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5542Il est difficile de savoir, dans ces temps étranges et curieusement mouvants, ce qui est sérieux de ce qui ne l’est pas, entre déterminisme-narrativiste et vérité-de-situation. Ainsi en est-il (“difficile de savoir”) lorsque le président des États-Unis fait suivre un tweet (“re-tweete”, si vous voulez) une remarque d’un ami-pasteur à l’extrême de l’extrême, proposant que la présidence Trump soit prolongée de deux ans (“demi-coup d’État” selon l’arithmétique des mandats de quatre ans) parce que le “coup-d’État-rampant” du Russiagate organisé par les démocrates a privé Trump de deux ans de sa présidence, jusqu’au rapport Mueller qui le met hors de cause.
D’autant plus “difficile de savoir” que Dame Pelosi, cheftaine des démocrates à la Chambre dit (avait dit) dans une interview (avant le re-tweet” de Trump) que les démocrates doivent se tenir prêt au cas où Trump refuserait de céder le pouvoir lorsqu’il sera (c’est inévitable, selon Pelosi) battu par un(e) démocrate. La “réponse” est d’autant plus intéressante qu’elle précède le “re-tweet”, s’appuie sur l’expérience des élections de novembre 2018 et envisage comme hypothèse une élection normale en 2020 où Trump battu refuserait de céder le pouvoir.
Puisqu’il est “difficile de savoir”, nous nous en tenons à une Brève de crise plutôt que développer plus longuement (Bloc-Notes ou F&C). Qu’importe s’il est “difficile de savoir”, WSWS.org prend la chose très au sérieux et commente le geste de Trump aussi bien que le “réponse” par anticipation des démocrates.
« Dimanche, Donald Trump a re-tweeté un message du prédicateur évangélique archi-réactionnaire et l'un de ses éminents confidents, Jerry Falwell, Jr., demandant au président de prolonger son mandat de quatre à six ans, “conformément à la Constitution” [!].Se référant à l'effort mené [pendant deux ans] par le parti démocrate pour faire accuser Trump d’être un agent russe, le tweet disait : “Trump devrait avoir 2 ans ajoutées à son premier mandat pour le payer du temps volé par ce coup d’État corrompu.”
» En faisant suivre cette proposition sur Twitter comme s’il la prenait à son compte, Trump menace en effet d'annuler les élections de 2020 et de se déclarer au-dessus de la loi. L'article II de la Constitution des États-Unis stipule que le président “exercera ses fonctions pendant la période de quatre ans”. [...]
» Les partisans républicains de Trump prétendent que Trump ne faisait que plaisanter. Mais l'annulation des élections n'est pas une plaisanterie des présidents. Le président est la personne la plus puissante du monde et chaque mot qu'il prononce est suivi de près aux États-Unis et dans le monde. Les politiciens, les hommes d'affaires et les décideurs du monde entier analysent même des déclarations apparemment banales ou des remarques impromptues pour leur signification plus profonde.
» Le re-tweet de Trump d'un prédicateur évangélique éminent et politiquement actif n'est pas une plaisanterie. C'est un signal sérieux envoyé délibérément à la fois aux partisans et aux opposants, qui comprendront que Trump est sérieux et qu'il est prêt à poursuivre des méthodes anticonstitutionnelles pour rester au pouvoir. Cela fait partie d'un modèle de plus en plus dictatorial que Trump et ses conseillers fascistes ont depuis longtemps planifié.
» En acceptant un prix lors d'une cérémonie en avril en compagnie de chefs militaires, M. Trump a déclaré : “C'est vraiment magnifique. Il trouvera une place permanente, au moins pour six ans, dans le Bureau ovale.” En 2018, Trump a dit au président chinois Xi Jinping que c'était “génial” que Xi soit maintenant “président à vie”, ajoutant : “Nous devrons peut-être essayer un jour”. [...]
» Dans ce contexte, la réaction du parti démocrate est tout aussi effrayante.
» Dans un article intitulé "Pelosi avertit les démocrates : restez politiquement au centre ou bien Trump risquerait de contester les résultats de l’élection”, le New York Times a[vait]publié une interview de la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, citant son “inquiétude que M. Trump ne renonce pas volontairement au pouvoir s'il perd sa réélection par une marge minime l'année prochaine”.
» Dans l’interview, menée avant le tweet de Trump, Pelosi a déclaré en référence aux élections de mi-mandat de 2018 : “Si nous avions gagné par quatre sièges, par mille voix chacun, il n’aurait pas respecté les résultats. Il aurait empoisonné l’esprit public. Il aurait mis en cause chacun des résultats, affirmant que les nouveaux élus ne devraient pas siéger. Nous devions gagner nettement. Imaginez si on n’avait pas gagné, – oh je n’ose même pas imaginer. Donc, pour les élections qui viennent, nous devons avoir la même approche.”
» En réponse aux menaces effrontées de violer la Constitution, la stratégie des démocrates est donc de “suivre une politique modérée de centre-gauche”, a déclaré M. Pelosi au Times. Au lieu de condamner la proposition de Trump de prolonger son mandat ou de l'avertir des graves implications criminelles de l'annulation d'une élection présidentielle, Pelosi demande aux démocrates de “ne pas s'engager dans l’une ou l’autre exubérance” [d’une position trop radicale, de type socialiste], indiquant clairement que le parti ne permettra aucune réforme sociale... »
Mis en ligne le 8 mai 2019 à 11H45
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