course présidentielle de son rival Ted Cruz. Kasich a suivi.. Pour ce qu’on peut en savoir pour l’instant, les primaires continuent comme une “compétition” qui n’a aucune réalité bien entendu. Ce qui s’est passé avec l’Indiana a fait de Trump le candidat républicain de facto pour la phase finale de l’élection présidentielle.
Il s’agit d’un renversement possible de la situation initiale : Trump n’apparaît plus comme un prétendant tentant de s’introduire dans le parti républicain contre l’establishment, mais plutôt comme celui qui s’affirme éventuellement comme le “propriétaire” de ce parti à ses conditions, en position de force face à l’establishment et affichant ses conceptions. En d’autres mots, cela signifierait que Trump a complètement investi le parti républicain.
• “En face”, du côté démocrate, la situation qui devrait être nette est et reste incertaine. Ce n’est pas tant une question purement électorale (plus personne ne doute de la désignation de Clinton malgré l’opiniâtreté de Sanders) qu’une question d’atmosphère, et surtout d’“atmosphère autour d’Hillary Clinton”. Tout se passe comme si la technique de Trump qui est de répéter et répéter la même accusation sous forme d’une formule imagée, comme sous un déluge d’artillerie qui se déroulerait sans faiblir, finissait par porter ses fruits. (La technique de Trump est bien décrite par Elisabeth Trew, dans le New York Review of Books ce 6 mai 2016 : « Trump has also been successful at branding his opponents. He knows how to do that: pick a perceived weakness, give it a name, and repeat, repeat, repeat, ad infinitum. Toward the end of the primaries he had his audiences cheerfully chanting “Lyin’ Ted,” and soon enough they’ll be saying “Crooked Hillary.” (Trump toyed with “Incompetent Hillary” for a while, but then alighted on the sharper and more damaging appellation.) To my knowledge, no previous presidential candidate has done this. »)
Ainsi Hillary ressemble-t-elle de plus en plus à une majestueuse et arrogante certitude qui se découvre de plus en plus criblée et percée de doutes comme autant d’obus qui frappent au but... Le texte ci-dessous, l’éditorial du 3 mai du Washington Examiner, groupe représentant l’establishment mais avec suffisamment de liberté de manœuvre pour nous donner une appréciation intéressante de la situation et du point de vue du climat qui y règne, livre une analyse lugubre et désolée de la situation selon l’hypothèse désormais extrêmement probable d’une bataille finale Trump-Clinton. L’Examiner a très souvent combattu Trump, qu’il n’aime pas, et il le répète ici selon ses habituels arguments qui renvoient à la position de l’establishment. Ce qui est nouveau, c’est le ton extraordinairement sévère de la critique d’Hillary Clinton, qui est une bonne mesure de la chute de son statut. La péroraison revient alors, pour conclure, sur un ton encore plus lugubre, qui vaut également pour le sort des USA, qui, selon l’Examiner, n’ont jamais été placés devant un choix plus détestable... Nous mettons l’accent (notre souligné en gras) sur ce qui concerne Clinton, et devons noter qu’à la fin l’éditorial semble recommande de voter pour Trump en désespoir de cause. Le déluge semble payer et le Système est incapable de mettre en place les freins ou les chausse-trappes qui pourraient faire trébucher The Donald...
« We have repeatedly warned Republican voters that Trump lacks the temperament and judgment needed in the Oval Office, and that the most powerful job in the world is not one to confer upon a man who manifestly lacks self-restraint as badly as he does.
» At the same time, Hillary Clinton, the presumptive Democratic nominee, has proven herself at least as unfit for the presidency as Trump. This judgment goes beyond the many substantive disagreements we have with her worldview. It is, rather, that she is pathologically dishonest. She has repeatedly and demonstrably lied not only during this campaign, but also during decades in public life. She frames herself as a champion of women, despite having assassinated the character of respectable women who suffered from her husband's sexual predations. She has deposited into her own personal bank account, and those of her foundation and her campaign, the fat checks of every pernicious special interest, both foreign and domestic. She thinks herself above the laws that govern everyone else, most recently those laws relating to government transparency and the protection of national secrets.
» It would be a relief if Trump were to offer a better alternative, but he has presented precious little evidence that he is either willing or able to do that. And this isn't about his deviations from conservatism on trade, abortion, gun rights, or any other specific issue, although these matter a lot. It's his personal lack of impulse control and good judgment. Trump's behavior gives serious pause to all people of good will. Even on the eve of his nomination victory, Trump embraced yet another kooky conspiracy theory, this time about Cruz's father being involved in the Kennedy assassination, of all things. He has spent much of this campaign season spreading ignorance to supporters over-eager to listen. He has taken naturally conservative voters and led them to stray from noble ideals.
» We still want what is best for America. We love this country, and because we want America to succeed, we want its presidents to succeed. That doesn't mean we want them to get all the items on their policy wish list, which frequently are folly (as President Obama has shown). What it means is we want the country properly led and respected, and believe Americans are owed the opportunity to choose a serious candidate.
» So at the very least, Trump owes it to the country he boasts he will “make great again” to try to demonstrate some seriousness about the office he seeks. He owes this even to those who will never consider voting for him. He can start by swearing off grand displays of aggressive and apparently deliberate ignorance. This is not too much to ask, just as it is not too much to ask Clinton not to cash checks from shady Russian banks connected to Vladimir Putin.
