Trump vire le Post, les gays acclament Trump

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Trump vire le Post, les gays acclament Trump

La campagne présidentielle US ne cesse de secouer le Système dans divers sens inattendus, grâce à Donald Trump et aux évènements en cours. Deux nouvelles en témoignent. La première est la décision de Trump de priver d’accréditation auprès de sa campagne les journalistes du Washington Post. Trump a déjà interdit d’accréditation plusieurs médias, dont le Des Moines Register et Politico, mais cette fois la mesure est spectaculaire parce qu’il s’agit de l’un des trois grands quotidiens nationaux US avec le New York Times et le Wall Street Journal.

Là-dessus, on peut ajouter, pour la chronique des vérités-de-situation, que le Post est certainement le pire des grands médias de la presse-Système, qu’il est totalement investi par les neocons et par leur tendance jusqu’à être “plus neocon que les neocons”, qu’il fait une promotion éhontée de toutes les narrative du Système, qu’il en rajoute l’une ou l’autre des siennes propres lorsqu’il lui reste l’une ou l’autre colonne, ou l’une ou l’autre poubelle à boucher. Il y a quelques semaines, Bob Woodward, l’une des deux vedettes du Watergate, ancien officier du renseignement de l’US Navy devenu un auteur-Système couvert d’or grâce à ses livres basé sur une connexion-complicité directe avec les sources du pouvoir washingtonien, avait révélé que le Post a affecté une équipe de vingt journalistes chargé d’explorer toutes les poubelles disponibles pour déterrer de vieilles histoires pouvant discréditer Trump. On peut donc lire sur la page Facebook de Trump hier, avec le constat d'une “couverture incroyablement faussaire” de sa campagne par le quotidien : « Based on the incredibly inaccurate coverage and reporting of the record setting Trump campaign, we are hereby revoking the press credentials of the phony and dishonest Washington Post. » Le Post, riposte par les gémissements de la vertu outragée, également récupérée d’une de ses poubelles (il en a beaucoup) puisqu’il parle à son propre propos (celui du Post, pas de Trump) d’une “presse libre et indépendante”.

« The Post's executive editor Marty Baron described the move by Trump as “nothing less than a repudiation of the role of a free and independent press.”

» “When coverage doesn't correspond to what the candidate wants it to be, then a news organization is banished,“ Baron said in a statement released shortly after the announcement by Trump. “The Post will continued to voer Donald Trump as it has all along – honorably, honestly, accurately, energetically, and unflinchingly.” “We're proud of our coverage, and we're going to keep at it,” Baron said. »

La deuxième nouvelle est encore plus remarquable par rapport aux us et coutumes du Système. Elle est directement connectée au massacre d’Orlando et renvoie à la narrative implicite mais obstinée d’Obama, avec Clinton obligée de suivre en partie malgré le caractère peu avantageux de la chose pour sa campagne, cette narrative tendant à ce qu’on perçoit comme une sorte de déni implicite et ambigu de la version générale selon laquelle l’attaque a été directement ou indirectement le fait ou l’inspiration du terrorisme de Daesh ou de toute entreprise nettement djihadiste et ayant un rapport explicite avec des organisations musulmanes.

(Obama a commencé par un discours où il parlait essentiellement de la vente libre des armes aux USA comme cause principale de l’attaque, narrative reprise au moins en partie mais avec empressement par la presse-Système, et, notablement, par divers correspondant français aux USA, et par la toujours très sûre d’elle Christine Ockrent hier soir sur BFM-TV. Depuis, Obama, s’il parle tout de même de “terrorisme”, continue à se garder de parler nettement et clairement du fait musulman dans cette activité, et notamment et évidemment par rapport à la personnalité de l’auteur de l’attaque. On peut d’ailleurs ajouter, au rayon de la “presse libre et indépendante” et dans le sens de la morale obamesque, le silence assourdissant initial de la presse-Système sur la possibilité d’un complice de Mateen dans l’affaire d’Orlando [Infowars.com affirme qu’une arrestation est imminente]. Il en est de même des liens de Omar Mateen avec le groupe sécuritaire G4S, anciennement Wackenhut et très souvent présenté avec bien des arguments comme une organisation “frontiste” de la CIA. Ses liens avec G4S, selon la compagnie elle-même, l’autorisaient à disposer d’armes pour les besoins de son “travail”, ce qui nuance considérablement pour ce cas la thèse de la “responsabilité” de la facilité à disposer d’armes aux USA : « He carried a firearm “as part of his duties,” the company said on Sunday. » )

Par l’enchaînement de l’évidence des circonstances et des effets de ce massacre sur les esprits, il apparaît, comme l’explique le Washington Examiner ce 13 juin, que divers commentaires et réactions, sur sites, tweets, etc., montrent une tendance chez les gays à se tourner vers celui qu’on jugerait, et de loin, comme le plus improbable des candidats pour la communauté LGTBQ... « The horror of Sunday's terrorist attack in Orlando at a gay nightclub has sent shockwaves throughout the LGBT community and forced many to change their support from Hillary Clinton to Donald Trump.

