Un jour dans la vie des Masters of the Universe

Journal dde.crisis de Philippe Grasset

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Un jour dans la vie des Masters of the Universe

04 janvier 2018 – Quoi qu’on pense de The-Donald et de ses adversaires à “D.C.-la-folle”, respectivement soi-disant American-Firster et soi-disant globalistes milliardaires et progressistes-sociétaux, nul ne repoussera l’idée qu’ils font partie des “Maîtres du Monde” (Masters of the Universe). Cela me paraît une appréciation justifiée, sur la base de laquelle je commence cette chronique.

Voyons les évènements qui vont étayer mon propos assez paradoxal, puisque c’est d’une certaine façon un propos sur le vide de Nos-Temps-Derniers lorsqu’ils sont laissés aux seuls sapiens-lilliputiens. Le premier est que Steve Bannon, le fils préféré de The-Donald, l’indispensable artisan de son élection, le cerveau diabolique et révolutionnaire-populiste que toute la gauche progressiste-sociétale désignait comme le diable et l’éminence grise-foncée du monstre, pourtant virée de la Maison-Blanche avec un camion de fleurs d’amitié et d’amour par le POTUS en août dernier, Bannon donc a tapé nucléaire (“goes nuclear”) contre le Président. Dans un livre (Fire and Fury) consacré à l’aventure Trump-POTUS à paraître la semaine prochaine, et dont quelques extraits sont parvenus au Guardian, Bannon est cité qualifiant le fils et (surtout) le beau-fils (Kushner) du POTUS de “traîtres”, d’“anti-patriotes”, etc., pour avoir reçu l’avocate russe Natalia Veselnitskaya dans la Trump Tower durant la campagne électorale. Tout le monde le savait et jugeait qu’il n’y avait pas de quoi fouetter un chat mais, soudain, Bannon prend la mouche et juge la chose catastrophique et inacceptable. Quelle mouche a donc piqué Bannon ? Peut-être le poison de l’amertume et du ressentiment, jusqu’à se laisser emporter à dire ce qu’il pense en vérité, car tout le monde sait ce qu’il pense à ce propos, notamment le sentiment furieusement hostile qu’il entretient à l’encontre du gendre Kushner du Président.

DJT, dit The-Donald, riposte le jour même avec une fureur non dissimulée, dans un communiqué officiel que ZeroHedge.com qualifie de « communiqué bizarre de 265 mots », et Jack Tapper, de CNN, de « communiqué comme jamais aucun président n’en a signé de semblable dans l’histoire de l’Amérique ». (Pour une fois, ZeroHedge.com et CNN, et Bannon par-dessus le marché, sont d’accord.) Trump affirme que Bannon, lorsqu’il a été viré de la Maison-Blanche en août 2017, « a perdu son emploi et a perdu la tête » en même temps, qu’il n’a joué aucun rôle dans la campagne USA-2016, qu’il n’a tenu aucune place dans les six premiers mois de la présidence, etc. Les amis encore aux bonnes places abondent dans le sens du président, ce qui n’est pas une mince affaire ni chose aisée.

Bien entendu et comme tout le monde le sait, toutes ces affirmations sont absolument fausses et le communiqué est donc d’une futilité et d’une vulgarité remarquables par ses excès et ses divagations faussaires. A une attaque dont on peut douter du fondement de Bannon répond une riposte qui réduit au ridicule la peau de chagrin qu’est devenue la fonction présidentielle sous l’empire de Trump. Qui s’en soucie ? Moi ? Vous ?

Trump a donc prouvé qu’à une attaque nucléaire (“to go nuclear”)  de son ex-fidèle Bannon, il pouvait et savait répondre par une riposte super-nucléaire. Il l’avait déjà montré le jour d’avant face à Kim de Corée du Nord, qui venait de faire ses meilleurs vœux en affirmant à ses fidèles concitoyens, montrant un bouton rouge sur son bureau, que le “bouton rouge de l’arme nucléaire” était bien là, prêt à l’emploi en cas d’attaque contre le pays. Trump riposta donc en montrant sur son bureau deux bouton rouges, un petit et un gros, et le gros “made in Trump-USA”, et en annonçant à Kim et au monde stupéfait et ravi que lui aussi avait un bouton rouge, mais qu’il était drôlement plus gros que celui de Kim. Tout cela est d’un drôle...

Un commentateur de MSNBC, le fameux réseau progressiste-sociétal, releva avec stupéfaction cette intervention de Trump en nous faisant entendre que lorsque Trump dit qu’il l’a “plus gros” que celui de Kim, on sait bien à quoi il pense en vérité. Et le commentateur, mi-progressiste mi-sexologue, de nous expliquer que cette façon de mettre même sous la forme d’un bouton rouge son sexe en avant, ou bien au-dessus de tout, était la marque d’une insécurité nucléaire, – pardon, une insécurité sexuelle ; et au travers de la compétition toute en grosseur ainsi engagée avec Kim, cette insécurité (sexuelle, répétons-le) menaçait de nous conduire à un holocauste nucléaire pris pour une éjaculation précoce et monstrueuse de la part du gros bouton.

