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1846Après deux coups de téléphone de Trump, l’un avec Poutine, l’autre avec Erdogan, il semble que les USA soient clairement sur le point de laisser les Kurdes à leur sort désormais assez triste. Les stratèges de “D.C.-la-folle” ont audacieusement calculé qu’il valait mieux, d’une part tenter de maintenir de bonnes relations avec la Turquie, d’autre part tenter d’embrasser ce qu’on ne peut étouffer, à savoir la dynamique d’arrangement que les Russes mènent d’une main de maître en Syrie. Mais quoi, les Kurdes ont l’habitude, ils ont pu mesurer combien la trahison était l’une des “valeurs” préférées des USA dans le “tourbillon crisique” syrien & alentours...
« Les Kurdes ont été trahis plusieurs fois dans le passé », dit un des experts convoqués par RT. « Ils ne seront pas surpris par ça. Et ils ont probablement fait des plans depuis un certain temps selon la possibilité que leur “protecteur”, les Etats-Unis, les abandonnerait. » Le plus assuré de “ces plans” des Kurdes semble être un rapprochement kurde du gouvernement syrien. Cela signifierait un renforcement d’Assad déjà bien assuré dans l’actuelle situation, et une garantie de la protection de l’unité de la Syrie ; indirectement, il s’agit également d’un renforcement de la position des Russes et des Iraniens.
La question en suspens est bien entendu celle que vous attendez tous et que nous connaissons bien : que vaut la parole de Trump ? Nul n’est capable de le dire. Nul n’est capable de dire s’il existe une parole qui puisse être avoir une signification impérative, aujourd’hui à Washington, et encore plus une parole qui puisse être tenue. La politique de la puisssante et exceptionnelle débâcle américaniste, en plus de l’illégalité et de la piraterie que constituent les sanctions dans tous les sens, est celle de la trahison et du désordre, – surtout du désordre, encore du désordre, toujours du désordre. Comme dirait l’expert déjà citée : en plus des Kurdes, ni les Syriens, ni les Turcs, ni les Russes, ni les Iraniens ne seraient surpris s'il y avait une nouvelle trahison de la parole prêtée plutôt que donnée...
(D’autre part et pour faire un lien avec un autre dossier, pas si éloigné que ça, le tout nouveau “jeune homme fort” de Ryad, MbS, ferait bien de se méfier des grands plans de guerre déstabilisatrice, par Liban interposé, qu’il serait tentée de lancer en croyant avoir le soutien des USA et d’Israël...)
Ci-dessous, une chronique de “la trahison du jour” venue de Washington, dans une version française d’un texte de RT interrogeant deux experts ce 25 novembre 2017.
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“Les milices kurdes syriennes se sentiront trahies et se rapprocheront probablement de Damas”, si Donald Trump tient sa promesse à Recep Tayyip Erdogan et “ajuste” le soutien militaire américain aux soi-disant Forces démocratiques syriennes, ont déclaré des experts à RT.
Dans un appel téléphonique avec son homologue turc vendredi, Trump a informé M. Erdogan à propos des « ajustements en attente pour le soutien militaire [américain] fourni à nos partenaires sur le terrain en Syrie », a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu. Trump a explicitement promis de « ne pas fournir d'armes au YPG », ce que Ankara considère comme une organisation terroriste affiliée au Parti des travailleurs du Kurdistan turc (PKK).
Mais sans le soutien de Washington, les Kurdes chercheront probablement des liens plus étroits avec Damas pour résoudre la crise syrienne et préserver l'unité du pays, a déclaré Rick Sterling à RT. « Ce qui peut arriver, c'est qu’ils [les Kurdes] peuvent reconnaître le gouvernement syrien et commencer à travailler plus étroitement avec lui. Bien sûr, ils ne se sont jamais battus contre les forces gouvernementales syriennes. Et je pense que ce qui pourrait arriver dans ce cas, c'est que le YPG s’alignera et indiquera très clairement qu’il ne cherche pas une fédération ou quoi que ce soit de ce genre, mais qu'il fera partie d'une future Syrie », a déclaré Sterling.