» These are difficult times. This great country of 320 million people will likely have to choose between two of the most deeply flawed and disliked candidates ever to present themselves for election. Clinton has proven herself unworthy of the office she seeks. And Trump has not proven himself remotely worthy. He owes Americans, including those who will not ultimately support him, his best effort to do so. »
• Ainsi parle-t-on de plus en plus du “triomphe” de Trump, comme d’une “guerre-éclair” qui paradoxalement n’en finit pas, comme d’une offensive “triomphale” qui ne s’arrête pas à son triomphe, pressée d’aller au-delà, qui ne prend pas une seconde de repos, et qui frappe, qui frappe, qui frappe... Trew, à nouveau, qui remarque ceci dans le même article : « Trump’s remarkable triumph in all but officially winning the Republican nomination stems largely from the fact that he has refused to play by the traditional rules. He did it his way, and in doing so mowed down sixteen Republican opponents. » Trum-My Way ?
On aurait attendu que sa formidable victoire de l’Indiana, qui a liquidé ses derniers opposants, conduirait Trump à s’asseoir autour d’une table et d’un calumet de la paix, pour discuter avec les grands sachems du parti, pour leur faire l’une ou l’autre concession, pour gérer calmement son intégration dans le parti ; on aurait attendu qu’il se conduise comme chef de file certes, mais avec discrétion et au moins en écoutant (sans nécessité de les entendre) les conseils des apparatchiks. Au contraire, il se conduit comme un butor qui prétendrait prendre le pouvoir sans le moindre ménagement, ou prêt à leur tourner le dos avant de tous les balancer au bout d’une corde pour pouvoir faire sans eux. L’épisode avec le Speaker Ryan, que Trump fustige et dont il va même, comme s’il était le maître des lieux, jusqu’à envisager le départ parce que Ryan hésite à le soutenir, voilà qui est caractéristique du climat.
The Donald proclamé vainqueur par les urnes et par le parti parce qu’il faut bien, s’est en fait lui-même proclamé vainqueur et il a déjà entamé sa campagne de novembre pour la présidence, sans attendre ni la convention, ni la désignation, en affirmant que le parti républicain le suivra parce qu’il ne peut faire autrement ; de toutes les façons, ajoute-t-il si nécessaire, lui, Trump, n’a pas besoin de l’establishment du parti pour l’emporter parce qu’il a la majorité des électeurs avec lui, et en plus des contingents d’électeurs démocrates, indépendants, etc. On dirait que Trump “se fabrique” lui-même sa base électorale, sans consulter personne, comme s’il se jugeait investi de quelque capacité magique et que cela marcherait. Il imprime un rythme infernal à tout les monde, aux républicains comme aux démocrates, – comme l’écrit Trew dans la citation plus haut, “comme jamais aucun candidat à la présidentielle n’avait fait avant lui” (« ...no previous presidential candidate has done this »).
Trump ne “ratisse pas large”, il creuse au bulldozer et à la mine, très-très large et très profond. Nul n’a jamais fait cela avant lui, par conséquent nul ne peut dire si cela durera, jusqu’à quand cela durera, ce que cela donnera. L’exceptionnalité de Trump, c’est bien d’être une “énigme tonitruante”, ce qui est une sorte d’oxymore bien improbable dans ce système si bien agencé qui est celui de l’américanisme, – l’énigme étant par nature cachée, dissimulée, enrobée. Nous le voyons en pleine lumière depuis des mois déjà, à chaque étape nous ne donnons pas cher de sa peau, à chaque étape nous sommes obligés de reconnaître qu’il est toujours là et bien là, et nous ne savons toujours pas, sinon de moins en moins, où il va et ce qu’il va provoquer.
Voici quelques paragraphes d’un article du 8 mai sur Donald Trump en action, avec quelques jugements et appréciations diverses... « Trump is keeping the pedal to the metal » : “Trump garde le pied au plancher” ; et s’il n’a pas complètement l’allure et la culture d’un Patton qui aimait réciter quelques vers des poètes romains, il en a le rythme et l’énergie insensés, et il tient plus que jamais les médias qui ne cessent pourtant de le haïr.
« Donald Trump's foot is pressing hard on the campaign gas. He is intensifying pressure on Hillary Clinton and the Republican Party establishment, and seeking to ramp up votes in the final primaries. With all opponents crushed, the presumptive GOP presidential nominee is doing the opposite of taking a breather in preparation for the grueling general election campaign.
» He's treating the remaining primary campaign and states yet to vote as opportunities to tighten his stranglehold on media attention, and to build his case against Clinton, the almost-certain Democratic nominee, putting her on the defensive. “It's about turning the corner and starting the fall campaign,” Trump adviser Ed Brookover told the Washington Examiner this weekend. “You notice in his remarks now, it's more focused on Hillary Clinton. ... If you hear what the message is now, it's about November.” [...]
» Trump is keeping the pedal to the metal, aggressively seeking media appearances, appearing on broadcast and cable news, and has held big campaign rallies in Nebraska, Oregon and Washington state. Republican strategists say that's a smart play. Among his key advantages in the primary was his near monopoly "control" of media coverage. His rallies were televised live from start to finish, his controversial tweets often set the agenda of political debate every day, and his competitors were drowned out. Trump wants to do the same in the general election, and cause Clinton fits.
» “If any other candidate were in Omaha or Charleston, W.Va., this week, their reach would be limited to regional coverage. Trump? Front page, above the fold, top of the broadcast everywhere,” said Kevin Madden, a Republican strategist who advised Mitt Romney in 2012. “As a result, his opponents and the media are constantly reacting to him, always following the storyline that he's decided to deliver on that given day.” »
Mis en ligne le 9 mai 2016 à 16H24
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