Un “chiffon de papier-Q”

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Un “chiffon de papier-Q”

21 janvier 2019 – L’origine de l’expression initiale, dit-on, remonte au XVIIIème siècle. Elle est devenue célèbre à la suite de l’entretien dramatique du 4 août 1914 entre le chancelier allemand Theobald von Bethmann Hollweg et l'ambassadeur du Royaume-Uni à Berlin, Sir Edmond Goschen, venu lui annoncer la décision de Sa Majesté de déclarer l’état de guerre entre le Royaume-Uni et l’Empire Allemand pour la cause de la violation manifeste par le second de la neutralité de la Belgique garantie par les puissances européennes, – soit Londres, Paris, Vienne, Berlin et Saint-Petersbourg, – par les traités de 1831 et 1839. Bethmann Hollweg dit alors ces mots fameux : 

« ... Rien que pour un mot, “neutralité”, un mot dont en temps de guerre on ne tient si souvent aucun compte ; rien que pour un chiffon de papier [deux en réalité, mais de la même plume], la Grande-Bretagne va faire la guerre à une nation de la même famille, qui ne demande pas mieux que d'être son amie... »

Le traité de l’Élysée du 22 janvier 1963 doit être gracieusement “complété” par un nouveau traité franco-allemand demain 22 janvier 2019, dans notre bonne ville commune (clin d’œil : celle de Charlemagne) d’Aix-la-Chapelle. Le traité de l’Élysée était devenu pour celui qui l’avait initié (de Gaulle) un “chiffon de papier” à peine plus élégant que celui du 4 août 1914, – c’est-à-dire démocratique et donc puant d’hypocrisie, – six mois seulement après sa signature, par l’ajout d’un préambule par le Bundestag, qui l’émasculait aussi vivement que tranche la lame de la guillotine. Aujourd’hui où nous sommes bien mal surinformé et à l’affût de tous les complots en embuscade, on s’alarme de ce traité macronien qui soumet pour l'éternité en marche La-République clopinante à l’Allemagne merkélienne maquillée-fardée en IVème Reich. Qu’on me pardonne si je me permets de vous dire que, selon les circonstances, ce papelard signé par un pays si totalement châtré de sa souveraineté qu’est la France, avec un Reich en chiffon de papier mâché tout aussi châtré de souveraineté par les bases US et les écoutes de la NSA, et sa soumission à l’OTAN qui lui interdit de disposer de son propre Grand État-Major Général, ce traité-là est non seulement un “chiffon de papier”, mais plus élégamment dit, – un “chiffon de papier de chiotte”, ou “chiffon de papier-Q”. Voilà donc le titre expliqué.

Quant au traité... Vues les fortes paroles de la Merkel-II, qui a l’air encore plus exaltante que le modèle initial, il ne m’étonnerait pas que le Bundestag , en deuxième, troisième ou quatrième lecture, ajoute un préambule conditionnant l’acceptation complète de la soumission de la France à l’éradication toute aussi complète, par exemple dans des camps de reconditionnement comme ce pays (le Reich) en a le secret, des Gilets-Jaunes à qui l’on pourrait ordonner, dans un premier temps avant exécution sommaire, de porter l’étoile du même nom.

Non, voyez-vous, je suis bien dissipé à cet égard, bien moqueur et persifleur selon la méthode que je dénonce pour le passé mais qui, une fois le Système en place comme il l’est aujourd’hui, devient l’arme qu’on lui prend des mains pour la retourner contre lui. (Holà ! C’est faire-aïkido.) Dans cette époque de complet effondrement comme l’a voulu le Système, où un The-Donald se torche avec tous les traités internationaux passant à sa portée, où le Royaume-Uni est incapable de quitter l’UE bien que les traités l’y autorisent, où une Merkel ne peut imposer à l’UE qu’elle domine prétendument de lever les sanctions antirusses qui gênent le Gröss Business allemand, je crois que le “chiffon de papier” règne et qu’il est “papier-Q” et bien “Papier-Q”. Il n’existe plus aucun sens de la légitimité, et tous les traités du monde n’y pourront rien dans tous les sens, car seul compte et fera l’affaire le Delenda Est Systemum.

Qu’est-ce d’ailleurs qu’un traité qui signifie quelque chose et oblige ses signataires quasiment comme dette d’honneur ? D’intuition et par tradition, je dirais une signature, un engagement de légitimité et d’honneur-justement, le sens de la parole donnée, la force de la Loi nuancée par la lumière de l’esprit de la Loi, la noblesse du respect pour autrui avec lequel on passe un engagement pour un bien commun... Franchement, voyez-vous qu’une seule de ces notions ait encore la moindre parcelle de particule de commun, une seule poussière de poussière de communauté de sens avec quoi que ce soit pourtant le moins puant possible gisant dans ce simulacre de poubelle qui nous sert de civilisation-bouffe ? “Il y en a qui déconnent”, comme dit le gamin aventuré sans sa maman dans le “Grand Débat”.

Ainsi ne me fis-je et ne me fais-je pas trop de soucis pour une France qui n’existe plus que par sa capacité miraculeusement-régénérée de se soulever et de délégitimer toutes ces impostures en place qui prétendent à la souveraineté, comme à une pacotille “bling-bling” qu’on donnerait à un sauvage méprisé avant de rien connaître de lui. Lorsqu’un dictateur-GJ prendra le pouvoir, son premier soin sera, comme les bolchéviques en Octobre 17, de tenir comme nuls et non avenus tous les engagements pris par le pouvoir précédent et déchu, cette imposture absolument excrémentielle et insupportable. Ce sera la Révolution et Merkel-II prendra sa retraite en fuyant, comme d’autres à Varennes, aux eaux à Baden-Vichy, rejoignant Merkel-I qu’on aura empaillée entretemps.

Vous les voyez, vous, dominer le monde ?