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5991Il y a un renouveau, à “D.C.-la-folle”, de ce qu’on nomme en général le Russiagate, notamment à la suite d’un article-fleuve de New York Times du 11 janvier “impliquant” une nouvelle fois Trump à partir de diverses fuites concernant une invraisemblable et improbable enquête du FBI sur la quasi-“trahison” en faveur de la Russie du président des États-Unis. (Plutôt que de perdre votre temps avec l’article du NYT, lisez celui de David Stockman, sur Antiwar.com, le 16 janvier 2019 ; il en fait une impitoyable critique en mesurant la chute vertigineuse de la qualité du journal, depuis le temps où il publiait lesPentagon Papers, au début des années 1970.)
D’où une floraison de nouvelles révélations concernant les activités “pro-russes” de Donald Trump... Il y a notamment, celles-ci, qui ne sont pas inintéressantes, sur des attitudes de Trump durant le sommet de l’OTAN de juillet 2018. On observera que ces révélations, quoi qu’elles vaillent dans le détail, sont fondées et renvoient à une attitude constante de Trump, à son scepticisme profond concernant l’utilité d’être dans une organisation aussi coûteuse, aussi inefficace, aussi dépassée, aussi productrice d’instabilité que l’est l’OTAN. Il est fort possible par ailleurs que les détails donnés soient justes. Ce qui justifie l’assimilation qui est faite entre ces publications et la nouvelle offensive Russiagate, c’est tout simplement la chronologie de la publication : le fait que cette publication soit faite précisément à ce moment où l’article du NYT et le reste relancent l’agitation anti-Trump dans ce domaine de l’accusation de connexion, de complicité avec la Russie.
Ci-dessous, nous donnons l’essentiel d’un texte de Jason Ditz, également d’Antiwar.com, reprenant l’ensemble de ces accusations et de ces attaques contre Trump, en rapport avec ce qu’il aurait dit et pensé lors du sommet de l’OTAN.
« Ajoutant des détails significatifs au sommet de l'OTAN de juillet 2018, un certain nombre d'assistants de Trump, actuels et anciens, ont déclaré à la presse que celui-ci avait plusieurs fois insisté sur l'idée d’un retrait des USA de l'OTAN avant et pendant le sommet.
» Dans la période qui a précédé le sommet, le président Trump aurait déclaré aux dirigeants de son équipe de sécurité nationale qu'il ne voyait pas l'intérêt de se trouver dans cette alliance militaire, qu'il y voyait plutôt une ponction des ressources américaines. Il s’est plaint à plusieurs reprises que l’Europe attribuait des ressources insuffisantes à la défense.
» Tout cela est globalement conforme à la position antérieure du président Trump à l’égard de l’OTAN, centrée sur des demandes répétées selon lesquelles tous les pays de l’OTAN devaient atteindre 2% de leur PIB pour leurs dépenses de défense, un objectif imposé par les États-Unis que la plupart des pays n’atteignent pas. En juillet, Trump augmenta ses exigences en estimant que tous les pays de l’OTAN devraient consacrer 4% de leur PIB à la défense.
» Des rapports de presse rapportèrent à l’époque que Trump s’était déclaré “extrêmement mécontent” de l'alliance et avait affirmé que tout le monde avait accepté les efforts budgétaires qu’il demandait. Certains dirigeants de l'OTAN avaient contesté ces affirmations. Plusieurs médias avaient même rapporté que Trump avait menacé de se retirer de l’OTAN lors du sommet s’il n’obtenait pas satisfaction. Le président français Emmanuel Macron avait affirmé que cela était faux, que Trump n'avait jamais directement proféré une telle menace.
» Les pressions en faveur d’une augmentation des dépenses de l’OTAN ne sont pas exclusives à Trump, elles sont même le lot commun des présidents américains depuis des décennies. Par contre, la mise en doute de la nécessité de cette alliance anti-russe exprimée par Trump est inhabituelle.
» L’hostilité antirusse de l’OTAN [avec la campagne Russiagate toujours en cours] explique probablement la publication de ce rapport six mois après le sommet. Les médias ont tenté de prétendre que Trump était manipulé par le président russe Vladimir Poutine. Les reportages sur le sommet étaient parsemés de citations de responsables de la période d'Obama affirmant que la position de Trump était un “cadeau pour Poutine”.
