Dominique Larchey-Wendling
22/05/2009
Ne croyez-vous pas que de toutes façons, la propagande politique est toujours utilisée, même par les cyniques, au nom d’intérêts supérieurs auxquels les propagandistes croient ... bref un “mensonge noble” ?
Philippe Grasset
22/05/2009
Notre habitude est de ne pas intervenir dans le Forum, par souci de réserve et, aussi, souci de nous éviter une trop forte charge de travail supplémentaire. (Il nous arrive parfois de répondre dans des textes normaux du site, mais là aussi par exception.) Nos lecteurs voudront bien tenir cette intervention, effectivement, comme une exception dont la vertu est en général de confirmer la règle. Cela nous permet, directement pour ce cas, de fixer une idée, un concept que nous employons souvent (le virtualisme) et dont la définition mérite d’être constamment rappelée et raffinée éventuellement.
Sur le fond, maintenant, vous avez raison pour la propagande mais, pour le cas de Greenspan, le plus souvent pour le cas de l’américanisme et de la modernité qui y est liée, vous n’avez à notre sens qu’en partie raison. Nous pensons que dans le cours de la propagande pour ces cas (s’il y a conscience au départ d’une propagande, ce qui n’est nullement assuré), une transformation psychologique et vertueuse s’opère, et la conscience du mensonge vertueux du propagandiste oeuvrant pour sa noble cause (la fin justifie les moyens, si vous voulez) s’efface peu à peu, plus ou moins vite, plus ou moins peu à peu d’ailleurs. Bientôt n’existe plus, du mensonge vertueux, que la vertu. Le sujet, le missionnaire”, croit à ce qu’il dit, et donc il n’est plus subjectivement question de mensonge. Le propagandiste qui fait disparaître sur la fameuse photo la silhouette de Trotsky au côté de Lénine agit en connaissance de cause, même s’il y a noble cause selon lui. C’est ce processus là de bonne foi, d’ailleurs justifié par la foi quasi-religieuse du domaine, qui est fascinant et justifie de parler de virtualisme comme de quelque chose de complètement différent de la propagande.
A notre sens, ce processus est dû à trois facteurs:
Les caractères particuliers de la psychologie américaniste, qui peuvent être étendus en un sens à une sorte de psychologie postmoderne concernant la modernité dans sa phase finale. Ils impliquent essentiellement ce que nous nommons notamment l’inculpabilité (voir l’analyse du concept sur ce site: http://www.dedefensa.org/article-une_hypothese_l_inculpabilite_comme_fondement_de_la_psychologie_americaniste_06_05_2006.html). Ces caractères permettent beaucoup plus aisément cette transformation de la réalité présentée à l’esprit comme le résultat d’une perception objective. La conscience du parti-pris, donc le doute, sont éliminés.
La puissance de la communication qui véhicule ces mêmes concepts (virtualisme) renvoyant à l’idéologie exclusive, avec la puissance d’argent et le conformisme médiatique qui vont avec, confortent cette objectivation d’une construction de la psychologie transformée en réalité objective.
La présence, disons sur le marché, d’une seule idéologie, non pas triomphante mais exclusive, ayant tous les caractères de la religion de la foi du sujet, sans hérésie sérieuse pour se manifester et la contester (la police de la pensée y veille), renforce bien cette sensation d’objectivation du domaine. Comment pourrait-on alors imaginer que quelque activité que ce soit rencontrant cette idéologie exclusive puisse être qualifiée de propagande, avec la notion de mensonge qui s’y rattache? L’idéologie et la foi qui la caractérise sont si fortes que certains de ces esprits fiévreux doivent considérer que, lorsque la réalité tente de se manifester, en vérité c’est là qu’il y a propagande”.
PhG
Dominique Larchey-Wendling
22/05/2009
A mon sens, ce qui distingue vraiment le “virtualisme” de la “propagande”, c’est surtout les sujets sur lesquels ils s’exercent (nous occidentaux vs les autres).
Alan Greenspan peut toujours se draper dans sa vertu et se convaincre qu’il agit pour “le bien”, mais quand il explique qu’il a poussé à la guerre en Irak pour “la stabilité des échanges pétroliers”, il a quand même un peu les mains dans le cambouis. L’américanisme a peut-être une capacité particulière à “oublier” ces “petits” détails, ces “petits” écarts de vertu, mais je ne vois pas trop en quoi cela est moins un écart que dans le cas de “l’opérateur qui efface la photo de Trotsky.”
Et je ne parle pas des divers complots qui entourent 9/11 (organisation du crime, exploitation de la peur, fabrication de fausses preuves “torture certified” pour déclarer des guerres, assassinats etc…) difficile de croire que ces opérateurs là (typiquement Cheney) de l’américanisme agissent en toute bonne conscience.
Par ailleurs, les méthodes d’excommunication des hérétiques de la foi en la vertu de l’américanisme ne sont pas le meurtre ou l’enfermement à vie (au moins pour les occidentaux) mais comme vous l’avez bien expliqué, la marginalisation par le conformisme. Il me semble que cette méthode est plus efficace pour atomiser la dissidence car elle ne demande pas de renoncer à ses origines, sa race, sa foi, sa religion, sa famille, ses amis ... juste de renoncer à sa conscience ce qui est quand même bien plus facile, vous en conviendrez.
A mon avis, la vraie différence entre la propagande et le virtualisme, c’est qu’hélas, dans ce dernier cas, beaucoup de nos parents, amis, concitoyens, etc ... y croient.
Dominique Larchey-Wendling
22/05/2009
Merci pour votre réponse.
Franck du Faubourg
22/05/2009
Lire, à propos de quelques 9 trillions de dollars “disparus” sur les comptes de la FED:
http://millesime.over-blog.com/article-31555227.html
La video en ligne était très intéressante, malheureusement le son semble brouillé depuis ce matin..
Franck du Faubourg
22/05/2009
concernant l’audition inspecteur FED au sénat US:
http://www.youtube.com/watch?v=cJqM2tFOxLQ&feature=channel
Ilker de Paris
25/05/2009
Un article intéressant du “monde diplomatique” sur la “Faillite de la science du management”
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