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1888Nous retrouvons un texte de William S. Lind qui nous avait échappé... Lind a souvent été cité sur ce site pendant la période où il était plus actif dans le débat stratégique ; moins présent, il reste tout de même chroniqueur sur le site TraditionalRight.com, avec sa chronique The View From Olympus. Conservateur de type traditionnaliste, Lind est le théoricien le plus avancé de la “Guerre de la Quatrième Génération” (G4G), comme nous l’avions présenté notamment en août 2005. Cette guerre G4G implique fondamentalement une approche structuration versus déstructuration (opérationnellement, des acteurs transnationaux reliés entre eux par une religion, une ethnie, une culture, des intérêts, etc., contre les acteurs nationaux et souverains, essentiellement représentés par les États). Ainsi s’est-il rangé il y a deux ans du côté de la tendance représentée par Poutine, contre les tendances déstructurantes, rejoignant en cela un Patrick S. Buchanan (en décembre 2013) jugeant que Poutine faisait effectivement un excellent rassembleur des forces traditionnalistes. Ces rangements divers bousculent décisivement les étiquettes convenues au sein du bloc-BAO (droite, gauche) en restituant les réalités de l’affrontement Système-antiSystème : alors qu’on voit ici des commentateurs de la droite conservatrice traditionnaliste US du côté de Poutine, on sait que c’est aussi le cas de commentateurs de la gauche de tendance progressiste (ici, aux USA) comme Stephen S. Cohen et sa femme, la directrice de la rédaction de The Nation Katherine vanden Heuvel.
Le texte que nous retrouvons et mettons en ligne ci-dessous, de William S. Lind, date du 16 décembre 2015, effectivement sur le site TraditionalRight.com : « The View From Olympus: Donald Trump and Fourth Generation War. » Il n’est pas si vieux et il reste complètement d’actualité sinon d’autant plus sollicité par une actualité nouvelle depuis sa parution. Il présente l’intérêt d’une appréciation théorique des positions de The Donald, ou plutôt Donald Trump dans ce cas comme pour marquer l’évolution vers le sérieux du propos concernant les déclarations elles-mêmes du candidat alors qu’il s’agissait jusqu’ici, pour notre compte, de ne parler que de “l’évènement” que constituent la candidature de Trump et son succès ; plus précisément, Lind évalue les prises de position tonitruantes de Trump en décembre concernant la règlementation sévère de l’entrée des musulmans sur le territoire des USA. L’intérêt évident du texte de Lind est qu’il apprécie d’une façon posée et sérieuse, hors de toute polémique, la proposition de Trump et d’autres positions de la même sorte.
La dialectique est extrêmement importante sinon essentielle, comme tout ce qui concerne la communication aujourd’hui. Lind ne parle pas véritablement en stratège, c’est-à-dire qu’il n’emploie pas un langage propre à la stratégie. Il parle de stratégie puisqu’il parle de “guerre”, mais en termes culturels au sens le plus large et nullement de quincaillerie militaire, et la stratégie découlant de cette approche ; plus encore, ou mieux encore, sa façon de faire et sa perception font que son discours peut être perçu selon une logique principielle fondamentale, en termes d’affrontement entre ce qui est structurel et ce qui est déstructurant, mais aussi selon notre perception, en termes d’affrontement entre les principes et les “valeurs” qui constituent pour nous les deux grands thèmes d’opposition déterminant le grand conflit qui caractérise notre Grande Crise générale.
(Le signe même de notre Grande Crise, de sa généralité, de son inéluctabilité d’effondrement, tient en ceci que nous avons évolué jusqu’à une situation où les “valeurs” sont décisivement opposés aux principes par agression des premières [déstructurantes] contre les secondes [structurants]. Cela constitue un virage fondamental, marquant le caractère irréconciliable de l’affrontement fondant notre Grande Crise.)
Nous avons déjà plusieurs fois abordé cette question qui nous apparaît tout simplement fondamentale, puisque qu’elle exprime opérationnellement, dans la dialectique politique courante lorsqu’elle prétend à une référence soit métahistorique, soit morale, ce que sont pour nous les affrontements effectivement fondamentaux (structuration contre déstructuration, antiSystème contre Système, etc.). On peut rappeler par exemple ce que nous écrivions le 14 décembre 2013 à propos de la politique russe de Poutine, d’ores et déjà à partir d’un texte du 23 septembre 2013 sur le même thème :
« Voici les extraits de l’article du 23 septembre 2013. L’“attaque déstructurante” dont il est question est portée par les manifestations agressives (dont ce que nous nommons “l’agression douce”) des “valeurs” (opérationnellement, “démocratie”, “droits de l’homme”, etc.) utilisées comme armes par le bloc BAO (dito, le Système), contre la Russie et sa politique principielle.