» Il est également possible que cette volonté de constamment impliquer Trump et la Russie permette à la Maison-Blanche de nier totalement les informations sur ce qui s'est passé en juillet, même si elles ne font que confirmer ce que l'on nous avait déjà dit sur l'environnement du sommet à l'époque. »
Peu après, dans cette même journée d’hier, TheDuran.com publiait un article sur cette même affaire des bruits autour des déclarations de Trump, mais également abordant le problème plus largement de l’intérêt de l’OTAN, de l’intérêt de la présence des USA dans l’OTAN, etc., notamment en fonction d’une émission de Fox.News où le présentateur-vedette Tucker Carlson s’était largement étendu sur cette question. Un rapide extrait de ce texte, pour introduire un concept des plus intéressants : la démarche de s’appuyer sur le 25èmeamendement de la Constitution pour demander la destitution de Trump s’il en venait sérieusement à l’idée de retirer les USA de l’OTAN...
« Tucker Carlson, de Fox News, les médias russes et américains ont tous repris les nouvelles selon lesquelles le président américain Donald Trump a répété à de nombreuses occasions que les États-Unis feraient bien de quitter l’Organisation militaire de l’Atlantique Nord (OTAN). Cette idée a provoqué une fureur et une réaction violentes de la part des opposants, qui incluent à la fois des démocrates et des républicains. Leur colère et leur inquiétude devant cette idée sont telles que nombre de réseaux de médias US ont développé l’idée de destituer le président, ou de le faire tomber sous le coup du 25e amendement qui prévoit qu’un président doit quitter son poste pour son incapacité à conduire sa tâche, notamment à cause d’un état de démence... »
Cette idée de l’application du 25èmeamendement a notamment été clairement exprimée sur CNN par la députée démocrate Jackie Speier, qui siège à la Chambre des Représentants et a donc des responsabilités nationales exprimant l’opinion de son parti (personne ne l’a démenti dans la hiérarchie démocrate). Dans la vidéo reprise par TheDuran.com, on entend et l’on voit Carlson s’exclamer sur le ton de la plus complète dérision : “Déclarer atteint de démence un président parce qu’il envisagerait de retirer les USA de l’OTAN ?!”. C’est en effet là, dans les causes, les circonstances et les modalités de la suggestion, qu’est le plus intéressant jusqu’à l’extraordinaire dans cette affaire.
Cet épisode pourrait être somme toute assez banal dans le cadre de la relance du Russiagate, cette affaire qui est une traque sans fin lancée contre Trump, d’une sorte de maccarthysme résumé au simulacre, avec des “preuves” rocambolesques et absurdes dont on apprend qu’elles ont alertées le FBI. C’est le fait de la relance dans de telles conditions, autant que la sorte d’activités à laquelle se prête le FBI qui sont remarquables, disons, là encore dans les limites de l’extravagance à laquelle nous avait jusqu’ici habitués le Russiagate.
Mais ce qui est complètement et tout à fait extraordinaire, ce qui est au-delà de cette extravagance qui nous était et nous est toujours imposée, c’est le point mis en évidence par Carlson en fonction de ce qu’est le 25èmeamendement de la Constitution : considérer effectivement qu’il s’agit d’un signe de démence chez un président dans le fait d’envisager de quitter l’OTAN constitue sans aucun doute un signe de démence chez ceux qui lancent une telle idée. Leur inconscience totale de l’extraordinaire monstruosité de leur propos indique une sorte de démence subie sans la moindre préoccupation ni agitation ; nous dirions des fous somme toute postmodernes, sans nécessité de montrer telle ou telle agitation un peu gênante de la démence, des fous un peu comme l’on est une plante-parasite, simplement en étant soi-même et en prenant l’air sérieux comme un pape (ou comme un député LREM parlant de l’action des Gilets-Jaunes par rapport aux propos sanctificateurs et sacrés du président), – car, voyez-vous, l’on défend “la sécurité nationale de la nation” et ce n’est pas rien.
Cette affaire du 25èmeamendement ne tombe pas du ciel sans avertissement, comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu. (Le 25èmeamendement stipule que le Congrès peut statuer sur la mise en accusation du président et sa destitution si une partie importante de son cabinet et le Vice-Président informent officiellement ce même Congrès à propos de leur doutes sur l’état mental du président.) Il en a déjà été question à l’automne 2017, lorsque Trump avait agité la menace d’une frappe nucléaire contre la Corée du Nord. Ainsi, nous écrivions le 17 novembre 2017 :
« Comme cela a été dit ici ou là, c’est la première fois depuis 1976 (administration Ford) que le Sénat enquête, ou plutôt “s’informe” (le mot plus souvent employé), sur cette question générale de la prise de décision d’une frappe nucléaire du président des USA. Il semble que cette audition de 1976 suivait les bruits qui avaient couru après août 1974 et la démission de Nixon sur la possibilité que le président, qui se trouvait psychologiquement à bout après près de deux ans de Watergate, pourrait avoir été tenté de prendre des mesures militaires illégales (coup d’État, attaque nucléaire) ; ou bien que des adversaires aient voulu profiter de cette crise pour lancer une attaque, et alors le cas de l’état psychologique du président aurait également joué.