L'intention de Trump de revenir sur son soutien aux Kurdes, selon les experts, fait partie d'une tentative de “rattrapage” de la politique américaine sur la Syrie, suite à un certain nombre d’avancées diplomatiques récentes obtenues avec la contribution directe et dynamique de la Russie. Plus tôt cette semaine, le président russe Vladimir Poutine a accueilli le dirigeant syrien Bashar Assad à Sotchi. Il a ensuite convoqué un sommet sur l'avenir de la Syrie avec les dirigeants de l'Iran et de la Turquie, au cours duquel toutes les parties ont entériné une initiative visant à convoquer un dialogue national pan syrien. Les développements en Syrie ont également été discutés entre Poutine et Trump mardi, au cours d'une conversation téléphonique de plus d'une heure.
« Ce qui se passe en Syrie implique fondamentalement un échec de la politique étrangère américaine. Ce que je veux dire, c’est que Washington s'était allié aux Saoudiens pour soutenir les zélotes religieux. Cependant, avec l'intervention de la Russie, de l'Iran et du Hezbollah libanais, ces forces ont vaincu le soi-disant État islamique, elles ont vaincu les zélotes religieux et la politique américaine se démène maintenant pour essayer de trouver une alternative à cette politique ratée », explique l’historien Gerald Horne.
Selon Sterling, « le timing [de l'appel téléphonique de Trump-Erdogan] est motivé par le rôle de la Russie dans la recherche d'une solution, et par les progrès considérables qu’ils ont contribué à développer vers la résolution du conflit, notamment en réunissant les différentes parties autour de la même table ».
Sterling a néanmoins remarqué que certaines forces à Washington ne veulent pas que la paix prévale en Syrie. Washington pourrait s’allier avec les troupes turques en Syrie, qui sont officiellement sur place pour surveiller la zone de désescalade d'Idlib, l'une des quatre établies par Moscou, Ankara et Téhéran au début de l'année. Erdogan ne cache pas une seconde que les forces turques pourraient attaquer le bastion kurde d'Afrin dans le nord de la Syrie, [plaçant dans ce cas les forces US sur une ligne antagoniste des Kurdes].
« Il y a eu beaucoup de troupes turques dans le nord de la Syrie, il se peut donc que Washington s'aligne plus étroitement avec les troupes turques qui refuseront de quitter la Syrie », a déclaré Sterling. « Je pense que ce qui se passe à Washington, c'est qu'il y a une incertitude sur la façon de gérer la situation. Il y a des forces à Washington qui veulent jouer un rôle de spoiler dans cette [réalisation de la paix]. Ils ne veulent pas voir une solution au conflit, et c'est ce qui est dangereux. »
La décision de Washington de retirer leur soutien aux forces du YPG, qui ont constitué le cœur des Forces démocratiques syriennes (SDF) dirigées par les Etats-Unis, n'est rien de moins qu'une “trahison”, ont déclaré des experts à RT. « Les Kurdes ont été trahis plusieurs fois dans le passé », a déclaré Sterling. « Ils ne seront pas surpris par ça. Et ils ont probablement fait des plans depuis un certain temps selon la possibilité que leur “protecteur”, les Etats-Unis, les abandonnera. »
« Les Kurdes sont piégés, ils sont dans une impasse », suite au référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien en septembre, que les puissances régionales et les Etats-Unis n'ont pas reconnu, a dit Horne. « Les Kurdes se trouvent effectivement être les victimes d’un probable marché de dupes, et ce ne sera pas la première fois qu'ils seront lâchés par Washington », a-t-il ajouté. Il a noté que, suite à l'appel Erdogan-Trump, « les Kurdes sont vraiment sur un baril de poudre ».