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2402Dans les années 2000, le commentateur militaire William S. Lind s’était signalé par des vues extrêmement originales et intéressantes sur les événements politico-militaires, mais aussi culturels et sociétaux. Lind était (et reste) l’un des chefs de file de la théorie de la “guerre de la 4ème génération” (G4G), qui caractérise notre époque où les entités principielles, États et autres, se délitent et se trouvent confrontées à des attaques déstructurantes de dynamiques et de groupes transnationaux. La G4G est une théorie qu’on peut (qu’on doit, à notre sens) élargir à de nombreux domaines hors des seuls champs militaire et politique, mais qui est de toutes les façons la mieux adaptée aux caractères de l’affrontement entre Système et antiSystème.
A la fin des années 2000, William S. Lind disparut de la chronique des réseaux, avant de reparaître récemment avec une chronique régulière dans The American Conservative. Celle qu’il donne ce 11 février 2014 est particulièrement intéressante. C’est un soutien inconditionnel donné à Poutine et à la Russie, comme seule force représentant réellement le courant conservateur dans les relations internationales. Pour nous, il s’agit sans aucun doute, derrière le qualificatif de “conservateur”, d’une référence aux forces principielles et structurantes qui caractérisent, bon an mal an, la politique russe.
Ce n’est pas le premier chroniqueur US à soutenir la Russie. On a déjà vu le cas de Patrick Buchanan (le 18 décembre 2013). Il est également manifeste qu’un libertarien comme Justin Raimondo est intéressé par l’approche de Poutine et de la Russie, et sans doute reviendra-t-il sur le sujet puisqu’il signale ce texte de Lind dans sa chronique du 12 février 2014 avant de passer à un sujet qui le sollicite de toute urgence (la mauvaise situation d’Antiwar.com et sa difficulté à trouver le financement nécessaire)... Quelques extraits du texte de Lind :
«An unfortunate legacy of the Cold War is the negative attitude some American conservatives yet harbor toward Russia. Conditioned for decades to see Russia and the Soviet Union as synonymous, they still view post-communist Russia as a threat. They forget that Tsarist Russia was the most conservative great power, a bastion of Christian monarchy loathed by revolutionaries, Jacobins, and democrats. Joseph de Maistre was not alone among 19th-century conservatives in finding refuge and hope in Russia.
»Under President Vladimir Putin, Russia is emerging once more as the leading conservative power. As we witnessed in Russia’s rescue of President Obama from the corner into which he had painted himself on Syria, the Kremlin is today, as the New York Times reports, “Establishing Russia’s role in world affairs not based on the dated Cold War paradigm but rather on its different outlook, which favors state sovereignty and status quo stability over the spread of Western-style democracy.”
»In his own Times op-ed on Syria, Putin wrote, “It is alarming that military intervention in internal conflicts in foreign countries has become commonplace for the United States. Is it in America’s long-term interest? I doubt it.” Sen. Robert A. Taft and Russell Kirk also doubted it.
»Moscow appears to understand better than Washington that the driving foreign-policy requirement of the 21st century is the preservation of the state in the face of Fourth Generation war waged by non-state entities, such as those fighting on the rebels’ side in Syria. Russia has rightly upbraided Washington for destroying states, including Iraq and Libya. [...]
»The world has turned upside down. America, condemning and even attacking other countries to push “democracy” and Jacobinical definitions of human rights, is becoming the leader of the international Left. Russia is reasserting her historic role as leader of the international Right. This is a reversal of historic importance. American foreign policy should be based on America’s interests, not on affinity for any foreign power. But putting America first does not require being hostile to Russia or anyone else. On the contrary: American conservatives should welcome the resurgence of a conservative Russia.»
... Outre de saluer la présence de Joseph de Maistre dans le texte, on doit aussi lire les commentaires. Ils sont tranchés entre partisans et adversaires radicaux de l'idée de Lind. Pour un certain nombre de conservateurs US, le suprématisme des USA et ses effets durant la Guerre froide empêchent absolument de considérer la Russie sur sa véritable valeur.
Mis en ligne le 12 février 2014 à 16H21