» “...Ainsi ne s’agi-il pas d’un constat concernant les relations internationales (grande différence d’avec le discours [de Poutine à Munich en 2007], répétons-le), ni même d’un constat portant sur un affrontement de civilisation comme celui qu’implique, par exemple, l’expression ‘choc des civilisations’ définissant une situation faussaire selon des intentions idéologiques ; il s’agit d’un constat portant sur le domaine fondamental par excellence, l’essence même de notre crise générale : un constat sur la différence de sens dans l’exercice et le développement de la civilisation elle-même, – et ce mot de ‘civilisation’ pris dans son sens générique le plus large et nullement spécifique, hors de toute assimilation à une civilisation spécifiquement identifiée. C’est le constat d’une différence fondamentale de sens, c’est-à-dire de l’essence même de la chose, de ce qu’est une civilisation. Cette différence est développée et explicitée, si l’on veut, autour de ce qu’on pourrait identifier comme un affrontement entre les ‘valeurs’ et les principes : les ‘valeurs’ étant l’acquis d’un développement donné (la modernité, dans ce cas), instituées par ceux qui l’ont développé, donc par les responsables humains de la modernité, éventuellement devenues, par la force des choses, des acteurs actifs de ce qui est devenu le Système ; les principes étant ce qui est intangible, qui précède tout développement et toute civilisation, qui structure la voie et le sens de ce que toute civilisation doit chercher à faire pour s’accomplir en tant que telle... »
L’on voit ainsi que le débat comme Lind nous invite à l’aborder et comme nous-mêmes l’interprétons rencontre les grands et seuls thèmes essentiels de l’affrontement de notre Grande Crise, et qu’il lie la politique de Poutine aux conceptions de Lind d’une part (confirmation de l’appréciation de Poutine par Lind), les rapports de correspondance “cordiaux” très significatifs entre Trump et Poutine d’autre part, et par conséquent l’appréciation que Lind donne de Trump dans l’article ci-dessous. Car, bien entendu, Lind est complètement approbateur des déclarations de Trump sur les musulmans, qu’il démarque radicalement du contexte sociétal et des valeurs“ (racisme, xénophobie, etc.) pour le mettre dans la perspective de sa G4G et de la problématique “‘valeurs’ contre principes”.
(De ce point de vue, on pourrait dire que l’opposition de Lind, ou éventuellement de Trump, à l’immigration musulmane, se justifie du fait de l’attaque déstructurante, et nullement selon une appréciation du point de vue religieux, ethnique, etc., portée sur la religion, l’ethnie, etc. On peut aussi bien avancer que, dans d’autres cas, la même démarche posera un regard favorable sur une société musulmane établie dans un pays de tradition musulmane, stable, structurée, sans intention culturelle expansionniste ni vulnérabilité à la manipulation, – comme l’Iran, par exemple, – parce qu’il s’agit d’une situation structurante. De même, la Russie qu’on voit dans la position qu’on décrit ici, n’en est pas moins, par tradition historique, un pays abritant une forte population musulmane structurellement intégrée, représentée institutionnellement, qui constitue, dans des conditions normales et si la subversion déstructurante du Système/du bloc-BAO [“agression douce” US] est tenue à distance, un facteur de structuration pour le pays lui-même... Certes, la Russie est effectivement une Fédération à cet égard.)
Le texte de Lind est donc un apport intéressant, à la fois sur le problème important que nous avons développé, à la fois sur le candidat Trump que Lind prend très au sérieux et considère favorablement sans encore pouvoir trancher à propos de l’homme. « Les récentes propositions de Trump [concernant les musulmans] [...] montrent qu’il est le seul candidat qui comprend à quoi ressemblera un monde [caractérisé par la G4G] [...] Même si cela ne suffit pas à indiquer que Trump serait un bon président, cela suggère avec force que tous ses opposants ne sont absolument pas qualifiés pour l’être. Qu’ils le veuillent ou non, qu’ils le comprennent ou pas, la Guerre de la 4ème Génération est bien le conflit que nous devons affronter. [...] Les propositions de Mr. Trump n’indiquent pas qu’il a étudié la G4G. Je jurerais même qu’il ignore l’existence de cette expression. Ses réactions sont instinctives. Mais elles sont saines... »
L’approche de Lind, qui vaut pour Trump comme elle vaut pour la situation européenne en pleine effervescence, avec les vagues migratoires et la politique allemande à cet égard (Lind a des mots de condamnation définitive contre Merkel : « Merkel restera dans l’histoire comme l’empoisonneuse de l’Allemagne...»), a évidemment l’avantage de nous débarrasser d’une dialectique sociétale développée par le Système au profit des forces de la globalisation et de l’entropisation du monde, dont le but est, comme l’était le persiflage au XVIIIème siècle dans un autre registre, de balayer l’autonomie et la force du caractère qui, seul, permet de comprendre et de conduire un processus civilisationnel structurant. (Le persiflage utilisait l’affaiblissement par débilitation de la psychologie, la dialectique sociétale tournant autour du racisme et de la xénophobie utilise la terrorisation de la pensée.)