» On Reddit, a gay man who lost a friend in the terror attack at Pulse said that he was never more ready to see Trump take office and wanted to volunteer for the billionaire's campaign. “I'm shaken, I'm a mess, I'm broken, but I've never been more determined for a leader to actually take charge and make a change, how do i get started. How do I help this man lead us into a safer country?” 4yyyy wrote. Another gay man posted that he was gay and liberal, but had enough of political correctness and is voting for Trump for his honesty. “Never thought this would happen, but Trump is honestly the only candidate anymore speaking his mind and not pandering for a living. I guess I'm a gay centipede?” triplebro wrote.

» The political correctness coming out of the Left and their ability to blame gun owners instead of radical jihadists infuriated another gay man who said he officially joined the Trump train. “I am a gay man and this disgusting incident has persuaded me to join the Trump train!” Snowduckling wrote. “I think it's horrible that adherents of Islam are allowed to spread their hate without any criticism and with tons of censorship. What we have clearly isn't working and we need a change. Hillary and Sanders will just roll over and put out the welcome mat for more Islamic influence and terror. With Trump we at least stand a chance.” »

... Là, vraiment, nous sommes de plain-pied dans le royaume fastueux du serpent qui se mord la queue, et vraiment très fort, jusqu’à une possible amputation après tout. Le Système est directement placé devant les gargantuesques contradictions de ses diverses narrative, qui marient l’eau et le feu dans un indescriptible bordel. Trump n’y est pas pour rien, comme l’on voit, et grâce lui en soit rendu quelle que soit son attitude vis-à-vis des “valeurs“ qui sont chères aux belles âmes et qui servent d’abord, prioritairement, le Système. On hésite devant le menu qui nous est offert, à choisir le plat du jour : le Post qui se fait virer comme un canard de ragots-poubelle de troisième zone ou des gays qui abandonnent la sublime Hillary pour l’imposant et vulgaire The Donald. Possible que tout cela n’amène pas de commentaire spécial chez Christine Ockrent et nous attendons avec confiance que France 24, qui est sous sa direction avisée et compatissante, nous entretienne de ces deux choses.

L’ensemble met en évidence, une fois de plus et toujours plus fort, et certainement pas pour la dernière fois, le “chaos nouveau” que nous rebaptiserions bien volontiers “chaos-postmoderne” car il n’appartient qu’à cette époque de nous offrir un tel spectacle. De tous ces éclats du chaos, dont la vilenie et l’imposture absolues de la presse-Système fait partie, il ressort que Donald Trump, quelque réserve qu’on puisse avoir à son endroit, se confirme comme une machine de guerre antiSystème de première dimension. Sa façon de répudier les journalistes de la presse-Système constitue, dans le monde US qui est n’est fait que de communication, une audace de première dimension, qui doit être saluée ; mais une audace qui ne manque pas d’habileté, car cette presse-Système devra continuer à parler de lui pour des raisons évidentes et ne pourra être plus diffamatoire qu’elle a été jusqu’ici, cela justifiant d’autant plus les attaques de Trump contre elle ; enfin, audace qui paye par rapport à un public de plus en plus exaspéré par cette presse-Système et son autocensure perpétuelle autant que ses “valeurs” en général dirigé contre la vaste majorité du public non-conforme au Système.

L’affaire des gays, elle, constitue une façon remarquable de souligner les contradictions des narrative que le Système ne cesse de produire, comme une mécanique devenue folle. Rien ne semble pouvoir arrêter cette surpuissance aveugle, comme le montrent par exemple les affrontements qui se poursuivent entre groupes de “rebelles” syriens subventionnés par le Pentagone et la CIA, alors que la chose a été mise en évidence depuis de nombreuses semaines et qu’il a été demandé aux deux centres de pouvoir US et à leurs bureaucraties de mettre un peu d’ordre coordonné dans leurs initiatives chaotiques. Mais avec ce cas des gays se tournant vers Trump pour les défendre contre le terrorisme djihadiste, on atteint évidemment une sorte de perfection de la surpuissance accouchant de l’autodestruction. On se trouve là au cœur des narrative les plus précieuses du Système, celles avec lesquelles ce même Système entend parachever magistralement son œuvre de dissolution et d’entropisation ; et voilà que, comme les “rebelles”-Pentagone et les “rebelles”-CIA qui s’affrontent, ces deux narrative sont désormais en position de collision frontale.

Si Trump poursuit sa route comme il l’a déjà bien tracée, il devrait parvenir à mettre son adversaire principale face à ses contradictions les plus intimes. (Ses contradictions “les plus intimes” ? Hillary est bien entendu une championne du LGTBQ et, parallèlement, – comme on peut le dire, les parallèles ne se rencontrant jamais, sinon par transgression des règles et donc pour des chocs frontaux, –  elle n’est pas insensible à des causes qui ont parfois des correspondances avec la nébuleuse djihadiste, surtout avec sa fidèle et inséparable conseillère Huma Abedin qui la suit comme son ombre et dont elle [Hillary] eût aimé qu’elle soit sa “seconde fille”.) Ainsi se trouve-t-on projeté toujours plus profondément au cœur des agitations les plus intenses et les plus explosives du Système, mettant en lumière les contradictions et les paradoxes que charrie cette surpuissance aveugle. Trump, avec sa façon de “mettre les pieds dans les plats” avec une extrême délectation, pourrait être un bon ouvrier du passage de la surpuissance à l’autodestruction.

 

Mis en ligne le 14 juin 2016 à 10H26