» Il ne semble pas que cette audition de 1976 concernait le président en exercice (Ford) mais d’une façon générale le processus de décision en fonction de l’état d’équilibre mental du président. Aujourd’hui, c’est tout différent. On comprend bien que l’initiative concerne Trump lui-même, dont les démocrates et certains républicains estiment qu’il n’est pas, au niveau psychologique, apte à assurer sa fonction, et que cela joue évidemment un rôle fondamental pour ce qui concerne le nucléaire. Il y a même des sénateurs qui veulent une action du Congrès pour priver le président Trump du droit de sa décision d’utilisation du nucléaire ce qui n’était naturellement pas le cas avec Ford, à notre connaissance. (Ces considérations conduisent également un mouvement du côté démocrate demandant sa destitution selon le 25èmeamendement de la Constitution.) »
Aujourd’hui, le cas est très différent. Agiter la possibilité d’un retrait des USA de l’OTAN n’a absolument pas le caractère d’irresponsabilité ou de dérangement psychologique qu’on peut éventuellement trouver ou même simplement craindre dans la possibilité d’une attaque nucléaire qui engage des destructions apocalyptiques et la possibilité d’une guerre nucléaire avec tous les effets qu’on sait. Il s’agit, dans un registre complètement de nature différente, d’une supputation sur une décision politique et stratégique certes majeure mais qui ne vas pas faire s’effondrer le monde, encore moins les USA, qui ne relève en aucun cas d’un effet de la démence.
C’est ce qui nous conduit directement, vues les conditions générales bien connues du Russiagate, à apprécier que la charge contre Trump, au-delà de l’hystérisation de la psychologie, relève d’une conceptualisation qui signale un état de démence : il faut être dément pour juger dément un simple processus rationnel, simplement parce que l’effet est d’une orientation différente de celui qui en juge. Dans ce cas, l’état d’hystérisation n’est qu’un signe avant-coureur de cette démence, tout comme sa durée et son augmentation si l’on considère que le Russiagate en tant que tel a pris naissance à la mi-2016.
Le fait est donc que l’opposition à Trump, jugée jusqu’ici comme hystérique, doit désormais être classée comme un cas de démence pure. Le fait intéressant est que cette démence est partagée, d’une façon collective, sous la pression énorme de la communication qu’une partie de “D.C.-la-folle” fait circuler comme facteur d’auto-intoxication de la démence. Le cas devient celui d’une sorte de “pandémie de la démence”, très rapide, ingurgitée comme on prend une pilule, – ou bien s’agit-il d’une influence très spécifique, hors de nos capacités et de nos connaissances humaines, dépassant la seule sphère des activités humaines, grossières, stupides et corrompues.
Tout cela est considéré quoi qu’il en soit de Trump lui-même, et de la possibilité qu’il envisage quelque chose qui serait un retrait de l’OTAN. Cette décision serait d’ailleurs, – cela considéré hors de ce qu’on peut penser de ce qui pousserait Trump sur cette voie vis-à-vis de l'OTAN, – tout simplement le contraire de la démence. Il s’agirait de pure raison, pur sens commun, pur justesse stratégique, tant l’OTAN, survivance de la Guerre froide, est devenue, elle sans aucun doute,une sorte d’usine à gaz improductive de rien de ce pourquoi elle est prétendument faite, et productrice par contre et sans nul doute d’une démence antirusse totalement infondée, fabriquée, pure FakeNewsisme en plus de l’imbécillité courante. (On retrouve tout le monde, dans le même jugement, dans la même corruption démente de l’esprit, dans le même sens, de la même façon, pour ce qui est de la production et de la pandémie de la démence.)
Quant à dire que Trump songerait à une telle décision, on en rêverait. Mais, pour préjuger de ce qui adviendrait des réactions de démence furieuse, et à moins de le faire dans ce but, – cela serait la meilleure politique du monde !, – Trump est trop prudent et calculateur, et, comme on dit si à propos, pas assez fou pour prendre ce risque politique...
Mis en ligne le 17 janvier 2019 à 04H50