Une spécificité de l’analyse de Lind est qu’il introduit, comme facteur décisif de cette agression générale, ce qu’il désigne comme “le Marxisme culturel”, qu’il juge être à la base du politically correct, autre nom qu’on peut donner à cette situation de “terrorisation de la pensée”. Sur ce point, il y a, nous semble-t-il, beaucoup à discuter, mais nous doutons que cete question et la discussion nécessaire soient essentielles dans la démarche décrite ici. Nous suggérerions volontiers l’appel à la vertu de l’inconnaissance pour passer outre à ce qui est un aspect mineur, dès lors qu’il est acquis, comme ce l’est effectivement, que le débat est entre les forces déstructurantes et les forces structurantes.
Donald Trump’s recent proposals to register Islamics living in the United States and to bar more Islamics from entering this country until we can determine how to separate the dangerous ones from those who are not dangerous show that he is the only candidate who understands what a Fourth Generation world will be like. The hysterical denunciations from all other candidates except Senator Cruz demonstrate they don’t get it. While that alone may not be enough to indicate Trump would be a good president, it strongly suggests none of his opponents are fit to hold the office. Whether they like it or not, or understand it or not, Fourth Generation war is what they and this country are facing.
In 4GW, primary loyalties shift away from the state–someone’s native state or one to whch they have immigrated–to a wide variety of other things, including religions, races and ethnic groups, and cultures. Immigrants who do not acculturate are especially likely to become Fourth Generation threats, because they probably will not give their loyalty to a state whose culture is not their own (and to which they may be hostile).
Measures such as those Trump proposed vis-a-vis Islamics will be routine in a world of Fourth Generation war. Any state that wants to survive will have to take them, and stronger actions as well. If a population becomes a base for 4GW on a state’s soil, that state may have to expel them. There may be no other way for the state to perform its primary duty, maintaining order. Any state that cannot maintain order–safety of persons and property–will disappear.
Cultural Marxism forbids us to acknowlege any of these realities, which is why culturally Marxist politicians (Democrats actually believe the stuff; Republicans are too cowardly to challenge it) and institutions such as the New York Times editorial page have frothed at the mouth over Mr. Trump’s entirely reasonable proposals. Cultural Marxism says all cultures are wonderful, peaceful, “vibrant” sources of enlightenment, except our own culture, Western culture, which is evil and oppressive. Defend ourselves against another culture? The very notion horrifies the cultural Marxists; we are instead to embrace it even as it cuts our throats. Cultural Marxism’s goal, after all, from Gramsci and Lukacs onward, has been the destruction of Western culture and the religion from which it grew, Christianity.
Mr. Trump’s proposals do not indicate he has studied 4GW. I would guess he has probably never heard the term. His reactions are instinctive. But they are sound. They reflect reality. If elected, he can leave the theory to the leaders of his Defense Department (we can hope he chooses leaders who do know the theory). He would need only to keep the same instincts under the barrage of conemnation they will bring from the establishment. So far, he seems pretty good at that.
The degree to which the establishment has abandoned all grasp of reality was shown last week in Time magazine’s choice of Angela Merkel as Person of the Year. Merkel will go down in history as Germany’s poisoner, the person who flooded what was a safe, orderly country with carriers of the 4GW bacillus. That, of course, is exactly what cultural Marxism demands, so she is a hero to Time and the rest of the establishment.
Meanwhile, the more Trump insists on confronting cultural Marxism, a.k.a. political correctness, and urges us to face reality, the more his poll numbers go up. The public, it seems, both here and in Europe, want leaders whose feet are planted in the real world. No wonder the shrieks and cries of the cultural Marxists sound ever more shrill. Ideology has no deadlier enemy than reality.
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