Là-dessus, reprenant un souffle épars, on apprend par Roger Stone, conseiller-comploteur en communication de nombre de président républicains depuis Nixon, y compris conseiller de Trump comme l’était Bannon, que le DeepState a plusieurs plans pour liquider Trump ; trois pour être précis : en toute logique et bonne mathémathique, le plan-A, le plan-B et le plan-C. Le plan-A, c’est la connexion avec les Russes (le Russiagate) ; il a du plomb dans l’aile et se trouve sur le point de collapser. Le plan-B, c’est le 25ème amendement, d’un Trump reconnu irresponsable et destitué ; là aussi, quelques plombs dans l’aile malgré l’aide constante et zélée que fournit Trump. Reste le Plan-C, l’option JFK, c’est-à-dire l’assassinat de Trump. On s’y prépare, nous confie Stone-Roger, et l’assistance qui l’écoute est électrisée et glacée à la fois par l’horreur de la perspective. Roger Stone est un homme sérieux.

Par ailleurs, ou par bonheur je ne sais, on nous apprend que l’AI, ou IA (Intelligence Artificielle) ne cesse de se développer, ce qui laisse à penser que sous peu, nous aurons des Trump, des Kim, des Bannon et des Stone artificiels. Je m’interroge néanmoins, ou bien quoi qu’il en soit, sur l’intérêt de cette nouvelle : l’artificialité de quelque chose n’a de sens que si ce “quelque chose” existe encore, au moins comme modèle ; l’intelligence existe-t-elle encore ? On me répondrait par l’affirmative en me révélant que, la nouvelle directrice de production de la série Star Wars rachetée par Disney en 2012, qui est du genre femme puisque nommée Kathleen Kennedy, a nommé une autre femme, Kiri Hart, pour la production de la série ; que laquelle Kiri a renouvelé l’équipe de scénaristes, qui compte désormais douze scénaristes du genre femme et zéro du genre homme.

En bonne logique sociétale, car c’est de cela qu’il est question, la série a pris un cours satisfaisant en passant de 6,2% du dialogue dit par des femmes dans l’épisode original de 1977, à 27,8% dans l’épisode de 2015 ; même chose pour les non-Blancs, où l’on est passé de 0% à 44,7% des dialogues. En attendant encore mieux, beaucoup mieux, on peut comprendre que le progressisme-sociétal a embrassé le cosmos, à propos de quoi le chroniqueur observe que « les quotas de diversité et de race sont désormais une science exacte dans la cosmologie de ‘Star Wars’ ». Par ailleurs, l’on doit prendre connaissance que le dernier épisode de la série, ainsi pasteurisé et recalé dans les normes de la Vérité Révélée, a enchanté 92% des critiques de la presseSystème et obtenu un score de 52% chez les spectateurs, l’affreusement plus bas qu’ait connu la série. Ces messieurs-dames consultent, les actionnaires assument...

J’ignore comment je suis passé de Trump à Star Wars, sauf que je suis bien chez les Masters of the Universe, qu’il soit d’un côté ou de l’autre, – à moins qu’il n’y ait plus de côté du tout et que tout cela tourne comme une toupie folle dans le cours de mon phénomène météorologique favori, – le “tourbillon crisique, archétype de la crise climatique. Je sais bien pourtant que je m’interroge avec une certaine angoisse et une réelle curiosité : que faire de toutes ces nouvelles ? J’aimerais bien, à cet égard et pour ce cas, tomber sous le coup des nouvelles lois Macron pour la surveillance anti-FakeNews, les lois Ajax ou Omo, je ne sais plus, parce qu’elles “lavent plus blanc que blanc” et m’interdiraient, moi qui suis white un peu bâclé, de commenter ces nouvelles avec ma plume de marque FakeNews au lieu de la bonne vieille Sergent-Major.

(A propos, il faudra songer à révisionner l’historique de la chose et modifier la couleur du slogan : “laver plus rose que rose” ? “Laver plus noir que noir” ?)

Il m’intéresse ce Macron-là, avec ses petits airs de censeur rigoriste, ses allures de puritain-postmoderne. Il a l’air de croire qu’il “chevauchera le tigre”, qu’il maîtrisera le monstre que le Système, dont lui-même est nécessairement la créature, a créé dans toute la majesté de sa surpuissance. Le Système nous a offert à la fois la politiqueSystème qui déverse son courant de nihilisme qu’il faut bien tenter d’apprécier sous peine d’être emporté, et la formidable machine de communication dans sa fonction de Janus accouchant des multiples tentacules de l’internet et de ses “réseaux” qui ne cessent d’opposer à la surpuissance de la politique nihiliste sa propre surpuissance. De ce point de vue, je comprends cette absurdité qui me fait passer de Trump à Star Wars pour terminer par Macron et ses allures de cow-boy qui veut “chevaucher le tigre”. Alors tout s’éclaire : “que faire de toutes ces nouvelles ?” disais-je... Mais bien entendu, la réponse est là : justement et d’ores et déjà, cette page du Journal-dde.crisis écrite et l’aventure continuée